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mercredi 1er mars 2006 Combattre l’islamophobie et défendre la liberté d’expression
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Lettre ouverte de la Ligue des droits et libertés sur la crise des caricatures
Les caricatures de Mahomet ont été reçues par une partie de la communauté musulmane comme offensantes, insultantes et choquantes. En regard de certaines d’entre elles, la Ligue des droits et libertés estime qu’elles contribuent indéniablement au renforcement du stéréotype qui associe l’Islam à la violence et au terrorisme. La crise soulevée par la publication de ces caricatures, la reprise de cette publication par certains médias, le fait que ces caricatures ont choqué et généré des manifestations et des incidents violents à travers le monde, tous ces éléments peuvent inciter à lever d’un cran les limites déjà existantes à la liberté d’expression. Il apparaît essentiel de faire le point sur Il importe ici de rappeler que la reconnaissance de la liberté d’expression parmi les droits et libertés fondamentaux de la personne a été et est encore l’objet de luttes héroïques à travers le monde. À l’échelle de la planète, on emprisonne encore des personnes prêtes à donner leur vie pour pouvoir l’exercer. La liberté d’expression est l’un des éléments essentiels à la vie démocratique. Elle n’est toutefois pas absolue et ses limites sont par ailleurs très spécifiques et comprennent la propagande haineuse, l’incitation à la violence et le libelle diffamatoire. Malgré ces limites, il est de l’essence même de la liberté d’expression de ne pas imposer une obligation de respect. On ne peut en effet interdire la publication de Dans une société démocratique, les préjugés et les stéréotypes sont combattus, et ils doivent l’être, le plus efficacement par le débat public et non par la restriction du droit de s’exprimer. Bien sûr, la liberté de parole fait appel au sens des responsabilités dans l’usage qui en est fait, mais cette responsabilité ne peut être imposée par la loi, à partir de critères qui pourraient laisser place à l’arbitraire. Les propos offensants doivent être combattus par les moyens propres à une société démocratique : débats d’idées, manifestations et éventuellement, dans certains cas, par des poursuites judiciaires. La violence ou les menaces envers ceux qui ont tenu les propos offensants ne sont pas acceptables. Les personnes qui expriment un point de vue sont responsables du point de vue qu’elles expriment. Ni le gouvernement du Danemark, ni la population du Danemark ne peuvent être tenus responsables du point de vue exprimé par un certain nombre de caricaturistes danois, pas plus que l’ensemble des musulmans ne peuvent être tenus responsables ou associés à des actes ou propos répréhensibles de la part d’individus se réclamant de l’Islam. Les manifestations de colère suscitées à travers le monde par les caricatures de Mahomet soulèvent bien sûr un débat sur la liberté d’expression, mais l’ampleur de la crise est surtout révélatrice de l’immense frustration ressentie par de nombreux musulmans vis-à-vis de la politique des pays occidentaux depuis plusieurs décennies. Les agressions militaires La tournure qu’a prise cette crise est aussi le fait de manipulations politiques. Plusieurs régimes se sont servis des caricatures pour tenter de canaliser la colère de leurs peuples vers une cible extérieure. Il faut par ailleurs relativiser l’ampleur des manifestations. Au Liban, par exemple, le saccage de l’ambassade du Danemark a été le fait de quelques milliers de manifestants, alors qu’environ un demi-million de personnes ont manifesté le L’appel au calme et au dialogue de la part d’organisations musulmanes au Québec et au Canada a permis de mettre en évidence la pluralité du monde musulman et, espérons-le, de favoriser la connaissance et le respect mutuels ainsi que d’ouvrir un espace de dialogue qu’il faut soutenir. Ce n’est que par la lutte au racisme, aux préjugés, aux discours islamophobes, par le refus des interventions qui vont à l’encontre du droit international et par la mise en place de politiques internationales plus justes et plus respectueuses des autres, de même que par la dénonciation des violations des libertés civiles vécues par les membres des communautés musulmanes que nous viendrons à bout des tensions actuelles, plutôt que par des restrictions à la liberté d’expression. – Info - Ligue des droits et libertés Mis en ligne sur Sisyphe, 1er mars 2006. |