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dimanche 10 septembre 2006 Correspondant à l’étranger : une chasse gardée masculine à Radio-Canada ?
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Monsieur Renaud Gilbert, Monsieur, si nous nous adressons à vous aujourd’hui, c’est dans l’espoir que vous puissiez intervenir afin de limiter le sexisme qui afflige toujours votre service des nouvelles télévisées et ses émissions. À la fin du mois de juin, le directeur général de l’information, Alain Saulnier, annonçait la nomination d’un nouveau correspondant à Paris, Luc Chartrand. Un homme de plus. Lorsqu’on fait la liste des correspondants-télé de Radio-Canada à l’étranger, on compte déjà Maxence Bilodeau à Paris, Don Murray à Londres, Nick Spicer à Moscou, Michel Cormier à Pékin, Jean-François Bélanger à Dakar et Jean-Michel Dans l’annexe B des "Normes et Pratiques journalistiques de Radio-Canada", au chapitre 4 qui traite de "la représentation à l’antenne des personnes des deux sexes", vous écrivez pourtant au point 4.1 : "La Société Radio-Canada Au point 4.2 : "les lignes directrices ont comme objectif d’assurer la représentation équitable des personnes des deux sexes dans les émissions diffusées à l’antenne de la SRC". Plus loin, au point 4.6.1, on lit que la Société Radio-Canada doit "réfléter de façon réaliste la place qu’occupent les femmes et les hommes En prenant leur décision pour le poste de Paris, Monsieur Saulnier et sa direction ont contrevenu à vos normes et pratiques journalistiques et ils De deux choses l’une : 1- Monsieur Saulnier et sa direction considèrent-ils que les femmes journalistes de Radio-Canada ont les qualifications nécessaires pour être 2- Si la réponse à cette première question est "oui", et que monsieur Saulnier et sa direction considèrent que des femmes reporters de Radio-Canada sont qualifiées pour être correspondantes à l’étranger, alors il ne s’agit pas seulement de sexisme mais aussi de discrimination sexuelle puisqu’ils continuent à nommer des hommes dans ces postes importants et prestigieux où les femmes sont sous-représentées. Nous avons la conviction que plusieurs femmes journalistes, tout-à-fait qualifiées, ont demandé le poste de Paris, qui est le plus prestigieux des Les spectatrices de Radio-Canada, qui sont aussi des contribuables, ont le droit d’être représentées à égalité sur les ondes publiques nationales dans toutes les fonctions et tous les rôles. Et nous ajouterons que nous, les spectatrices et spectateurs de Radio-Canada, nous avons droit à une couverture internationale où le regard posé sur les événements et les gens sont à part égale ceux d’hommes et de femmes. Parce que, même s’ils font leur métier de la même façon, les femmes et les hommes reporters n’ont pas la même sensibilité ni la même perspective sur la guerre, sur la famille, sur l’éducation, sur le travail, sur la religion, sur la pauvreté, sur le sida ou sur les relations amoureuses. Par leurs choix, monsieur Saulnier et sa direction empêchent l’accès à une information plus complète et plus équilibrée. Nous voudrions ajouter quelques notes sur le contexte de ce grief. La seule place dans les émissions d’information de Radio-Canada où l’on voit nettement une majorité de femmes, ce sont les bulletins météo. Quand il s’agit de choses plus importantes, ce sont les hommes qui occupent les postes-clés. Vous nous direz que si Bernard Derome anime le Téléjournal (après Gilles Gougeon, Stephane Bureau et... Bernard Derome), c’est en ce moment Pascale Nadeau qui anime le bulletin national de midi et le bulletin régional montréalais de 18h. Certes. Mais regardons du côté des affaires publiques. Qui anime "Zone Libre", "Enjeux", "Découvertes", "La Facture", "Cinq sur Cinq", "La Semaine Verte" et "Second Regard" ? Tous des hommes ! La seule femme, c’est Marie-Josée Taillefer parce que c’est "L’épicerie", et sans doute parce qu’on ne voulait pas d’un journaliste comme animateur de ce magazine. Nous vous rappellons aussi que le conflit de travail de 2002 à la Société Radio-Canada portait en bonne partie sur la discrimination dont les femmes journalistes étaient victimes à Radio-Canada. La direction de l’entreprise faisait donc déjà preuve de sexisme il y a quatre ans et, malgré ses engagements récents, elle persiste dans cette voie. Nous ne voulons pas mener le combat des femmes journalistes de Radio-Canada, c’est à elles et à leur syndicat de se défendre. Mais en tant que En terminant, nous savons qu’une demande à l’ombudsman constitue un "appel" après une première plainte auprès du chef de service concerné. Si notre plainte portait sur un reportage ou une émission particulière, nous aurions suivi cette voie. Mais il s’agit d’une décision prise et annoncée par le gestionnaire le plus élevé dans la hiérarchie radio-canadienne de l’information, et nous ne voyons pas comment ce dernier aurait pu nous donner une réponse satisfaisante, les faits parlant d’eux-mêmes. Veuillez agréer, monsieur, l’expression de nos sentiments distingués. Micheline Carrier P.S. Cette lettre a été expédiée par la poste, en août, à l’Ombudsman de la Société Radio-Canada dont nous n’avons pas, jusqu’ici, reçu de réponse. * Normes et pratique journalistique Courriel Mis en ligne sur Sisyphe, le 5 septembre 2006. |