BULLETIN SPÉCIAL DU CENTRE DES FEMMES DE LAVALNovembre 2006Quelques éléments de réflexion
90 % des femmes prostituées sortiraient de la prostitution si elles en avaient le choix
Ce sont majoritairement des femmes et des filles qui se prostituent, et les acheteurs sont presque toujours des hommes
Plus ça va et plus le système prostitutionnel recrute des filles de plus en plus jeunes pour répondre à la demande et parce qu’elles sont plus facilement impressionnables et manipulables
C’est souvent pour échapper à la précarité économique et à l’itinérance que les filles et les femmes se prostituent
Les femmes autochtones et immigrantes sont sur-représentées dans la prostitution
La majorité des prostituées ont connu dans leur enfance des agressions sexuelles et ont subi de la violence physique ; celles-ci attribuent à leur corps une valeur sexuelle et le perçoivent comme un simple accessoire
Elles sont aussi obligées de repousser les limites quant à l’intégrité de leur corps (par exemple : accepter des attouchements quand elles sont danseuses nues, ou accepter des pratiques sado-maso quand elles sont escortes.) La demande est exponentielle. Moins elles acceptent, moins elles font de l’argent et plus la pression du proxénète peut être grande
Pour se prostituer, les femmes utilisent des mécanismes de survie : elles établissent une distance émotionnelle entre elles et l’acte de se prostituer, elles personnifient un rôle imposé par les fantasmes masculins et se dissocient de leur propre personnalité. Pour cela, elles recourent souvent à l’alcool et à la drogue.
La prostitution a les mêmes conséquences que le viol sur l’état de santé physique et mental.
Une étude internationale indique que le choc post-traumatique est observé chez 67% de femmes prostituées et qu’il a des répercussions qui surpassent ceux des vétérans de la guerre du Vietnam.
À tous les ans, des millions de personnes sont victimes de trafic sexuel mondial dont la majorité sont des femmes et des enfants
Non, la prostitution n’est pas un travail ! Si une médecin fait du bon travail parce qu’elle offre de bons services de santé, une prostituée fait-elle du bon travail parce qu’elle offre des bons « services sexuels » ? L’appellation de « travailleuse du sexe » ne répand-elle pas cette idée auprès des prostituées, alors que la majorité souhaite s’en sortir et ont besoin d’être crues dans cette capacité ?
La prostitution n’est pas un travail. Voici une petite capsule humoristique qui sert à l’illustrer :
Non, la prostitution n’est pas banale. Ne soyez pas complices de l’industrie du sexe. Vous voulez aider les personnes prostituées ? Voici des pistes d’intervention :
développement de maisons d’hébergement pour les victimes de violence faite aux femmes, y compris celles de la prostitution
décriminalisation des femmes prostituées
mise en place de groupes d’action de survivantes de la prostitution dans une approche abolitionniste féministe
accès égal et adapté aux soins de santé, aux services et à la protection policière
soutien et mise en place des mesures nécessaires pour la formation et l’accès à l’emploi des femmes quittant la prostitution
interdiction des publicités sexistes et de la pornographie
prévention dans les écoles dans une approche globale d’éducation à l’égalité entre les femmes et les hommes
plan global contre la pauvreté des femmes
campagne de sensibilisation visant à faire la lumière sur la responsabilité de ceux qui profitent de la prostitution (les prostitueurs et les proxénètes)
renforcement de la criminalisation des prostitueurs et des proxénètes
renforcer les mesures contre le trafic sexuel des femmes et des enfants
l’abolition de la prostitution doit être placée au cœur des luttes politiques contre la violence faite aux femmes
Centre des femmes de Laval
Le 17 novembre 2006
Mis en ligne sur Sisyphe, le 18 novembre 2006