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décembre 2002 Palestine Des assassins d’enfants En collaboration avec Pas de vagues
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Je résisterai sans peur. Oui, sans peur je résisterai. Pour la terre de mon pays, je résisterai. Que l’on me vole tout ce que j’ai, je résisterai. Que l’on tue mes enfants, je résisterai. Que l’on fasse sauter ma maison, O ma maison aimée ! A l’ombre de tes murs, je résisterai. Je résisterai sans peur… De toute la force de mon courage, je résisterai. Avec mon baton, avec mon couteau, je résisterai. Le drapeau en main, je résisterai. Que l’on me coupe la main, je résisterai. Et que l’on souille le drapeau, De l’autre main, je résisterai. Je résisterai sans peur… Pied à pied, dans mon champ, dans mon jardin, je résisterai. Par la foi et la volonté, je résisterai. Avec les ongles et avec les dents, je résisterai. Et lorsque même mon corps, Ne sera plus qu’une plaie, Avec le sang de mes blessures, je résisterai. Je résisterai sans peur… (Anonyme palestinien)
Ainsi commence le roman pour adolescents de Rhanda Ghazy, une Italo-Egyptienne de 15 ans. Un livre qui raconte le quotidien des jeunes palestiniens pendant les années 1990. Des adolescents qui ne voient que la guerre depuis leur naissance, qui ne connaissent que les humiliations imposées par l’Etat d’Israel. Des enfants qui combattent la peur pour résister, pour exister tout simplement. Des enfants qui ont vu trop d’horreurs. « Rêver la Palestine », suscite de nombreuses réactions en France. Non pas à cause des souffrances de ces enfants, racontées par la jeune écrivaine, alors non. Le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) a exprimé son indignation, parlant d’ « apologie du terrorisme » d’« incitation à la haine raciale et antisémite ». Pour la LICRA (Ligue International contre le racisme et l’antisémitisme), il présenterait "un danger pour la jeunesse en raison de la place faite au crime, à la violence, à la discrimination ou à la haine raciale". Le 10 décembre dernier, la LICRA a demandé aux ministres de l’Intérieur et de la Justice, le retrait du livre. Rien que ça ! Le même jour, une manifestation a été organisée à Paris par le collectif « Ne touchez pas aux enfants » (sic) dirigé par Gilles Taieb, président de l’association pour le bien être du soldat israélien qui fait partie du CRIF. Les manifestants se sont rassemblés devant les éditions Flammarion pour demander l’arrêt de la diffusion du livre. Il faut mettre de toute urgence « Rêver la Palestine » entre les mains de nos enfants qui ne savent pas leur bonheur de vivre dans un pays en paix, qui ne mesurent pas la chance qu’ils ont de manger à leur faim, qui ne savent pas assez que d’aller à l’école est un privilège. Il faut mettre la « Rêver la Palestine » entre les mains de nos enfants qui seront les adultes de demain, pour qu’ils ne regardent pas, comme nous, indifférents, le déséquilibre du monde. Nos enfants savent mieux que nous refuser l’injustice. Plus tôt ils la connaîtront, plus tôt ils sauront être des citoyens actifs pour la combattre. Il faut mettre « Rêver la Palestine » entre les mains de nos enfants pour qu’ils aient envie de bâtir une société plus juste. Bush - Sharon, assassins d’enfants Elle avait neuf ans, s’appelait Hanneen Abou Suleiman. Elle jouait devant chez elle, à Khan Younès, dans la bande de Gaza. Le samedi 28 décembre 2002, l’armée d’occupation israélienne l’a abattue d’une balle dans la tête. Abdel-Karim Salameh rentrait de l’école, il avait 11 ans. Les chars israéliens traversaient sa ville de Tulkarem (Nord de la Cisjordanie). D’un tir de mitraillette en pleine tête, les militaires israéliens l’ont tué le dimanche 29 décembre 2002. Son camarade âgé de 13 ans a été blessé. « Selon les témoins et les services de secours, il n’y pas eu de provocation », nous rapporte l’agence de presse Reuter. L’armée n’a exprimé aucun regret. Et c’est ainsi depuis le début du deuxième soulèvement du peuple palestinien pour refuser la colonisation. Une deuxième Intifada commencée en septembre 2000 avec déjà 2068 Palestiniens tués, pour refuser le vol quotidien de leurs terres, programmé par l’Etat d’Israël. Résistance d’un peuple qui ne peut supporter les destructions de maisons, d’oliviers, les bombardements, les bouclages, les arrestations. C’est ainsi depuis trop longtemps. Des enfants tombent sous les balles de l’armée israélienne, dans l’indifférence complice de la communauté internationale, avec le soutien actif des gouvernements américains successifs. L’Europe, anesthésiée par sa culpabilité à l’égard des juifs, ne veut pas voir que l’Etat d’Israël qui pratique la torture, les assassinats, les punitions collectives à l’égard des Palestiniens, n’a rien à envier aux bourreaux d’hier, au régime nazi. Cet état qui viole toutes les règles du droit international peut détenir l’arme nucléaire sans que personne ne s’en inquiète. Israël est placé par les Etats-Unis dans l’axe du bien. En Martinique, honneur au président du Conseil Régional, Alfred Marie-Jeanne, chef de file du Mouvement Indépendantiste Martiniquais (MIM). Le journal de son mouvement, « La Parole au Peuple » appelle au boycott des produits israéliens. Si cela ne représente pas une grande perte pour l’Etat sioniste, cet appel courageux rassure. Il y a dans cette petite partie du monde des hommes et des femmes qui ne suivent pas, comme des moutons, le sens de l’axe du bien défini par les Etats-Unis d’Amérique. Au nom de cet axe du bien, les enfants d’Irak peuvent crever de faim et de maladie, faute de médicaments. Alors que des pathologies provoquées par les derniers bombardements américains ne peuvent être traitées, Bush leur prépare une autre guerre. Et notre émotion est déjà sollicitée. Braves citoyens du monde entier, les victimes à plaindre sont désignées : ce sont les Israéliens que les médias occidentaux nous montrent s’équipant en masques à gaz pour se protéger d’éventuels tirs de scuds irakiens. Et pour cause, pendant que les regards se tournent vers les inspecteurs en désarmement de l’ONU, qui enquêtent en Irak depuis deux mois, le début de la guerre « préventive » de G. Bush est déjà fixé. Le tabloïde britannique Sunday Express révèle qu’elle "débutera le 21 févier à minuit", comme l’a indiqué le Président américain « au Premier ministre israélien Ariel Sharon, dans un entretien téléphonique, le jour de Noël ». Le journal anglais ne nous dit pas s’il s’agissait du cadeau de Noël d’un va-t-en guerre à un criminel de guerre. Les USA et leurs alliés s’attaquent aux plus faibles « Sé là pak ba, bèf ka soté ! » Ce proverbe créole décrit en quelques mots la lâcheté et l’injustice : on ne s’attaque qu’aux faibles. La démonstration nous est faite quand la Corée du Nord décide d’enlever des caméras de surveillance de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique), de briser les scellés sur un dépôt de 8 000 barres de combustible irradié, avant de virer les inspecteurs de l’ONU notamment chargés de surveiller le réacteur nucléaire de Yongbyon. Alors que Washington soupçonne ce réacteur de pouvoir servir à produire des bombes au plutonium, les Nations unies n’ont plus aucun moyen de vérifier si Pyongyang réactive effectivement son programme d’armement nucléaire. Pas si folle la mouche Bush, quand il s’agit de la Corée du Nord. Son secrétaire d’Etat Colin Powel, s’exprimant sur la plupart des chaînes de télévision américaine, rassure le dernier régime stalinien. « Personne ne va attaquer la Corée du Nord », a affirmé le diplomate sur ABC. Les Etats Unis veulent laisser la place à la … « communication ». La communication, une arme qu’utilise sans modération la bande à Sarkozy. A grand renfort de publicité, des arrestations de terroristes présumés sont annoncés pour rassurer la France d’en bas et d’en haut. Mais il faut être aveugle pour ne pas voir que face à tant d’injustice, la menace de terrorisme est permanente. Nous allons tous payer la folie meurtrière des Etats-Unis et d’Israël. Partout dans le monde naissent des enfants qui n’ont d’autre choix que de faire sauter des bombes pour crier leur refus de l’injustice. On le voit bien avec les Palestiniens. Malgré (et surtout à cause) les milliers de morts les attentats frappent les Israéliens. Le quotidien israélien « Haaretz » rapporte que des psychologues de l’armée israélienne ont mené des entretiens dans les prisons avec des Palestiniens arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à commettre des attentats-suicides. Ceci afin d’établir un profil type du kamikaze. Les premiers résultats de l’enquête prouvent qu’il n’appartient pas forcément aux couches les plus pauvres de la population. Les kamikazes ont le profil de madame et monsieur Tout-le-Monde. Dans le métro, le train, l’avion ou ailleurs, notre vie ne tient qu’à une gesticulation des va t-en guerre américains et israéliens, qui sont encouragés par nos silences. Le Monde du 1er janvier 2003 souligne que : 46 % des terres de Cisjordanie sont devenues "israéliennes" par la politique du fait accompli, selon l’ONG B’Tselem. Un rapport de l’organisation vient de signaler qu’Israël maintient en détention administrative quelque 1 007 Palestiniens, sans inculpation ni procès. Quelles preuves faut-il encore pour affirmer qu’Israel est un état voyou et ceux qui soutiennent sa politique, des salauds ? Mis en ligne sur Sisyphe en décembre 2002 Rhanda Ghazy, Rêver la Palestine, Flammarion, Paris, 2002 |