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vendredi 26 décembre 2008

L’égalité hommes-femmes selon la Halde

par Mona Chollet, Le Monde diplomatique






Écrits d'Élaine Audet



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Si certains en doutaient encore, voilà une initiative qui devrait prouver définitivement le discernement et l’utilité de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde), créée fin 2004 et présidée par l’ancien P.-D.G. de Renault, M. Louis Schweitzer. Secondée par la Cour de cassation et par la Cour d’appel de Paris, celle-ci presse en effet le gouvernement de modifier le code de la Sécurité sociale, qui accorde actuellement aux femmes travaillant dans le secteur privé, deux années supplémentaires d’assurance retraite par enfant.

Dès octobre 2005, la Halde a été saisie par des pères qui, élevant seuls leurs enfants, jugeaient cette disposition discriminatoire à leur égard. Elle leur a donné raison, en arguant du fait que cet avantage n’était pas destiné à compenser l’arrêt d’activité qui suit immédiatement une naissance, mais bien la charge que constitue l’éducation d’un enfant. Elle réclame, au nom de l’égalité, que cette mesure compensatoire soit étendue à tous les pères - et pas seulement aux pères isolés, ce qui pourrait se justifier, même s’il faut rappeler la faible représentativité des plaignants : en 2005, les parents élevant seuls leurs enfants étaient à 86% des femmes (1). Selon toute probabilité, cette revendication ouvrirait plutôt la voie à une suppression de la mesure (2).

Pour que les membres de la Haute autorité puissent voir dans ces trimestres supplémentaires accordés aux mères un privilège indu, il faut que certaines données, pourtant dans le domaine public, aient échappé à leur sagacité. « Le fait d’avoir un enfant dans les sept premières années de vie active pèse essentiellement sur la situation professionnelle des jeunes femmes », note ainsi l’Observatoire des inégalités. Alors que les hommes en couple restent dans tous les cas pour plus de 90% à temps plein, les femmes ne sont plus que 68% à travailler à temps complet avec un enfant et seulement 39% avec plusieurs enfants. Parmi les femmes qui ne travaillent pas à temps complet, une partie est au chômage et une autre occupe un temps partiel. ("La maternité pénalise la carrière des femmes", 4 mars 2008.) Rappelons que les femmes, en France, occupent 80% des emplois à temps partiel, le plus souvent faute de mieux (lire Margaret Maruani, "Ravages cachés du sous-emploi", Le Monde diplomatique, juin 2003). Et, même si elles travaillent à temps plein, c’est avec un salaire moindre, qu’aucune différence de qualification ou d’ancienneté ne justifie : l’écart structurel des salaires entre les sexes oscille toujours entre 5 et 15%.

La charge mentale et matérielle de la famille continue de peser essentiellement sur les mères. "L’assignation aux femmes des charges familiales va toujours de soi, s’alourdissant d’autant plus que la psychologisation de la société fait de l’investissement parental (c’est-à-dire en réalité maternel) la condition de la réussite des enfants", observe Michèle Ferrand, qui parle d’une définition de la parentalité "de plus en plus matricentrée" (3). Entre 1986 et 1999, la part des tâches domestiques effectuées par les hommes n’a connu qu’une très légère augmentation : les femmes en assument toujours les deux tiers et même 80% pour le "noyau dur" des tâches ménagères (lire "Les acquis féministes sont-ils irréversibles ?", Le Monde diplomatique, avril 2007).

Après la séparation du couple (fréquente), ce sont le plus souvent elles qui, on l’a vu, doivent faire face à l’entretien de la famille, alors que par ailleurs la maternité les a placées en position de faiblesse sur le marché du travail. En 1998, selon l’INSEE, un tiers seulement des pensions alimentaires étaient régulièrement et entièrement versées. On ne s’étonnera pas de découvrir que la précarité et la pauvreté laborieuse ont un visage massivement féminin.

"Le cumul des handicaps féminins, fait remarquer Michèle Ferrand, paraît frappé d’une sorte d’invisibilité sociale (4). Il est toutefois un peu gênant que cet aveuglement devant les inégalités touche aussi l’institution officiellement chargée d’y remédier.

Notes

1. Voir sur le site de l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) : "Les familles monoparentales, des difficultés à travailler et à se loger", ou, sur le site du ministère de la Santé, le document "Les familles monoparentales et leurs conditions de vie"(PDF).
2. La droite semble décidée à s’en prendre aux avantages destinés à contrebalancer la plus grande vulnérabilité économique des femmes, comme en témoigne l’amendement déposé par le sénateur UMP Philippe Marini, et adopté au Sénat le 8 décembre, qui prévoit de supprimer l’avantage fiscal accordé aux parents isolés même s’ils n’ont plus d’enfant à charge. Voir ici.
3. Michèle Ferrand, Féminin Masculin, La Découverte, Repères, Paris, 2004.
4. Ibid.

  • Source : Le Monde diplomatique, mercredi 24 décembre 2008.

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 24 décembre 2008



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  • Mona Chollet, Le Monde diplomatique



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  • L’égalité hommes-femmes selon la Halde
    (1/1) 11 janvier 2009 , par





  • L’égalité hommes-femmes selon la Halde
    11 janvier 2009 , par   [retour au début des forums]

    Refuser de voir à quel point la situation des mères et des pères est différente en regard du marché du travail et des responsabilités parentales, c’est le signe que le sexisme reste le racisme le plus banalisé et le mieux accepté, y compris par des organisations censées combattre les inégalités.

    Mais peut-on vraiment s’étonner de cette analyse de la Halde ? Les récentes décisions rendues par cette organisation sont exemplaires des dérives que prévoyait déjà Orwell dans son roman annonciateur 1984. Et en ce qui regarde les droits des femmes, la Halde semble aveugle ou aveuglée par un postmodernisme très à la mode dans certaines sphères intellectuelles. D’un côté, la Halde a demandé d’interdire l’étude des poèmes de Ronsard dont La rose, sous prétexte que le poème était sexiste… oubliant qu’il avait été écrit au XVe siècle. À ce compte, il faudrait censurer la Bible, le Coran, la Torah et pratiquement toute la littérature d’avant 1980… Mais d’un autre côté, en 2008, à une époque donc où le sexisme est interdit, la Halde a condamné une femme qui refusait d’accepter un symbole sexiste dans sa maison (Fanny Truchelut).


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