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vendredi 18 décembre 2009

La violence lesbophobe et ses conséquences

par Karol O’Brien, coordonnatrice du Centre de solidarité lesbienne






Écrits d'Élaine Audet



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Souvent on nous pose la question : « Quelle est la différence entre la violence conjugale chez les lesbiennes et celle chez les femmes hétérosexuelles ? » Au départ, les gestes de violence, qu’ils soient perpétrés par un homme ou par une femme, ont des conséquences toutes aussi graves. On parle de violence psychologique (insulter, mépriser…), verbale (menacer, crier…), physique (frapper, étouffer…), sexuelle (activités sexuelles non consenties, viol…) et économique (contrôler l’argent, priver l’autre de l’accès aux comptes de banques…). Par contre, chez les lesbiennes il existe une particularité que l’on nomme « violence homophobe ».

En voici quelques exemples :

Empêcher la victime de participer à des organismes gais et lesbiennes : En tant que lesbiennes, il est important à différents moments de notre vie de participer et de s’impliquer dans des organismes gais et lesbiennes. Cela nous permet de développer un sentiment d’appartenance et nous aide à poursuivre notre démarche d’acceptation.

Menacer de dévoiler le lesbianisme et mettre en péril la garde des enfants issus de relations hétérosexuelles : De plus en plus, les juges ne prennent plus en considération l’homosexualité comme motif pour retirer la garde des enfants à une mère lesbienne. Par contre, l’agresseure peut menacer de dévoiler le lesbianisme de la mère au père des enfants dans le but de maintenir le contrôle et le pouvoir sur cette dernière et faire du chantage, particulièrement dans les situations où le père essaie d’avoir la garde des enfants.

Menacer de dévoiler le lesbianisme aux parents et ami(e)s : Pour différentes raisons, on ne dévoile pas toujours notre orientation sexuelle. Le dévoilement peut mettre en jeu nos relations parfois tendues et fragiles avec les membres de notre famille ou de notre entourage, et nous priver ainsi d’un soutien important. Cette menace crée un stress énorme, la victime ne sachant jamais si ce dévoilement va se faire un jour et quelles en seront les conséquences.

Nommer l’abus comme mutuel ce qui est renforcé par les mythes hétérosexistes que les femmes ne violentent pas d’autres femmes : Il semble que les lesbiennes se défendent plus lorsqu’elles sont victimes de violence conjugale. Par contre, cette présomption a comme conséquence qu’on ne prend pas au sérieux la violence conjugale et même qu’on ignore la violence réelle qu’elles subissent.

Utiliser l’absence des droits légaux (famille, testament, propriétés, etc.) pour renforcer le pouvoir et le contrôle : Même si nous avons fait des avancées importantes au point de vue légal (union civile, mariage civil, lien de filiation), beaucoup de lesbiennes ne sont toujours pas protégées de ces droits. Par conséquent, les pertes matérielles peuvent être importantes. Ex. : l’agresseure qui expulse la victime de sa propre maison décide de vendre les biens appartenant à la victime. Nous avons entendu souvent des victimes nous dire qu’elles préfèrent tout abandonner que d’essayer d’aller en cour pour récupérer leurs biens.

Menacer de « outer » la victime à son travail : Quand un conjoint, un mari appelle plusieurs fois par jour au travail pour harceler, la femme peut, à la limite, aller voir son employeur et lui faire part de ses difficultés (en tout ou en partie) et demander que les appels ne lui soit plus transmis. Une lesbienne dans la même situation va rarement faire cette démarche. Soit parce qu’elle n’est pas « out » à son travail, soit parce qu’elle ne se sent pas en sécurité de le faire. Très souvent les lesbiennes laissent leur emploi plutôt que de faire cette démarche. Un changement de travail n’apporte que rarement la fin du harcèlement. Les conséquences d’un changement fréquent d’emploi sont entre autres la précarité et le manque de stabilité au niveau financier, ce qui maintient les lesbiennes dans une situation d’appauvrissement et de stress constant.

Rarement une lesbienne demande-t-elle de l’aide ou utilise-t-elle les services pour les victimes d’agression sexuelle. On regarde le viol comme étant un acte hétérosexuel : Autant nous avons de la difficulté à parler de la violence conjugale chez les lesbiennes, autant nous taisons totalement la violence sexuelle. Jamais il ne nous viendrait en tête qu’une femme peut agresser sexuellement une autre femme. Malheureusement, c’est une réalité. Comme le viol est considéré comme un acte hétérosexuel, les services pour les victimes d’agression sexuelle sont peu préparés à recevoir des lesbiennes. Ce qui fait que les lesbiennes continuent à subir cette violence en silence.

Comme nous le constatons, ces manifestations de la violence homophobe font en sorte que les lesbiennes demande rarement de l’aide, par peur soit que leur orientation sexuelle soit dévoilée, soit de ne pas être crues, de ne pas recevoir les services auxquels elles ont droit. Actuellement, nous travaillons avec différentes ressources pour qu’elles adaptent leur intervention afin de tenir compte de la réalité des lesbiennes.

Finalement, et nous ne le répéterons jamais assez, plus nous dénoncerons la violence conjugale dans notre communauté, plus il sera facile pour les lesbiennes victimes de cette violence de demander de l’aide et de se sentir soutenues.

  • Article publié dans la revue Femmes Entre Elles, Nos 29-30, août-septembre 2004, sous le titre « La violence homophobe et ses conséquences ». Un article toujours d’actualité.
    Centre de solidarité lesbienne
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  • Courriel.

    Mis en ligne sur Sisyphe, le 29 novembre 2009



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  • Karol O’Brien, coordonnatrice du Centre de solidarité lesbienne



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