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dimanche 21 octobre 2007

Afghanistan - Les dangereuses thèses de Christine Delphy (Afghana.org)

par Françoise Causse






Écrits d'Élaine Audet



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La féministe Christine Delphy publiait, il y a quelques mois, un article dans lequel elle s’interrogeait sur « ce féminisme à éclipses qui se mobilise soudain sur le sort des femmes afghanes, irakiennes ou iraniennes. Et les oublie aussi vite. » Une mobilisation opportuniste qui aurait pour seul but, selon l’auteur, de préparer l’opinion publique à des interventions américaines. La thèse pourrait s’avérer intéressante, voire séduisante pour certains, si elle était fondée. Seulement voilà. Pour étayer son propos, l’ancienne compagne de route de Simone de Beauvoir nous assène contrevérités, amalgames, informations mensongères, approximations historiques, voire calomnies. Un discours qui a ses sources. Décryptage.

Depuis sa parution en mars dernier dans Politis, l’article intitulé « Les guerres aggravent le sort des femmes », sous la plume de Christine Delphy, suscite quelques interrogations.

Pour cette figure historique du féminisme en France, le régime taliban valait mieux pour les femmes afghanes que les moudjahiddin du gouvernement qui l’a remplacé, au prétexte que les Américains sont intervenus dans le pays après le 11-Septembre et ont aidé à sa mise en place.

La démonstration est simple, simpliste même : les Soviétiques ont été chassés par des moudjahiddin au nom de la Djihad, afin de soumettre les femmes (1). Ceux-là mêmes ont été chassés du pouvoir par les taliban, qui aussitôt se voient exonérés des crimes commis à l’encontre des Afghanes, puisqu’ils ont été délogés de Kaboul par ceux qui incarnent le mal absolu : les Américains. L’ennemi de mon « ennemi principal » serait donc mon ami. Et tant pis pour les Afghanes qui ont souffert dans leur chair du régime obscurantiste. Leur cause devient secondaire, sacrifiée sur l’autel de « l’ennemi de mon ennemi est mon ami ».

Diffamation

Il se trouve qu’en tant que journaliste indépendante, je travaille sur l’Afghanistan et particulièrement sur la question des femmes afghanes depuis 2000. Les taliban avaient le pouvoir à Kaboul, j’allais pour ma part voir quelle était la condition des femmes dans la zone de la résistance et écouter celles qui avaient réussi à fuir le régime obscurantiste qui régnait sur 80% du territoire afghan. Pour cela, j’ai travaillé au côté de deux femmes d’exception : Shoukria Haidar et Chantal Véron, fondatrices de l’association Negar-Soutien aux femmes d’Afghanistan. Leur association n’a pas été créée grâce aux financements occidentaux qui se sont déversés massivement sur le pays après le 11-Septembre. Elles l’ont fondée, en France, au moment de la prise de Kaboul par les taliban en 1996, dans l’indifférence générale. Leur combat, principalement politique, est fractionné en deux séquences : chasser les taliban du pouvoir et faire que les droits des femmes afghanes deviennent inaliénables et soient inscrits dans la nouvelle Constitution afghane. Parallèlement, elles ont exercé une action humanitaire qui s’est manifestée par le soutien à l’éducation des filles : aides apportées aux écoles clandestines de Kaboul et aux classes non clandestines qui se trouvaient dans la zone de la résistance sous l’autorité du Commandant Massoud. Je me permets d’insister sur ce fait, car la tendance actuelle est de souligner seulement l’aide apportée aux classes clandestines de Kaboul, en omettant celle apportée dans la zone de la résistance, ce qui permet d’occulter un élément essentiel qui est que, chez Massoud, les enseignantes dispensaient leurs connaissances sans restrictions. Elles étaient même encouragées à le faire, ce qui n’est pas un détail.

Pour illustrer l’existence du prétendu phénomène d’un « féminisme à éclipses », Christine Delphy prend pour cible Shoukria Haidar. Ainsi, écrit-elle : « Shoukria Haider, compatriote de « Massoud l’Afghan », partisane comme lui des bombardements de son propre pays, refait surface. C’est elle qui avait inspiré les slogans criés dans la première (et dernière) manifestation organisée pour les Afghanes par la Marche des femmes et le CNDF. Fin septembre 2001, juste entre la destruction des Tours de New York et le début des bombardements. Etrange timing... Surtout quand on sait qu’ensuite, ces organisations françaises, comme Haider [sic], se sont totalement désintéressées du sort des femmes afghanes, de même qu’elles se désintéressent du sort des Irakiennes. Comment comprendre cet intérêt à éclipse ? »

La moindre des choses, quand on est directeur de recherche au CNRS, est de savoir de quoi et en l’occurrence de qui l’on parle surtout lorsqu’on le dénonce avec une telle virulence. Outre le manque de rigueur de Christine Delphy, il y a plus préoccupant : tout ce qui est avancé est faux. L’association Negar (et pas Haider) de Shoukria et Chantal ne s’est jamais désinvestie de sa mission. Ni pendant le régime taliban ni maintenant. Le travail de Negar est non seulement plus que conséquent depuis 1996, mais d’une rare constance.

(...)

Note

l. RAWA, site créé et géré par des femmes afghanes.

 Lire la suite de ce long article dans Afghana.org Infos, 19 octobre 2007. Avec illustrations.

 Lire aussi : Une comparaison réductrice de Christine Delphy, par Micheline Carrier

Mis en ligne sur Sisyphe, le 21 octobre 2007.



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Françoise Causse



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