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mars 2003 Carnet d’élection Le silence " électoral " des femmes ne servirait pas la démocratie
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Je ne sais pas s’il est « immoral et irresponsable » de déclencher une élection à la veille d’une guerre en Irak. J’ai tendance à penser que non, mais je peux me tromper... Il se peut que le climat de guerre favorise le Parti québécois. La stabilité, vous savez...
Ce qui m’intrigue davantage, c’est le silence des femmes et des groupes de femmes dans cette campagne (jeune, il est vrai), alors que les femmes ont fait l’objet, à deux reprises, du mépris du premier ministre sortant, et que leurs demandes légitimes sont ignorées de tous les partis. Un exemple patent : le financement des maisons d’hébergement, dont l’augmentation du budget coûterait tout de même moins aux contribuables que la subvention de 30$ millions accordée il y a un an ou un an et demi à NASDAQ. La bourse a bien besoin d’argent, n’est-ce pas ? Il faut ajouter également le refus par le Parti québécois de favoriser la parité des candidatures des femmes et des hommes. Et le collectif Féminisme et démocratie, dont le colloque avait fait la promotion de cette proposition, l’entendrons-nous bientôt s’exprimer dans cette campagne électorale ?* Je me demande si le silence des femmes ne traduit pas la peur qu’on les accuse de faire déraper une campagne et de favoriser la droite. Depuis que j’ai l’âge de voter - oh ! il y a déjà quelques décennies - j’entends cette forme de chantage : « Si vous ne votez pas du "bon bord", vous ferez élire un gouvernement conservateur de droite ». Une sorte de détournement de la démocratie, puisqu’on ne vote plus par conviction mais par peur des épouvantailles. Comment les partis alternatifs auraient-ils alors la chance de démontrer leur influence véritable ? On voterait pour eux, mais... on en le fait pas. Dans cette campagne, les masculinistes, eux, ne se taisent pas. L’attitude de tous les partis à l’égard des femmes pourrait bien découler de l’idéologie masculiniste qui séduit non seulement des médias, mais également des hommes et des femmes politiques. On le verra, après l’élection, quand cela se traduira par des changements aux lois, comme à Ottawa. Il sera trop tard pour réagir. « Profil bas » des femmes et hommes politiques sur des questions fondamentales pour les femmes afin de ne pas heurter les masculinistes ? « Profil bas » des femmes et des groupes pour ne pas ennuyer les chefs de parti, surtout M. Landry, dont le parti ignore les demandes des femmes parce qu’il les prend pour acquises et sait qu’elles ne « dérangeront » pas trop ? Si c’est le cas, les femmes n’ont rien à attendre de l’après-élection, quel que soit le gagnant. Que faire ? Alors, que faire ? demande-t-on. Ce qu’on fait en dehors des campagnes électorales - et une élection 1. Dans le sillage d’une loi anti-pauvreté adoptée à l’unanimité à 2. Dans la lutte contre la violence, que les partis s’engagent à 3. Dans la recherche d’une démocratie véritable, que les partis 4. Dans la recherche de l’équité sociale, que le gouvernement 5. Sur tous les enjeux de cette élection pour l’ensemble de la Se taire ne favorise pas l’exercice de la démocratie. Exprimer son accord ou son désaccord, participer aux débats, tout vaut mieux que le silence. N’est-ce pas d’abord cela « prendre sa place » dans les institutions démocratiques ? Participer aux débats... Mais où ? Participer aux débats, fort bien, mais où ? Netfemmes est un excellent réseau pour échanger des idées et en débattre. on peut également publier en quelques minutes sur le site du CMAQ. Puis, les partis politiques font des assemblées dans les quartiers et les régions. Les personnes et les groupes de femmes peuvent s’y rendre et poser leurs questions. Les groupes peuvent également faire des conférences de presse, émettre des communiqués, essayer de publier des interventions dans "La Presse", "Le Devoir", les autres journaux, convoquer à une manifestation sur une question précise. Ils le font avec talent contre la guerre de Bush, il n’y a pas de raison qu’ils ne puissent le faire avec autant de talent pour l’intérêt de la justice sociale ici même. Plusieurs candidat-es se présentent dans chaque comté, on peut les interroger ou interroger leurs représentant-es lors du porte-à-porte. Je trouve outrageant que le gouvernement sortant n’ait pas donné aux Qu’est-ce qui empêche les groupes de femmes d’établir et de publier Je continue de déplorer que la parole des femmes se fasse jusqu’ici si * Depuis, le Collectif Féminisme et démocratie a annoncé qu’il préparait un guide d’intervention auprès des candidat-es et qu’il sera à la disposition des groupes de femmes le 26 mars prochain. Mis en ligne sur Sisyphe le 18 mars 2003 Le Collectif Féminisme et démocratie a publié son document intitulé "Enjeux électoraux 2003 - Penser enfin une démocratie avec les femmes", qu’on peut trouver sur son site. |