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dimanche 25 mars 2007 L’aventure des femmes - XXe XXIe siècle Florence Montreynaud fait oeuvre d’amour et de mémoire
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L’historienne Florence Montreynaud vient de faire paraître une nouvelle version de la populaire encyclopédie Le XXe siècle des femmes. L’aventure des femmes (1) offre une forme plus synthétique et mise à jour de cet indispensable ouvrage de référence qui pose un regard féministe sur l’histoire des femmes dans le monde, de 1900 à 2006. Deux pages d’introduction précèdent chaque décennie pendant qu’une page est consacrée à chaque année, suivie de brèves rubriques intitulées : Pionnières, Monde, France, Culture, Guerre, Carnet. Le livre est magnifiquement illustré de photos de presse et d’archives, possède un index de 3000 noms et mots, ainsi qu’une bibliographie commentée. Cinq grands thèmes s’imposent au fil des années, soit la lutte pour l’instruction, l’égalité des droits, le libre choix de procréer, la fin de la violence et de la discrimination, la pleine participation des femmes à tous les domaines de la recherche et de la création. L’instruction Peut-on s’imaginer qu’il n’y a pas si longtemps, on interdisait aux femmes d’apprendre à lire et à écrire, considérant à juste titre que l’instruction des filles constituait un facteur d’émancipation. Il faudra attendre jusqu’en 1880 pour que la France crée un enseignement secondaire pour les femmes et en 1924 pour que le gouvernement français les autorise à préparer le baccalauréat dans les mêmes conditions que les garçons. Beaucoup de femmes seront attirées par l’enseignement, mais la plupart deviendront institutrices, choisiront le célibat ou y seront poussées, leur diplôme les rendant, aux yeux de beaucoup d’hommes, "exigeantes et orgueilleuses". Il faudra du temps pour que les premières femmes entrent à l’université. On mesure tout le chemin parcouru et la détermination qu’il a fallu pour accéder à chacune de ces chasses-gardées masculines. Au XXe siècle, remarque Montreynaud, "si les femmes ont fait preuve de leurs capacités, les préjugés de sexe influent toujours sur leurs choix en matière d’études et de professions." L’égalité des droits En Grande-Bretagne et en France, les féministes réclament le droit de vote. Les Britanniques auront gain de cause en 1928. En France, les femmes devront attendre 1945 pour qu’on leur reconnaisse ce droit. Le nom d’Hubertine Auclerc reste associé à cette lutte malheureusement affaiblie pendant des années par les divergences stratégiques internes. Les Françaises représentent 53% du corps électoral et, depuis 1986, votent davantage à gauche que les hommes. En dépit de la loi sur la parité en 2000, on ne comptait que 12% de députées en 2002. En 1910, Clara Zetkin et l’Internationale des femmes socialistes proclament le 8 mars "Journée internationale des femmes". Pendant les années dix, "belle époque du féminisme", les femmes réclament les droits, les responsabilités et les moyens pour accéder à la pleine autonomie (éducation, formation professionnelle, droits civils et politiques). Au Québec, ce ne sera qu’en 1964 que Claire Kirkland-Casgrain fera adopter une loi mettant fin à l’inaptitude juridique des femmes, un an avant la France. Pendant la guerre, l’ouverture du marché du travail aux femmes devient nécessaire. En 1916, diverses associations se mettent en place pour lutter contre l’exploitation du travail des femmes confinées aux bas salaires, au manque de qualification et ne disposant d’aucune structure d’accueil pour les enfants. Les années 20 voient le retour des politiques natalistes pour remplacer les 1,4 millions d’hommes qui ont péri durant la guerre. On cherche à retourner les femmes à la maison. Dans les années trente, ravagées par le chômage et la misère, on les considère comme des "voleuses d’emploi". Seul le passage à une économie de guerre ramène l’embauche massive des femmes. Impossible pour les hommes de contrôler complètement les femmes quand elles acquièrent l’autonomie financière, d’où le recours à diverses formes de violence et de discrimination pour perpétuer les valeurs patriarcales et l’enfermement des femmes dans leur destin biologique. Aujourd’hui, l’équité salariale n’est toujours pas atteinte, les femmes étant partout moins payées que les hommes. Le "plafond de verre" empêche encore les femmes d’accéder aux postes de direction. En Europe, seulement 10% sont membres des conseils d’administration et 3% pdg des grandes entreprises pendant que 80% des "travailleurs pauvres" sont des femmes. Tant que la conciliation famille-travail et la parité politique, professionnelle, domestique ne seront pas atteintes, on ne pourra parler d’égalité. Le libre choix de procréer "Un enfant doit être désiré", proclament les militantes pour le planning familial. En France, la contraception est réprimée et l’avortement considéré un "crime contre l’État" et même "contre la race". Il est donc passible de la peine de mort. Le nombre de condamnations est de plus de 3 500 femmes par année, mais ce chiffre reste dérisoire par rapport à la masse des femmes qui ont recours à des avortements clandestins, malgré tous les risques que cela implique. La dernière Française guillotinée est Marie-Louise Giraud, condamnée en 1943 pour avoir pratiqué des avortements durant l’Occupation, et dont Claude Chabrol s’est inspirée pour son film "Une affaire de femmes". Dans les années soixante, la lutte des féministes pour dissocier la sexualité de la procréation provoque, avec l’invention de la pilule, une véritable révolution pour les femmes. "Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, se réjouit Florence Montreynaud, des femmes peuvent choisir leur vie". Désormais, les enfants sont désirés et non "imposés par la fatalité biologique" dans laquelle on a voulu enfermer à jamais les femmes. En 1967, la loi Neuwirth autorise la contraception en France, mais il faudra attendre 1975 pour que Simone Veil, ministre de la Santé, dispense les mineures de l’autorisation parentale pour obtenir la pilule et autorise le remboursement des contraceptifs par la sécurité sociale. Pour Montreynaud, Simone Veil est "la plus importante femme politique française" pour avoir promulgué en 1975 une loi reconnaissant aux femmes le droit à l’interruption volontaire de la grossesse (IVG). Au Canada, en 1989, Chantal Daigle résiste à son compagnon qui veut l’obliger à mener sa grossesse à terme. Déterminée et appuyée par l’ensemble du mouvement féministe, elle gagne sa cause. La fin de la violence et de la discrimination La lutte contre la violence sexiste constitue une priorité, depuis les années 70, pour le mouvement des femmes à travers le monde. Elle est incarnée par le massacre de l’École polytechnique de l’Université de Montréal, le 6 décembre 1989, où un homme sépare les hommes des femmes et abat quatorze étudiantes aux cris de "je hais les féministes". Montreynaud retient cet événement comme le plus marquant de cette année-là. Bien qu’il s’agisse clairement du premier crime collectif ouvertement misogyne, les médias en parlent comme d’un "acte de folie" perpétré par un "tireur fou". Par contre, on aurait immédiatement conclu à un crime racisme si le tueur avait séparé les Blancs des Noirs et ciblé ces derniers en leur criant sa haine. Chaque année une centaine de femmes meurent au Québec ou en France simplement parce qu’elles sont nées femmes. Cette violence continue à être niée, qu’il s’agisse de la violence conjugale, sur laquelle la mort tragique de l’actrice Marie Trintignant a attirée l’attention, qui frappe un couple sur dix et représente la première cause de mort et d’invalidité des femmes âgées de quinze à quarante ans. Qu’il s’agisse du système prostitutionnel et de la traite à des fins de prostitution dont sont victimes des milliers de femmes et d’enfants à travers le monde même si, comme le déclare Margaretha Winberg, ministre suédoise de l’Égalité des sexes :"Traiter une personne comme une marchandise, fût-ce avec son consentement, est un crime". Ou qu’il s’agisse de toutes les formes de machisme que les Chiennes de garde, fondées en 1999 par Florence Montreynaud, dénoncent et combattent : pornographie, publicité sexiste, excision, exploitation des femmes dans les pays pauvres, etc. Ou encore qu’il s’agisse de viol individuel, dont on ne compte plus les victimes à chaque minute, même si certains pays ont passé des lois pour en faire un crime, ou du viol collectif comme arme de guerre, condamné en 1993 comme crime contre l’humanité par le Conseil de sécurité de l’ONU. Ou qu’il s’agisse de crimes contre les femmes en vertu du fondamentalisme religieux qui exige la condamnation à mort des victimes de viol ou la lapidation des femmes accusées d’adultère. Ou encore qu’il s’agisse des masculinistes qui rendent les féministes responsables de tous leurs maux. Partout des hommes, au nom de leurs plaisirs, de leurs profits, de leur soif de pouvoir, cherchent à garder leur emprise sur les femmes par la violence ou la discrimination systémique et systématique. La pleine participation des femmes à tous les domaines de la recherche et de la création Le sombre tableau des luttes contre le sexisme et la misogynie ne saurait faire oublier les conquêtes des femmes dans les domaines littéraire, artistique et scientifique. Florence Montreynaud nous offre de magnifiques portraits de femmes phares telles que, parmi beaucoup d’autres, Marguerite Durand, créatrice en 1897 de La Fronde, quotidien entièrement dirigé, administré, rédigé par des femmes qui paraîtra pendant six ans, Marie Curie, deux fois récipiendaire du prix Nobel, Colette qui, en 1923, décide de signer ses livres de son propre nom même si son mari avait réussi à la convaincre qu’ils ne seraient jamais lus s’il cessait de s’en attribuer la paternité, Virginia Woolf auteure d’Une chambre à soi qui invite les femmes à se réapproprier leur propre vie et qui continue à les inspirer aujourd’hui, la danseuse Pina Bausch pour qui "les rapports hommes-femmes, l’incommunicabilité, l’amour sont les lignes de force où domine le thème de la révolte féminine", des artistes Sonia Delaunay, Camille Claudel, Tamara de Lempicka, Georgia O’Keefe, Judy Chicago, dont les oeuvres sont reconnues internationalement, de la chanteuse Édith Piaf dont la voix bouleversante continue à émouvoir, des cinéastes Agnès Varda et Coline Serreau dont Trois hommes et un couffin est "le film de femme" le plus vu de toute l’histoire du cinéma. L’auteure de L’aventure des femmes ne manque pas de saluer la contribution sociale et littéraire des Québécoises, notamment les prix remportés en France par Gabrielle Roy, Marie-Claire Blais, Anne Hébert, Antonine Maillet ou la parution, en 1976, du premier grand livre féministe au Québec, L’Euguélionne, de Louky Bersianik. Florence Montreynaud n’oublie pas non plus de souligner le rôle important des lesbiennes dans l’avancement des femmes dans tous les domaines de la vie publique, avec 27 mentions. Ce beau livre au contenu si riche se termine sur une note d’espoir avec la Marche des femmes de l’an 2000 qui, organisée par la Fédération des femmes du Québec, a réussi le 8 mars 2000 à mobiliser 4500 groupes de femmes, dans 157 pays des cinq continents, contre la pauvreté et les violences faites aux femmes. Depuis le 17 octobre 2000 où elles ont déposé à l’Organisation des Nations Unies à New- York dix-sept revendications signées par des millions de personnes, les militantes sans cesse plus nombreuses de la Marche mondiale des femmes ont participé à la création du Forum social mondial et, le 17 octobre 2005, assemblé la courtepointe de la solidarité mondiale au cours d’un relais à travers 50 pays du monde et, devant l’Assemblée nationale du Québec, lu la Charte mondiale pour l’humanité qui propose de construire un monde d’égalité, de liberté, de solidarité, de justice et de paix. Merci à Florence Montreynaud d’avoir tracé patiemment ce portrait monumental de l’aventure des femmes pendant les 106 dernières années et à faire en sorte, par cette oeuvre d’amour et de mémoire, que les générations futures n’aient plus l’impression de recommencer à zéro, comme ce fut si souvent le cas dans le passé. Un cadeau approprié pour le 8 mars que je vous souhaite à toutes joyeux, ardent et solidaire. Note 1. Florence Montreynaud, L’aventure des femmes, XXe siècle - XXe siècle, Paris, Nathan, 2006. * J’ai une réserve sur le choix de la photo exubérante d’Audrey Hepburn en page couverture qui devient rapidement exaspérante sur une table de chevet ! Mis en ligne sur Sisyphe, le 6 mars 2007. |