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jeudi 1er septembre 2011

Affaire DSK - Une rentrée qui laisse un goût amer dans la bouche...

par Monique Dental, Réseau féministe Ruptures






Écrits d'Élaine Audet



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Nous sommes pour la plupart d’entre nous de retour de vacances (pour celles et ceux qui ont pu en prendre).

Pour les féministes, femmes et hommes en mouvements que nous sommes, le retournement de situation des violences subies par Nafissatou Dialo aux USA au profit de DSK a de quoi nous laisser un goût amer dans la bouche.

Les avocats de DSK ont obtenu pour lui l’abandon des charges. Et pourtant, comme le souligne Michèle Dayras de l’association SOS Sexisme, le viol et les violences n’ont fait aucun doute pour « les membres de l’équipe du Sofitel qui ont recueilli et soutenu Nafissatou Diallo D et lui ont conseillé de porter plainte ; il en a été de même pour la Directrice du centre d’accueil des femmes victimes de violences sexuelles qui l’a écoutée et entendue, de la psychothérapeute qui l’a expertisée, des médecins qui l’ont examinée dont le rapport indiquait « motif des blessures, agression, viol » ; du grand jury qui l’a auditionnée : tous savent que « ND a subi un viol. » C’est pourquoi je ressens le recul du procureur dans cette affaire comme un vrai déni de justice, une parodie, une imposture.

En y regardant de plus près, on se rend compte que tout a été bon pour y parvenir :

 L’utilisation des incohérences, des « mensonges » de ND la ramenant au rang d’accusée. Des années de permanence d’accueil de femmes victimes de violences et de viol, comme les procès pour viol, m’ont fait comprendre qu’il n’est pas rare que des femmes se contredisent sur le déroulement des faits, cela fait partie du choc émotionnel et psychologique provoqué par la remémoration de la violence.

 L’affirmation par DSK d’un « acte sexuel consenti » a été également utilisée pour discréditer les déclarations de ND. Mais, céder n’est pas consentir. Il peut arriver qu’une femme cède sous l’emprise de la terreur pour que la violence intolérable cesse ; mais est-ce céder cela ? Et consentir suppose de désirer de part et d’autre. En fait, de façon habile, on est passé de l’idée de viol, qui est un crime sexuel, à celle de la présomption de sexualité consentie, sans rien pour le prouver, et à l’amalgame entre adultère et crime pour viol.

Ces faits rappellent la situation somme toute classique des tribunaux en France qui classent « sans suite » des affaires de viol parce que les femmes ne sont pas crues ; c’est une des raisons qui explique les appréhensions des femmes qui n’osent pas porter plainte.

Pour beaucoup d’entre nous, ce résultat nous a fait violence, parce qu’il est une régression de nos luttes. On ne peut s’empêcher de penser aux conséquences qu’il pourrait produire. Allons-nous revenir au temps où le viol n’était pas un crime ? Les femmes violées vont-elles être à nouveau considérées à priori comme coupables ? Si la parole des femmes violées devient encore plus suspecte qu’avant l’affaire DSK, alors le pire est à craindre pour toutes les femmes et pour la poursuite de nos luttes contre le viol et contre les violences faite aux femmes. Rappelons que la loi contre le viol ne date que de 1980 et que les violences faites aux femmes qui sont toujours prégnantes dans la société patriarcale nous a amené à revendiquer une loi cadre à l’instar de celle existant en Espagne qui permet de traiter toutes les violences dans leur continuum.

Hormis les prises de position d’Yvette Roudy et de Marie-George Buffet, plus inquiétantes encore sont les réactions de « soulagement » et l’assurance affichée par les responsables du PS qui n’hésitent pas à reprendre les propos des avocats de DSK en parlant maintenant d’un « acte sexuel précipité », en réduisant les faits à une « attitude déplacée », comme si « dans une analyse véritablement à gauche, il n’y avait pas nécessairement la critique de la domination masculine ». Jacqueline Pénit-Soria et Claudine Blasco de la commission Genre et Mondialisation d’Attac qui le disent ont raison « c’est tout un système politique qui se défend et qui révèle bien la décomposition intellectuelle, éthique et politique de la gauche », c’est le symptôme du « vide politique à la veille des élections présidentielles ».

Alors l’enjeu, pour nous, en cette rentrée est là : cette situation ne doit pas avoir raison de notre détermination, même si nous savons que ce qui s’est passé la rend plus difficile, notre vigilance s’impose encore et toujours pour que le viol soit toujours poursuivi comme un crime et les violences faites aux femmes dénoncées parce qu’elles doivent cesser au nom des droits humains fondamentaux.

C’est ce que nous réaffirmerons bientôt dans les initiatives que nous tiendrons sur ce terrain et en solidarité avec Nafissatou Diallo prochainement. En attendant, je vous invite à signer la pétition « Pas de justice, pas de paix », sur ce site ou sur La Petition.be

Bon travail à toutes et tous.

Bien à vous,

Monique Dental
Animatrice du Réseau Féministe "Ruptures"
Courriel.
Tél : 01 42 23 78 15 – 06 73 44 78 65
Réseau féministe Ryptures

Mis en ligne sur Sisyphe, le 30 août 2011



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Monique Dental, Réseau féministe Ruptures



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