Le féminisme est né bien avant 1960. Bien sûr. Mais on peut croire que celui-ci s’est plus fortement affirmé depuis les années 60 avec la contraception. Cinquante ans que les femmes ont un peu plus le contrôle de leur corps ! Et encore ! On oublie si vite…
Maux de tête, (ciel, on en a eu bien avant 1960 !)
Maux de ventre (des événements extrêmement malheureux ont remué toutes nos entrailles ; on n’a pas besoin de les détailler : tous les meurtres de femmes, des conjointes, ceux des enfants).
Grande lassitude, (On se bat pour gagner des droits, pour arriver à l’équité entre hommes et femmes et on doit recommencer tout le temps).
Des chaleurs, (avec certains gouvernements, si on n’en a pas, c’est qu’on est mortes).
Des colères, (oui, il faut parfois se mettre en colère, hurler avec les loups pour se faire entendre et être respectées).
Oui, plusieurs gains de poids aussi :
Pensions alimentaires retenues à la source du salaire
Politique sur le harcèlement sexuel et psychologique
Équité salariale (en cours)
Droit à l’avortement (encore menacé)
Quelques femmes ministres ( encore pas suffisamment)
Des femmes chefs de parti ( on continue)
Plusieurs jeunes hommes collaborent au travail de la maison et assument très bien leur responsabilité parentale.
Et d’autres gains encore.
Quelques rides cependant,
Pas encore 50% des femmes dans les représentations gouvernementales. Le pouvoir est là.
Le droit à l’avortement est régulièrement contesté.
Les groupes féministes ont subi plusieurs coupures dans les subventions…(organismes communautaires, condition féminine Canada, différents programmes s’adressant aux femmes).
Les féministes de la première heure ont fait des enfants qui s’identifient plus difficilement à cette idéologie. La conscientisation connaît des embûches. Les jeunes femmes croient que tout a été fait et que l’égalité est acquise.
Erreur ! Grave erreur ! Lentement, mais sûrement, nous nous éloignons du but. Il faut demeurer alertes, vigilantes, informées, conscientes. Le retour en arrière est interdit. Il faut éduquer, instruire, marteler le message que les femmes et les hommes ont les mêmes droits.
L’hypersexualisation, la surconsommation, entre autres, entravent le mouvement vers l’égalité des sexes. On veut être belles, on adule les mannequins, les vedettes. On veut être minces, bronzées, maquillées, sexy.
On veut être une bonne mère, une bonne conjointe, une bonne collaboratrice. On veut réussir sa carrière. On n’arrive pas à tout faire parfaitement alors, forcément, on se culpabilise. Et le cycle de l’inéquité recommence.
Mais comme il y a toujours des femmes voilées, excisées, des jeunes filles vendues, offertes dans des mariages arrangés, des femmes forcées de se prostituer, harcelées, exploitées, violées, tuées, victimes de crimes d’ « honneur », comme il y a toujours des publicités sexistes (surtout celles de certaines marques de bière), le féminisme va continuer à lutter pour que les hommes et les femmes naissent égaux pour le bien de l’Humanité.
Non, le féminisme ne mourra pas ; il se transformera, s’adaptera et améliorera la vie des femmes tout comme celle des hommes. J’ai confiance.
« Tant qu’une seule femme sur la planète subira les effets du sexisme, la lutte des femmes sera légitime, et le féminisme nécessaire. » Isabelle Alonso.
« Tous les hommes sont égaux, même les femmes. » Isabelle Alonso
De quoi célébrer !
Féministement vôtre, même en 2010,
Michèle Bourgon, Gatineau
Mis en ligne sur Sisyphe, le 3 mars 2010