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dimanche 21 février 2010 L’égalité durable - Mémoire déposé à la Commission parlementaire relative à la loi électorale
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Synthèse d’un mémoire déposé à la Commission parlementaire relative au projet de loi 78 Loi modifiant la Loi électorale concernant la représentation électorale et les règles de financement des partis politiques et modifiant d’autres dispositions législatives, Québec.
Tant que nous regarderons à la pièce les expressions de l’inégalité ; tant que nous y verrons les conséquences acceptables de la biologie et de la tradition ; tant que les médias crédibiliseront les personnes et les groupes qui sentent leurs prérogatives menacées par l’égalité ; tant que nous proposerons des solutions tranches de saucissons à ces expressions de l’inégalité ; dans notre société, la valeur d’égalité des sexes restera discutable et l’on continuera à institutionnaliser le concept de l’égalité à la carte. L’égalité à la carte, ce n’est pourtant pas ce que souhaite le Québec. Ni le gouvernement, ni les femmes, ni les hommes. En 2008, l’inscription de l’égalité dans le préambule de la Charte du Québec était un signal fort. Un signal fort qui mérite maintenant de s’ancrer dans toutes les pratiques, notamment dans celles régissant notre vie démocratique. Sur les traces du Collectif Féminisme et Démocratie Ce mémoire remet donc à l’ordre du jour les questions qui ont fait l’objet des 125 mémoires présentés à la Commission sur la réforme électorale en 2005. Sous la houlette du Collectif Féminisme et Démocratie, un énorme travail de réflexion et de mobilisation avait alors été fait dans tout le Québec pour bonifier les recommandations émises plus tôt par le gouvernement. Les demandes ciblaient notamment les partis. Non seulement sont-ils largement financés par les deniers publics, mais ils sont aussi, et surtout, les sas d’où émergent les candidates et candidats qui nous sont proposés, donc nos élus et élues ? En cet hiver 2010, je reprends donc mon bâton de pèlerine. Faire l’économie du sujet de l’égalité, sous prétexte d’une commission axée d’abord sur le financement des partis politiques, reviendrait à occulter l’un des volets prioritaires de l’agenda démocratique mondial de ce 3e millénaire (1). Quant à la tentation de repousser encore l’étude de la question, ou de nier son importance, elle confirmerait le retard que le Québec est en train de prendre sur l’échiquier mondial de la gouvernance égalitaire. L’occasion d’aborder la question de l’égalité en la liant aux préoccupations démocratiques du Québec ne se représentera peut-être pas avant plusieurs années. Plus d’actualité que jamais… Comme plusieurs Québécoises, je suis souvent invitée à l’étranger pour présenter notre vision de l’égalité politique des femmes et les actions menées en ces sens sur différents terrains. En effet, le Québec est perçu comme avant-gardiste en ce qui a trait à la présence des femmes en politique. Cette réputation est toutefois de moins en moins fondée et, en 2010, le Québec n’est plus dans le peloton de tête quant à la présence des femmes au sein des instances élues. Alors qu’en 1998, avec 23% de femmes à l’Assemblée nationale, le Québec (s’il avait figuré au palmarès de l’Union interparlementaire) se serait situé dans les douze premières assemblées en regard de la place des femmes, en 2010, 26 parlements dans le monde le dépassent. Derrière les avancées spectaculaires réalisées depuis dix ans dans un grand nombre de pays sur les cinq continents, se trouvent les efforts, la créativité et la volonté politique de gouvernements nationaux et d’organisations supranationales. Un récent communiqué de l’Union interparlementaire indique que tous les pays leaders en ce domaine se sont donné des moyens favorisant l’engagement des femmes en politique (mode de scrutin proportionnel ou mixte, quotas ou lois et mesures spécifiques – réglementaires, incitatives, coercitives, financières ou autres). Bien sûr, le Québec s’est, depuis 1999, donné lui aussi certains moyens forts pertinents favorisant l’implication politique des femmes. Associant des instances gouvernementales, des groupes de femmes, des militantes de partis, des élu-e-s et certaines institutions universitaires, des réalisations inédites ont marqué notre paysage politique. En dépit de l’absence de toute règle formelle ou mesure officielle balisant l’accroissement des candidatures féminines, la mobilisation des milieux communautaires, locaux et régionaux a été impressionnante. Résultat : si le nombre de femmes candidates et élues s’est légèrement accru lors de la plupart des élections depuis dix ans, c’est surtout en regard de la motivation et de la confiance des femmes en leur potentiel politique que les principaux progrès ont été accomplis. La nomination par le Premier ministre Jean Charest de cabinets paritaires, en 2007 et en 2008, en démontrant une évidente volonté politique au plus haut niveau, a également inspiré bon nombre d’entre nous. Toutefois, malgré l’ampleur des énergies déployées, malgré certains gestes courageux de personnalités politiques, depuis quelques années, les avancées quantitatives sont minimes et certains reculs ont même été notés. Devant ces constats, il faut convenir que sans l’affirmation officielle de la nécessité de l’égalité aux postes de pouvoir, sans la mise en œuvre d’efforts concertés pour y arriver et sans l’adoption de règles associant activement les partis politiques, le Québec continuera à stagner en deçà du 30 % de femmes élues à tous les paliers. J’ai la certitude que ce n’est pas ce que veut le gouvernement du Québec, ni ce que veut la population (2). Mon mémoire met en lumière un projet susceptible d’amener le Québec à rejoindre les États avant-gardistes de la planète et, si possible, de les devancer. Le Québec prolongerait ainsi au niveau de son modus vivendi démocratique les actions menées depuis cinquante ans par ses différents gouvernements, notamment en matière d’égalité juridique. La mixité égalitaire Ce mémoire propose ainsi que la notion de mixité égalitaire (zone 40-60) soit inscrite dans les fondements démocratiques et électoraux du Québec ; que des règles assurant la concrétisation de cette répartition du pouvoir entre les femmes et les hommes soient adoptées. Ce faisant, le Québec : Enfin, au-delà du principe de l’égalité hommes-femmes, il y a fort à parier qu’un meilleur équilibre des genres à tous les postes décisionnels aura des répercussions positives sur l’ensemble des dossiers politiques, économiques et sociaux. Pour assurer la mise en oeuvre de l’égalité politique des femmes et des hommes dans notre société, les partis sont donc incontournables. Étant financés par les deniers publics et la population elle-même, non seulement doivent-ils être associés à l’adoption du principe de la mixité égalitaire, mais il leur revient d’agir comme courroie d’application de cette égalité qui, il faut bien l’admettre, ne s’atteindra pas sans décision politique. Enfin, faut-il le rappeler, tout comme le principe de la division géographique du pouvoir (4) n’est pas remis en cause, j’ai la certitude que la répartition du pouvoir entre les femmes et les hommes prendra, au Québec comme ailleurs, racines et qu’elle s’affirmera comme une norme inéluctable de la justice citoyenne et démocratique. La réappropriation du politique par les citoyens et citoyennes Par ailleurs, la recherche de l’égalité des femmes et des hommes face au pouvoir politique ne peut faire oublier l’urgence de réanimer l’engagement citoyen dans notre société. Le désengagement démocratique actuel se manifeste par le faible taux de votation, mais aussi par la diminution du nombre des personnes membres des partis et par le peu de soutien financier des individus à la vie de ces partis. On peut voir dans ce désengagement tous azimuts des citoyens et citoyennes les conséquences d’une gestion démocratique qui semble éminemment subordonnée au(x) pouvoir(s) des partis. On ne s’étonne plus que des Québécois et des Québécoises, pensant que l’État est d’abord la propriété des partis, se désintéressent de la chose publique. Sauf lorsque l’actualité politique soulève leur indignation, leur préoccupation n’est souvent liée qu’aux services directs qu’ils en retirent et aux coûts qu’ils en assument. Toutefois, dans le même temps, on reconnaît la motivation croissante des citoyens et des citoyennes pour la protection de l’environnement, un créneau pourtant largement tributaire de nos choix politiques. Étonnamment, dans notre société, on semble trouver normal de dissocier les valeurs écologiques et démocratiques. Comme si les unes pouvaient remplacer les autres. Comme si, militer et agir pour la sauvegarde de la planète dispensait d’aller voter. L’urgence de la réappropriation du politique par les citoyens et les citoyennes est donc une nécessité. Le financement des partis par les électeurs et les électrices est un élément important de cette réappropriation. Il est aussi, sans doute, un élément clé du désamorçage du cynisme politique. En analysant le financement des principaux partis du Québec, on constate en effet que si les montants recueillis n’ont pas diminué au cours des dernières années, par contre, le nombre de donateurs a largement chuté. Ce n’est un secret pour personne qu’une bonne partie des dons importants (jusqu’à 3000$) sont liés à des intérêts corporatifs. Il convient donc de revenir à l’esprit de la loi promulguée par René Lévesque en 1977 en limitant le financement des partis à la contribution populaire et en incitant les citoyens et citoyennes à s’associer aux partis politiques. Un fonds citoyen Il n’existe pas de solution simple à cet égard, mais je propose la création d’un Fonds citoyen d’engagement démocratique (FCED), qui pourrait être lié à la déclaration de revenus annuelle des Québécois et des Québécoises. Chacun pourrait, sur son formulaire de déclaration de revenus, concrétiser son engagement démocratique en faisant librement un don qui serait dès lors assorti d’un crédit d’impôt. Ainsi, le contribuable attribuera son don, selon sa volonté, à un parti spécifique, à plusieurs partis ou à une Fondation qui redistribuera les sommes aux partis en présence (suivant une règle à définir). L’informatisation des formulaires fiscaux simplifiera l’opération alors que la confidentialité des services fiscaux sera assurée. Parmi d’autres avantages d’une telle formule : En rappelant sa responsabilité au citoyen et à la citoyenne, en en profitant du véhicule incontournable du rapport d’impôt, le FCED favorisera une équité plus grande entre les partis, notamment ceux qui sont en émergence. Enfin, on peut penser que la formule du FCED, en diminuant la pression mise sur les candidats et candidates de certains partis à trouver d’imposantes sommes, risque de favoriser l’engagement de nouvelles personnes issues de milieux différents.
Notes 1. L’égalité, H-F, notamment aux instances élues, est le 3e Objectif du Millénaire pour le Développement de ONU. 2. Sondage du 18 juillet 2009. Un sondage révèle que la vaste majorité de Canadiens et Canadiennes veulent voir plus de femmes élues au Canada. Le sondage mené par Environics Research Group et publié par À voix égales montre que 85% des Canadiens et Canadiennes soutiennent « les efforts pour accroître le nombre de femmes élues dans ce pays ». Seulement 11% s’opposent à ces efforts. 3. La Presse canadienne, 18 janvier 2010. L’exemple de la profession médicale est éloquent. Alors qu’en 1978, il n’y avait que 8 % de femmes médecins au Québec, en 2010, 70 % des étudiants inscrits dans les facultés de médecine sont des femmes. L’éventualité d’instaurer des mesures de discrimination positive en faveur des hommes est maintenant à l’ordre du jour. 4. Les circonscriptions, les ministres régionaux, etc. 5. Tous les partis provinciaux, fédéraux et municipaux s’en sont déjà prévalus en y envoyant des aspirantes candidates. 6. De ces participantes, plus de la moitié ont brigué un poste à différents paliers (investiture, élections municipales, provinciales et fédérales). Près de 80 sont désormais élues. Mis en ligne sur Sisyphe, le 10 février 2010 |