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jeudi 9 avril 2009 Thérèse Lamartine : Polytechnique, le roman
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Il s’agit, à travers les personnages, d’un réquisitoire passionné contre la majorité des hommes qui trouvent normaux les privilèges excessifs qui leur sont octroyés au détriment des droits les plus rudimentaires des femmes. De la dénonciation du sexisme rampant qui s’affirme au détour d’une discussion ou d’un menu destiné aux femmes qui ne comporte pas de prix. Du recours machiste à différentes formes d’intimidation comme le viol de domicile ou les manifestations courantes de pouvoir dont le but est de remettre les femmes à leur place avec indifférence, mépris ou violence. Il s’agit aussi de la quête d’un amour différent qui ne reposerait plus sur le pouvoir, la possession et la soumission aux règles de la suprématie masculine. Et, avant tout, d’un vibrant témoignage sur l’amitié entre femmes qui consiste à "s’épauler à chaque coup dur, s’applaudir lors des succès, se réconforter à tout moment." À construire un destin commun "sur une présence indéfectible et une acceptation inconditionnelle de l’autre" (p.126). Alors qu’elle attend devant l’École polytechnique, avec les familles des étudiantes, que les autorités policières donnent le nom des victimes, Renée-Pier tente de "soudoyer Dieu", d’où le titre du livre, en lui faisant miroiter promesse sur promesse de pénitence s’Il garde son amie vivante. Quand tombe le nom d’Émilie, elle conclura, comme tant d’autres avant elle, qu’Il n’existe pas et que la solution est à chercher ailleurs. Dans cette descente au cœur de la peine, dont l’aboutissement est incertain, la solitude volontaire semble le seul refuge fiable. Il lui faudra aller au bout de toutes les questions et du doute qui affleure parfois sur la capacité d’amitié et de solidarité des femmes ou sur un possible échec du féminisme : "Où nous sommes-nous trompées ?" Après deux ans de réclusion, Renée-Pier refait surface et se sent à nouveau capable d’ouvrir, pour deux, les bras à la vie, en toute confiance et conscience, déterminée à faire qu’Émilie et ses sœurs d’infortune ne soient pas mortes pour rien. Il faudrait citer plusieurs passages de cette exigeante quête de vérité : "Renée-Pier vivait prostrée ; elle n’arrivait pas à secouer sa frayeur paralysante" (p. 78). "Je n’ai pas de larmes, je n’ai pas de cris. Un gouffre en moi. Je ne sais comment je vais survivre" (p.96). "Que chaque homme et chaque femme se demandent s’ils ont agi, au cours de la journée qui s’achève, de manière à décourager la haine et ce qui pourrait y conduire" (p. 162). Élaine, une traductrice haïtienne, dont l’amitié et la perspicacité aideront Renée-Pier à remonter de l’enfer, évoque "l’immensité de la tragédie et l’intimité de la blessure" (p. 164) :
D’une écriture vive, parfois émouvante jusqu’aux larmes, non dénuée de poésie, qui s’étoffe au fil des pages, Thérèse Lamartine nous invite avec des mots justes à l’accompagner dans son questionnement dont l’enjeu est le sens même de la vie qui dépend en définitive de chacun et de chacune de nous. Notes 1. Thérèse Lamartine, Elles cinéastes ad lib 1895-1981, Montréal, Remue-ménage, 1985. Mis en ligne sur Sisyphe, le 9 avril 2009. |