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jeudi 27 mars 2008 Hillary Clinton et les primaires américaines - Fini, tout cela (bis)
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« Fini, tout cela ! » (1) C’est le titre du fameux essai que j’ai écrit en 1970 lorsque j’ai décidé de m’affranchir pour de bon d’une politique d’accommodement surtout pratiquée par les femmes. Depuis, j’ai milité pendant des dizaines d’années pour les droits civiques, contre la guerre et pour les droits des femmes, mais je me suis toujours abstenue d’écrire un autre article-manifeste du même genre. Toutefois, depuis la lutte pour le droit de vote, on n’avait jamais vu de rivalité aussi farouche entre les deux groupes gardiens de la conscience de notre nation que celle qui oppose Hillary Rodham Clinton (HRC) à Barack Obama (BO). Je récidive donc. Finis, les deux poids, deux mesures... Finies, les attaques ignobles et toxiques. Le dégoût de Carl Bernstein’s devant les « chevilles épaisses » de Hillary. La création par Roger Stone, expert en magouilles sous Nixon, d’un groupe baptisé « Citizens United Not Timid » (dont l’abréviation est CUNT). John McCain qui répond « Excellente question ! » à un partisan qui lui demande « Comment allons-nous faire pour battre cette salope ? ». Aurait-il osé répondre de la même façon si on lui avait demandé « Comment allons-nous faire pour battre ce fils de pute noir ? » Quelle honte ! Finis, les casse-noisettes à l’effigie de HRC arborant des pointes de métal entre les cuisses. S’il s’agissait d’une figurine représentant un danseur à claquettes noir, nous serions indignés à juste titre - et on n’en vendrait pas dans les aéroports. Honteux. Finis, les T-shirts aux sous-entendus les plus violents de toute notre histoire électorale, dont celui qui porte le slogan meurtrier : « Si seulement Hillary avait épousé O. J. (4) au lieu de Bill ». Honteux. Finies, des émissions comme celle de la série « Southpark » où des terroristes implantent une bombe dans le vagin de HRC. Je refuse de m’abaisser à chercher une analogie raciale aussi ignoble. Honteux. Qu’on cesse de prétendre, comme le font certains esprits tordus et mal intentionnés, que des attaques aussi abjectes sont drôles. Ce ne sont pas des expressions de haine envers Bill Clinton ou Hillary, mais les manifestations d’une misogynie pathologique. Si ces indignités étaient dirigées contre les Juifs, on y verrait tout de suite de la propagande antisémite. Si elles visaient les Noirs, on reconnaîtrait immédiatement les messages empoisonnés du Ku Klux Klan. Les organismes de défense des animaux comme la PETA (5) feraient un tollé si on attentait de façon aussi odieuse à la dignité des animaux. Pourquoi alors nous, citoyennes et citoyens, électrices et électeurs, Américaines et Américains, ne sommes-nous pas saisis d’indignation ? Finis, les assauts quotidiens de la part des médias Le mouvement des femmes et Media Matters ont arraché des excuses à Chris Matthews, de la chaîne MSNBC, pour ses commentaires misogynes incessants (6). Mais, que fait-on face aux apartés sexistes de Tim Russert et à ses panels composés exclusivement d’hommes blancs invités à pontifier sur les questions de race et de genre, à la chaîne NBC ? Ou face à Tony Harris qui évoque en ricanant « l’effet des chromosomes » en interviewant une femme du White House Project (7) sur les ondes de CNN ? Sans parler de Fox News. Qu’on cesse de faire semblant que la communauté noire n’est composée que d’hommes et que toutes les femmes sont blanches. Surprise ! Il y a des femmes de toutes les opinions, de toutes les pigmentations, de tous les âges et de toutes les origines ethniques, aptitudes et préférences sexuelles. Pas seulement des Afro-américaines ou des Euro-américaines, mais aussi des Latino-américaines et des Amérindiennes, des Américaines originaires d’Asie, des Iles du Pacifique et des Arabo-américaines. Et, évidemment, il y en a dans tous les groupes sociaux puisqu’aucun groupe ne pourrait exister si nous ne l’avions pas mis au monde. Il y a peut-être quelques pays non racistes, mais le sexisme, lui, sévit partout. Même si une femme réussit à s’affranchir de tous les autres types de discrimination, elle reste une femme dans un monde où le patriarcat est si omniprésent qu’il est la « norme ». Pourquoi alors toutes les femmes ne seraient-elles pas, elles aussi, fières de l’être ? Pourquoi ne serions-nous pas fières des luttes que nous avons menées pendant des siècles, voire des millénaires, pour conquérir les droits que nous avons gagnés jusqu’ici, comme le sont avec raison les Noirs américains des deux sexes ? Qu’on en finisse d’une campagne pendant laquelle lui, doit passer pour blanc (ce qui ravit les Blancs, surtout les riches), alors qu’elle doit passer pour un homme (ce que les femmes tout comme les hommes jugent impardonnable, après avoir exigé qu’elle le fasse). Si elle était noire ou que lui était une femme, nous n’aurions pas de tels problèmes, et moi, je serais aux anges. Mais aujourd’hui, une candidate noire n’aurait pas la moindre chance de l’emporter - même si elle défendait Bush aussi indéfectiblement que Condoleeza Rice. Je jubilais de voir qu’enfin les femmes afro-américaines détenaient un pouvoir crucial puisqu’elles auraient à décider à qui donner leur appui - jusqu’à ce que des féministes noires partisanes de Hillary me disent qu’on les avaient accusées de « trahir leur race ». Finies donc, les conversations au sujet de la cicatrice la plus profonde de notre pays, l’esclavage, où personne n’admet que l’esclavage tout court et l’esclavage sexuel existent encore aujourd’hui aux États-Unis et ailleurs dans le monde, et que la majorité des esclaves sont des femmes. Les femmes ont été la cible de haine à cause de leur sexe/race/origine ethnique/religion ; elles ont été violées, battues, envahies dans leur esprit et leur corps et forcées à enfanter ; elles ont toujours été majoritaires parmi les pauvres, les analphabètes, les handicapés, les réfugiés, les soignants, les séropositifs/sidéens, les impuissants. Nous avons survécu à l’invisibilité, au ridicule, aux intégrismes religieux, à la polygamie, aux gaz lacrymogènes, au gavage, à la prison, à l’asile, au sati, au purdah, aux mutilations génitales, aux bûchers dressés pour les sorcières, aux lapidations et aux tentatives de gynocide. Nous avons tout essayé : les appels à la raison, la persuasion et la surqualification, pour apprendre après tous nos efforts que nos difficultés n’avaient rien à voir avec un manque de compétence. Nous savons qu’à l’époque où nous vivons, les femmes perçoivent le monde différemment des hommes - bien qu’elles ne le perçoivent pas nécessairement toutes de la même façon - et qu’elles peuvent gouverner autrement, comme en témoignent Elizabeth Tudor (8), Michèle Bachelet (9) et Ellen Johnson Sirleaf (10). Quand Shirley Chisholm (11) et Patricia Schroeder (12) se sont portées candidates à la présidence, elles se sont à peine rendues à la ligne de départ. On s’est moqué d’elles parce qu’elles avaient montré trop de passion et recueilli trop peu d’argent. Fini, tout cela (et espérons qu’on ne verra plus de féministes si obsédées par le désir de voir une femme accéder à la présidence qu’elles seraient prêtes à sacrifier les droits des femmes, comme celles qui ont appuyé Elizabeth Dole.) (13). Qu’on en finisse aussi... Finie, l’accusation selon laquelle Hillary agirait comme si « tout lui était dû » alors qu’en fait, elle a toujours été un bourreau de travail et une sénatrice de premier ordre qui travaille sans relâche dans mon État. Finie, son exploitation comme test de Rorschach par des femmes qui la réduisent à un écran vierge sur lequel elles projettent leurs propres peurs, échecs et fantasmes. Finie, l’expression « figure polarizante » pour désigner celle qui incarne les transitions que les femmes ont vécues au cours du dernier siècle et qu’elles vivront encore au cours du prochain. C’est nous, les féministes, qui avons lancé le mot d’ordre « Devenons les hommes que nous rêvions d’épouser ». Elle nous a entendues, et c’est ce qu’elle a fait. Finie, l’attitude timorée de certaines femmes prêtes à manquer ce rendez-vous historique sous prétexte que Hillary n’est pas aussi « gentille » qu’on leur a appris qu’elles devaient l’être, ou parce qu’elle n’a pas quitté son mari, qu’elle n’a pas réussi à le « contrôler » ou qu’elle a évité une rupture familiale et élevé une fille intelligente et équilibrée. (Imaginons un instant le blâme qu’elle aurait encouru si Chelsea s’était comportée en alcoolique névrosée comme les jumelles Bush.) Finies, les moues dédaigneuses de celles qui lui reprochent soit de ne pas avoir fait de biscuits, soit d’en avoir faits, ou encore d’avoir appris les règles du jeu pour ensuite les contourner ou les enfreindre. Trêve d’angélisme, de grâce ! Hillary ne postule pas le titre de « Notre-Dame-de-la-Perfection » ou « d’Immaculée Conception » du mouvement féministe, mais bien celui de présidente des États-Unis. Finie, l’ignorance crasse des Américain-es à propos de leur propre histoire et de celle d’autres pays. Margaret Thatcher (14) et Golda Meir (15) issues des rangs de leur parti, se sont positionnées comme des dirigeantes à l’image des hommes en faisant la guerre. Jusqu’ici, presque toutes les autres femmes chefs de gouvernement étaient apparentées à des hommes de pouvoir - petites-filles, filles, sœurs, épouses ou veuves : Gandhi, Bandaranike, Bhutto, Aquino, Chamorro, Wazed, Macapagal-Arroyo, Johnson Sirleaf, Bachelet et Kirchner, entre autres. Même dans notre pays qu’on qualifie de « land of opportunity », c’est la principale porte d’entrée qui s’offre aux femmes. Témoins les Doris Matsui, Mary Bono et Sala Burton, représentantes au Congrès, la sénatrice Jean Carnahan et bien d’autres qu’il serait beaucoup trop long d’énumérer ici. Fini, le soi-disant fossé des générations Finis, les déhanchements prétendument spontanés de l’aguichante « Obama Girl (16) » qui se dandine en bikini sur Internet avant de finir par avouer que ce n’est pas elle qui a eu l’idée de faire cette vidéo, mais des gars qui l’en ont persuadée. Ce sont eux aussi qui ont choisi les (petites) tenues qu’elle portait et dans lesquelles elle se sentait « un peu idiote ». Finie, ma patience pour les jeunes femmes qui, pour s’attirer l’approbation des hommes, s’empressent de montrer qu’elles ne sont pas des féministes (du moins pas de celles qui menacent le statu quo), qui ne peuvent pas s’identifier à une femme candidate qui n’a pas peur du pouvoir (le vilain mot !), qui craignent que leur copain ne les regardent de travers si elles disent du bien de Hillary. Et que répondre aux femmes frileuses de tout âge qui, encore une fois, ne se sentent pas à la hauteur et boudent Hillary sous mille prétextes : « Et si elle n’avait aucune chance d’être élue ? » ou « Et si le féminisme était dépassé et que nous avions déjà l’égalité ? ». J’ai envie de leur citer une formule magnifique de Harriet Tubman (17). Quand on lui a demandé comment elle avait réussi à sauver des centaines d’esclaves afro-américains grâce à l’« Underground Railway », la filière d’évasion qu’elle avait mise en place pendant la Guerre civile américaine, elle a répondu avec amertume : « J’aurais pu en sauver des milliers - si seulement j’avais pu les convaincre qu’ils étaient esclaves. » Je préfère saluer avec joie toutes les jeunes femmes fascinantes qui, elles, s’identifient à Hillary et tous les hommes intelligents et courageux - de tout âge et de toute origine ethnique - qui comprennent qu’il est aussi dans leur intérêt d’appuyer Hillary, puisque c’est indiscutablement la plus qualifiée. C’est une candidate prestigieuse qui comprend toutes les nuances de la politique américaine et internationale, qui fait preuve d’une grande rigueur et qui s’est montrée capable d’encaisser des affronts et des souffrances personnelles inouïs sans perdre sa dignité, sa détermination ni même son sens de l’humour, et sans déclarer forfait. (Et n’oublions pas son réseau de contacts, son expérience de la collecte de fonds et son talent pour consolider le parti. Obama était ravi de pouvoir compter sur tous ces atouts de Hillary quand elle a levé des fonds et fait campagne pour l’aider à accéder au Sénat.) Je préfère penser à l’avenir et imaginer l’excellent président qu’il pourrait être dans huit ans, quand sa vision et sa détermination auront été fortifiés par un savoir-faire acquis sur le terrain et qu’il aura 54 ans. Entre-temps, qu’on cesse de le dépeindre comme un chevalier sans peur et sans reproche alors qu’en fait, c’est un politicien habile et astucieux qui s’entoure de rédacteurs de discours ayant travaillé pour le rédacteur de discours des Kennedy, Ted Sorenson. Si tout ce qui importe, ce sont les beaux discours et les formules percutantes, que les rédacteurs de discours dirigent le pays ! Mais le but n’est-il pas plutôt de faire adopter les politiques que nous voulons ? Et fini aussi, l’âgisme... Comment peut-on oser tourner le dos à l’histoire et taire de réelles injustices et les souffrances de certains groupes, dans le seul but de donner un ton euphorique à sa campagne ? Comment peut-on prétendre unifier alors qu’on divise, ou encore, pour secouer la torpeur des jeunes Américains, décider de sacrifier le segment de la population le plus nombreux de toute l’histoire de notre pays - les baby-boomers - dont la plupart sont des femmes ? Les femmes âgées sont la seule catégorie de personnes qui ne deviennent pas plus conservatrices avec l’âge. Nous sommes de la génération des féministes radicales qui ont lancé des mots d’ordre comme : « Les femmes bien élevées font rarement l’histoire ». Qu’on ne pense surtout pas que nous allons tirer poliment notre révérence dès qu’un homme nous invitera à le faire. Nous sommes les femmes qui ont change la réalité des États-Unis. Et même si nous n’avons jamais cessé de revendiquer nos droits, tenez-vous bien, car nous remontons aux barricades. C’est nous qui avons gagné toute une panoplie de droits pour les femmes américaines, entre autres un accès égal au crédit, de meilleurs salaires, l’action positive et l’idée d’adapter le milieu de travail aux besoins des familles. C’est nous qui avons créé des refuges pour les victimes de viol et de mauvais traitements, et fait adopter des lois réprimant le viol commis dans le contexte du mariage ou de fréquentations. C’est nous qui avons défendu le droit des mères lesbiennes à avoir la garde de leurs enfants, qui avons lutté pour la réforme des prisons, qui avons fondé les mouvements pour la paix et pour la protection de l’environnement. C’est nous qui avons exigé que les recherches médicales portent aussi sur l’anatomie féminine, qui avons incité les hommes à devenir des pères plus présents, qui avons créé des chaires d’études féministes et revendiqué un nouvel amendement à la Constitution (Title IX) pour que nous puissions toutes et tous applaudir les joueuses de la WNBA (18) et Mia Hamm (19). C’est nous qui nous sommes réapproprié notre sexualité aliénée par la pornographie violente, qui avons fait des garderies un enjeu national, qui avons transformé le profil démographique de notre pays, l’expression artistique et même le langage. C’est nous qui avons lancé un mouvement mondial. Nous sommes les fières successeures des femmes qui ont gagné pour nous le droit de vote, même s’il leur a fallu plus de 50 ans pour l’obtenir. C’est nous, les femmes, qui sommes maintenant la majorité de l’électorat aux Etats-Unis. Hillary a dit qu’elle a trouvé sa propre voix au New Hampshire, et il n’y a pas une femme qui, en son for intérieur, ne comprenne pas ce qu’elle veut dire. Après, la voix de Hillary a été noyée par les commentaires des experts des campagnes électorales, par Bill et par l’obsession des médias pour tout ce qui le concerne. Écoutons un peu sa voix à elle : « Pendant trop longtemps, l’histoire des femmes a été marquée par le silence. Encore aujourd’hui, certains essaient de nous faire taire ». « C’est une atteinte aux droits de la personne quand on affame des bébés, quand on les noie, quand on les étouffe ou qu’on leur brise la colonne vertébrale simplement parce qu’elles sont nées filles. C’est une atteinte aux droits de la personne quand on vend des femmes et des fillettes pour les réduire en esclavage par la prostitution. C’est une atteinte aux droits de la personne quand on arrose des femmes d’essence pour les brûler vives parce qu’on juge leur dot insuffisante. C’est une atteinte aux droits de la personne quand des femmes sont violées dans leur village ou quand des milliers de femmes sont violées parce que le viol est devenu une stratégie de guerre ou parce qu’elles sont considérées comme du butin. C’est une atteinte aux droits de la personne que, dans le monde entier, une des principales causes de mortalité chez les jeunes filles et les femmes de 14 à 44 ans soit la violence qu’elles subissent sous leur propre toit. "Les droits des femmes sont ceux de tout être humain, dont le droit de s’exprimer librement et le droit d’être entendue". C’est une atteinte aux droits de la personne quand on refuse aux femmes le droit de planifier leurs grossesses en recourant, entre autres, à la stérilisation et à l’avortement forcés. » Voilà les paroles de Hillary Rodham Clinton à la Conférence de l’ONU sur les femmes tenue à Beijing en 1995. En s’exprimant ainsi, elle défiait le Département d’État américain et le gouvernement chinois. (Cliquer ici pour le texte intégral de cet éblouissant discours). Et voici ce qu’elle a dit à l’âge de 22 ans, en tant que présidente de l’Association étudiante du College Wellesly, lors de sa collation de grade (20) : Elle a conclu son discours en s’engageant « à pratiquer, avec toutes les ressources de son être, l’art de rendre possible ». Et c’est ce qu’elle fait depuis des dizaines d’années. Fini, le temps où elle se remettait en question. La vraie question est bien plus profonde. Il ne s’agit pas de savoir si Hillary peut retrouver sa voix, mais bien si nous, les femmes, saurons trouver la nôtre. Saurons-nous le faire pour nous-mêmes ? « Notre présidente, nous-mêmes ! » Il reste peu de temps et la lutte est de plus en plus serrée. Nous devons nous lever, mues par une furieuse énergie, comme nous l’avons fait quand le Sénat des États-Unis a traité Anita Hill (21) de façon aussi ignoble. Comme nous l’avons fait quand Rosie Jimenez a été charcutée par un avorteur clandestin et comme nous l’avons fait et le faisons encore quand des femmes de n’importe quel coin du monde sont condamnées pour avoir essayé de surmonter l’injustice qui leur est faite. Cette fois, nous devons absolument gagner. Nous ne pouvons plus nous permettre d’appuyer Hillary du bout des lèvres, avec mille réserves et des sourires lénifiants. Le moment est venu de nous mobiliser, de prendre le téléphone, d’envoyer des courriels, de donner de l’argent, d’argumenter, de nous rassembler, de manifester, de crier, de voter. Et moi ? Moi, j’appuie Hillary parce que, de tous les candidats des deux partis, c’est la plus qualifiée. Je l’appuie parce que ses positions sont mûrement réfléchies - un changement bienvenu après huit ans passés sous le règne d’un joyeux « unificateur » dont les politiques inconsidérées ont fait couler tant de sang. Je ne sens pas le besoin d’être d’accord avec elle sur absolument tout. Je souscris aux 97 pour 100 de ses positions qui sont identiques à celles d’Obama, et aussi à ses positions qui sont plus pratiques et plus à gauche que celles d’Obama (comme l’assurance maladie). Je l’appuie parce qu’elle a déjà fracassé le stéréotype de la première dame et marqué l’histoire par l’excellence de son travail de sénatrice. Je l’appuie, enfin, parce que je crois qu’elle continuera à marquer l’histoire de notre pays non seulement en devenant la première présidente des États-Unis, mais en étant, de surcroît, une grande présidente des États-Unis. Et qu’en est-il de la « question des femmes » ? Pour ma part, je vais voter pour Hillary non pas parce que c’est une femme, mais parce que moi, j’en suis une. Le 2 février 2008 Source originale : "Goodbye To All That (#2)". Traduit pour Sisyphe par Marie Savoie avec l’autorisation de l’auteure. Notes 1. NdT : En anglais « Goodbye To All That ». La version originale se trouve sur ce site. Mis en ligne sur Sisyphe, le 3 mars 2008. – Site de Robin Morgan.
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