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mercredi 18 novembre 2009 De l’urgence d’une charte de la laïcité
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Je savais que l’école publique pour filles Marguerite-De-Lajemmerais, qui est située dans ma circonscription de Rosemont et que j’ai visitée il y a quelques mois en compagnie du commissaire scolaire Jean-Denis Dufort, permet le port du voile islamique. Je l’avais constaté de mes yeux. Mais Le Devoir nous a appris vendredi dernier que le conseil d’établissement de l’école a décidé que le voile islamique ferait partie intégrante de l’uniforme officiel pour les élèves qui désirent (ou dont les parents le désirent) le porter. Mieux encore, le hidjab est offert avec le logo de l’école (ainsi qu’un polo à manches longues pour la gymnastique). On n’est pas obligé de le porter, mais si on le porte ce doit être le voile officiel de l’école... Quand mettrons-nous un terme à ces aberrations ? Que l’école Marguerite-De-Lajemmerais, une des rares écoles publiques pour filles seulement, attire une clientèle musulmane est une chose, mais que cet état de fait ouvre la porte à une institutionnalisation d’une division religieuse et que le port du voile soit normalisé par l’école, voilà un accommodement déraisonnable inadmissible. On sait combien la pression sur les jeunes filles musulmanes est forte pour qu’elles portent le voile. Si en plus ça fait partie de l’uniforme d’un établissement public, c’est une atteinte cautionnée, qu’on le veuille ou non, par l’État à l’intégrité et à la liberté de ces jeunes filles, ainsi qu’à toute notre société, que nous ne pouvons pas accepter. C’est banaliser encore une fois un symbole religieux de soumission et d’infériorisation de la femme, quoi qu’en disent tous les dévots d’un concept perverti de la tolérance, dont les femmes sont encore et toujours les victimes. Sur ce point, ma position personnelle est claire et je souhaite, ainsi que plusieurs de mes collègues, la faire inclure dans le programme du Parti québécois lors du congrès de 2011 : l’école, a fortiori l’école publique, est un lieu de rassemblement et non de division. Aucun signe ostentatoire d’appartenance religieuse ne doit y distinguer les élèves non plus que les enseignants. Alertée par la situation, la présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), Diane de Courcy, a déclaré que, pour 2010-2011, il n’y aura plus de signes distinctifs religieux à l’effigie d’une école ou d’une commission scolaire. Prenons acte, mais combien d’autres exemples comme celui de Marguerite-De-Lajemmerais ressurgiront ici et là si nous n’intervenons pas pour clarifier les choses ? Au pays libéral du mou et du flou, tout est permis. Le gouvernement Charest doit cesser de se fermer les yeux, il doit intervenir et proposer l’adoption d’une charte québécoise de la laïcité pour que cessent de tels égarements qui nous conduisent aux antipodes de l’intégration et de l’inclusion. Mais tout débat entourant le multiculturalisme tel que pratiqué par ce gouvernement déclenche une réaction allergique chez les libéraux de Jean Charest. Nous le constatons semaine après semaine à l’Assemblée nationale. Alors, « on patine », comme on dit ; dans le cas qui nous occupe, la ministre de l’Éducation du Loisir et du Sport, Michelle Courchesne, renvoie la balle dans la cour des commissions scolaires puis déclare que, après tout, c’est un choix du conseil d’établissement et que la laïcité, c’est un autre débat. Alors, que peut-on faire sinon laisser faire ? Telle est la belle devise de ce gouvernement libéral ! Il est plus que temps d’ouvrir courageusement le débat sur la laïcité, comme le demandent d’ailleurs plusieurs groupes de la société civile, et d’adopter une charte qui définisse les balises qui nous permettront de vivre ensemble harmonieusement et de construire, au-delà de nos différences, une société égalitaire et inclusive. Publié aussi dans Le Devoir, le 17 novembre 2009. Mis en ligne sur Sisyphe, le 18 novembre 2009 Note de Sisyphe Signez en ligne notre appel à l’Assemblée nationale pour une Charte de la laïcité au Québec. |