| Arts & Lettres | Poésie | Démocratie, laïcité, droits | Politique | Féminisme, rapports hommes-femmes | Femmes du monde | Polytechnique 6 décembre 1989 | Prostitution & pornographie | Syndrome d'aliénation parentale (SAP) | Voile islamique | Violences | Sociétés | Santé & Sciences | Textes anglais  

                   Sisyphe.org    Accueil                                   Plan du site                       






dimanche 21 décembre 2008

Donnez-moi des mots

par Micheline Mercier






Écrits d'Élaine Audet



Chercher dans ce site


AUTRES ARTICLES
DANS LA MEME RUBRIQUE


Galère des sables
Écrire la vie, la mort et de nouveau la vie
La connaissez-vous cette fille, la pute aux cent pas ?
Motus
Le monde est si petit et ses besoins si grands
Comme une tache de moutarde sur un tablier blanc
Dans les fables, le loup était-il vraiment un mythe ?
Rouler sa vie dans un panier d’épicerie
Et au diable les frontières
L’intimidation ou “bullying” en milieu de travail
Merck met en danger la vie de prostituées dominicaines
La solitude est une bête à pleurer
Mots de cœur
Écoutez les sanglots des enfants perdus
Souvenances
Il fut un temps....







Donnez-moi des mots, posez-les sur ma plume. Donnez-moi des mots que je leur donne des ailes, que je les laisse s’envoler vers le ciel pour ensuite les laisser pleuvoir sur votre âme. Comme une pluie douce et rassurante, que ces mots soient empreints de connaissance et de fraîcheur. Donnez-moi des mots que je les laisse courir en nous comme des enfants aux pays des merveilles.

Donnez-moi des mots à ne pas m’endormir sur vos beaux discours, laissons-les nous embrasser jusqu’aux aurores, laissons-les nous caresser le cœur, donnons-leur le temps de s’infiltrer jusqu’au fond de nos âmes, donnez-moi des mots, qu’ils coulent pareil à un ruisseau gorgé de pépites d’or. Laissons-les devenir un forgeron embrasant les anneaux de nos serments.

Donnez-moi des mots qui sentent le bon air que vous respirez, donnez-moi les mots qu’il faut pour transporter un peu d’espoir par-delà les mers infernales. Je les traduirai, pour vous, à qui voudra bien les écouter. Donnez-moi des mots, qu’ils filent avec l’insouciance d’une jeunesse qui les possède déjà comme s’ils avaient toujours été semblables aux amants non oubliés de Vérone.

Donnez-moi tant de mots et encore plus qu’il n’en faut que je les fasse courir sur les pages de ma vie avec la liberté d’un train qui siffle sur une voie sans fin. Immortalisons-les, faisons qu’ils deviennent l’air du temps qu’il nous a fallu pour apprendre à nous aimer. Donnez-moi des mots à l’odeur de votre passion d’éternité. Donnez-moi des mots, transformez-les en une eau puisée à la source des commencements, l’eau de l’aube de tous les printemps.

Donnez-moi des mots, des mots et encore des mots, ne me laissez pas m’assoupir sur l’absence de ces mots d’amour, purs comme un rosier sauvage qui naît de cet amour. J’ai conservé la mémoire des mots qui vous ressemblent, ces mots qui ne dorment qu’à demi lorsque nous sommes côte-à-côte. Je veux vous donner les mots qui nourrissent l’âme des passions éternelles. Laissez-moi vous souffler les mots de l’air du temps que j’ai envie de vivre près de vous. Donnons-nous ainsi le secret des mots qui allumeront le feu qui n’est pas follet, ces mots qui collent à la peau comme un vêtement bien ajusté, le feu qui ne carbonise pas nos vies mais garde bien au chaud les ventres brûlants qui ne se consument pas.

Donnez-moi des mots, des mots à dire au monde qui se meurt de l’absence de petits bonheurs, ce sentiment qui tend à s’éteindre de n’être qu’une infime partie du temps qui nous manque si cruellement. Donnez-moi les mots pour chanter la quiétude, la béatitude d’effacer l’inquiétude des enfants qui ne savent pas vous dire, vous lire ni vous écrire.

Donnons-leur des mots pour rire, rire de la bêtise humaine qui tend à s’étendre, qui se meurt de trop comploter des mots vides de sens, des mots d’absence, d’intolérance. Donnons-leur des mots, mettons-les sur leurs lèvres gercées tel un baume apaisant la douleur laissée par de viles paroles.

Comme un cadeau, posons-leur des mots doux sur les dalles fleuries jalonnant la route de leur futur. Laissons les mots les mener jusqu’au bout du monde, là où se mêlent l’eau et le sel. Écrivons-leur une page d’histoire à leur donner la merveilleuse idée d’en faire partie. Donnez-moi des mots que je les pose sur ma plume.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 9 décembre 2008



Format Noir & Blanc pour mieux imprimer ce texteImprimer ce texte   Nous suivre sur Twitter   Nous suivre sur Facebook
   Commenter cet article plus bas.

Micheline Mercier

Micheline Mercier est née à Windsor en Estrie (Québec). De 2001 à 2007, Les Cahiers de la femme de l’Université York (Toronto), le site sisyphe.org et la revue Arcade de Montréal ont publié plusieurs de ses textes. Son premier recueil de poésie spirituelle « Mémoires Chakrique » a paru en août 2013.



    Pour afficher en permanence les plus récents titres et le logo de Sisyphe.org sur votre site, visitez la brève À propos de Sisyphe.

© SISYPHE 2002-2008
http://sisyphe.org | Archives | Plan du site | Copyright Sisyphe 2002-2016 | |Retour à la page d'accueil |Admin