Comme il est difficile de relaxer ! Comment trouver le temps de paresser quand on ne peut même pas trouver de plages horaires libres pour des rendez-vous, tel que le dentiste ou le médecin, dans notre propre agenda ? La devise : « Rien ne sert de courir, il faut partir à temps ! » n’est plus l’adage de beaucoup de personnes. On ne prend plus le temps de se détendre ou de lire un bon livre. On saute des repas sous prétexte de manquer de temps ou, pire encore, on mange sur le pouce et on fréquente les fast-food. Malheureusement, le temps semble manquer à bien des personnes, peu importe leur âge.
De plus, nous vivons au sein d’une société qui sous-entend que réussite personnelle rime avec réussite professionnelle. En plus d’exceller au travail, il faut se prouver à l’école, dans notre vie personnelle et même dans nos loisirs. Pression, stress, anxiété et manque de temps sont les mots que je ne cesse d’entendre autour de moi.
Du berceau... aux bancs d’école
« Il/elle est tellement intelligent/e pour son âge ! » Cette phrase vous dit quelque chose ? Il s’agit d’une phrase que certains parents se plaisent à répéter à qui veut bien l’entendre. C’est tout de même normal, car quel parent ne ressent pas de fierté face à sa progéniture ? Cependant, pour avoir longtemps travaillé dans un magasin de jeux et jouets, j’ai pu constater que plusieurs parents avaient tendance à brûler des étapes de l’enfance dans le but de préparer leur bambin aux bancs d’école. Combien de jeux pour apprendre à lire et à écrire sont sortis de la boutique dans les mains de parents d’enfants d’à peine trois ans ?! Vous pensez que j’exagère ? Et bien, pas du tout !
« Mais madame, mon enfant est bien avancé pour son âge ! », m’ont répondu, je ne sais plus combien de fois des parents offusqués que j’émette des réserves vis-à-vis des capacités d’un enfant de trois ans à écrire.
Cet exemple peut sembler banal, mais n’est-ce pas mettre de la pression sur le dos des enfants que de leur apprendre à lire, écrire, calculer avant même leur entrée à la maternelle ? Pourquoi est-ce si difficile de laisser un enfant, bricoler, dessiner, jouer au camion ou à la cachette ? Faut-il si tôt lui bourrer le crâne de notions scolaires et en faire un petit génie ? Certain-es psychologues croient qu’en voulant trop stimuler les enfants, nous risquons de les démotiver, voire même de les écoeurer.
Enfin, tout au long de la scolarité, la pression ressentie par les jeunes peut être aussi très forte. Il faut souvent être bon-ne dans les matières scolaires, dans les sports ou toute autre activité ? Bref, après avoir performé tout au long du primaire, du secondaire et du cégep, certain-es jeunes croulent sous la pression une fois à l’université et risquent de sombrer dans la dépression et l’anxiété. Hélas, cela est arrivé à quelques personnes de mon entourage et ce, à 20 ans à peine !
Le mythe de la superwoman
La conciliation famille-travail est une autre source de stress importante, surtout dans le cas d’une femme. La société renvoie l’image idéale de la femme moderne, capable de s’occuper des enfants, de son couple, tout en s’investissant à fond dans une brillante carrière professionnelle. La superwoman, quoi !
Il est peut-être vrai que certaines femmes correspondent à ce modèle de superwoman mais peut-être qu’elles arrivent à tout gérer parce qu’elles se sont imposées des limites à respecter ?!
Plus que tout, il importe de se laisser du temps pour sortir, aller manger au restaurant, aller au cinéma, etc. Bref, prendre du temps pour soi ! Cela semble difficile car la femme a tendance à se juger facilement et à tomber dans le piège du « je ne suis pas assez forte ou assez bonne pour tout réussir. » Ou encore : « Je ne suis pas autonome car je dois demander de l’aide pour arriver à tout faire. » Ça suffit ! Cessons de nous blâmer et acceptons nos limites. Cela ne nous aidera qu’à mieux gérer notre temps de façon profitable et saine.
Je travaille, tu travailles, nous travaillons...trop !
La compétence rime souvent avec performance et disponibilité illimitée dans le merveilleux monde du travail. Combien de personnes s’épuisent à trop vouloir prouver leur compétence ? Combien négligent leur famille et leurs ami-es par manque de temps ? Pourtant, on entend de plus en plus parler de dépression au travail, de burn out. Pourquoi alors ne sommes-nous pas plus vigilantes ?
Je continue de dire qu’il importe de s’arrêter et de se mettre des limites. Nicole Aubert, sociopsychologue et auteure du livre : Le culte de l’urgence : la société malade du temps (Flammarion, 2003), mentionne que « L’être humain a un besoin vital de recul pour faire le point. Sinon, il brûle ses cartouches. » Enfin, « Il est temps de se donner le temps de prendre le temps », comme se plaît à dire Carl Honoré, journaliste et auteur du livre Éloge de la lenteur (éditions Marabout 2005).
Arrêtons un peu de courir et accordons-nous du temps pour ne rien faire sans se sentir coupables. Vite, à nos agendas ! Organisons notre temps, ciblons nos priorités et... RELAXONS ! D’ailleurs, plusieurs disciplines de relaxation s’offrent à nous, dont le Yoga ou le Taï-Chi. Qu’attendons-nous alors pour devenir adeptes d’une société prônant plus de lenteur ?
Mis en ligne sur Sisyphe, le 27 novembre 2006