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dimanche 3 juillet 2005 Mondialisation des industries du sexe : oppression maximale des femmes et des enfants du Sud, de l’Est, du Sud-Est, etc...
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L’utopie que décrit James Buchanan est en voie de réalisation - si elle n’est pas déjà réalisée. La liberté telle qu’il la définit ignore l’égalité et n’est pas autre chose que le point de vue capitaliste sur la liberté. Ce point de vue particulier vise à l’universel parce qu’il pense le monde social comme un ordre naturel qui obéit aux lois darwiniennes de la nature - y compris la psychologie de la nature humaine, individualiste par nature. La liberté se trouve ainsi dérisoirement réduite au pouvoir de dominer autrui. Or, le pouvoir n’est pas - et n’a jamais été - également distribué : celui qui le possède par l’argent, le capital, est libre, celui qui en est dépourvu n’est libre que de se soumettre au premier. Celui que son pouvoir rend libre est libre de la liberté de régner sur un monde d’esclaves, d’imposer sa subjectivité propre, son désir, sa libido dominandi. La société capitaliste idéale légitime ainsi, en feignant de ne pas le faire, tous les rapports de domination (sexuelle, raciale ou sociale) et consacre le combat inégal de chacun contre tous, qu’elle impose à toute la planète sans aucun souci de crime contre l’humanité. Jamais, en effet, le capitalisme n’a autant exploité qu’actuellement, les plus démuni-e-s qui sont des femmes à une écrasante majorité. Peut-on continuer d’analyser la mondialisation capitaliste (1) en faisant fi de ses effets spécifiques sur les femmes ? En passant sous silence l’économie de la prostitution et de la pornographie ? En ne tenant pas compte de l’industrialisation du commerce sexuel au niveau planétaire, industrialisation à marche forcée, capable de métamorphoser les femmes et les enfants en biens et services, taillables et corvéables à merci, sur place mais aussi livrables partout dans le monde ? Peut-on encore analyser la prostitution sans considérer les effets du capitalisme mondialisé sur la monétarisation grandissante des rapports sociaux et, ce, notamment sur les rapports sociaux de sexe ainsi que sur la pornographisation des imaginaires et des inconscients ? NON, affirme Richard Poulin, professeur de sociologie à l’Université d’Ottawa, dans son livre "La mondialisation des industries du sexe : prostitution, pornographie, traite des femmes et des enfants", qui vient de paraître en France, aux éditions Imago. Ce livre magistralement documenté s’appuie sur un examen structurel et macrosociologique de la prostitution au temps de la mondialisation capitaliste. Plutôt que d’en offrir ici un pâle résumé, je préfère en conseiller la lecture et m’attacher à mettre en lumière, au travers de ma propre subjectivité dont la liberté ne se réduit pas au désir de régner sur un monde d’esclaves, certains aspects de son analyse. Les habits neufs du capitalisme : l’industrialisation de l’exploitation sexuelle Richard Poulin démontre, en effet, chiffres à l’appui, comment le néo-capitalisme, qui n’a d’autre finalité que le profit, ne connaît plus de frontières, de freins ou de limites à sa soif de puissance. Partout dans le monde augmente l’extrême pauvreté et se creusent les inégalités sociales via les différences de développement entre le Nord et le Sud, la déréglementation des marchés, les programmes d’ajustements structurels et la financiarisation de l’économie. Le néo-capitalisme renforce, d’un même geste, en les exploitant, les inégalités sexuelles et raciales préexistantes, tout en imposant sa morale particulière de "rationalité économique qui ne conçoit aucun droit humain en dehors de ceux qui peuvent être obtenus dans le cadre du marché" (2). Agents économiques avant tout ce qui est faire insulte à leur intelligence (3), les êtres humains sont ainsi définis, dans le meilleur des cas, selon leur position dans la hiérarchie sociale - qui est toujours une hiérarchie sexuelle -, comme des consommateurs réels ou potentiels, et dans le pire, sont réduits à n’être que des biens ou des services. "Le processus de marchandisation des biens et des services, et plus particulièrement la marchandisation des corps est", nous dit Richard Poulin, "au coeur de l’actuelle accumulation capitaliste." Richard Poulin nous montre à quel point la mondialisation capitaliste "n’est pas désincarnée" et comment elle sait tirer parti des stratégies du crime organisé et de ses accointances. Prostitution, pornographie, et tourisme sexuel se développent, s’industrialisent, en effet, à la faveur de la mondialisation néo-capitaliste et de l’accélération des innovations technologiques (modernisation des transports, internet...). La très grande pauvreté, les migrations internationales, la traite des femmes et des enfants à des fins de prostitution, les conflits armés, le stationnement de forces de maintien de la paix, la mondialisation de la criminalité financière et le processus de mondialisation capitaliste sont étroitement imbriqués et participent à l’expansion, sans précédent dans l’Histoire, des industries du sexe. Cette industrialisation du commerce du sexe est le secteur économique qui connaît la plus forte croissance dans le monde. Les profits générés sont colossaux. Le crime organisé profite du délabrement structurel, induit par les politiques néo-capitalistes ou par les conflits armés, pour établir des itinéraires et recruter par tous les moyens (de la tromperie au rapt) des femmes et des enfants au profit des industries mondiales du sexe. Celles-ci ne peuvent assurer le blanchiment de leurs énormes profits qu’avec la complicité active des pouvoirs politiques et des milieux économiques et financiers. La symbiose est de plus en plus forte entre capital criminel et capital légal. La criminalité est donc devenue un moyen particulièrement intéressant et rentable d’accumulation du capital, entre autres, parce que les coûts sont minimes et que les risques s’amenuisent au fur et à mesure que ce capital criminel devient indispensable au bon fonctionnement de l’économie (légale) mondialisée. La société idéale pousse au crime ou comment laisser le crime organisé agir en toute liberté :
La traite des femmes et des enfants à des fins de prostitution est d’autant plus importante que la prostitution est légale car le marché est alors ouvert. Les Pays-Bas et l’Allemagne sont, à cet égard, exemplaires en Europe. Depuis la réglementation de la prostitution en 2000, l’industrie de la prostitution représente 5% du PIB des Pays-Bas. Il y avait 2500 femmes prostituées à Amsterdam en 1981, il y en a plus de 30 000 actuellement. Le réglementarisme est probablement un échec, voire un repoussoir du point de vue des personnes prostituées, puisque les prostituées locales n’ont été que 4% à s’enregistrer alors que la législation était supposée leur donner des droits et reconnaître leur métier au même titre qu’un autre. Dans les quelque 250 bordels d’Amsterdam, les femmes prostituées travaillent de 12 à 17 heures par jour et subissent des contrôles sanitaires pour protéger la santé des clients (les clients ne sont pas soumis à ces contrôles, eux ne sont pas considérés comme un risque sanitaire !). 80% des personnes prostituées sont étrangères et 70% d’entre elles sont dépourvues de papiers, ayant été victimes de la traite. C’est donc l’organisation proxénète qui est la grande pourvoyeuse des bordels, son investissement massif d’argent sale au sein des Red Light Districts, à Amsterdam notamment, a entraîné la création de zones franches où s’épanouissent librement les activités criminelles. En Allemagne, toute répression du proxénétisme a été abandonnée depuis la légalisation de la prostitution en 2001 (4). L’Allemagne autorise même le proxénétisme conjugal, ce qui encourage la traite par le biais des agences internationales de rencontre, mais gare dans ce cas à l’épouse étrangère d’un Allemand qui voudrait quitter son proxénète de mari ! Elle encourrait l’expulsion à moins de pouvoir prouver son autonomie financière... L’Allemagne détient deux records européens : le record d’Europe de l’inégalité entre les sexes sur le marché du travail (5) et le record d’Europe du nombre de femmes prostituées. En Allemagne, plus de 300 000 femmes sont prostituées, dont une écrasante majorité de victimes de la traite (6). Les Eros Centers sont des hypermarchés du sexe et les clients, des consommateurs sans complexe (7). Les prostituées, à la fois biens et services, dépendent impérativement d’un proxénète dont la fonction officiellement reconnue est celle de manager. Manager, le proxénète n’en reste pas moins toujours un proxénète dont le seul intérêt est l’argent qu’il tire de la prostitution d’autrui, ce qui signifie que lui seul peut fixer les limites de ce qui peut être fait à la personne prostituée qu’il exploite... Sur les 8000 euros mensuels que rapporte en moyenne une prostituée russe, par exemple, le proxénète en garde 7500 par-devers lui. Ce qui explique pourquoi la prostitution, indépendamment de la contrainte exercée sur la personne pour qu’elle y entre, est une condition dont il est très difficile de sortir. Eros Centers, bordels et Sex Clubs sont des prisons sexuelles où disparaissent les personnes prostituées. Jusqu’à l’entrée en vigueur des lois Sarkozy, début 2003, la France était abolitionniste - les prostituées n’étant pas considérées comme des coupables, les proxénètes, si. Les mesures légales ont été prises dans le but affiché de lutter contre la traite des femmes et des enfants. Pseudo-prohibitionnistes, ces lois ne ferment pas pour autant le marché puisque la demande masculine de services prostitutionnels n’est pas remise en cause, en revanche, elles criminalisent les victimes qu’elles livrent à l’arbitraire de la police, ce qui ne peut que renforcer l’emprise des proxénètes à leur endroit. L’État accorde, en principe, des papiers aux victimes qui acceptent de collaborer avec la police pour démanteler les réseaux, mais en l’absence d’une réelle protection des personnes prostituées et d’une prise en compte des menaces qui pèsent sur elles et sur leurs familles restées dans les pays d’origine, cette mesure ne peut avoir qu’une efficacité limitée. Si la comparaison avec les pays réglementaristes démontre que les lois Sarkozy ont eu un impact positif en limitant l’importance de la traite à destination de la France, il n’en demeure pas moins vrai que les personnes prostituées y sont condamnées à vivre l’enfer de la double peine, la violence de l’État se surajoutant à la violence du système proxénète. A l’opposé, la Suède en optant pour une politique volontariste d’abolition de la prostitution est le seul pays de l’Union européenne qui ait pu empêcher la traite. La Suède a choisi, sous l’impulsion des organisations féministes, de fermer le marché du commerce sexuel. La loi suédoise pénalisant les clients a constitué une rupture majeure, en prenant en compte la demande masculine dans le fait prostitutionnel. La traite des femmes et des enfants n’est donc pas plus inéluctable que la prostitution qui en est l’origine même, elle est le résultat d’une politique.
Le crime organisé est fondamental dans l’organisation des marchés du commerce du sexe, car, nous dit Richard Poulin, la violence est décisive dans la production des biens et services que sont les personnes prostituées. La violence est décisive car, que les prostituées soient victimes ou non de la traite, elles sont toujours victimes par et pour la prostitution tant dans leur recrutement pour que par l’exercice même. Richard Poulin recense une série d’enquêtes sur le parcours des prostituées traditionnelles qui l’attestent et, ce, aussi bien aux Etats-Unis qu’au Canada ou en Europe. Une majorité des femmes prostituées a subi des abus et des sévices sexuels dans l’enfance, est entrée dans la prostitution à 13 ou 14 ans en moyenne et/ou a connu des problèmes familiaux et/ou est issu d’un milieu social parmi les plus défavorisés et/ou n’a aucune qualification professionnelle et/ou est sous l’emprise des drogues et/ou sous la coupe d’un proxénète. Cette accumulation de violences sociales, sexuelles, physiques, morales, avant l’entrée dans la prostitution et pendant la vie dans la prostitution, en constitue le déterminisme absolu. Ainsi que le note Catharine A. MacKinnon, "si tous les cas où ces différents facteurs interagissent pour mettre et maintenir une femme dans la prostitution étaient examinés, il ne resterait aucun cas de prostitution libre, si ce n’est peut-être, un contre-exemple pour confirmer la règle" (8). Les victimes de la traite sont, quant à elles, à une écrasante majorité, très violemment contraintes de se prostituer lorsqu’elles arrivent dans le pays de destination. Il y a dans les Balkans de véritables camps de soumission où les jeunes femmes après avoir été achetées sont emprisonnées, violées à répétition et dressées avant d’être envoyées dans les métropoles européennes où, à la fois biens et services, elles sont doublement profitables à leur propriétaire. Biens, car propriété d’un proxénète qui peut les revendre à un autre proxénète ou à un autre type de proxénète, un pornographe, par exemple, etc... Et services loués au client pour satisfaire le libre désir d’icelui selon la morale économique de Buchanan.
La traite mondiale des femmes et des enfants à des fins de prostitution et/ou de pornographie - dont on oublie trop souvent qu’elle aussi emprunte les routes de la traite -, engendre un revenu de 60 milliards d’euros par an. Ce chiffre est supérieur à l’ensemble des budgets militaires. La traite fait chaque année 4 millions de victimes dans le monde, dont 500 000 sont mises sur le marché du sexe vénal de l’Union européenne, et ces chiffres, tout autant hallucinants qu’officiels (9), sont en constante augmentation d’un an sur l’autre. La mondialisation des industries du sexe n’a été rendue possible que par la mondialisation du proxénétisme. En une décennie, celle des années quatre-vingt-dix, et seulement en Asie du Sud-Est, il y a eu trois fois plus de femmes victimes de la traite à des fins de prostitution - 33 millions - que dans l’histoire entière de la traite des esclaves africains qui court sur 4 siècles et a fait 11,5 millions de victimes (10). Il ne s’agit pas d’établir un palmarès mais de faire prendre conscience de l’ampleur d’un phénomène considéré désormais comme vital pour l’économie de plusieurs pays. Les anciens pays de l’Est européen, où les mafias prospérant sur le chaos et la misère économique ont proliféré, rivalisent actuellement avec l’Asie du Sud-Est pour l’importance de la traite. Dans certaines régions de l’ancien bloc de l’Est, comme la Moldavie, près de 30% des femmes de moins de 25 ans ont été victimes de la traite. L’esclavage repose sur une condition de naissance dont on ne peut sortir, une inégalité raciale et sexuelle, et n’est pas simplement un problème de surexploitation, même si la surexploitation en est une composante importante. La prostitution, en ce qu’elle est à la fois une oppression basée sur l’inégalité de sexe et une condition dont plus de 90% des femmes prostituées voudraient sortir sans le pouvoir (11), présente donc une analogie certaine avec l’esclavage. Comme le fait justement remarquer Catharine A. MacKinnon, elle est une des formes particulières qu’a pris l’esclavage pour les femmes noires dont elle constitue aujourd’hui la perpétuation pour les prostituées afro-américaines (12). Prostitution et pornographie ont aussi en commun avec l’esclavage de contrevenir à la plupart des droits humains reconnus par le Droit international, comme le droit de ne pas être torturé ni soumis à des traitements dégradants ou cruels. Dans la prostitution comme dans la pornographie, les femmes sont battues et torturées par les proxénètes, les pornographes et/ou les clients plusieurs fois par an (13). La liberté est également un droit essentiel reconnu par le Droit international. Or, plus de 90% des prostituées voudraient quitter leur condition sans le pouvoir et sont donc prisonnières du sort social qui leur est fait. Elles n’ont donc pas la possibilité d’y consentir et par conséquent, elles ne sont pas libres. Le droit à la liberté d’expression est défendu par un grand nombre de pays. La prostitution en tant qu’institution réduit les femmes au silence par la brutalité et la terreur. Elles ne sont pas écoutées quand elles parlent, et de toute façon leur parole n’a aucune crédibilité sociale quand elles témoignent ou se plaignent. L’affaire Alègre en France en a apporté la démonstration (14). Seule est entendue l’infime minorité d’entre elles qui revendique le-métier-comme-un-autre, cautionnant ainsi le pouvoir des proxénètes sur l’ensemble des personnes prostituées. La pornographie, parole de pornographes qui sont aussi des proxénètes, jouit en revanche de la protection accordée à la liberté d’expression (15).
Si l’esclavage n’a plus beaucoup de supporters avoués, la prostitution a des intellectuel-le-s pour la défendre, peut-être parce que c’est du sexe et que le sexe leur paraît toujours un élan présocial, naturel et consensuel par essence, peut-être aussi parce qu’ils apprécient l’ordre établi ou encore parce que c’est leur intérêt sexuel personnel. Il n’y a pas d’autre explication à la défense d’une activité marquée à ce point du sceau de la violence. Cette violence permanente, physique, sexuelle, et morale entraîne un risque de mort prématurée 40 fois supérieur à la moyenne (16). Ce n’est pas pour rien que les prostituées qui ont réussi à sortir de leur condition se nomment elles mêmes les survivantes. L’idéologie pro-industrie du sexe, totalement androcentrée - à qui s’adresse-t-on quand on parle de sexualité récréative ? -, veut se croire universaliste et tolérante en feignant de ne pas voir que les industries du sexe sont des institutions de la domination et de la misogynie, domination et misogynie dont elle se fait complice. Parce qu’ils jouissent de privilèges sociaux et pour l’attention dont fait l’objet leur expression qui est le plus souvent libre, les intellectuel-le-s ont une responsabilité particulière. Cette responsabilité des intellectuel-le-s, qui constitue leur honneur spécifique, est de dénoncer, analyser, critiquer les injustices de l’ordre établi pour travailler à le transformer en informant et alertant ceux qui ont les moyens d’agir - les politiques, l’opinion publique - sur la vérité des problèmes qui intéressent l’humanité (17). Ils ou elles, ne peuvent, par conséquent, comme il leur arrive parfois de le faire, fournir des armes à l’ordre établi ou servir la soupe aux puissants, sans risquer le déshonneur. Leur devoir est de renforcer le Droit, seul à même de s’opposer à la loi du plus fort, car le dominant n’a besoin d’aucun droit. En revanche, il a besoin qu’on ne lui oppose pas le Droit (18). Ainsi, aider le dominant, le plus fort, c’est lui fournir un contre-Droit, un droit qui s’oppose au Droit, un Droit pour justifier le système de domination (19). Les intellectuel-le-s pro-industrie du sexe s’acharnent à conforter l’ordre établi et à fournir un contre-Droit au système proxénète dont ils et elles se font les complices. Le contre-Droit de la libéralisation totale des industries du sexe qu’ils et elles défendent au nom du respect de la dignité des personnes prostituées décriminalise le proxénétisme sans accorder aucun droit véritable aux personnes prostituées. Il les soumet, en effet, à la tyrannie du contre-Droit en les maintenant ainsi dans un système alors même que plus de 90% d’entre elles voudraient en sortir. Petite remarque à ce propos : les défenseur-e-s de l’industrie du sexe utilisent assez souvent un argumentaire qui vise à culpabiliser - pour les disqualifier -, toutes celles et tous ceux qui ne partagent pas leur avis. Considérer la prostitution comme un esclavage ferait, dans leur logique particulière, gravement tort à la dignité des personnes qui sont prostituées. Or, l’analyse structurelle de la prostitution n’est aucunement une attaque contre les personnes prostituées, ne les prive ni de rationalité ni de capacité cognitive. Il est parfois tout à fait rationnel de ne pas chercher à quitter une condition dont on ne saurait sortir au risque de sa survie, voire de sa vie ou de celle d’un proche. De même, l’analyse structurelle de la traite des esclaves noirs n’a jamais porté atteinte à la dignité humaine de ses victimes, ni abouti au racisme, c’est tout le contraire. Tout être humain est digne, quel qu’il soit, seul le sort qui lui est fait peut ne pas l’être. « Vous pourriez fonder un quotidien engagé dans une conspiration, non pas de silence mais de parole ». L’industrie du sexe sait parfaitement utiliser la novlangue à son profit, et n’a besoin d’aucune défense intellectuelle pour s’imposer et se soumettre autrui. Richard Poulin, dans le chapitre III de son livre, fait une analyse époustouflante, remarquablement détaillée du travail acharné sur la langue et les concepts pour transfigurer le sens des mots et - telle la novlangue de George Orwell dans son roman ’1984’ - leur faire dire le contraire de ce qu’ils font, induire la confusion dans les esprits et brouiller ainsi la perception même des abus. Certains définissent les victimes de la traite comme des entrepreneures (en voyage d’affaires, sans nul doute), la prostitution comme une sexualité récréative, les prostituées comme des travailleuses du sexe, et comme décidément le travail rend libre, parlent amphigouriquement de la liberté de se prostituer. Dans la pornographie et dans la prostitution, les femmes sont déshumanisées et réifiées pour être transformées en objets sexuels. Par définition, les objets n’ont aucune valeur humaine (20). Les propos racistes sont interdits à juste titre parce qu’ils incitent à la haine raciale en décrétant que l’autre a une moindre valeur humaine. Que penser alors des propos pornographiques ? S’il existe désormais un consensus social pour penser que le racisme, l’antisémitisme ou l’homophobie ne sont pas acceptables et portent atteinte aux groupes qu’ils visent expressément, la pornographie est par contre défendue au nom de la liberté d’expression et de la libération sexuelle. Elle est présentée comme bénéfique à l’épanouissement sexuel des femmes, faite pour elles et pour leur bien. Or, "la pornographie est un support majeur de la sexualisation de la haine raciale, tous les stéréotypes y passent. Les noires sont présentées comme des chiennes violentes, des captives qui se débattent dans leurs chaînes, meurtries et ensanglantées ; avec les asiatiques, il s’agit presque toujours de tortures. Les femmes ont l’air si passives qu’on les dirait sans vie, si ligotées qu’elles n’ont plus l’apparence humaine, pendues à des lampadaires, des porte-manteaux, des arbres. Il y en a qui sont amputées et dont les moignons ou prothèses sont présentés comme des fétiches sexuels. Les jeunes handicapées mentales sont d’une flatteuse docilité." (21) Les images à connotation sexuelle prises sur les prisonniers irakiens de la prison d’Abou Ghraïb ont fait le tour du monde et provoqué scandale, indignation et sanction pour leurs auteur-e-s. Des images analogues sont par contre considérées comme anodines et consensuelles dans la pornographie parce que ce sont des femmes qui sont humiliées et torturées par des hommes et non l’inverse. Il faut en toute logique constater que les femmes sont perçues comme étant faites pour ça, sans doute parce que leur plaisir sexuel est socialement construit sur un mode masochiste, alors que l’inverse - dans le cas d’Abou Ghraïb - est considéré comme une atteinte majeure à la dignité humaine. Ni la misogynie ni le sadisme sexuel ne sont des élans naturels, ou consensuels (une femme pénétrée nord-sud, sud-est, ouest-est n’a pas les moyens de consentir ou de fixer des limites à ce qui lui est fait au moment même où ça lui est fait, le consentement voudrait qu’elle puisse refuser à tout moment), pas plus que le masochisme sexuel ne traduit l’essence même des femmes. La pornographie et la prostitution s’entretiennent mutuellement comme systèmes de domination quasi totale, l’une se nourrit de l’autre, fait consommer l’autre, la banalise et réciproquement. L’une comme l’autre aboutit au développement de la traite des femmes et des enfants. L’être humain féminin y est réduit à 3 orifices : une bouche, un vagin et un anus. La pornographie présente des images de femmes humiliées et soumises à la torture. Ce faisant, elle rend la misogynie sexy pour le consommateur. Le stigmate de la prostituée commence avec la misogynie qui concerne toutes les femmes - toutes des putes - pour s’achever dans l’isolement social lié à la violence - il ne disparaît donc pas comme par magie quand la prostitution est légale, car que celle-ci soit ou non légale, la violence demeure. Les fantasmes pornographiques qui nourrissent l’inconscient social masculin mettent rarement les femmes en situation d’imposer leurs désirs ou de pouvoir se défendre. Pas plus que les propos racistes, antisémites ou homophobes ne sont des fantasmes, les propos pornographiques ne sont des fantasmes comme la haine sexuelle n’est pas de l’amour. La haine sexuelle ne libère personne mais conduit tout droit au fascisme sexuel. Des snuff movies existent où les femmes sont tuées après avoir été torturées et mutilées. L’ensemble des femmes, en tant que classe, qu’elles soient prostituées ou non, ne peut rien attendre de la pornographie dont l’univers est dominé par les hommes, et certainement pas la libération sexuelle. La responsabilité des intellectuel-les voudrait qu’ils-elles dénoncent les abus et les crimes et non qu’ils-elles les protégent au nom de la défense … de Sade ! Les pornographes, ces artistes ’maudits’ et ’transgressifs’, font en effet un chiffre d’affaires de 19 milliards de dollars par an sans courir le moindre risque. Street marketing A la subjectivité du plus fort, à sa libido dominandi, dans la société idéale qui est aussi le meilleur des mondes possibles, fait écho la subjectivité particulière des dominé-e-s, leur bonne volonté à l’égard du système et/ou leur soumission plus ou moins enchantée au pouvoir d’autrui dont l’amor fati, cette intériorisation de l’oppression qui semble la rendre acceptable, la justifier, constitue la forme la plus aboutie. L’attention apportée à la subjectivité de ceux et celles qui n’ont pas de pouvoir par ceux qui l’ont (qu’il soit économique, intellectuel ou politique) està géométrie variable parceque,dans leur logique,tout peut se réduire à une question d’intérêt : ce qui assure la pérennitédu système leur est profitable, tout ce qui le remet en cause, par contre, leur est préjudiciable et doit être ignoré, voire combattu. L’histoire du capitalisme nous montre que la subjectivité des dominé-e-s, leur amor fati, n’est en effet jamais prise en compte quand il s’agit de la casse d’industries entières et de la mise au chômage de centaines de milliers d’ouvrier-e-s. En revanche, le boom industriel de la prostitution, de la pornographie, et du tourisme sexuel s’accompagne d’un bavardage intellectuel, qui vise à les banaliser, voire à les normaliser à mesure qu’ils se développent, et qui ressemble à s’y méprendre à une stratégie marketing nécessaire à la création d’illusion pour permettre à la fois la satisfaction de la clientèle masculine qui en use et abuse, l’acceptation par l’ensemble de la société de l’oppression sexuelle, ainsi que l’accélération continue de leur développement par l’accroissement de la clientèle. Il suffit en effet de quelques porte-parole autoproclamées, dont on ne sait pas trop bien le statut qu’elles occupent dans la hiérarchie prostitutionnelle et/ou pornographique - recruteuSEs, surveillantEs de trottoir, tenancièrEs de bordels, réalisatricEs de films X, productricEs de matériaux pornographiques, toute une hiérarchie discrète - ni qui les stipendie, il suffit que ces quelques porte-parole revendiquent la liberté de se prostituer, au nom d’un subjectivisme radical, pour réduire au silence toutes les victimes de la prostitution et de la pornographie, soit 40 millions de femmes et des millions d’enfants. Les industries du sexe, tout en s’appuyant très largement sur le crime organisé, aspirent désormais à la normalisation, voire à la respectabilité de leurs activités et ont désormais les moyens économiques de leur auto-légitimation. Il est par conséquent vraisemblable qu’elles ne s’en privent pas en finançant des représentations (ONG, médias, pseudo-stars du X...) qui assurent leur propagande, notamment au plan politique, ainsi que le dénonce avec courage Marianne Eriksson, députée européenne, dans son rapport auprès de la Commission (22). Comme le dit Christophe Bourseiller : "Il ne faut pas s’étonner de voir tant de femmes s’investir dans la défense et l’illustration de la pornographie. Depuis des lustres les industriels du X ont compris qu’il était stratégiquement judicieux de mettre en avant des porte-parole féminines qui servent parfois de potiches écrans à un univers dominé par les hommes" (23). Comment contrecarrer les effets du darwinisme moral (24) Le constat que dresse courageusement Richard Poulin est implacable. Il en appelle à la conscience de tous et de toutes, car la résignation est coupable et complice des crimes de l’humanité qui se commettent chaque jour, mais aussi et surtout, à la responsabilité de ceux et celles qui ont le devoir d’informer : les intellectuel-le-s, et de ceux et celles qui ont le pouvoir de faire changer les choses : les politiques. L’importance de la traite des femmes et des enfants à des fins d’exploitation sexuelle est symbolique de la barbarie, de la prégnance du darwinisme moral qui se présente comme la modernité elle-même, il est urgent d’y mettre fin. Or, il est impossible de la combattre sans combattre la prostitution, qui en est l’origine même. L’histoire de l’abolition de l’esclavage des Noirs offre, par analogie, des pistes. Dans son histoire de l’esclavage, Christian Delacampagne écrit : "(L)’expérience prouve que, partout ou un ’bien’ est demandé, il parvient à se faire un chemin, même clandestin, sur le marché. Pour en finir avec la traite, il faut d’abord supprimer la demande - autrement dit, en finir avec l’esclavage" (25). Pour en finir avec la traite des femmes et des enfants, il faut donc abolir la prostitution. La Convention abolitionniste de 1949, adoptée par des législateurs sensibilisés aux horreurs du nazisme, jugeait la prostitution et le mal qui l’accompagne, à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution, incompatibles avec la dignité et la valeur de la personne humaine. Les pays signataires s’étaient engagés « à punir toute personne qui, pour satisfaire les passions d’autrui : exploite la prostitution d’une autre personne, même consentante (…) » et « à prendre les mesures nécessaires à la protection des victimes de la traite et à organiser une propagande appropriée qui mette le public en garde contre les dangers de cette traite ». En France, ces politiques d’aides aux prostituées et aux victimes de la traite, jugées sans doute trop coûteuses, non prioritaires ou peu gratifiantes d’un point de vue électoraliste, ont été confiées à des associations avec les limites, financières notamment, que cela implique. Un seul pays applique à l’heure actuelle rigoureusement la Convention de 1949, la Suède, qui pourtant ne l’avait pas signée à l’époque. C’est ainsi le seul pays au monde à avoir su tirer les leçons de l’histoire de l’abolition de l’esclavage en prenant en compte la demande pour abolir la prostitution. La Suède a ouvert la voie à un abolitionnisme rénové, où les proxénètes sont pris pour ce qu’ils sont : des criminels, où les clients sont conduits à s’interroger sur l’impact social de leur pratique en payant une amende et où les prostituées sont effectivement accompagnées et aidées à sortir de la prostitution. L’abolitionnisme à la suédoise n’a de sens qu’accompagné d’un important volet social - prévention par le travail social auprès des jeunes en difficultés, lutte contre la précarité des femmes, aides et octroi de papiers aux victimes de la traite - volet social auquel il faudrait ajouter la décriminalisation de l’immigration. C’est aussi la seule voie réellement humaniste et féministe pour lutter contre la prostitution et le mal qui l’accompagne, à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution. Tout le reste n’est qu’accommodement avec la Bible capitaliste, c’est-à-dire complicité avec le désir de "chacun d’entre nous de régner sur un monde d’esclaves" et "d’agir en toute liberté tout en contraignant autrui à se soumettre à nos volontés". Le défi à relever devient, pour les femmes, d’élaborer un discours sur la sexualité qui, s’opposant à sa marchandisation et à sa pornographisation grandissante, leur permette de se dégager des codes et des normes imposées par et pour le bénéfice de la domination masculine en faisant émerger ce qui n’a jamais été, c’est-à-dire leur libération sexuelle. Notes :
Mis en ligne sur Sisyphe, le 21 juin 2005 |