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lundi 9 janvier 2012

L’occultation du décès de l’écrivaine féministe Louky Bersianik

par Élaine Audet et Micheline Carrier






Écrits d'Élaine Audet



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    "Il n’y a pas de trou noir dans la mémoire, il n’y a que le Troubli."
    Louky Bersianik, Permafrost

L’auteure de L’Euguélionne, l’écrivaine féministe Louky Bersianik, s’est éteinte à Montréal le 3 décembre dans un silence médiatique presque total. La semaine précédant l’arrivée de 2012, les médias ont énuméré "les noms des grands disparus de l’année" dans leurs publications. Avec stupéfaction et tristesse, nous avons alors constaté que le nom de Louky Bersianik n’était mentionné ni dans La Presse et dans les autres journaux de Gesca, ni au Téléjournal de Radio-Canada.

Cet "oubli" a eu lieu en dépit de la motion de l’Assemblée nationale du Québec, adoptée à l’unanimité le 7 décembre 2011, soulignant la contribution exceptionnelle de cette romancière et poète à la littérature québécoise ; en dépit des textes éloquents écrits par Josée Boileau, France Théoret et Mélissa Guillemette dans Le Devoir et du dossier qu’a consacré Sisyphe à Louky Bersianik au lendemain de son décès, dossier référencé quotidiennement et envoyé à tous les médias (1).

L’occultation de l’écrivaine féministe Louky Bersianik ne date cependant pas d’hier. Déjà la parution de L’Euguélionne, en 1976, n’avait pas été retenue dans la rétrospective des événements marquants du féminisme québécois du numéro de mars 1985 de La vie en rose soulignant le 5e anniversaire de ce magazine. Et cette attitude s’est perpétuée dans diverses publications littéraires et culturelles. Il est révoltant de voir que Nicolas Letarte est obligé de lutter pour préserver de l’oubli le nom de sa mère (2), au lendemain même de sa mort, et extrêmement triste pour ses proches et son lectorat en deuil

Louky Bersianik propose le seul changement qui peut ouvrir la voie à une véritable révolution sociale, politique et culturelle, soit la remise en question des stéréotypes sexuels et la suppression des rapports de domination homme/femme. Son radicalisme, cette façon de prendre les choses par la racine, explique-t-elle le silence qui s’est abattu sur sa vie et son oeuvre ?

La mémoire des femmes a toujours été un des thèmes importants de l’œuvre de cette grande auteure. Combien de temps encore devrons-nous vivre et mourir, comme elle l’écrivait dans Les agénésies du vieux monde en 1982 : "sans nous soucier de la trace friable de nos pas sur le sable. Les pas de l’une dans les pas de l’autre, comme si une seule d’entre nous était passée."

Il est encore temps, pour les médias qui souhaitent racheter cet "oubli", de rappeler l’oeuvre littéraire de cette "terrible vivante" qui a su ébranler les colonnes même du pouvoir patriarcal.

Notes

1. "Mon coeur est de plus en plus féministe" - Louky Bersianik (1930-2011), Sisyphe, 5 décembre 2011.
2. Nicolas Letarte, "Louky Bersianik, écrivaine occultée", lettre ouverte à La Presse, 31 décembre 2011.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 2 janvier 2012



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Élaine Audet et Micheline Carrier



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  • L’occultation du décès de l’écrivaine féministe Louky Bersianik
    (1/1) 9 janvier 2012 , par





  • L’occultation du décès de l’écrivaine féministe Louky Bersianik
    9 janvier 2012 , par   [retour au début des forums]

    Une précision à votre texte : le site Canoe.ca, reprenant un texte de l’Agence de presse QMI, a traité du décès de Mme Bersianik dans sa section culture. Voici un lien vers la page : http://bit.ly/xXp8Sy

    Le nom de Mme Bersianik a également été mentionné dans l’énumération des grands disparus de l’année, préparé par l’Agence et publié sur Canoe.ca : http://bit.ly/xPL9mQ

    Jules Richer, chef des nouvelles, Agence QMI


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