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samedi 16 octobre 2004 De nouveaux freins à l’émancipation des filles au Québec et ailleurs
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Dans sa lutte politique, le mouvement féministe a toujours accordé une place centrale au corps, que ce soit dans les domaines de la contraception et de l’avortement, de la sexualité, de la pornographie, de l’excision ou autres. Avec le phénomène de la sexualisation précoce des fillettes, on assiste au retour en force des stéréotypes de sexe. Or, nous l’avons déjà montré, c’est dans l’émancipation de ces stéréotypes même que la réussite scolaire des filles puise sa source. De plus, la sexualisation précoce accroît leur vulnérabilité face à l’exploitation sexuelle. Par vulnérabilité, nous entendons des dynamiques sociales qui rendent les filles plus susceptibles d’être blessées (dans tous les sens du terme) ou qui donnent prise sur elles. Pensons tout particulièrement à la vulnérabilité conséquente à une formation identitaire centrée uniquement sur l’apparence et à celle issue d’un savoir-faire sexuel précoce dans le cadre des rapports hommes-femmes. De tels apprentissages favorisent des conduites de dépendance qui préparent, d’une certaine façon, à la victimisation (Bouchard et Bouchard, 2003). Comme l’écrit Carmen Lúcia Soares (2003), « très tôt, les petites filles, sont éduquées à domestiquer leur corps. […] La beauté devient un impératif de l’éducation féminine. Elle résulte d’un effort, d’un auto-contrôle du corps, d’une éducation disciplinaire, d’une […] certaine [forme de …] torture, ou, comme l’affirme une journaliste française […] "tu auras la beauté à la sueur de ton corps » (Caviglioli dans Soares, 2003). La domestication du corps est omniprésente et elle est représentée « non seulement par des mots, mais aussi par des savoirs, présents dans une éducation quotidienne et intermittente » (Soares, 2003). Image corporelle et troubles de l’alimentation L’anorexie et la boulimie sont intimement liées aux pressions à suivre les normes du corps parfait (Marecek et Arcuri,1995). Les stéréotypes contraignants imposés aux femmes sont au cœur du développement de troubles de l’alimentation. Selon Francesca Baltzer, directrice de la clinique pour adolescents de l’Hôpital de Montréal pour enfants, « près de 10% des petites filles de 8 et 9 ans ont déjà suivi un régime [et] de 15% à 20% des filles au secondaire présentent des troubles alimentaires » (Tassé, Femmes Plus) (3). Selon d’autres chercheurs, plus de la moitié des fillettes de 4ième année ont exprimé le désir d’être plus minces. 69% affirment que les images des magazines influencent l’idée qu’elles se font d’un corps parfait et 47% disent vouloir maigrir à cause de ces images (Field et al, 1999). L’Academy of Eating Disorders (AED) estime que de 0.5 à 1% de jeunes femmes souffrent d’anorexie et de 1 à 2% de boulimie (4). Cette prévalence est comparable dans les différents pays industrialisés. Il est difficile d’évaluer si des sites Internet qui prônent l’anorexie comme un choix de vie pour les femmes, par exemple Pro-Anorexia, ont une quelconque audience, mais leur apparition est en elle-même significative. Ces abus du corps par la privation/boulimie me semblent relever des mêmes logiques que celles qui président au gavage des petites filles en Mauritanie. Cette pratique, qui consiste à bourrer les fillettes afin qu’elles prennent rapidement du poids (5), associe obésité à beauté et à richesse (ACDI, 2002). Les mères investissent dans l’apparence de leurs filles qui, faute de se scolariser, doivent se trouver un homme à marier. Pour que les fillettes ne rejettent pas la quantité considérable de nourriture ingérée, le gavage s’accompagne de pincements aux doigts ou de douleurs alternatives servant à les distraire des maux de cœur qu’elles éprouvent. Ces "pincements" occasionnent plusieurs fractures des doigts et des orteils chez les fillettes. Mode et stéréotype de la femme séductrice Dans les pays industrialisés, les fillettes sont ciblées comme consommatrices de mode et de soins corporels, mais on les inscrit dans ces mêmes rôles de sexe au coeur de la dynamique des rapports entre les hommes et les femmes : « Charmer, plaire, et séduire en utilisant son corps », tel est le message qu’elles se font marteler de plus en plus jeunes (Rigataux, 2001). Aux Etats-Unis, de plus en plus d’adolescentes ont recours à la chirurgie esthétique. En 2003, sur un total de 8,3 millions d’interventions esthétiques (une augmentation de 293% par rapport à 1997), 7,2 millions ont été effectuées sur des femmes, soit 87%. Selon l’American Society for Aesthetic Plastic Surgery (ASAPS), 220 000 personnes de moins de 18 ans auraient eu recours à la chirurgie plastique, soit une augmentation de 75 000 depuis l’an 2000 (ASAPS dans Harlow, 2004) (6). Les jeunes filles en bas de 18 ans optent principalement pour l’augmentation mammaire et les injections de Botox (7). La chercheuse britannique Gayle Wald (1998) se demande si, dans la société postmoderne occidentale, pour obtenir l’attention, être reconnue, avoir une place et détenir un peu de pouvoir social, les filles doivent revenir au vieux stéréotype sexuel de la femme séductrice. Selon une autre chercheuse américaine (Finders,1996 : 71), un tel phénomène sert à réinscrire les filles au sein du patriarcat. Dans une large perspective d’analyse, on reconnaît les formes actuelles de l’appropriation du corps des femmes dont parlait Guillaumin (1992), en établissant une analogie entre le sexage et l’esclavage. Des « enfants-proies » à la merci des abuseurs sexuels La banalisation de la sexualisation précoce accentue le risque chez les filles de devenir des "enfants-proies", selon l’expression de la psychologue scolaire québécoise Madeleine Quintal. Comment ces jeunes filles sont-elles vues par les abuseurs d’enfants ? Ces derniers ne risquent-ils pas de voir dans la sexualisation précoce des filles une forme de normalisation et une justification supplémentaire à leurs actes ? La Fédération canadienne des femmes professeures d’université (CFUW) indique que plus de la moitié (54%) des filles canadiennes de moins de 16 ans ont été confrontées à diverses formes d’avances sexuelles non désirées ; 24% ont été violées ou ont subi des relations sexuelles sous la contrainte et 17% l’inceste (Jiwani, 1998) (8). Le risque accru d’exploitation sexuelle renforcé par la banalisation de la sexualisation précoce des fillettes dans les pays industrialisés invite à s’interroger sur d’autres phénomènes concomitants à l’échelle du monde, notamment la pornographie infantile, les réseaux pédophiles, le tourisme sexuel et la prostitution juvénile. L’exploitation sexuelle des filles est un fléau mondial. Selon l’UNICEF (1999), un million d’enfants, en majorité des filles, sont enrôlés dans l’industrie du sexe chaque année. Yolande Geadah (2003) démontre dans son livre, La prostitution, un métier comme un autre ? les liens étroits qui existent entre la pornographie infantile, la prostitution et le trafic sexuel. « Avec Internet, la pornographie, particulièrement juvénile, a atteint des proportions gigantesques à l’échelle mondiale (Geadah, 2003 : 141). [Un représentant de la police fédérale allemande indiquait que] en l’espace d’un an, le nombre de sites pornographiques infantiles [avait augmenté] de 100% » (Guttman, 1999) (9). Selon Parry Aftab, avocate et auteure du Guide à l’usage des parents pour protéger les enfants dans le cybermonde, il y aurait 30 000 sites pédophiles (Guttman, 1999) (10). Aurora Javate de Dios (dans Geadah 2003 : 26), coordonnatrice de la Coalition Against Trafficking in Women (CATW), indique que « la prostitution est passée, durant les deux dernières décennies, du stade artisanal à celui de la méga-entreprise qui exploite à l’échelle industrielle le corps de milliers de femmes et d’enfants dans le monde ». Des fillettes âgées de 5 à 15 ans sont livrées chaque année à la prostitution (11) ; elles seraient 2 millions, selon le groupe canadien FREDA (Centre for Research on Violence against Women and Children, 2004). La féministe Sally Wagner croit que « le développement de l’industrie pornographique - qui utilise de très jeunes femmes - est une réponse directe au féminisme » (Wagner dans Millot, 2000 : 96). La prostitution est présente dans tous les pays du monde, même ceux qui se prétendent les plus avancés. Récemment, le réseau NetFemmes (12) faisait état de la demande de la ville d’Athènes d’assouplir les mesures répressives contre le proxénétisme national et transnational pour que 20 000 personnes prostituées supplémentaires soient disponibles à l’occasion des jeux olympiques. Selon Charvin (2000), la mondialisation accentue le trafic humain, c’est-à-dire le commerce des femmes et des enfants à des fins de prostitution, à des fins d’emplois et de mariage commandé. La prostitution est devenue l’une des principales sources de devises pour l’économie nationale dans des pays comme les Philippines et la Thaïlande où les groupes criminels bénéficient de la complicité des agences gouvernementales. Toujours selon Charvin (2000), on estime à 70 millions les femmes et les enfants de l’Asie du Sud-Est victimes de trafic sexuel. Se référant à l’Organisation pour les Migrations, il souligne encore que 300 000 femmes originaires des pays de l’Est, prétendûment « démocratisés », se prostituent en Europe occidentale (13). Ce trafic sexuel serait lié à l’inégalité sociale et particulièrement à l’inégalité entre les pays du Nord et du Sud. Appropriation des femmes et des fillettes à des fins sexuelles Comme on peut le constater, le contrôle du corps est une caractéristique récurrente de toutes les formes d’appropriation des femmes dans le monde, que ce soit à des fins d’exploitation sexuelle, comme dans la prostitution, ou à des fins privées, comme dans le cas du gavage ou des soins corporels pour accroître les chances de plaire ou de se marier. Ce dernier est d’ailleurs loin d’être une sinécure, si on considère la pratique des mariages précoces forcés dans différentes régions d’Afrique et d’Asie du Sud. Dans certains pays, la moitié des filles sont déjà mariées à l’âge de 18 ans (UNICEF, 2001). Selon un rapport de l’UNICEF (2001) intitulé Mariage précoce : conjointe, le phénomène est en augmentation parmi les populations extrêmement pauvres du globe. « En Iraq, selon l’UNICEF, le phénomène des mariages précoces serait en augmentation, croissance en proportion directe avec celle de la pauvreté. Au Bangladesh, des parents en bute à la pauvreté se laissent convaincre de se séparer de leurs filles par des promesses de mariage, ou encore de faux mariages, qui servent en fait à attirer les filles pour les contraindre à se prostituer à l’étranger ». En République démocratique du Congo, par exemple, c’est 74% des filles âgées de 15 à 19 ans qui sont déjà mariées ; au Niger, 70% ; en Afghanistan, 54% (14). De plus, selon le rapport de l’UNICEF (2001), l’abus physique serait chose commune dans les mariages d’enfants. « Des données venant d’Egypte indiquent que 29 pour cent des épouses adolescentes ont été battues par leur mari (mari et autres), dont 41 pour cent pendant la grossesse. Une étude en Jordanie publiée en 2000 (dans UNICEF 2001) montre que 26 pour cent des cas rapportés de violence domestique sont commis contre des épouses de moins de 18 ans. La violence domestique fait en sorte que, poussées par le désespoir, quelques filles optent pour la fugue ». Celles qui le font, souligne le rapport, et celles qui choisissent leur conjoint malgré l’avis contraire des parents, peuvent être punies voire même tuées par leurs familles. Ces filles encourent le risque d’être « tuées par honneur, comme on le voit au Bangladesh, en Egypte, en Jordanie, au Liban, au Pakistan, en Turquie et ailleurs ». Chez les filles, le mariage précoce est « presque toujours synonyme de grossesse - qui est la cause des hauts taux de mortalité maternelle - et d’accouchement prématurés ainsi que d’une existence d’asservissement domestique et sexuel sur laquelle elles n’ont nul pouvoir ». Appropriation à des fins de travail domestique et de main-d’œuvre à rabais On oublie trop souvent cette facette de l’appropriation des femmes, non seulement à des fins sexuelles mais également à des fins de travail, comme force de travail (Guillaumin, 1992). En plus de leur activité au foyer parental, les filles travaillent davantage à l’extérieur que les garçons. Pour la tranche d’âge de 5 à 11 ans, le Bureau International du Travail compte 3 filles pour 2 garçons au travail (Champagnat, 1999) (15). Il y aurait 110 millions de filles âgées de 5 à 14 ans travaillant dans le monde (ONF, 2002). Dès l’âge de 5 ans, dans certains pays en développement, les filles travaillent entre 4 et 16 heures par jour aux tâches domestiques (16), sans compter le fait qu’elles sont aussi utilisées comme esclaves domestiques. En Haïti, par exemple, leur nombre (filles de moins de 15 ans) serait de 200,000 (ONF, 2002). Dans les pays qui se sont dotés de lois pour protéger les enfants de l’exploitation au travail en imposant un âge minimal, l’exploitation se fait clandestinement. Ainsi, l’Angleterre, la France, le Portugal, l’Italie, l’Espagne, le Canada et les États-Unis emploient illégalement plusieurs milliers d’enfants, majoritairement des fillettes, qui travaillent dans les industries du textile et de la fabrication pour subvenir aux besoins de leurs familles. Souvent, ces jeunes filles n’ont pas accès à l’éducation. Lorsque les familles n’ont plus les moyens de scolariser tous les enfants, la préférence est donnée aux garçons. « Dans beaucoup de pays, il est considéré comme normal d’envoyer prioritairement les garçons à l’école et de garder les filles à la maison pour travailler. Dans certains pays, les filles consacrent jusqu’à 80% du temps de plus que les garçons aux tâches ménagères » (Le Monde Diplomatique, dans CDÉACF, 2000). Selon Unifem (dans Marty et al, 2001), l’endettement accru des pays favorise cette exploitation de la main-d’œuvre féminine enfantine. C’est pourquoi, sur les quelque 900 millions d’adultes analphabètes dans le monde, les deux tiers sont des femmes. Ainsi, entre 1985 et 1997, le taux de scolarisation des filles a baissé dans 42 pays (Marty et al, 2001). Néo-libéralisme, néo-conservatisme et marchandisation des êtres humains : obstacles à l’égalité Ce tour d’horizon des freins à l’émancipation des filles, ici et ailleurs dans le monde, pointe du doigt les réorganisations actuelles entre la droite conservatrice et intégriste patriarcale et le marché néo-libéral et néo-conservateur. En visant la maximisation des profits au détriment de la plus grande majorité, on renforce les inégalités économiques entre les différents pays, entre les hommes et les femmes, et entre les différentes catégories sociales. En façonnant les rapports entre les hommes et les femmes en faveur des premiers, le patriarcat permet aux forces économiques de droite de surexploiter la main-d’œuvre féminine, de maintenir la grande majorité des femmes dans une dépendance économique et une dévalorisation sociale, et de marchandiser leur corps. La marchandisation du corps humain, comme le souligne Marty et al. (2001), suppose une organisation criminelle internationale fonctionnant à partir de réseaux liés à des intérêts économiques très puissants. Ils se sont développés à travers le marché des armes et de la drogue, avec ses ramifications dans la pornographie et les autres industries du sexe. La Marche mondiale des femmes (2000) a pris position sur cette question en déclarant que la « marchandisation de tout ce qui vit, respire, ressent et pense est détestable et condamnable d’autant qu’elle aliène les êtres humains, les prive de liberté et de justice, les rend vulnérables à tous les marchands sans scrupule qui sont engendrés par des marchés toujours plus voraces ». Cette réflexion éthique m’amène à conclure. Dans nos sociétés, le discours affirmant que l’égalité entre les hommes et les femmes est atteinte se fait de plus en plus entendre. Certaines personnes, dans un contexte de ressac antiféministe (Bouchard 2003), vont même jusqu’à affirmer que les femmes ont de meilleures conditions que les hommes ou encore que ce sont ces derniers qui sont maintenant les nouvelles victimes des discriminations. Ainsi, concernant les filles, on s’attarderait aux manifestations de leur violence (17). Ces discours imprègnent l’imaginaire du grand public. Le portrait des jeunes filles d’ici et d’ailleurs, que nous avons présenté, montre pourtant que la quête d’égalité est toujours un enjeu. Les différentes problématiques et statistiques illustrent à quel point les fillettes et les femmes subissent encore toutes sortes de violences, notamment en étant constamment ramenées à leur corps et à leur sexe. Elles subissent non seulement l’accaparement de leur force de travail, [comme le dit Guillaumin] mais aussi un rapport d’appropriation direct : « C’est leur individualité même qui est accaparée, leur être au complet » (Guillaumin, 1992 : 18) (18). Je pourrais continuer ce triste portrait de la situation des filles dans le monde en parlant des mutilations sexuelles génitales (19), de crimes d’honneur à la suite de viols (20), d’enrôlement dans les forces et les groupes armés (McKay et Mazurana, 2004) (21), de la détresse psychologique, des tentatives de suicide et du mythe ayant cours dans plusieurs pays selon lequel le fait de coucher avec une jeune fille vierge guérit du HIV/SIDA (UNICEF, 2001). Je pourrais aussi discuter de la façon dont les intégristes partout dans le monde réagissent aux phénomènes de sexualisation par un renforcement du contrôle des filles (Durham, 1998) (22), leur enfermement dans l’espace privé ou le port de vêtements comme la burka, des discours sur l’abstinence. Pourtant, j’aimerais revenir à des perspectives de solidarité internationale. Des perspectives de recherche nationales et internationales C’est en 1993 que s’est formé le Groupe de travail spécifique sur la situation des filles dans le monde dans le cadre de la Conférence mondiale de Vienne sur les droits humains. Son objectif était de faire en sorte que les États prennent les mesures nécessaires pour protéger les filles de la discrimination, de l’exploitation et de l’oppression sur la base du sexe. L’action du groupe s’est poursuivie à Beijing, en 1995, dans la foulée des diverses conventions internationales pré-existantes : la Convention contre l’élimination de toutes les formes de discrimination, en 1981, la Convention pour les droits des enfants, en 1989, et la Conférence mondiale contre l’exploitation sexuelle des enfants, qui a eu lieu à Stockholm en 1996. L’emphase a notamment été mise sur les mutilations sexuelles génitales, les mariages précoces, l’exploitation sexuelle et la violence, l’accès à l’éducation et la protection contre le sida (23). Dans le cadre de ces engagements internationaux, les chercheuses et les chercheurs peuvent se pencher sur les façons les plus appropriées d’explorer des problématiques qui se veulent internationales et globales en faisant une large place aux interdépendances. Les luttes féministes ne peuvent plus se mener uniquement sur des terrains locaux et nationaux, car ceux qui maintiennent la domination s’organisent en réseaux mondiaux. Conséquemment, la recherche féministe se doit de documenter et d’outiller le mouvement des femmes pour un nouveau type d’action international. Il est désormais nécessaire de mener plus de recherches globales, permettant des comparaisons nationales sur des thèmes communs. En un mot, de nouvelles perspectives théoriques féministes peuvent contribuer à définir les problèmes et proposer des solutions différentes d’autant plus qu’elles peuvent façonner les politiques de développement, les programmes de recherche et l’activisme. Et pour parvenir à ces fins, il faudra porter ces dossiers en solidarité avec les nouvelles générations de jeunes féministes préoccupées par le sort de leurs petites sœurs ou de leurs propres fillettes. Notes 1. No 36 : Les résistances des hommes au changement. Références bibliographiques Agence canadienne de développement international (2002). "Appel international contre les mutilations génitales féminines", Les nouvelles de l’ACDI, 8 décembre. http://www.adi.dj/archives/adi1202/adi3246D081202.htm Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 octobre 2004. |