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mardi 30 novembre 2010

La prostitution menace le patrimoine humain

par Wassyla Tamzali, avocate et directrice du Collectif Maghreb Égalité






Écrits d'Élaine Audet



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En mai 2000, avec plusieurs partenaires dont l’UNESCO, la Fondation Scelles a organisé un colloque sur la prostitution qui avait pour thème « Le Peuple de l’Âbime. La prostitution aujourd’hui ». Sous la direction du groupe Act-up, des personnes du milieu de la prostitution ont pris le micro à l’ouverture du colloque en dénonçant les discours des participants-es qui ne s’étaient pas encore exprimé-es. Ils ont lancé des accusations contre ceux et celles qui avaient organisé la rencontre, lui reprochant de ne pas orienter l’événement dans le sens de leur prétention, à savoir la reconnaissance de la prostitution comme un travail ordinaire, en niant aux personnes non prostituées le droit de parler de prostitution. Wassyla Tamzali, alors directrice à l’UNESCO du programme pour la promotion de la condition de la femme dans la région méditerranéenne, a été l’une des premières à prendre la parole. Elle a regretté que les manifestant-es, qui disent ne pas être écouté-es, soient sorti-es sans attendre que les participants et les participantes au colloque leur répondent. Elle a répondu à aux arguments habituels destinés à faire taire les femmes et les hommes qui voient dans la prostitution, non pas un métier, mais un danger pour le patrimoine humain. Elle exhorte les États et les institutions internationales de défense des droits humains, comme les Nations Unies, à prendre conscience de ce danger et à agir pour le combattre. Wassyla Tamzali a autorisé la publication de son allocution et le titre que nous lui avons suggéré. (Sisyphe)

_____________________________


J’avais préparé un texte sur l’éthique et la prostitution, j’y reviendrai plus tard. Ce qui s’est passé dans cette salle m’a bouleversée et mise en cause. Je veux réagir immédiatement à ce qui s’est déroulé sous nos yeux, à ce qui a été dit et répondre aux questions qui s’imposent à nous et que nous ne pouvons éluder plus longtemps dès lors que les personnes, qui se sont emparées de la parole, sont sorties de la salle sans écouter ce que nous avions à dire. Faisant cela elles exprimaient brutalement, et sans appel, le rejet de ce que nous sommes, des hommes et des femmes venus écouter, comprendre, trouver ensemble les moyens de faire cesser la prostitution ou tout au moins exprimer notre désir d’un monde sans prostitution, et avant tout dire notre solidarité avec le peuple de l’abîme qu’est le peuple des femmes et hommes prostitués. Je vous demandais, et je me demandais ce que signifiait le rejet et également cette violence de ceux et de celles, du moins ils se présentent ainsi, pour qui nous sommes réunis ici et pour lesquels certains d’entre nous menons une lutte depuis tant d’années, la violence et le rejet des femmes et des hommes prostitués. Ils nous obligent, avant toute chose à dire très clairement au nom de quoi et de qui nous parlons.

En sortant de la salle sans écouter ce que nous avions à répondre à leurs accusations, à leurs revendications, les manifestants ont voulu très ostensiblement nous signifier que nous n’avions pas le droit de parler de la prostitution, ni au nom des prostitués. Aussi, avant d’aborder la cause ou les raisons profondes qui justifient la violence de cette manifestation conduite par Act-Up, nous devons dissiper le malaise qui pourrait s’être installé dans la salle après la prise de parole de celles et ceux qui étant prostitués, ou se revendiquant devant nous comme tels, prétendent avoir le droit exclusif de parler de la prostitution, et entendent retirer aux autres, c’est à dire grosso modo, la presque totalité des intervenants et des occupants de la salle, et moi la première, la possibilité d’exprimer un point de vue sur ce sujet.

Faut-il être prostitué-e pour parler de l’exploitation sexuelle des êtres humains et de sa forme radicale, la prostitution sous toutes ses formes, dites libres ou forcées ? Ai-je le droit de m’exprimer à partir de ma pratique de fonctionnaire internationale au service de l’amélioration de la condition des femmes dans le monde ? Quel rapport a ceci avec cela ? Ai-je le droit de parler du trafic des êtres humains, des femmes et des enfants quand le sort de ce trafic dépend en bonne partie des décisions qui sont prises, qui seront prises, qui devraient être prises par la communauté internationale et l’Union européenne sur le crime organisé et ses structures transnationales ?

Ai-je le droit de rapporter ici le long et difficile calvaire des femmes et des enfants écoutés, secourus, recueillis, aidés, accompagnés par les associations, qui depuis le combat de Joséphine Butler à la fin du XIX° siècle, arpentent sans relâche les trottoirs de nos villes, et avec qui nous avons entrepris dès 1975 le travail difficile de conscientiser les femmes et les hommes, et les décideurs politiques sur la violation criante, en plein coeur des pays, même et surtout les plus démocratisés, de la dignité humaine et des droits fondamentaux partout où on renonçait à éradiquer la prostitution ? Peut-on accepter que la prostitution de certaines femmes ne concerne que celles-ci quand on sait combien sont déterminantes pour la condition de toutes les femmes, pour le rapport entre femmes et hommes, pour les petites filles, les images que charrient la prostitution, la pornographie et tout ce qui concerne la femme, la féminité, mais aussi l’homme et la masculinité et le rapport sexuel des femmes et des hommes ? Peut-on se désintéresser de l’étalage des corps humains nus, déformés parfois par la science biologique et chirurgicale, travestis et livrés à la sexualité prédatrice des hommes, au coeur des villes, dans les bois les entourant, et des effets que tout ceci peut avoir sur la violence sexuelle contre les femmes et les enfants ? Qu’est-ce qui pourrait aider les esprits fragiles à mettre des limites là où la société n’en met pas ?

Sachant tout cela, peut-on encore dire que seuls les prostitués sont concernés par la prostitution ? La prostitution intéresse non seulement les femmes prostituées et ceux qui luttent contre le sida, de plus en plus nombreux à prendre la parole au non des victimes de la prostitution, mais également les hommes et les femmes qui doivent dire quel monde ils souhaitent pour demain. Un monde avec ou sans prostitution ?

Oui, la prostitution est l’affaire de toutes les citoyennes et tous les citoyens. Elle est au centre du travail que nous effectuons au niveau international pour la econnaissance de la dignité des femmes et le respect des droits fondamentaux. Ce problème me concerne, vous concerne et ce que nous avons entendu ici ne fait que justifier, une fois encore, la nécessité de nous rencontrer pour dire ce que nous pensons de la prostitution, ce que nous attendons des pouvoirs publics pour agir contre son développement et son aggravation.

Ce que nous avons entendu de la salle et de la tribune, des hommes et des femmes révélant, sous la violence de leurs propos, une grande solitude, un grand désarroi, nous rappelle, si nous l’avions oublié, que ce dont nous parlons aujourd’hui c’est d’hommes et de femmes et d’enfants. Nous ne devons jamais oublier que ce qui est en débat ici c’est la souffrance de femmes et d’enfants, - les prostituées sont de plus en plus jeunes -, que la prostitution dans le monde est un phénomène massif et dramatique et qui touche en grand nombre des enfants dans des contrées entières, qu’elle conduit à la mort, presque toujours, la fillette ou le petit garçon qui y est condamné. La prostitution est la mort programmée pour des milliers d’enfants des deux sexes. Et la mort de l’âme pour beaucoup plus encore. Nous savons cela aujourd’hui grâce aux médias qui ramènent jusqu’à nous ce qui se passe dans des terres lointaines. Ce qui se passe dans ces « ailleurs » est peut-être caricatural de ce fléau que représente la prostitution, mais ne nous y trompons pas, tout ce qui conspire à banaliser dans les pays dits occidentaux et démocratiques, c’est la même chose que ce qui se passe dans ces pays, la même indignité, les mêmes souffrances.

Ce qui nous effraie là-bas, certains au moins, c’est l’expression nue et sans fard d’une pratique qui ne connaît aucune limite. Dans certains pays de l’Asie du Sud–Es - et en Afrique aussi, commence-t-on à entendre -, un nombre de plus en plus important d’enfants des deux sexes sont livrés à la prostitution dans des formes qui confinent au barbarisme. Sur ce fléau qui dévaste les pays pauvres, qui met en péril tous les jours davantage, des petites filles et des petits garçons, sur la massification de l’exploitation sexuelle de personnes, la spécialisation de quartiers entiers, voire de villes, sur la spécialisation de plus en plus pointue de voyages touristiques, spécialisation par prestations sexuelles, ne pouvons-nous pas penser que l’origine de la persistance et l’extension continue de ce mal absolu vient de nos hésitations, de notre irrésolution à condamner la pratique dans son essence ? Que font les pouvoirs publics, que font les instances internationales, de quoi devrait-on parler dans les enceintes internationales à New York, à Genève, à Bruxelles ?

Alors qu’on comprend si bien les enjeux internationaux du commerce et de l’alimentaire, ne peut-on voir que la prostitution, là où elle se pratique, nous met en péril, là où nous nous trouvons ? Les destins des baleines, de l’ours blanc, sont-ils les seules perspectives qui nous préoccupent ? A quoi serviraient toutes ces énormes machines que sont les organes du Système international, de l’Union européenne, s’il n’y a pas une volonté ferme et résolue à faire respecter le premier des termes que nous avons retenus pour rendre la vie en commun possible, pour dialoguer avec un minimum d’entendement : tous les hommes sont nés libres et égaux, et la dignité humaine est le patrimoine que nous partageons et dont nous avons la garde.

Peut-on penser qu’il n’y a rien à faire et qu’il faut accepter cette situation ? Doit-on faire taire la peur et l’indignation qui nous prennent devant ces êtres sacrifiés et ces pratiques qui remettent en question l’idée que nous nous faisons de la dignité humaine ? Devons-nous accepter que le corps humain soit mis dans le domaine des échanges commerciaux ? Peut-on, enfin, accepter que jusqu’au coeur des institutions, des États, - ceux qui légalisent la traite ou la prostitution -, du système des Nations Unies, des médias, soit tenu un discours dans lequel la prostitution et l’industrie du sexe sont présentées comme une alternative aux problèmes économiques, voire un chemin vers le développement ? Cette tendance de plus en plus forte, de plus en plus menaçante trouve sa meilleure expression dans un rapport de 1998 de l’Organisation Mondiale du Travail dont la lecture vous expliquera mieux qu’un long discours la gravité de notre débat et son urgence. Un texte qui vous donnera la mesure des dérives qui mettent en péril la base même du système mis en place par la communauté internationale pour assurer le respect de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et de la Convention des Nations Unies de 1949 sur la traite des êtres humains, qui est une mise en application de la Déclaration sur les questions concernant la prostitution. Je cite :

« Le ’travail du sexe’ a pris les dimensions d’une industrie et a contribué de façon considérable, directement ou indirectement à l’emploi, au revenu national et à la croissance économique. En Asie du Sud-Est, l’industrie du sexe prostitue entre 0,25 à 1,5% de la population totale des femmes d’Indonésie, de Malaisie, des Philippines et de Thaïlande et compte entre 2% et 40% du produit national brut. En Thaïlande, la prostitution reste l’activité illégale la plus importante, bien plus que le trafic de drogue, le trafic d’armes, la contrebande de pétrole, le trafic du travail humain et le jeu. Ces bases économiques soulignent l’importance du secteur du sexe dans les économies des pays de l’Asie du Sud-Est. C’est pourquoi la question politique ne peut être abordée uniquement sous l’angle du bien-être individuel des prostituées, cela vaut la peine de considérer que la possibilité d’une reconnaissance officielle serait extrêmement utile afin d’élargir le filet fiscal et couvrir ainsi nombre d’activités lucratives qui y sont liées ».

Ce rapport édité en anglais sous le titre de « Sex-Sector : economic and social bases of prostitution in South-East-Asia », sous la direction de Lin Lean Lim (1998.ISBN 92.2.109522.3), a reçu le Nike Award 1998, a fait l’objet d’une large campagne de promotion du Bureau International du Travail. Ceci méritait d’être dit et souligné. Ceci est d’autant plus inattendu que ce rapport va à l’encontre d’une convention internationale adoptée par les Nations Unies et ratifiée par 56 pays membres, la Convention de 1949. Peut-on dire que la cohésion du système est en jeu ? Je dirais simplement que de tels faits montrent que les acteurs de la vie internationale, les nationaux et les internationaux attachent peu d’importance, ou une importance superficielle, à ce problème et qu’ils ne mesurent pas les conséquences de leur laxisme. Vous comprenez pourquoi, en vous accueillant, je vous disais qu’il était important que nous nous réunissions dans la Maison de l’UNESCO, et que nous prenions le problème à sa racine.

J’éprouve, à la lecture de ce rapport, de l’indignation de voir que l’on parle ainsi de femmes et d’enfants qui sont livrés sans limites aux pulsions sexuelles les plus archaïques contre quelques billets en papier, un sentiment très fort d’assister à une transgression. Sentiment physique, comparable à celui que j’ai ressenti la fois où, dans le désert de Mauritanie, je réalisais que la jeune fille fragile qui me servait depuis quelques jours était une esclave. Pour la première fois, je voyais une esclave. Un long frisson me parcourut le dos. L’interdiction de l’esclavage est devenue forte, elle avait pris sa place auprès des tabous fondateurs. J’ai réalisé que c’était le seul moyen d’éradiquer la prostitution : faire de la vente d’une part du corps humain un tabou au même titre que la vente du corps dans sa totalité. Faire accepter par nos sociétés que la vente des sexes transgresse l’acceptable au même titre que l’esclavage et l’inceste. C’est un long chemin, mais dont l’issue ne peut être envisagée, même à long terme, très long terme, que s’il est pris dès aujourd’hui dans le bon sens. Il ne s’agit pas d’interdiction juridique qui nous rapprocherait dangereusement du système prohibitionniste, le pire pour les femmes prostituées, mais d’un interdit moral.

Indignation et peur. Peur devant la défaite possible, en cette fin de siècle, de la pensée si précieuse qui a pris naissance au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Nous sortions abasourdis, couverts des cendres de la civilisation occidentale, pas uniquement à cause de la guerre, mais, comme si la guerre n’était pas suffisante, par le crime odieux qui avait été perpétré contre les juifs et contre d’autres groupes humains. Il y a eu alors un sursaut des hommes et des femmes, des politiques. Ils ont créé l’Organisation des Nations Unies sur deux mots : « Tous les êtres sont nés libres et égaux », deux mots qu’ils se sont promis, jurés, de défendre et de porter jusqu’au bout. Mais aujourd’hui, jusqu’à l’intérieur du système né de cette prise de conscience, nous assistons à un affaiblissement des principes qui ont régi la communauté. Affaiblissement, reniement parfois, comme on l’a vu à la lecture du rapport du Bureau International du Travail. Les horreurs du génocide perpétré contre des humains, les transgressions commises par certains chercheurs sur le corps humain se sont-elles à ce point dissipées pour que, de nouveau, ceux qui prennent à la légère le concept d’espèce humaine relèvent la tête et cherchent de-ci de-là où ils pourraient étendre les filets de la rentabilité. Les sexes, les femmes, les hommes, les organes, les utérus… Que reste-t-il à vendre ?

Il s’agit bien de reniement, et non comme on voudrait nous le faire croire d’une réponse raisonnable à une situation existante. Peut-on oublier que les droits de l’Homme ont été conquis sur les situations existantes, contre les situations existantes ? Il s’agirait, à entendre les rumeurs qui s’amplifient et les sarcasmes, d’un face à face entre les réalistes efficaces, répondant aux besoins des prostitués et de la société et les utopiques méconnaissant la réalité, moralistes et appartenant à une époque révolue, nous dit l’air du temps. Nous répondons très haut qu’il s’agit ici de l’opposition irréductible entre ceux qui ont renoncé à vouloir un monde meilleur pour eux et pour les autres et ceux qui continuent à croire que le monde n’est pas ce qu’il est, mais ce qu’il devrait être, et que sa raison d’être est tout entière dans ce devenir. Dialogue impossible avec d’un côté ceux qui acceptent la supériorité du marché sur les valeurs humaines, ceux qui acceptent que nos êtres, notre pensée, nos ambitions soient évalués à l’aune de leur valeur marchande, qui disent qu’il faut prendre le monde tel qu’il est et faire avec… avec la drogue … avec la prostitution. Et de l’autre côté ceux qui n’acceptent pas le monde tel qu’il est, qui refusent de baisser les bras. Il n’y a rien de bien nouveau dans ce refus. Les défenseurs des droits de l’Homme savent que les droits de l’Homme se conquièrent contre la réalité des choses.

Quand je parle de peur, il ne s’agit pas d’un trop plein de sensibilité ni d’une vision outragée du monde et des personnes. Il ne s’agit pas non plus d’un point de vue culturel, moraliste, sectaire, partisan, serait-il féministe. Ce qui est en question dépasse « ma » sensibilité, « ma » vision du monde, « mon » point de vue, « ma » morale. Ici il s’agit de dire quelles sont les normes que nous acceptons pour mettre en sécurité la plus précieuse des richesses, notre patrimoine humain. Il s’agit de dire les limites qui fixent ce qui est possible et ce qui ne l’est pas, ce qui met en péril l’espèce humaine. En un mot, que cela plaise ou non, que cela soit difficile ou pas, que cela soit à la mode ou pas, il s’agit d’accepter de refonder sur l’éthique notre position vis-à-vis de la prostitution et de s’engager, dans ce domaine complexe qui se situe dans le champ de la sexualité, à préserver, protéger ici aussi l’intégrité humaine, patrimoine contre « la liberté » des hommes, l’intelligence et la passion de savoir là-bas, le lucre ici. Il s’agit de dire si, oui ou non, il y a péril dans la pratique de la vente des sexes humains. Ceci se fait déjà couramment dans un grand nombre de pays. Les comités d’éthique, installés pour « contrôler » la recherche scientifique, pourraient servir de modèles et rendre moins farouche l’opinion publique vis-à-vis de cette démarche.

La prostitution n’est pas une alternative à la pauvreté

Pour comprendre la nécessité dans laquelle nous nous trouvons, et engager la réflexion qui nous permette de saisir le problème qui nous réunit ici dans toute sa signification, il nous faut dépasser le pathos dans lequel trop souvent les récits sur ce fléau nous plongent, et surtout sortir du marasme dans lequel les tenants de la reconnaissance de la prostitution comme métier, et de la dépénalisation du trafic, nous entraînent. Ils veulent nous pousser à accepter la prostitution comme alternative à la misère, la pauvreté, ils veulent nous faire admettre que la prostitution des femmes peut rendre des services à la société, ils vont jusqu’à parler de services sexuels rendus à des handicapés. Ils nous disent qu’il faut accepter la prostitution puisqu’elle existe depuis toujours, et qu’en l’acceptant, on vient en aide aux prostituées, on leur redonne leur dignité, des droits sociaux et syndicaux. Ils nous disent encore qu’il ne faut pas confondre la prostitution des femmes et celles des enfants, celles des femmes du tiers-monde qui sont victimes de trafic, et les autres, les femmes adultes qui choisissent librement de se prostituer. Ils nous disent enfin que le trafic doit être considéré un commerce comme un autre, car il peut être pratiqué sans violence et avec le consentement de la personne « trafiquée », et à son bénéfice.

Tous ces arguments sont un tissu de mensonges. Depuis une dizaine d’années, nous les voyons, les entendons dans les conférences les plus importantes, les plus officielles, nous les voyons s’agiter dans les couloirs des rencontres internationales. Ils font de la désinformation et réussissent parfois à convaincre, parce que leur auditoire, quand il n’est pas partie prenante, est un auditoire pressé, ne se sentant pas concerné, ou que se sentant concerné, cet auditoire éprouve une certaine mauvaise conscience et avoue être dépassé par l’énormité du phénomène. De guerre lasse, il se laisse convaincre et renonce. Sa conviction est tiède, ambiguë.

Ce marasme dans lequel nous plonge cette pratique, dont de jour en jour nous apprenons à connaître les aspects monstrueux, cette pratique qui se banalise tellement elle est présente dans nos rues, nos parcs, nos hebdomadaires, notre petit écran, et les grands, ce marasme se transforme, comme aujourd’hui, en désarroi quand devant nous, en chair et en os, des hommes et des femmes prostitués viennent revendiquer le droit d’être ce qu’ils sont, et réclament que nous les considérions comme des « travailleurs du sexe ». Ils n’ont pas, nous l’avons vu, la ferme et froide détermination des représentants des organisations non gouvernementales qui se sont établies au niveau international – avec des moyens financiers énormes-, pour la défense de la reconnaissance de la prostitution comme métier. Ils n’ont pas non plus le discours articulé et socio-psychanalysant de ceux - et celles - qui, de la marginalité dans laquelle ils choisissent de s’installer ou dans laquelle ils sont pris, défendent, à travers eux, la liberté de toutes les formes de la vie sexuelle. Ils crient. Ils crient de l’abîme. S’ils crient devant vous, c’est parce qu’ils sont sortis de l’abîme, ce sont des survivants. Ils nous disent leur haine et leur mépris pour tout ce que nous représentons à leurs yeux. Ils sont les survivants d’un système que la société, que toutes les sociétés, jusqu’à la société des Nations, confortent, un système que la morale bourgeoise, comme nous l’avons dénoncé dès les années 80, lors de la réunion d’experts internationale organisée par l’UNESCO à Madrid, a scrupuleusement entretenu depuis des siècles, un système basé sur la condamnation à vie d’une catégorie de femmes et d’enfants.

Ils et elles réclament haut et fort le droit d’être prostitués. Leur avons-nous laissé le choix ? Ces femmes et ces hommes qui revendiquent devant vous le droit de se prostituer, qui réclament que vous leur reconnaissiez la dignité ou tout au moins que vous cessiez de les condamner, qui vous demandent d’accepter les prostitués comme vous acceptez la prostitution, que font-ils d’autre que de répondre à ce que nous leur disons sur tous les tons, dans toutes les langues sur la vente des sexes ? C’est parce qu’ils savent déjà que nous acceptons la prostitution qu’ils réclament le droit de sortir du purgatoire auquel nous les avons condamnés. Ils nous haïssent sans doute d’avoir rendu possible par mille tiédeurs, mille renoncements, mille compromissions, par lâcheté, par égoïsme, par malhonnêteté parfois leur situation. Ils nous haïssent d’être ce qu’ils sont, des hommes et des femmes condamnés pour toujours à appartenir à une catégorie réduite à vivre dans les marges de nos cités. Une catégorie qui serait la frange de nos sociétés, comme les fous et les reclus. Ces femmes, venues vous dire « je suis une prostituée libre et heureuse de l’être », ont-elles réellement choisi de le dire ou répondent-elles oui à notre choix à nous, nous qui avons choisi de dire que la prostitution est le plus vieux métier du monde et que l’on ne pourra jamais l’arrêter, que la prostitution est nécessaire, qu’elle répond à un besoin des hommes, que les femmes honnêtes ne peuvent satisfaire, etc., et encore mille foutaises, qui nous feraient rire si elles n’étaient pas le liant qui tient ensemble le système infernal de la prostitution.

Jusque dans la Convention de 49, nous laissons le terrain à nos hésitations, à nos ambiguïtés. La Convention a été le produit des négociations difficiles et du consensus mou qui a eu pour résultat que le texte adopté n’a été assorti d’aucun dispositif chargé d’en contrôler l’application. Sur la portée de la Convention, il faut ajouter que, si le préambule condamne la prostitution comme une atteinte aux droits de l’Homme et à la dignité humaine, les articles qui la composent, et l’interprétation qu’en ont faite de nombreuses chancelleries, ont conduit à distinguer deux formes de prostitution, l’une libre et autorisée, l’autre forcée et condamnable. Cette distinction est aujourd’hui revendiquée par le courant anti-abolitionniste et pro-réglementariste. Ce courant souhaite que la Convention de 49 soit révisée afin de faire clairement la distinction entre les deux formes de prostitution, et, pour qu’il n’y ait plus de confusion, les tenants de ce courant, à travers une offensive sémantique sans relâche, tentent de faire disparaître le mot prostitution au profit de celui de « travailleur du sexe ». Ils ont été en cela précédés par l’agence internationale du travail, le BIT, qui sans bien mesurer, sans doute, la portée de ce qu’elle faisait, a employé dès les années 1970 le terme de « travailleuses du sexe » dans le premier rapport sur les salons de massage dans un pays asiatique ! S’agissant du rapport de 1988, nous ne pouvons penser que les auteurs emploient sans le savoir ce vocabulaire, puisque ce dernier rapport s’inscrit dans une stratégie dont nous connaissons enfin les objectifs. C’est pour répondre à ce que nous affirmons tous les jours, de lieux différents, des tribunes des instances internationales, dans l’intimité de nos maisons, dans les médias, les livres, à travers notre culture, nos jugements de valeur, ce que nous transmettons à nos enfants, que la prostitution est partie inhérente de nos sociétés et que rien ne changera jamais, que ces femmes affirment si fort qu’elles sont volontairement prostituées. Comme Sisyphe, comprendre et accepter leur destin est pour elles la conquête de la liberté humaine qu’elles peuvent espérer.

Nous avons bien mérité le rejet et la violence de celles et de ceux qui se sont exprimés ici, et qui ont quitté la salle sans entendre ce que nous avions à dire. Pour que nous puissions espérer raisonnablement de ces hommes et ces femmes un autre discours, il faudrait que nous sortions de nos hésitations, de nos ambiguïtés. Il faudrait pour la défense de la dignité humaine autant de détermination, de voix, et avec autant de force que celles qui s’élèvent contre la mal-bouffe, contre la mondialisation. Il faudrait faire prendre conscience du danger que nous courons, tous ensemble, dans le sacrifice consenti d’une catégorie d’êtres humains à la satisfaction des instincts les plus archaïques travestis en liberté sexuelle. La valorisation de ces instincts, pulsions, par les marchands devrait nous mobiliser autant sinon davantage que la défense d’une espèce d’arbre, d’une manière de manger ou de faire des films. Comment peut-on expliquer cette situation effarante où l’on voit se rassembler des milliers de personnes, et bravo, pour dire leur ras-le-bol de la mondialisation, pour défendre la taille et la qualité de ce qu’ils ont dans leurs assiettes, et rien contre le massacre de milliers de femmes et d’enfants !

Comment expliquer cette indifférence sans recourir à l’analyse féministe de la société et de la place donnée aux femmes. Les féministes italiennes avaient bien compris les enjeux de leur libération : “Ni mère, ni putain ”. Voilà à quoi la société patriarcale a réduit les femmes. À force d’avoir peur d’employer le mot féministe qui est perçu toujours, par les femmes elles-mêmes parfois, d’une manière péjorative, on ne comprend plus de quoi l’on parle. La mise à nu de la culture patriarcale éclaire les processus de la prostitution des femmes et des enfants.

Dénoncer cette culture rend plus forte notre voix quand nous dénonçons la prostitution comme toutes les formes de violences sexuelles qui manifestent le pouvoir de l’homme sur le reste du groupe. Le féminisme a permis que soit rompu le silence sur les abus sexuels des hommes sur ceux dont ils avaient la garde. La citadelle de la famille a éclaté. Les pouvoirs sexuels du père, du mari, du frère ont maintenant des comptes à rendre. Le féminisme a fait passer ces crimes de la sphère du privé à la sphère du public. Les femmes sont prises au piège de cette culture patriarcale qui les réduit à être soit des putains, soit des mères. Cette aliénation des femmes par les structures patriarcales trouve son ultime et terrible illustration quand un père vend une de ses filles pour pouvoir élever ses autres enfants. Pleurerait-il que nous ne pourrions lui pardonner. Que faudrait-il alors dire de sociétés comme la nôtre qui vivent dans un luxe, relatif certes mais réel, dans la paix, puisque voilà maintenant 50 ans que nous sommes en paix, et qui obligent une mère, à Bruxelles, de Bruxelles, une mère qui ne vient pas de ces pays lointains, ces ailleurs « différents » de nous, étrangers à nos conceptions des droits de l’Homme, à se prostituer pour soigner son fils tuberculeux, comme on vient de nous le dire, à quelques pas de là où se bâtit l’Europe. Faut-il dans ce cas accepter la prostitution comme solution sociale au problème économique des femmes ? Ne faudrait-il pas, pour rester en accord avec notre pratique générale, exiger de l’État qu’il remplisse son rôle et, dans une situation comme celle-là, le condamner pour non-assistance à personne en danger ? Ne devrait-on pas lui demander de répondre de la destruction du corps de cette femme et des autres femmes dans cette contrainte ?

Il ne s’agit pas de s’emparer de la situation d’exclusion des femmes pour dire que la femme a le droit de se prostituer. Dire cela c’est renier la longue lutte des femmes et des hommes pour faire reconnaître le droit au travail, le droit à bénéficier des richesses de leur pays, le droit des femmes d’être libres de toute exploitation sexuelle. Car nous pensons qu’en dehors de la reconnaissance et du respect du droit d’être libre de toute exploitation sexuelle, on ne peut pas dire que les femmes jouissent pleinement des droits fondamentaux. Quelle que soit la forme de sa prostitution, elle se trouve dans un rapport inéquitable et dans une situation de violence que nous condamnons et punissons par ailleurs. Cette violence, qu’elle soit le fait du mari, ne change rien au délit. Acceptons-nous cette violence parce qu’elle est monétisée ?

Ce que nous voudrions dire à la Communauté internationale, si elle ne bouchait pas ses oreilles au féminisme, c’est que pour la pleine et entière réalisation du principe à l’égalité en droit des hommes et des femmes, il faut, il est nécessaire que les femmes soient libres de toute exploitation sexuelle, que ce droit, comme le droit d’être libre de toutes formes d’esclavage, est le droit qui détermine l’ensemble des droits fondamentaux. La prostitution à ce titre est un obstacle pour toutes les femmes puisqu’elle accrédite l’idée que la sexualité des femmes peut
faire l’objet d’un achat.

Mon propos dépasse le féminisme et les intérêts des femmes, même s’il y puise sa raison et sa passion. Ce qui est en jeu ici, c’est le principe des droits de l’Homme et la dignité humaine. Nos réponses à toutes les questions que nous avons posées ici diront si, oui ou non, nous pouvons accepter la prostitution comme un métier, et comme une possibilité, aux êtres qui s’y engagent, de résoudre leurs problèmes économiques, ou si nous pensons qu’adopter cette voie met en danger le patrimoine humain et condamne des hommes et des femmes à appartenir à une catégorie de seconde zone, et à terme condamne la société qui l’accepte.

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 Télécharger les Actes du colloque "Peuple de l’abîme. La prostitution aujourd’hui", le 16 mai 2000, dont ce texte est extrait sur le site de la Fondation Scelles.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 30 novembre 2010



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Wassyla Tamzali, avocate et directrice du Collectif Maghreb Égalité

Née en Algérie en 1941, elle a exercé de 1966 à 1977 le métier d’avocat à la Cour d’Alger et mené parallèlement des activités journalistiques et culturelles. Rédactrice en chef du premier hebdomadaire maghrébin libre « contact » (1970-1973), elle est auteur d’un livre (1975) sur le cinéma maghrébin qui est un plaidoyer pour la liberté d’expression « En attendant Omar Guetlato », et un ouvrage d’art sur la parure des femmes berbères ‘’Abzim’’, un hommage à la créativité des femmes de son pays (1986). En 1996, elle est nommée Directrice du Programme de l’UNESCO pour la Promotion de la condition des femmes de la Méditerranée. Elle est, depuis avril 2006, Directrice exécutive du Collectif Maghreb Égalité, dont elle était membre membre fondateur. Son plus récent livre, Une femme en colère, Lettre d’Alger aux Européens désabusés, a été publié aux éditions Gallimard, en 2009.



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