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mercredi 10 janvier 2007

LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus !...
Témoignage

par Lilith






Écrits d'Élaine Audet



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Il a été mon amant pendant dix-huit mois. Pour lui, j’ai abandonné un autre homme qui m’aimait profondément. Passade de jeunesse ? Envie de changement ? Découverte de celui qui, pour de multiples raisons, vous fait oublier le passé ?

Il est marié... Je l’ai appris il y a quelques jours. En bonne féministe attachée à des principes, j’ai immédiatement rompu notre relation. Mais je veux une explication claire : je désire impérativement comprendre pourquoi ce mensonge ? Pourquoi m’avoir caché la vérité ? Pourquoi m’avoir trompée si longtemps ? Comment est-il possible que deux personnes soient si proches et si éloignées à la fois, de par ces non-dits qui les excluent l’une de l’autre, imperceptiblement, mais inéluctablement ?

Telle est, encore, ma naïveté de femme de la quarantaine éprise de pureté idéologique.

Sur son invitation (son épouse est en vacances), j’arrive vers dix-huit heures, à son domicile, dans le but d’obtenir une réponse exhaustive à mes questionnements. C’est la première fois que je viens chez lui.

Il prépare un repas frugal. Nous énonçons des banalités. Et je pose la question qui me tient à coeur : « Pourquoi m’as-tu menti ? » Il est primordial, pour moi, de connaître la ou les raisons qui m’ont transformée involontairement en maîtresse d’un homme marié et père de famille. « Si tu avais su que j’étais marié, tu aurais refusé de sortir avec moi. » Je ne peux cacher mon scepticisme et ma déception devant cette réponse que je juge aussi insignifiante qu’insuffisante.

Mes interrogations répétées et mon insistance ont pour effet de l’énerver. C’est, sans doute aussi, la traduction de sa perplexité de « pseudo-intellectuel » peu apte à une réflexion poussée ou prolongée. (À l’époque, j’ignorais encore que ses C.V. étaient falsifiés et que j’avais eu droit, comme mes ami-e-s, à des mises en scène pour donner le change). Devant la montée en puissance de son agressivité, et celle, concomitante, de mes angoisses, je prends soin de cacher un couteau qui traîne sur la table, de peur qu’il ne s’en serve contre moi.

Petit à petit, il devient furieux, me menace puis commence à me molester. Je suis paniquée, le repousse et tente d’appeler la police. Il arrache alors le fil du téléphone. Puis, il claque la porte et m’enferme à double tour dans l’appartement. « Je vais appeler du secours par la fenêtre », me dis-je. Ce à quoi il pense probablement, car il revient, peu de temps après, et propose de poursuivre cette discussion chez son beau-frère avec qui il a rendez-vous à Paris.

Mon envie, toujours très prégnante, de trouver une justification valable à son comportement ultérieur, ce besoin viscéral d’obtenir une vérité, qui puisse apaiser ma conscience et me rassurer quant à mon manque de discernement à son égard, s’ajoute à la stupeur qui a été la mienne devant sa violence soudaine et à une appréhension diffuse.

Déstabilisée, par ce qui vient de se passer, je souhaite, intensément, que tout cela se termine au plus vite et j’accepte sa suggestion qui me permet, dans l’immédiat, de sortir de son appartement.

Sous la pluie, je conduis ma voiture une heure et demie durant dans les embouteillages de la banlieue et de Paris, aux heures de pointe, les yeux embués de larmes et le cerveau brouillé par les événements récents et par la découverte de cette violence masculine, qui n’est plus seulement l’affaire des femmes dont je m’occupe, mais qui devient la mienne, maintenant.

Au studio, où le beau-frère est, miraculeusement, absent, mon ancien amant semble se calmer devant ma détresse. En bonne intellectuelle que je suis, pour laquelle les mots ont une valeur propre et bien déterminée, j’ai besoin, avant de quitter définitivement cet homme et en dépit de l’angoisse sourde qui m’étreint, de recevoir une réponse digne de ce nom. Une réponse autre qu’une excuse alambiquée, évanescente, tortueuse, autre qu’un faux-semblant ou qu’un autre mensonge, pour expliquer les précédents. C’est le combat de mon intellect contre le sien et là, j’espère gagner malgré ma fatigue intense, mais il repositionne alors le débat sur un tout autre plan, dont l’issue m’échappe sur le moment.

Il me propose, gentiment, de venir m’asseoir près de lui pour discuter, après m’être déshabillée... « Pourquoi veux-tu que je me déshabille ? », dis-je, stupéfaite et totalement désorientée par la tournure que prennent les évènements. Devant mon refus d’obtempérer, il réitère doucement sa demande et insiste sur cette condition pour me donner une explication complète.

A posteriori, je me pose la question : qu’espérais-je entendre de nouveau ? Mais sur le moment, compte tenu de l’état d’épuisement physique et psychique dans lequel je me trouve et désireuse d’en finir, arriver si près du but m’incite à accepter ce qui me paraît, somme toute anodin, puisque nous étions amants, il y a quelques jours encore. Et puis, je l’aime et je lui fais confiance, malgré sa violence récente qui m’incite pourtant à accélérer mon départ de toutes les manières possibles. Adhérer à sa proposition est une façon, me semble-t-il, d’en terminer au plus vite.

Il est environ vingt-trois heures. Je quitte mes chaussures et mon jean, et je m’assois non loin de lui. Il répète les mots qu’il a déjà prononcés : « Je ne voulais pas te perdre, c’est pour ça que je ne t’ai pas dit la vérité, parce que je connaissais tes idées. » Je ne suis pas plus avancée, mais véritablement dépitée d’avoir, une fois de plus, été flouée par cet antillais à la rhétorique mensongère. (Mes ami-e-s et moi apprendrons plus tard qu’il serait « mythomane ». Vrai ou faux ?)

Mais je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir à ma situation, car tout s’enchaîne très vite : il se jette brutalement sur moi, me renverse sur le lit et essaye de me violer. Je le supplie d’arrêter ; je me débats et tente d’empêcher la pénétration ; je le griffe. Rien ne l’émeut ! Rien ne l’arrête ! Je suis alors sacrifiée sur l’autel de SA VÉRITÉ.

Devant l’aspect irréel, car trop cruel, de ce qui se passe, j’ai l’impression de vivre un cauchemar. Mon corps hurle de douleurs. Mon esprit s’affole. Je suis broyée par ce qui m’arrive ! Je vis dans ma chair meurtrie ces moments horribles, tout en entendant mon cerveau marteler ces mots : « Ce n’est pas vrai ! Ce n’est pas possible ! »

Mais la réalité s’impose à moi quand il me dit ouvertement, en me regardant benoîtement enfiler mon jean, quelques instants plus tard : « Il y a longtemps que j’avais envie de te violer pour venger les femmes noires violées par les hommes blancs ! ». Je suis anéantie, vidée, nauséeuse, hoquetant d’incompréhension, de dégoût, de honte, de désespoir, de rage, de haine et de peur, devant cet être qui a violé mon intimité, bafoué ma dignité, qui m’a souillée et qui s’en explique tranquillement. Ce n’est pas cette explication-là que j’étais venue chercher ce soir !

Je titube vers la porte pour fuir, profondément traumatisée, choquée, par ce que je viens de vivre. Il me conseille d’attendre avant de prendre la route, sans doute pour ne pas avoir sur la conscience l’accident qui risque de se produire après ce qu’il m’a fait endurer. Je quitte ce studio dont je cherche, depuis, à oublier jusqu’à l’emplacement exact.

J’emprunte le périphérique dans le brouillard le plus total à cause des larmes qui ruissellent sur mon visage, obstruant ma vue et mon discernement. Je roule dans un état « semi comateux ». Comment suis-je arrivée chez moi restera un mystère. Ma voiture m’a ramenée au bercail ! Il faut croire que ma dernière heure n’était pas inscrite sur le calendrier de cette journée. Toujours est-il, que je parviens à mon domicile, vers deux heures du matin, extérieurement intacte mais intérieurement brisée.

Je me précipite sous la douche que je fais couler à grands flots pour me laver, dans le but d’ôter la souillure qui s’est introduite au plus profond de mon corps et d’extirper les stigmates de cette violence imposée à ma chair. Mes larmes coulent autant que l’eau qui me recouvre et qui me cache. Je reste longtemps... longtemps... sous cette eau protectrice et purificatrice, déchirée par les sentiments d’incompréhension, de rage et d’impuissance devant l’horreur de ce que je viens de subir.

Je voudrais mourir !

Me venger ne me vient pas à l’esprit, à ce moment. Plus tard, je renoncerai à poursuivre cet homme en justice faute de preuves officielles.* Grâce à mon silence, il évitera les sanctions, la prison et l’opprobre ! Ni sa femme, ni ses enfants ne seront mis au courant de son crime, parce que son CRIME** de VIOL avec PRÉMÉDITATION est resté IMPUNI !

Il a agi sciemment. Il ne s’agissait pas d’une « pulsion imprévisible et incontrôlable », ce fallacieux prétexte invoqué par le sexe masculin pour satisfaire, à peu de frais, ses envies de domination et d’exploitation du corps des femmes. C’était la vengeance gratuite et facile du descendant d’esclaves noirs via la femme blanche que je suis et qui, pour lui, représente la femme du colonisateur. Ça a été le point d’orgue de la guerre fratricide que se font les hommes sur toute la planète, par femmes interposées. MON CORPS DE BLANCHE A SUBI LE VIOL COMME une ARME DE GUERRE, tel un COÏT VENGEUR !

Cela ne constitue en rien une excuse pour l’acte barbare que cet homme a commis, ni pour les horribles souffrances qu’il m’a infligées.

Notes

* Il est extrêmement difficile, dans des moments aussi douloureux, d’avoir présent à l’esprit :
• qu’il ne faut jamais se laver après un viol ;
• qu’il faut consulter rapidement un médecin qui rédigera immédiatement un constat, après recherche de sperme et de traces de lutte ;
• puis effectuera des prises de sang échelonnées, pour dépister une éventuelle infection par le VIH-Sida.
Ceci permettra d’engager une procédure avec de meilleures chances de succès.
** En 1980, le viol a été reconnu comme un CRIME, en Droit Français.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 2 janvier 2007



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Lilith



Plan-Liens Forum

  • LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus !...
    (1/6) 21 mars 2010 , par

  • Réponse au drame de Lilith "LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus"
    (2/6) 13 août 2008 , par

  • > LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus !...
    (3/6) 17 avril 2007 , par

  • La banalité du mal> LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus !...
    (4/6) 15 janvier 2007 , par

  • > LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus !...
    (5/6) 11 janvier 2007 , par

  • Dignité
    (6/6) 8 janvier 2007 , par





  • LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus !...
    21 mars 2010 , par   [retour au début des forums]
    le viol ou la vengeance au bout du phallus

    Tomber amoureux relève des phérormones, nous le savons maintenant ; cela peut se produire avec n’importe quel-le partenaire, indépendamment de sa couleur de peau et de son sexe.

    Quant au viol, il est démontré que c’est une arme de guerre que toutes les armées du monde patriarcal ont employée et emploient encore.

    Détruire l’ennemi à travers ses femmes (mères, sœurs, filles) en les violant (et en les engrossant pour « faire de bons petits Serbes » comme en 1993) reste une pratique masculine récurrente !!!

    Et le discours censé faire accepter cet acte criminel, est celui –VIRIL- de la défense de la patrie, de la lutte contre la colonisation, etc.

    Toute idéologie paraît valable pour exercer, expliquer et justifier les pires horreurs, on l’a vu pendant la dernière guerre mondiale.

    Alors ne soyez pas naïf à votre tour : cet antillais était anti colonialiste donc anti-blanc. Ses plans ont été perturbés quand il est tombé amoureux (il voulait un enfant de moi !) ; le ’piège’ s’était refermé sur lui pendant un certain temps mais son idéologie –dont je ne me suis pas méfiée du tout- n’avait pas changé.

    Réponse au drame de Lilith "LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus"
    13 août 2008 , par   [retour au début des forums]
    Le viol ou la vengeance au bout du phallus

    Lilith, je n’ai pas bien compris votre histoire : dois-je conclure que vous Blanche auriez couché avec un Noir ? Qui par la suite ayant abusé de votre... candeur, vous aurait violée, en prétendant le faire pour venger les femmes noires violées par des blancs ? Est-ce un délire surréaliste ? Quelqu’un peut-il croire un seul instant qu’un homme quelle que soit sa couleur va violer une femme pour venger d’autres femmes ? Un Noir va violer une blanche pour opérer ce qu’il va estimer être une vengeance des noirs opprimés. Le clivages est racial certes, MAIS SEXUEL d’abord. Jamais un homme ne se préoccupera de violer une femme pour en venger une autre. Désolée d’être ausi net, mais vous vous êtes exposée à être la victime d’un ennemi dont vous auriez dû vous garder à plusieurs titre :
    1 - un homme (à qui a été innoculée dès son plus jeune âge la haine des femmes)
    2 - un Noir (à qui en plus de la haine, a été innoculé le mépris des femmes, augmenté de la rancune envers les Blancs).
    Et je sais de quoi je parle.
    Ca fait beaucoup.
    Personnellement, en dépit de votre naïveté, j’aurais souhaité que vous soyez vengée et je compatis.
    Mohamed

    > LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus !...
    17 avril 2007 , par   [retour au début des forums]

    je ne peux que compatir à ta douleur, quand tu dis que tu voudrais mourir, je comprends, mais il vaudrait mieux peut-être en parler, puis porter plainte, pour pouvoir non pas oublier, mais pouvoir t’accepter, tu le dis toi-même, cet acte est impuni, et les autres oublieront ou ne sauront pas. Cet homme se complait de ce qu’il t’a fait, et ensuite va sourire à sa femme, je t’encourage à aller porter pleinte, car c’est par là que tu pourras t’en sortir un jour, ne subis pas toute ta vie ce qu’il t’a fait subir ce soir là.

    La banalité du mal> LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus !...
    15 janvier 2007 , par   [retour au début des forums]

    Le viol de Lilith.

    Le témoignage de Lilith me donne envie de tenter
    d’imaginer ce qui a pu se passer dans l’esprit des deux protagonistes, non, bien sûr, pour chercher des excuses au violeur, mais pour mettre en évidence la « banalité du mal ». Il n’y a pas de gène du crime, ni de profil de criminel, mais des conflits relationnels, qui sont fonction des parcours antérieurs des individus, et qui se développent dans un certain cadre culturel ; ici celui d’une société patriarcale et post-coloniale. J’écris ce texte sous toutes réserves ; il n’est que ma propre lecture,forcément subjective, du témoignage de Lilith.

    La personnalité des protagonistes.

    Lilith est une idéaliste intransigeante, qui refuse tout compromis. Son rêve de sororité lui rend impensable toute relation avec un homme marié, même si elle est attirée par lui. Comme elle ne cache pas ses opinions féministes, l’homme comprend dès le début que son statut matrimonial est rédhibitoire. Son grand désir de Lilith ne peut se réaliser qu’à condition de lui dissimuler son mariage, ce qui est pour Lilith un mensonge révoltant, un abus de confiance, une sorte préfiguration du viol, puisqu’il est devenu son amant sous la fausse identité d’un célibataire. »Eprise de pureté idéologique », elle se sent atteinte dans sa dignité, dont elle a une idée exigeante : elle la veut intègre et sans faille. Dans sa liberté de femme aussi (« maîtresse d’un homme marié » malgré elle). Cette dissimulation est donc pour elle une insulte grave. Pour lui, c’est, tout au plus, une disposition pratique... La polygamie ne le gêne pas. Le silence est pour lui la solution de facilité.

    L’homme est-il mythomane ? Le terme semble exagéré pour ce type de personnalité peu structurée, floue, fréquente à notre époque, qui a mis à la mode le concept de « borderline ». Insaisissables, fuyants comme l’anguille, pouvant endosser divers rôles… Leur vérité, c’est, avant tout, ce qui les arrange. Elle peut varier au gré des circonstances, ce qui est particulièrement déconcertant pour des personnes entières et radicales comme Lilith.

    Le déroulement de l’histoire.

    Ce qui frappe dès le début du récit, c’est que les deux protagonistes se parlent de deux planètes différentes. Lilith veut une explication à ce mensonge incompréhensible. Mais il la lui a donnée, dès le début (« Si tu avais su que j’étais marié, tu aurais refusé de sortir avec moi »), et même avec une sorte de franchise naïve, ce qui montre bien qu’il ne prend absolument pas la mesure de la chose. Pour lui, agir ainsi est naturel, car il est un « pseudo intellectuel », un être pragmatique, qui ne s’embarrasse ni de subtilités psychologiques ni de scrupules moraux. C’est son ego qui a dicté sa conduite ; il ne s’est pas interrogé sur l’impact qu’elle pourrait avoir sur Lilith.

    Etrangement, son explication, pourtant d’une grande banalité, laisse Lilith sceptique. Lorsqu’elle a appris qu’il est marié, elle l’a rejeté sans appel, mais non sans lui demander des comptes. Il ne s’éclipsera pas ainsi de sa vie, « ni vu, ni connu ». Car elle vient d’entrevoir une face cachée de cet homme : sa vie de couple. « Comment est-il possible que deux personnes soient si proches et si éloignées à la fois par ces non-dits qui les excluent l’une l’autre ? ». Ce couple, dont elle connaît si intimement l’un des membres, et dont l’autre, indéterminé, se prête à toutes les projections, va dès lors la tarauder, et elle va, avec acharnement, soumettre l’homme à la question.

    Pour lui, la discussion est donc close. Mais Lilith insiste (« Mon envie, toujours très prégnante, de trouver une justification valable à son comportement passé, ce besoin viscéral d’obtenir une vérité qui puisse (…) me rassurer quant à mon manque de discernement à son égard »). Elle ne supporte pas la « médiocrité » de cet homme, qu’elle s’est peut-être dissimulée jusque là, et qui transparaît dans le mensonge (ni de s’être trompée sur lui). N’attend-elle pas trop des autres ? La déception est à la mesure de son attente.

    En effet, Lilith a une façon un peu despotique d’aimer. Plutôt que d’être à l’écoute de l’autre, elle lui prête ses propres valeurs. Elle exige de cet homme qu’il soit « à sa hauteur », lui réclame ce qu’il n’a pas. Ici, en l’occurrence, une explication « digne de ce nom ».

    L’insistance de Lilith énerve l’homme. Elle lui est d’autant plus incompréhensible qu’il n’a rien de plus à lui dire, puisqu’il lui a déjà tout dit. Qu’elle ne se contente pas de son explication « sincère », mais ô combien triviale lui renvoie en pleine figure sa « médiocrité ». Peut-être est-ce dans ce gouffre entre eux, qu’elle lui désigne par son insistance, que s’amorce la violence de l’homme ; est-ce à ce moment-là qu’il commence à s’identifier au « Noir descendant d’esclaves « , qu’il entre dans le schéma post-colonial que la société tient à sa disposition.

    Il la moleste, l’enferme dans l’appartement (une façon de la garder ?), puis, se doutant qu’elle appellerait au secours par la fenêtre, se ravise et, pour éviter les complications (familiales, de voisinage), il déporte la discussion dans le studio d’un beau-frère absent.

    Elle le suit dans ce studio, car, malgré son angoisse devant son premier accès de violence, elle s’obstine à lui réclamer…quoi ? Elle se le demande elle-même, a posteriori. »Qu’espérais-je entendre à nouveau ? » Une raison plus « noble » de lui avoir menti ? Qui permettrait peut-être à Lilith de lui pardonner sans sacrifier sa dignité ? (Mais cela, bien sûr, elle ne peut pas se l’avouer). Elle place le débat là où elle est plus forte que lui : sur le plan intellectuel. « Son intellect contre le mien ». Là, elle espère « gagner ».

    Lui, bien sûr, donne une autre tournure aux évènements. Il ne peut rien faire de cette joute intellectuelle dont il ne comprend pas la raison et où il est vaincu d’avance. Il tente la carte de la séduction. Il se radoucit, demande « gentiment » à Lilith de se déshabiller. Espère-t-il la faire revenir sur sa décision de rupture ? Sans doute, et, même s’il a déjà prémédité le viol, il préfèrerait qu’elle se laisse convaincre. Ce serait plus simple tout de même…

    Elle s’étonne, refuse. Il essaie alors une pauvre ruse : elle veut à tout prix une parole ; il la sent avide de cette parole comme une enfant à la recherche d’un secret. En vrai « borderline » qui s’adapte à tâtons, il va jouer au détenteur de ce secret. Cette parole, qu’il ne possède pas et dont il ignore le contenu, il la lui promet en échange du déshabillage. Lilith se croit « si près du but » (l’œil collé au trou de la serrure ?) qu’elle accepte sa condition, en se donnant comme argument : « C’est somme toute anodin, puisque nous étions amants, il y a quelques jours encore »… Par cette pensée_ que l’on pourrait qualifier de castratrice, car elle revient à dépouiller a posteriori les déshabillages précédents de leur caractère érotique pour les réduire à de simples gestes de familiarité_ Lilith se trouve dans une sorte de paroxysme de sa propension à annexer l’autre (c’est-à-dire à le nier dans son altérité). Pour elle, la rupture est consommée ; elle est la conséquence logique, évidente, irrévocable du mensonge_ sanction quasi-automatique, au sens du karma des bouddhistes. Pas un instant, l’idée ne l’effleure que pour lui, il pourrait être frustrant, vexant, dur à accepter, d’être congédié. Elle exige que cette rupture ait pour lui la même évidence que pour elle. Quelques jours à peine après qu’ils aient été amants, il n’a qu’à trouver, lui aussi, ce déshabillage anodin !

    Pour lui, c’est bien pour cette raison que ce déshabillage n’est pas anodin… Il réactive l’émotion, qu’il espère encore communiquer à Lilith… Ah !oui, l’explication complète, prix de ce déshabillage ? Il n’est décidément pas très imaginatif, ce « mythomane »… Il répète donc ce qu’il a déjà dit, avec une nuance : « J’avais peur de te perdre ». Si elle pouvait, comme tant de femmes, (la plupart !) entendre cette phrase comme une preuve d’amour… Tout serait comme avant, et les femmes noires à venger pourraient bien attendre…

    Mais Lilith n’a rien de commun avec les femmes qui réagissent ainsi : des nunuches, qui restent sous l’empire de leurs hormones. Elle, « en bonne intellectuelle », veut entendre autre chose !
    Elle n’est donc pas plus avancée (elle s’est déshabillée pour rien), mais « véritablement dépitée d’avoir, une fois de plus, été flouée par cet Antillais à la rhétorique mensongère ». (alors qu’il est sincère… à la manière des « borderline »). Le malentendu est porté à son comble. Elle laisse éclater son dépit. Lorsqu’il comprend qu’il n’a plus rien à perdre, il laisse libre cours à sa frustration et à sa rage, se jette sur elle et la viole.

    Lilith est si anéantie que ce qu’elle vit lui paraît irréel ; elle cherchera ensuite à annuler magiquement par la pensée cet acte inconcevable en oubliant jusqu’à l’emplacement exact du lieu où il s’est produit. Et c’est un familier, à qui elle avait accordé sans réserve cette confiance minimale qu’est le respect humain, qui l’a ainsi souillée dans son corps, bafouée dans sa dignité, déchiqueté tout son être . Un familier devenu soudain méconnaissable, bestial. Et voilà_ comble de l’ironie_ que cet être retrouve la parole et prétend, lui si rétif à toute réflexion, expliquer, voire justifier son acte ignoble ! Face à cet être caméléon, Lilith est saisie de nausée, car la notion même d’humain vacille.
    Lilith fuit, se précipite sous la douche, se cache sous les flots de l’eau purificatrice, mêlée à ses larmes…

    Elle a été « sacrifiée sur l’autel de SA vérité »
    « Venger les femmes noires violées par des Blancs », est-ce la vérité de cet homme ? Parfois, à certains moments peut-être, quand, déstabilisé, dépouillé de ses acquis, il n’a plus d’autre costume à se mettre, que celui du nègre méprisé. Car, même si c’est moyennant quelques CV falsifiés et quelques mises en scène, il s’est quand même, plus ou moins, intégré dans le monde des Blancs. En outre, il a fait la conquête d’une femme blanche (symboliquement la femme du colonisateur), qui, plus est, a un statut social très supérieur au sien : double transgression, double triomphe. Avec ce que la transgression comporte de périlleux.
    Il dit avoir envie de cette vengeance depuis longtemps. On peut supposer que, face à Lilith, il s’est parfois trouvé en situation d’infériorité, ce qu’il a ressenti en fonction du schéma post-colonial transmis par sa culture. Après la découverte du mensonge, il devient pour Lilith totalement infâme, et cette infamie s’amplifie au fur et à mesure qu’elle reconnaît qu’il lui a menti par pur opportunisme. Elle lui arrache le double triomphe de sa conquête, et lui tend le miroir du Noir descendant d’esclaves. Le schéma archaïque (l’ »inconscient collectif «  ?), l’invite à s’y reconnaître, et lui fournit en même temps la « réhabilitation » : le rôle de justicier, vengeur des victimes noires le revalorisera à ses propres yeux. Par ailleurs, Lilith est féministe ; « venger des femmes » sonne aussi comme une ultime tentative, pathétique et dérisoire, de lui plaire encore.

    Quel est ce secret que Lilith poursuivait avec tant d’obstination, relatif à un couple à la fois si familier et si mystérieux ? Elle seule le détient, et il lui appartient de choisir, soit de le percer_ du moins de l’approcher_ soit de le laisser à l’ombre à tout jamais. C’est aussi sa liberté. On peut être une intellectuelle, et choisir de ne pas tout connaître. En réponse à Mylène Beauregard, dont j’ai beaucoup apprécié le message, je dirais qu’il suffit peut-être à Lilith de repérer le type de situation qui a pu ainsi mobiliser un puissant enjeu inconscient au point de la conduire, à la faveur d’une grande fatigue, à s’exposer, pour se protéger dans le futur.

    Le viol, arme de guerre.
    Dans le viol, la femme est niée en tant que personne dotée de subjectivité, en tant qu’être désirant. Les luttes féministes ont donné droit de cité au désir féminin, et, corrélativement, créé la notion de viol conjugal. Auparavant, le désir des femmes était socialement occulté ; celui des hommes, exalté (impératif de virilité). D’où le stéréotype sexiste classique, consistant à interpréter le viol comme résultant d’une impulsion irrépressible et soudaine, sorte de raptus d’origine biologique, et la prostitution comme un palliatif à ces appropriations du bien d’autrui.

    Anciennement, les femmes appartenaient au clan. En temps de paix, elles étaient échangées contre des femmes d’autres clans. En temps de guerre, elles faisaient partie du butin du vainqueur ; elles étaient vendues comme esclaves, ou enfermées dans les gynécées.

    Malgré les luttes pour les droits des femmes, et, plus généralement, pour les droits humains, l’ordre patriarcal est toujours planétaire, et la prédominance du modèle marchand dans la vie privée est, lui aussi, intact. Les femmes restent donc, potentiellement, des objets à posséder, à prendre. L’état de guerre entraîne une déshumanisation, une perte des repères : le meurtre, normalement interdit, devient soudain licite, dès lors qu’il est perpétré contre l’ennemi. La vengeance des victimes devient la norme, faisant de nouvelles victimes, dans le camp adverse. (Lorsque la notion de vengeance cède le pas à celle de réhabilitation des victimes par la réparation, on s’achemine vers la négociation, donc vers la paix).Le viol retrouve alors son caractère de rapt et de destruction d’un bien de l’ennemi. Il est, sans aucun doute, une arme de guerre, qui peut être utilisée systématiquement au nom d’idéologies absurdes (« épuration ethnique » en ex-Yougoslavie, où les femmes sont considérées comme de simples réceptacles).

    Mais même en temps de paix, les droits humains sont des acquis fragiles. Dans la vie quotidienne, l’homme, surtout s’il est peu structuré, peut, à l’occasion d’une crise, régresser à des schémas normalement dépassés, qui lui ont été transmis dans la petite enfance, par l’éducation de base (y compris par des non-dits), ou qui font partie d’un passé familial ou ethnique lourd à porter. Le scénario de guerre, de domination, d’oppression, d’avilissement, refait alors surface. Les vieux démons ressurgissent. La vengeance prend figure de justice réparatrice, et le viol devient alors l’arme de cette guerre fantasmée, toujours redoutablement présente dans l’inconscient des humains.

    • La banalité du mal ???
      22 janvier 2007 , par
        [retour au début des forums]

      Je suis choquée et perturbée par cette analyse - digne d’une avocate du début du 20ème siècle - qui me fait passer du statut de victime, à celui de responsable ou de co-responsable à égalité avec cet homme dans un crime de viol, alors que selon la législation actuelle, le fait qu’il ait été mon amant aurait compté comme une circonstance aggravante !

      A cette occasion je rappelle la définition du viol en France. Selon l’Article 222.23 du Code pénal (loi du 22 juillet 1992) « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui, par violence, contrainte, menace ou surprise, est un viol. »
      Dans mon cas on peut, à tout le moins, parler de "contrainte et de surprise"...

      Enfin je précise que pour les adultes le délai de prescription est de 10 ans (et non pas de 20, comme je l’ai noté dans une de mes réponses). Le "Collectif féministe Contre le Viol" demande l’imprescriptibilité de ce crime.

      [Répondre à ce message]

      • > La banalité du mal ???
        2 février 2007 , par
          [retour au début des forums]

        Réponse à Lilith

        Je suis vraiment désolée de l’effet produit par mon message, qui est tout sauf celui d’une avocate, d’une époque aussi reculée soit-elle. Je pense que c’est même cela qui a prêté à confusion. J’ai commencé par me placer sur un plan purement psychologique, en excluant tout jugement et toute considération de responsabilité ou de culpabilité, pour essayer d’imaginer_ avec toutes les réserves qui s’imposent_ un cheminement psychologique possible, de part et d’autre. (Bien sûr, ce ne sont que des hypothèses). Ce n’est pas être coupable que d’avoir un fonctionnement psychologique !

        Je ne vois rien dans mon texte qui laisse penser que je considère le viol entre amants comme moins grave que celui d’une inconnue.

        Par rapport à la définition, il y a eu surprise, contrainte et violence.

        Si co-responsable il y a, c’est à mon avis la société patriarcale et post-coloniale, qui véhicule toujours des schémas sexistes et racistes, même latents, qui servent d’alibi ou de caution à bien des crimes.

        (Voir aussi ma réponse à Fatima)

        [Répondre à ce message]

      • > La banalité du mal ???
        3 février 2007 , par
          [retour au début des forums]

        Réponse à Lilith

        Je suis vraiment désolée de l’effet produit par mon message, qui est tout sauf celui d’une avocate, d’une époque aussi reculée soit-elle. Je pense que c’est même cela qui a prêté à confusion. J’ai commencé par me placer sur un plan purement psychologique, en excluant tout jugement et toute considération de responsabilité ou de culpabilité, pour essayer d’imaginer_ avec toutes les réserves qui s’imposent_ un cheminement psychologique possible, de part et d’autre. (Bien sûr, ce ne sont que des hypothèses). Ce n’est pas être coupable que d’avoir un fonctionnement psychologique !

        Je ne vois rien dans mon texte qui laisse penser que je considère le viol entre amants comme moins grave que celui d’une inconnue.

        Par rapport à la définition, il y a eu surprise, contrainte et violence.

        Si co-responsable il y a, c’est à mon avis la société patriarcale et post-coloniale, qui véhicule toujours des schémas sexistes et racistes, même latents, qui servent d’alibi ou de caution à bien des crimes.

        (Voir aussi ma réponse à Fatima)

        [Répondre à ce message]

      • la faute à qui ?
        3 mars 2007 , par
          [retour au début des forums]

        c’est la première fois que je parle sur un forum. Comment certaine personne peuvent encore croire aujourd’hui qu’une femme violée, l’est uniquement parce qu’elle l’a voulu (inconsciemment mais voulu)
        J’ai aujourd’hui 34 ans ,un mari parfait et une petite fille merveilleuse,pourtant à 14 ans je me suis faite violée à plusieurs reprises lors d’un voyage scolaire en allemagne . Je n’ai rien dit pendant très longtemps et puis j’ai suivi le chemin de bon nombre d’ado violée : anorexie, dépressIon ,tentative de suicide, echec scolaire....
        J’ai souffert, beaucoup souffert. Puis j’en ai parlé et là stupeur !!!
        "qu’est ce que j’avais donc pu faire pour que cet homme me viole ?"
        Qu’est ce que moi ado de 14 ans j’avais FAIT ?
        Je n’ai plus rien compris et je me suis enfoncer dans la culpabilisation.
        Les seules personnes qui m’ont réellement aider ont été ma grand _mère et mon mari à qui j’ai tout expliquer avant de me lancer avec lui dans la vie
        La femme violée est coupable d’avoir été violée. Parce que très certainement qu’au fond d’elle elle l’a souhaité
        L’homme n’est fautif que de répondre aux avances de cette femme
        Aujourd’hui si je viens sur ce site c’est je me rend compte parce que ce passé très lourd ne disparaitra jamais ,j’ai appris tant bien que mal à vivre avec
        Quand est ce que les bonnes âmes comprendrons qu’un viol détruit tout et que malgré tous les efforts possibles, nous femmes violées nous ne pourrons jamais "vivre" normalement

        [Répondre à ce message]

    • > La banalité du mal> LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus !...
      23 janvier 2007 , par
        [retour au début des forums]

      Réponse au viol de Lilith

      Ayant lu le témoignage intitulé « Le viol » puis l’approche qui en a été faite par Suzanne et sans vouloir polémiquer, je me permets d’apporter à mon tour un commentaire, en ma qualité d’avocate pénaliste dont l’expérience sur le terrain des viols collectifs, incestueux et autres cas si multiples, ne peut laisser indifférente.

      De prime abord, ce vécu, chère Madame, induit une conception différente de la votre en ce que celle-ci obéit sans nul doute à une analyse psychologique empreinte de subjectivisme, car fondée sur des principes machistes.

      En effet, il est impensable de mettre sur le même pied d’égalité le prévenu et la victime, même du seul point de vue de l’analyse psychologique.

      Parce que voyez-vous, dans les relations humaines tout est permis sauf de franchir la ligne rouge ; en l’occurrence, l’amant a franchi la ligne rouge en ignorant la volonté de l’amante et en usant de violence à son égard alors qu’ils étaient dans un cadre intime. A mon sens, d’ailleurs, ce sont des circonstances aggravantes !

      Juridiquement, les éléments essentiels constitutifs du viol sont l’usage de la violence et l’absence de volonté de la victime ; ces derniers sont présents dans les faits.

      Par conséquent, le viol est répréhensible et donc condamnable.

      Pourquoi aller chercher dans les dédales de la psychologie freudienne qui est essentiellement caractérisée par des conceptions machistes ayant atteint leurs limites ?

      Dans l’intérêt de tous en tout cas, il faut plutôt recourir à l’analyse en profondeur chez l’auteur des faits qui pose problème et non pas chez sa victime qui est irréprochable car même la faute de la victime –si faute y a et quelle que soit la qualification de cette faute– ne peut en aucun cas disculper l’auteur des faits ; la victime a subi : elle a donc besoin d’aide pour pouvoir franchir le cap de la douleur et de la souffrance physique et mentale que produisent de tels faits pouvant conduire parfois à la folie et même au suicide !!!

      Le viol est gravissime et doit le demeurer !

      Dans le cas d’espèce, l’auteur des faits est doublement fautif : le mensonge est condamnable moralement tandis que le viol est condamnable pénalement. Si le mensonge est l’affaire privée du couple et n’est pas punissable, le viol est l’affaire de toute la société et fort heureusement est punissable, car on ne règle pas un différend par un viol à fortiori dans une relation intime !

      Aussi, dans un couple ordinaire, la recherche de la vérité est, souvent pour atténuer la souffrance déduite de l’incompréhension, une évaluation normale pour la personne qui prend en considération sa dignité, c’est tout naturel. Ce qui ne l’est pas par contre, c’est la réponse méprisante d’un homme à l’égard d’une femme, celle d’un mâle en mal d’équilibre !!!

      Non Madame, le viol n’est pas une affaire banale et il est loin de l’être !

      Historiquement, dans les sociétés patriarcales, les mâles trouvaient tous les arguments possibles et imaginables pour, comme vous, entrer dans le mécanisme de « banalisation » allant jusqu’à justifier le viol. Dans certains pays, encore à l’heure d’aujourd’hui, souvent le regard social et même celui des « hommes de loi » (voyez bien qu’il s’agit du regard des hommes) responsabilisent la femme, quel que soit son âge et les circonstances ; l’idée étant que concernant le viol, c’est toujours la femme qui a tenté le diable par sa capacité de séduire, sa tenue, son attitude, son regard, sa voix… elle est fautive tout simplement d’exister, un point c’est tout !!!

      Alors que dans le passé, la qualification de ces faits était dérisoire, le viol était un simple délit ; après les luttes contre les discriminations à l’égard de la femme, le viol devient un crime, entre amants et même entre époux !

      Quelle heureuse évolution-révolution ?!

      Or, ce qui est choquant chez vous, c’est que vous ne semblez pas tenir compte de ce progrès et que vous faites par conséquent un retour majestueux en arrière ; attention … ne vous enlisez- vous pas ?!

      De grâce, pas de retour en arrière ! Il n’est plus question aujourd’hui de reniement, de discrimination et d’injustice séculaire. Profitez de cette chance, chère Madame, car dans mon pays on en est encore au stade de la faute de la victime dont on nie la souffrance afin d’être incapable de prétendre à une sanction convenable de son violeur !

      Fatima (Algérie)

      [Répondre à ce message]

      • > La banalité du mal> LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus !...
        2 février 2007 , par
          [retour au début des forums]

        Réponse à Fatima

        Chère Madame,

        Quand j’ai écrit ce message, j’étais loin d’imaginer qu’il pourrait prêter à de tels malentendus.

        L’expression « banalité du mal », qui figure entre guillemets dans le texte, devait, bien sûr, l’être aussi dans le titre. Or la consigne de Sisyphe exclut les guillemets des titres. J’ai eu le tort de garder le titre tel quel, sans guillemets, ce qui a pu prêter à confusion. J’ai emprunté l’expression paradoxale « banalité du mal » à Hannah Arendt, qui l’utilise, pour la première fois, dans le procès Eichmann, criminel nazi jugé pour sa responsabilité dans la Shoah. Elle décrit un homme ordinaire, médiocre, « effroyablement normal », et précise que la « banalité du mal » n’est pas la banalisation du mal, et ne disculpe pas les auteurs des crimes.

        Je précise donc que c’est la personnalité du violeur que je considère comme banale, et non l’acte de viol. Je pensais que cela allait sans dire, mais sans doute cela va-t-il mieux en le disant. Je dis donc haut et fort que, comme vous, je considère que :

        _Il est heureux que le viol ait passé de la qualification de délit à celui de crime

        _Le viol entre amants ou époux est un viol, donc un crime

        _Quelque soit le comportement d’une femme victime de viol, il ne peut en aucun cas disculper le violeur

        J’ai beau relire mon texte, je n’y trouve rien qui contredise ces affirmations. Au contraire, j’y ai bien écrit (avant-dernier paragraphe) : « Les luttes féministes ont donné droit de cité au désir féminin, et, corrélativement, créé la notion de viol conjugal », etc… Cette « heureuse évolution-révolution », que nous avons vécue, en France, dans les années 70, vous me reprochez de ne pas en tenir compte, de faire un retour en arrière, et de m’enliser. Sincèrement, je ne le pense pas. J’ai aussi été très surprise d’être assimilée par vous aux machos « historiques », pour qui, dans un viol, la coupable est « toujours la femme, qui a tenté le diable, par sa capacité de séduire… ». Là encore, je ne trouve rien, dans mon texte, qui évoque ce stéréotype sexiste de « l’éternel féminin », maléfique, diabolisé, si courant avant les changements des années 70 ; encore moins, qui indique que j’y souscrive.

        Vous avez raison de dire que nous avons beaucoup de chance d’être sorties de cette injustice séculaire, qui persiste dans votre pays. Je comprends et respecte parfaitement votre réaction face à mon texte, car vous avez, en tant qu’avocate, à accompagner, sur le terrain, de grandes souffrances. La divergence vient peut-être surtout du fait que votre regard est juridique et moral, (vous utilisez des termes comme « irréprochable », « doublement fautif », etc…), tandis que je me suis volontairement abstenue de tout jugement de valeur pour essayer de cerner les processus psychologiques qui ont pu être à l’œuvre. Car je pense aussi que :

        _Expliquer, voire tenter de comprendre, n’est pas excuser, ni a fortiori justifier

        _Je ne vois pas comment on pourrait juger sans avoir tenté d’approcher (dans la mesure du possible) les mécanismes qui ont conduit aux faits

        _Je pense qu’une analyse psychologique doit être neutre, donc procéder de la même façon pour tout être humain, criminel ou non, surtout si elle porte sur un cheminement antérieur au crime.

        Si vous considérez que la mienne repose sur des principes machistes, je suppose que, là aussi, cela tient au fait que vous vous placez sur le terrain juridique, où il paraît logique d’expertiser le prévenu seul, alors que je trouvais éclairant d’analyser ce qui a pu se passer au niveau de la relation, sans que cela ne comporte dans mon esprit, une quelconque mise en accusation de la victime.

        Que mon analyse psychologique (si tant est qu’elle mérite ce nom…) soit subjective, c’est certain, et inévitable, par manque de données. J’ai supposé que le violeur a une personnalité peu structurée, fluctuante ; qu’il est « borderline », un cas si fréquent actuellement qu’on peut le considérer comme « banal »… « Internaute », dans son message récent, fait une hypothèse plus restrictive, mais qui va dans le même sens, en le considérant comme un « manipulateur pervers narcissique », cas particulier de « borderline « .

        Quant à la psychologie freudienne, ses aspects machistes ont été dénoncés par de nombreuses personnes qui, n’ayant pas lu Freud, ont pris pour des affirmations ce qu’il présentait comme des hypothèses (notamment sur la sexualité féminine). Si elle est, comme toute théorie, tributaire de son époque pour certains de ses aspects, je ne pense pas qu’elle soit dépassée ; les thérapies comportementales et adaptatives en vogue actuellement me semblent plutôt viser le formatage du consommateur bien intégré, que l’analyse en profondeur.

        Mais, bien que la position officielle, en France, proclame l’égalité de tous les citoyens, quelque soient leur appartenance ethnique, leur sexe, etc …les schémas sexistes sont toujours bien présents, du moins dans les inconscients, prêts à ressurgir en situation de crise, p.ex.actuellement dans les cités. Vous parlez du regard social ; je ne pense pas qu’il soit l’apanage des hommes, mais qu’il est plus ou moins intégré par l’ensemble de la société (mères exciseuses, etc…) . Je pense que ces schémas sont transmis dans la petite enfance, par des non-dits, etc.. C’est pourquoi je trouve l’analyse en profondeur importante. Ainsi, j’imagine que le violeur en question a quelque part intégré l’image des femmes noires violées par des colons blancs racistes, vestige d’une époque où les Noirs étaient effectivement déshumanisés (p.ex. montrés dans des cages aux expositions coloniales), et aussi la violence réactionnelle, l’idée du viol d’une femme blanche en guise de vengeance. Qu’il tient ce schéma_ fourni par son passé ethnique, ainsi que par le sexisme latent de la société, toujours prête à réduire les femmes à l’état d’objets_ en réserve dans son inconscient. Et qu’il s’en saisit comme alibi pour sa vengeance personnelle lorsque, son mensonge démasqué, ses tentatives de séduction échouent, car ce type de personnes, mauvaises perdantes, ne supportent guère la frustration.

        Cela n’enlève rien à sa culpabilité, car quelque soit le conditionnement social, il reste une marge de liberté à l’individu, où il peut inscrire ses choix et sa responsabilité.
        Il me semble donc logique et nécessaire de juger et de condamner les criminels, mais à mon avis les crimes de certains individus ne doivent pas masquer la violence structurelle de la société (ici, sexiste et raciste)

        .
        Le violeur explique « benoîtement » son acte par le schéma post-colonial, et cette absence de sentiment de culpabilité, Hannah Arendt la retrouve chez les criminels nazis, qui s’identifient totalement à l’idéologie qui les a conditionnés en déshumanisant les victimes, de sorte qu’ils ont pu les exterminer sans états d’âme. Je pense que dans les sociétés où existent des catégories discriminées, c’est-à-dire toutes, jusqu’à nouvel ordre, une personne faiblement structurée, qui aurait pu rester un individu lambda, peut se transformer en criminel. C’est cette problématique que j’ai voulu évoquer par l’expression « banalité du mal », sans être arrivée à formuler comme je l’aurais voulu, l’articulation entre les stéréotypes d’une société et la psychologie individuelle.

        Sans prétendre vous avoir convaincue, j’espère que vous ne me considérez plus comme machiste…

        [Répondre à ce message]

    • MA PLUS BELLE SIGNATURE OU MA REPONSE A SUZANNE
      11 mars 2008 , par
        [retour au début des forums]

      Suzanne, vous dire que vous auriez fait une excellente avocate de...ce violeur n’est pas dans ma bouche un compliment, vous le comprendrez aisément.
      Cet homme est indéfendable, et vous, vous tenez des propos dangereux, et sans doute nés d’une psychanalyse que vous avez mal digérée.
      Vous vous mettez du côté de l’agresseur, c’est la victime qui devient une castratrice, despote, etc, ce sont vos propres termes.
      Vous nous rejouez l’antienne habituelle selon laquelle la femme met à bout le mâle qui exaspéré et sans plus aucune resource la frappe, la viole, et pourquoi pas, la tue.
      Même Noir, même colonisé, même humilié, un homme n’a pas à violer de femmes.
      Et c’est une insulte que vous faites et aux femmes, et aux hommes et aux Noirs et aux colonisés en vous exprimant ainsi, les dépossédant des raisons de leurs propres actions ; ce qui est une forme de mépris.En analysant ainsi ce viol, vous commettez la même faute que vous reprochez à Lilith : en bonne intellectuelle que vous êtes, vous écrasez les deux protagonistes par votre interprétation abusive.
      Je finirai par cette anecdote : je suis en train de faire circuler une pétition contre l’expert psychiatre, Michel Dubec, un psy qui justifie le viol (que vous trouverez sur ce site). Et bien , lors du 8 mars, j’ai fait signer à pas mal de personnes la pétition, et le soir, j’ai fait le point sur les signatures et qu’est-ce que je lis ? Le nom d’un homme qui indique à l’endroit de : qualité, profession : SANS PAPIER. Et bien, je peux vous dire que c’est ma plus belle signature. Pourquoi donc ? Parce qu’il était important pour cet homme, sans papier, sans statut, en cavale, de respecter le corps des femmes et de condamner les violeurs.
      Je voudrais que cette histoire vous touche autant que qu’elle m’a touchée.Et que cet homme vous apprenne que rien ne justifie un tel crime, ni son profil socio-culturel ni une mauvaise assise narcissique.Puisse cette leçon vous servir dans vos savantes interprétations à venir.

      [Répondre à ce message]

    > LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus !...
    11 janvier 2007 , par   [retour au début des forums]

    les agressions sexuelles, je connais, la salissure, l’himiliation, la rage...
    Vous avez été très naïve, trop confiante, aveugle—en fait aveuglée par cet homme qui vous a complètement trompée sur sa vraie personnalité.
    Littéralement, vous avez refusé de voir les signes de danger parce qu’ils remettaient en cause votre vision idéalisée de cette brute raciste.
    En effet, il avait déjà tenté de vous violer, et vous l’avez suivi quand même dans le deuxième appartement—vous auriez pu vous arrêter en route dans un lieu fréquenté et refuser de le suivre mais la situation vous a fait perdre vos moyens—et vous avez même accepté de vous déshabiller. Je ne comprends pas votre logique sur ce point—Comment avez vous pu croire qu’un homme vous demande de vous déshabiller juste pour parler ?
    La aussi, je pense que vous aviez totalement perdu vos moyens.
    Tant que nous vivons en système patriarcal—ce qui risque de durer encore longtemps—on devrait vraiment apprendre aux jeunes filles à être méfiantes et à mieux se protéger ; je suis consternée en constatant à quel point les balivernes sur l’amour, la confiance aveugle et le mythe du prince charmant nuisent encore gravement aux femmes.

    • Jugement
      12 janvier 2007 , par
        [retour au début des forums]

      Je comprends que les victimes de viol ne veuillent pas parler. Avec de tels jugements et préjugés dont vous nous donnez l’exemple, je ferais de même. Je ne trouve pas beaucoup de compréhension pour la victime, dans votre message, plutôt des leçons. Et c’est la dernière chose dont a sans doute besoin une victime d’agression.

      [Répondre à ce message]

    • > LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus !...
      12 janvier 2007 , par
        [retour au début des forums]

      1 - Cet homme n’avait pas essayé de me violer à son domicile, sinon je n’aurais pas été assez stupide pour le suivre ailleurs.

      2 - Je ne suis pas du genre à croire au "prince charmant", même à 20 ans ! Je suis féministe depuis ma plus tendre enfance.

      3 - Son comportement avait donné le change pendant des mois et tout le monde avait cru à ses discours mensongers.

      4 - Il n’était pas dans mes habitudes de fréquenter les hommes de la classe sociale à laquelle il appartenait véritablement - bien que la violence soit présente dans tous les milieux.

      5 - Ce texte m’a contrainte à revivre des moments très douloureux...

      Le problème qui s’est posé à moi quand j’ai décidé de l’écrire, était de comprendre, entre autre, pourquoi j’avais accepté de me déshabiller.

      En réalité, JAMAIS je n’aurais pû imaginer ce qui allait se passer, du fait du contexte familial et environnemental dans lequel j’avais vécu jusque là, car les hommes qui gravitaient autour de moi depuis mes années d’enfance et de faculté étaient respectueux des femmes.

      Se sont ajoutés :

       l’émoussement de mes facultés d’analyse après cette longue et éprouvante soirée ;

       le besion impérieux de connaître la "VERITE" ;

       l’envie d’en finir au plus vite ;

       le fait que je considérais sa demande comme une marque supplémentaire de l’originalité du personnage.

      On peut me qualifier de naive, je l’admets...

      6 - C’est pour que d’autres femmes ne fonctionnent pas de cette manière que j’ai voulu diffuser mon histoire.

      Je sais qu’il en est de bien pire, notamment quand une femme violée se retrouve enceinte, mais chacune vit cette agression sexuelle en fonction de sa sensibilité propre.

      Je vous remercie d’avoir manifesté votre intérêt.

      Lilith

      [Répondre à ce message]

      • > LE VIOL ou La vengeance au bout du phallus !...
        23 janvier 2007 , par
          [retour au début des forums]

        j’espère que vous comprenez bien que ce n’est pas du tout un jugement que je passe sur vous ; ce qu’il semble important de mettre en évidence, c’est que vous étiez amoureuse de cet homme, et donc d’une certaine façon sous son emprise, ce qui a oblitere vote jugement. Et qu’il serait utile, pour mieux vous protéger à l’avenir, de savoir comment fonctionne l’emprise et par quels moyens cet homme a pu incapaciter votre jugement et vos réflexes de défense pour vous pièger.
        Cette confiance que vous lui accordiez, malgré le fait qu’il vous ait gravement trompée sur sa situation de famille, vous a fait ignorer les signes de danger que pourtant une partie de votre mental enregistrait clairement.
        En effet, vous dites que vous aviez peur, et vous avez même caché le couteau qui était sur la table de crainte qu’il ne s’en serve contre vous. Une petite voix dans votre tête vous disait ’’attention, danger, prends la fuite’’ devant le téléphone arraché, le fait qu’il vous moleste et vous enferme. Et pourtant plus tard, vous l’avez cru, lui et ses paroles faussement rassurantes, au lieu de vous fier à vos yeux et à vos oreilles.
        Ca me fait penser à la phrase américaine ’’who do you believe, you or your own eyes ?’
        Une des caractéristiques des manipulateurs pervers narcissiques est qu’ils vous persuadent de ne pas croire ce que vous pensez. Vous doutez de vos propres perceptions, et ainsi vous perdez votre capacité animale de reagir et de vous proteger et vous vous voyez faire, malgre votre voix interne, des choses idiotes qui vous mettent gravement en danger .
        Ces pervers narcissiques savent vous placer dans un état de totale confusion mentale en alternant la douceur et la violence—c’est ce qu’il a fait quand il se radoucit avant de vous violer—ce qui vous enlève tous vos moyens. Vous le dites vous-même, vous employez les mots ’’désorientée’’, ’’déstabilisée’’, ’’stupeur’’, ’’paniquée’’ ; on peut même parler d’une véritable implosion mentale quand l’homme gentil, attentif et rassurant à qui vous faisiez confiance devient soudain, tel Mr. Hyde, un effrayant violeur sadique.
        Comment concilier ces deux images parfaitement contradictoires, comment se défendre contre le violeur sadique lorsque vous continuez à projeter sur lui l’image de l’amant gentil qui n’existait que dans votre imagination, image à laquelle vous ne pouvez pas renoncer car cette relation etait importante dans votre vie ?
        Ce genre d’homme n’ayant ni sentiments vrais ni empathie cherchent justement, comme des vampires, des victimes qui ont les sentiments vrais, les principes moraux et la sincérité dont ils sont dépourvus.
        Si vous voulez mieux comprendre la psychologie de ces prédateurs et mieux vous en protéger, lisez par exemple ’’LE VAMPIRISME AU QUOTIDIEN’’ de Gérard Lopez.
        Cordialement.

        [Répondre à ce message]

    Dignité
    8 janvier 2007 , par   [retour au début des forums]

    Madame,

    Il est rare que je m’aventure à donner mon opinion sur des cas personnels et délicats comme le vôtre, car outre le fait de n’être ni docteure, ni sociologue ni psychologue, il m’apparaît que le médium de l’écriture comporte ses limites dans l’entendement mutuel des situations évoquées et que nous pouvons facilement mésinterpréter les propos d’autrui. Toutefois le sujet me touche profondément et je me permets cette lettre à votre attention, en espérant qu’elle ne vous porte pas atteinte là où vous êtes peut-être au plus bas, mais qu’elle puisse au contraire vous aider dans cette expérience désolante que vous vivez.

    Sauf votre respect, qu’attendez-vous pour porter plainte contre cet individu qui vous a violée ? Vous sentez-vous à ce point responsable du geste commis par cet homme que vous le laissiez libre de ne pas répondre de ses actes ? Vous n’avez pas à payer pour les crimes que d’autres ont commis, et ce prétexte fallacieux qu’il vous a servi sur un plateau d’argent devrait plutôt jouer contre lui et servir à le coffrer en taule pour de longues années.

    Ne laissez pas cet odieuse personne gagner cette joute qu’il a construite de toute pièce dans sa logique malade et dans laquelle vous vous désignez coupable, sur le plan philosophique, de son acte barbare. Votre agresseur n’a pas prouvé son amour pour les femmes noires violées par les blancs en vous violant ; il s’est montré au contraire tout à fait complice et fraternel de ses homologues blancs et tout aussi haineux qu’eux à l’égard des femmes.

    Marc Lépine, après avoir abattu 14 jeunes femmes à l’école Polytechnique ici même au Québec, criait "Je hais les féministes", avant de se suicider. Croyait-il pouvoir ainsi justifier son geste ? Son mépris des femmes, qui selon lui usurpaient la place des hommes en s’intéressant aux hautes études d’ingénierie, était-il une justification suffisante et une explication philosophique pour la mort de ces jeunes femmes ? Qui vraiment, méritait de payer de sa vie pour la rage et le mépris accumulés de cet homme et ses frustrations personnelles vis-à-vis des femmes ? Qui est responsable ici d’avoir appuyé sur la gâchette ? De même, qui est responsable de ce phallus rageur qui tentait de vous mater à coup de haine : vous, ou son propriétaire ?

    Faîtes le nécessaire pour que votre agresseur puisse faire face aux conséquences de son geste, vous serez soutenue je n’en doute pas un instant, vous saurez vous entourer des bonnes personnes. Faites également le nécessaire pour comprendre et questionner votre propre attitude dans toute cette histoire, afin de vous protéger dans le futur, de comprendre lesquels de vos mécanismes ont permis à un tel homme de faire tranquillement sa place dans votre vie, comment ses mensonges ont pu survivre aussi longtemps auprès de vous, et pourquoi chercher jusque sur un sentier assez dangereux des réponses qu’en toute honnêteté vous pouviez vous donner vous-même, une fois que vous aviez découvert la vérité sur sa double vie. Cette étape-ci est à mon avis cruciale. Sans avoir tous les mots pour vous expliquer ma pensée ici, il me semble cependant que vous avez cherché bien désespérément à lui arracher les réponses à vos questions, si avidemment et désespéremment que votre attitude me pousse à croire qu’il y avait là un enjeu plus vaste pour vous-même, peut-être méconnu de vous-même, comme si vous y cherchiez votre salut, alors que vous aviez tout en main pour vous faire un portrait de ce type et détaler le plus loin de lui possible. Pourquoi cet acharnement, à quel besoin répondiez-vous vraiment pour que vous vous mettiez ainsi en danger ? Ne me répondez pas, mais si cela peut vous être utile, réfléchissez-y pour vous-même.

    Ensuite, de grâce, faites le nécessaire pour qu’une telle expérience ne laisse en vous que l’empreinte d’une volonté encore plus affermie de ne jamais, JAMAIS accepter de payer le tribut de la colère d’hommes ou de femmes par le sacrifice de votre dignité personnelle. Le viol JAMAIS, ne sera justifiable, ni sur le plan philosophique, ni sur aucun plan.

    • > Dignité
      9 janvier 2007 , par
        [retour au début des forums]
      Le Viol

      1 - "Pourquoi cet acharnement, à quel besoin répondiez-vous vraiment pour que vous vous mettiez ainsi en danger ? "

      Je ne pensais pas me mettre en danger, sinon je n’aurais pas agi de la sorte.

      De plus, je voulais trouver une "excuse" à mon aveuglement à l’égard de cet homme, aveuglement qui heurtait mon intellect et ma fierté.

      Je désirais aussi pouvoir expliquer l’aveuglement de toutes celles et de tous ceux qui, parmi mes ami-e-s, l’avaient approché, l’avaient cru et avaient essayé de l’aider.

      2 - Porter plainte ?

      Ce viol date de 1979 : selon la législation de mon pays il y a prescription depuis l’an 2000 (20 ans).

      Je vous remercie d’avoir donné votre
      avis et prodigué vos conseils.

      [Répondre à ce message]


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