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jeudi 3 novembre 2005 "L’affaire Boisclair", révélatrice d’une classe politique et d’une société
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Candidat à la direction du PQ, André Boisclair a admis avoir consommé de la cocaïne lorsqu’il était ministre. Pour Louise Caroline Bergeron, le fait que les médias commentent cet incident de façon critique représente une attaque à toute une génération (« C’est ma génération que vous attaquez », Le Devoir, 22 septembre 2005.) L’auteur du texte suivant, publié en commentaire sur la liste de discussion du Collectif québécois de conscientisation (CQC), ne partage pas cette opinion. Il propose ici une vision personnelle de la société et de la politique.
J’ai beau me creuser la tête, scruter mon cœur et/ou mon âme, je ne reconnais ni ne sens une quelconque critique envers "ma génération" à travers "L’affaire Boisclair". Et pour tout dire : je trouve le texte proposé plus étouffant à lire que rafraîchissant. C’est l’affirmation d’une détresse... que je comprends fort bien. J’ai 37 ans. Je ne connais personnellement aucun homme, aucune femme, de ma génération qui s’habille et s’exprime comme Boisclair. Ni aucun, ni aucune, menant une existence aussi privilégiée que lui, dans un Québec de plus en plus marqué par les inégalités sociales. Non, franchement, je ne reconnais nullement ma génération en cet homme. Mais ça me fait réagir tout ça. Si les politicienNEs québécoisES et canadienNEs, tout âge confondu, exprimaient des propos plus intelligents, proposaient des projets inédits pour une société plus juste, démontraient la capacité de débattre à fond sur les véritables problèmes sociaux, au lieu de chercher à nous divertir avec des trucs comme la souveraineté et le nettoyage des rues de Montréal, peut-être que la masse des citoyens se désintéresseraient largement de cette affaire et chercheraient ailleurs que dans les médias de masse (justement) de quoi satisfaire leur "soif de connaître". Mais non ! Les politiciens jouent la carte du spectacle médiatique, du divertissement, de la duperie, des faux-semblants, des détours sinueux du discours où tout est oui, non et peut-être à la fois, pour fabriquer des consentements, gagner le plus de votes possibles et nous prendre le pouvoir. Ceux-là ne peuvent exiger en retour un traitement plus vertueux de la part de leurs victimes savamment abruties. Qu’ils endurent les effets pervers de leurs méthodes d’aliénation ! Ça leur plaît de nous mépriser en faisant les paons à Star Académie* ou encore à Tout le monde en parle* ? Bien. Mais qu’ils tolèrent ce jeu tordu jusqu’au bout lorsqu’ils se mettent à y perdre des plumes ! Boisclair est l’un de ces politiciens sans contenu qui se joue de vous et de moi. Tous les traits de sa personnalité, sa soyeuse rhétorique, ses atouts physiques et sa fameuse date de naissance n’y peuvent rien pour masquer l’évidence : il est tout aussi opportuniste, carriériste, égoïste et égocentrique que (presque) tous les autres politiciens en lice. Il faut être vraiment désespéré pour y voir un sauveur. Quand allons-nous sortir de cette manie morbide de chercher notre « salut » en un jeune « héros » ? Ce n’est d’ailleurs pas étonnant que nous n’arrivions pas à élire une femme cheffe de parti ou Première ministre. Ça nous prend le héros viril qui va se battre, épée au poing, envers et contre tous, pour nous sauver. Un rôle typiquement masculin qui plaît à trop d’hommes et de femmes, peu importe la génération dont ils et elles sont issuEs. Beaucoup trop de gens, même parmi les militantEs des causes les plus justes, attendent une révélation plutôt que de travailler à une révolution (entendez : transformation sociale). La révélation, c’est certes plus simple, plus économe d’énergie, plus romantique, plus « spirituel », mais durant ce temps, des gens endurent les plus cruelles formes d’exploitation, de domination, d’aliénation. C’est simplement intolérable. L’éducation populaire devait nous libérer de cette pensée magique. De cette part d’oppresseur en chacun de nous. En quoi Boisclair est-il un politicien plus crédible que les autres ? Ça me suffit am-ple-ment ! Je ne voterai jamais pour lui. Ni pour aucune formation politique l’ayant dans ses rangs. Ni pour aucune formation politique ayant dans ses rangs des politicienNES sans autre vision que celle de l’exploitation capitaliste du monde, qu’ils viennent en versions « yeux bleus », « cheveux blonds frisés », « vieux chauve et ridé », « fédéraliste », « souverainiste », « masculine » ou « féminine ». Ça va faire le c... de niaisage. Un mot encore. Que nous n’exigions pas des politicienNEs d’être des saintEs, je veux bien. Que nous n’exigions pas de ces hommes et de ces femmes la vertu et la probité, d’accord. Que nous nous rappelions que bien des politicienNEs ont leur "faiblesse" comme par exemple l’alcoolisme, je peux suivre. Mais cessez de me faire croire que c’est sans gravité, que "ce n’est rien". Quand je regarde l’état du monde aujourd’hui, je ne peux que constater le fiasco de cette classe politique. La dernière chose que je veux, c’est bien d’un type qui dérape sur la coke lorsque le pouvoir et l’argent de l’État lui sont confiés. Je préfère être utopique et attendre mieux, quitte à attendre le reste de mes jours. Le pardon, oui. Pardonner en se rappelant notre condition d’êtres humains, d’êtres vivants (et non d’anges planant dans le vide). Mais excuser tout ? Remettre un homme ou une femme dans les mêmes situations qui l’ont vu déraper ? C’est de l’inconscience, de l’aveuglement et/ou de la cruauté. Et ceci vaut autant pour les gens qui mènent des vies anonymes aux regards des masses que pour les personnages publics aspirant à donner aux masses des leçons (malvenues) de savoir-vivre. * Deux émissions de la télévision québécoise. – Lire également : Le facteur "sexe" dans la course à la direction du Parti québécois Mis en ligne sur Sisyphe, le 29 octobre 2005. Suggestions de Sisyphe : – Lettre de Pierre Vadeboncoeur : L’affaire Boisclair
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