Pourquoi tant de mortes de disparues
Sans la volonté de punir une femme
De viser la vie de cibler un cœur
De nous pousser à marcher au pas
Que fait le grand patron harceleur
Quand il donne l’ordre à sa proie
De se taire ou qu’il y va de son emploi
Il la force jour après jour à s’exécuter
Que fait le politicien manipulateur
Agresseur compulsif de femmes
Protégé par ses titres son pouvoir
Il les viole comme butin de guerre
Que fait le client prostitueur
Quand il achète une femme
Comme un service sexuel dû
Il l’humilie la souille et la jette
Que fait le médecin du cœur
Quand sa femme aime ailleurs
Et refuse de lui appartenir à nouveau
Il poignarde 46 fois la chair de sa chair
Que fait le pieux petit homme d’honneur
Quand sa femme ses filles n’ont plus peur
Et veulent vivre libres à visage découvert
Il les noie pour venger sa vanité blessée
Que fait dans l’ombre le rodeur
À l’affût du rire clair des enfants
Des marelles et des jupes au vent
Il les traque jusqu’aux tréfonds du cri
Que fait tout en noir le passant prédateur
Quand il suit l’étudiante dans le boisé voisin
Supputant le plaisir à venir de la torturer
Il réalise le scénario de tant de films vus
Que fait le mari jaloux possessif batteur
Quand sa femme n’a plus rien à perdre
Et choisit d’exposer ses bleus à la lumière
Il lui fracasse le crâne de sa rage meurtrière
Que fait nourri de préjugés le chasseur
Quand soudain il découvre une femme
Couchée sur un lit de feuilles mortes
Il l’abat avec l’amante dans ses bras
Que fait le populaire et beau chanteur
Quand la jalousie lui brûle les artères
Quand libre l’actrice sans lui se déploie
Il la cogne à mort pour effacer sa joie
Que font au nom de dieu ses serviteurs
Avec les femmes violées veuves adultères
Ils convoquent les pères maris fils frères
Et ils lapident les impies à coup de pierres
Que fait sur l’île le massacreur
Quand il ordonne aux jeunes rêveurs
De se mettre en cercle autour de lui
Il les abat un à un le sourire aux lèvres
Que fait à Polytechnique le tueur
Envieux de voir des filles y étudier
Il sépare les hommes des femmes
Tire en rafales tue 14 d’entre elles
Pour que cesse le carnage et les larmes
Il ne suffit pas de proscrire les armes
Il faut interdire aux garçons aux hommes
L’appropriation des femmes des enfants
Chaque être humain n’appartient qu’à lui-même
Chaque femme est libre de choisir sa propre vie
Combien de temps faudra-t-il le dire et redire
Pour que ces hommes décident de lâcher prise
Même si l’arme ne fait pas le tueur
Elle met la mort à portée de la main
Mis en ligne sur Sisyphe, le 21 novembre 2011
– Lire aussi : Élaine Audet, Ode aux sur-vivantes, décembre 1989.