Labrys est une revue féministe académique et engagée, multidisciplinaire, multilingue, gratuite, qui paraît deux fois par an depuis 6 ans. Défendre les droits, dénoncer les exactions, les exclusions, les violences faites au femmes ; analyser, exposer les mécanismes de domination et d’appropriation des corps, du travail, du temps, de la volonté des femmes, sont quelques-uns de nos objectifs. Établir des coalitions entre féministes à travers le monde, créer des réseaux, stimuler et/ou seconder des actions politiques pour transformer des réalités souvent inimaginables, font aussi partie de nos priorités.
Les technologies de genre ne cessent de réinventer les hiérarchies et les domaines d’exclusion selon le sexe biologique des humains. Les pédagogies sociales, les normes de comportement dirigent les femmes vers un destin presque incontournable, puisque considéré comme « naturel » : enfantement et mariage. L’éducation formelle, les médias, les traditions, les religions, en choeur, répètent à longueur de vie les représentations de la « vraie femme », ourdies par l’injonction à l’abnégation, au don de soi, à la soumission, à la passivité.
Cet acharnement à reproduire des images conventionnelles, à dessiner le profil de « la femme » (au singulier), laisse entrevoir la peur d’une libération qui gronde, qui piétine, au-delà des freins, des anathèmes, des voiles, des menottes, des caves, des viols, des trafics de toute sorte. Il y a un souffle de révolte, chinook qui annonce les lames de fond qui s’en viennent.
Ça suffit.
Oui, la prostitution de nos filles, transformées en trous à être pénétrés, en corps vendus, échangés, offerts en pâture, ça suffit . Le viol banalisé comme leçon aux récalcitrantes, arme de guerre, ou appropriation banale, ça suffit. Assez d´entendre les voix qui prônent le « sexe-travail » pour mieux transformer les proxénètes en entrepreneurs. Le « droit à la prostitution » relève de la plaisanterie, étant donné le vécu des femmes en état de prostitution. Pour nous, ça suffit de jouer sur les mots, puisque la prostitution n’est que le paroxysme de la violence sociale faite aux femmes, du droit patriarcal octroyé aux hommes de se repaître du corps des femmes et des enfants. Le dossier « abolition de la prostitution » fait le point sur la question.
Dans le dossier « perspectives : théories et analyse », d’un côté, l’investigation littéraire féministe dévoile les chemins complexes de la sémiotique, des sens dotés de significations plurielles, et de l’autre, il ouvre les perspectives historiques des échanges et des amitiés entre femmes. Au long d’un trajet académique diversifié et pluriel, ce dossier contient également des analyses filmiques et historiques relatives au sexe social, à l’ethnocentrisme et au racisme, en passant par la métacritique théorique féministe, les problèmes liés aux délimitations identitaires et à la connaissance construite dans l’expérience.
Le dossier sur les « recherches féministes » présente les résultats des travaux menés sur le terrain, au Québec, au Bourkina Faso et au Bénin, en ce qui concerne les questions rattachées au binarisme sexuel dans différentes formations sociales.
Dans « lectures », nous présentons des textes didactiques, outils pour l’enseignement, ainsi qu’un conte, de nombreuses suggestions de lecture et des liens avec d’autres revues féministes en ligne.
Bonne lecture !
Labrys, études féministes/estudos feministas janvier/juin 2008-janeiro/junho 2008.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 15 août 2008.