| Arts & Lettres | Poésie | Démocratie, laïcité, droits | Politique | Féminisme, rapports hommes-femmes | Femmes du monde | Polytechnique 6 décembre 1989 | Prostitution & pornographie | Syndrome d'aliénation parentale (SAP) | Voile islamique | Violences | Sociétés | Santé & Sciences | Textes anglais  

                   Sisyphe.org    Accueil                                   Plan du site                       






vendredi 27 janvier 2012

Un an déjà, et nous attendons toujours la mobilisation des féministes égyptiennes

par Sérénade Chafik, militante franco-égyptienne féministe






Écrits d'Élaine Audet



Chercher dans ce site


AUTRES ARTICLES
DANS LA MEME RUBRIQUE


Les Mécanismes juridiques : Héritage et successions au Maghreb. Quelles conséquences pour les femmes ?
Femmes algériennes, nous réaffirmons notre détermination à changer le système en place
Algérie - Agression des femmes formant le carré féministe à une manifestation
Halte à la discrimination et à la violence contre les femmes en Égypte
Femmes algériennes - Quand les traditions l’emportent sur la raison
Algérie - De quelle démocratie nous parlent-ils ?
Appel international - Agissons pour soutenir les démocrates en Tunisie !
Algérie - Pour Katia assassinée à cause de son refus de porter le voile
Soutenez la séparation de la religion et de l’État, non l’islam politique
Kiosque arabe - Voix féminines avant l’extinction
"Même pas mal", un film de Nadia El Fani et Alina Isabel Pérez
Le printemps est une saison féminine
Les principaux partis égyptiens refusent de s’engager à garantir l’égalité des droits entre hommes et femmes
Tunisie, Egypte, etc. : les femmes toujours trahies en 2011 !
Révoltes arabes sur fond de religion, de virilité et de pouvoir
Tunisie - "Mon devoir est de parler". Lettre ouverte aux dirigeants d’Ennahdha
Égypte - Faire pression sur les partis égyptiens afin que les aspirations de la "Révolution du 25 janvier" deviennent réalité (Amnesty International)
Tunisie : l’histoire est en marche - Entrevue avec Wassyla Tamzali
Manifeste pour la laïcité au Moyen Orient et en Afrique du Nord - Signez
Élection en Tunisie - Islam modéré ?
Les Tunisiennes envoilées : liberté retrouvée ou nouvel asservissement ?
Le Printemps arabe apporte peu aux femmes marocaines
Égypte - L’aveu concernant les "tests de virginité" forcés doit donner lieu à une procédure judiciaire
Au premier plan pendant la révolution, les femmes égyptiennes disparaissent dans l’Ordre nouveau
Révolution arabe - De la libération à la liberté
Hommage aux femmes révolutionnaires égyptiennes
Égypte - Des manifestantes de la place Tahrir torturées et forcées de subir des "tests de virginité"
Lettre à mes Amies du Maghreb et à celles du Machrek
Égypte 2011 - La révolution exclut-elle les femmes ?
Le soulèvement du monde arabe doit s’accompagner du respect des droits des femmes
Égypte - Des centaines d’hommes agressent des femmes Place Tahrir lors de la Journée internationale des femmes
La Révolution arabe en marche - Femmes, nous sommes à vos côtés !
Égypte - Une soixantaine d’organisations dénoncent l’exclusion des femmes juristes du Comité constitutionnel
L’Association des Tunisiens en France dit NON à l’extrémisme en Tunisie
Algérie - Réforme d’un système corrompu ou avancée vers la démocratie ?
Tunisie - « Pas de démocratie sans l’égalité totale entre les hommes et les femmes »
Algérie - J’ai marché le 12 février à Alger et marcherai encore et encore
La révolte des peuples en Orient face au silence et au mépris assourdissant des pouvoirs occidentaux
Égypte - Le cercle vicieux de la répression politique et économique
Égypte - L’ordre ancien change
Droits des femmes en Tunisie et en Égypte - Le cœur et la pensée ailleurs
ElBaradei, l’opposant estimé le plus démocrate, ne participe pas aux discussions sur la transition en Égypte
Tunisie - Démocratie ou islamisme ?
Tunisie - Une citoyenne témoigne du harcèlement d’extrémistes religieux lors de la marche des femmes pour la citoyenneté et l’égalité
Le mouvement des femmes en Algérie de 1962 à 1991







2011, une année marquée par un bouillonnement révolutionnaire en Egypte. Une année marquée aussi par des bains de sang, l’arrivée des militaires au pouvoir et leurs 13 000 arrestations, la victoire écrasante de l’islam politique, la formation de nouveaux syndicats indépendants, l’organisation de la résistance et de la contre-révolution, des élections tronquées…

Un an déjà, et nous attendons toujours la mobilisation des féministes égyptiennes pour les droits des femmes.

En effet, depuis le début du processus révolutionnaire, et même si les femmes ont participé autant que leurs camarades hommes au soulèvement et même si elles ont offert leur vie pour atteindre les trois objectifs de cette révolte – liberté, dignité et justice sociale –, les organisations féminines et féministes n’ont pas scandé de slogans concernant les droits des femmes.

Pourtant, le 23 décembre de grandes manifestations ont eu lieu dans toutes les villes d’Egypte. Des hommes et des femmes dénonçaient les arrestations et la torture que subissaient les révolutionnaires par les forces armées.
Un mot d’ordre faisait consensus : « On ne touche pas à l’honneur des femmes de notre pays, l’honneur des femmes est une ligne rouge à ne pas franchir. »
Effectivement, en décembre des soldats de la force armée avaient tabassé une femme voilée, la traînant par terre, soulevant ainsi ses vêtements. La scène a ému toute la société égyptienne, choquée bien plus par le dévoilement de la nudité de la manifestante que par la violence qu’elle a subi ou le traitement spécifique réservé aux révolutionnaires féminines.

Parallèlement, la justice égyptienne venait de prononcer un jugement qui rendait illégaux les tests de virginité pratiqués par les forces armées à l’encontre des jeunes révolutionnaires arrêtées lors des manifestations…

On ne peut qu’être d’accord avec ces manifestations dès lors qu’elles dénoncent les tortures, et les violences spécifiques que subissent les femmes lors des arrestations.

Mais je me réserve le droit de trouver rétrograde un slogan qui prône l’honneur des femmes en l’assimilant à l’honneur de la patrie. Cet honneur se situant entre les cuisses des femmes dans un pays où l’on pratique le crime d’honneur, que l’on devrait plutôt appeler crime de déshonneur ! Dans un pays où les femmes sont spoliées de leur corps. Un corps qui n’est que la propriété collective de toute la famille. Un corps qui a ce pouvoir énorme, cette capacité de déshonorer toute une tribu, toute une nation.

Nous sommes loin de la revendication chère aux féministes : « Mon corps m’appartient ! »

Les organisations féministes ont voulu rassembler largement la population autour du refus des exactions commises à l’encontre des femmes par les militaires. D’une part, elles sont tombées dans le piège du populisme, d’autre part, la question de la sexualité, du rapport au corps n’a jamais été débattue au sein de la société égyptienne. Les organisations féminines et féministes se heurtent à leurs propres limites, leur propre aliénation.

Pour preuve, Alia Elmahdi, jeune blogueuse égyptienne, bien que faisant l’objet d’une fatwa de la part des salafistes, n’a été défendue par personne.
Pour avoir osé se montrer nue et écrire son droit à une sexualité libre, elle a été abandonnée par toute la société civile, féministes comprises.

Source originale : reproduction autorisée par le site Égalité.

Lire aussi : "Les principaux partis égyptiens refusent de s’engager à garantir l’égalité des droits entre hommes et femmes", par Amnesty International France

Mis en ligne sur Sisyphe, le 25 janvier 2012



Format Noir & Blanc pour mieux imprimer ce texteImprimer ce texte   Nous suivre sur Twitter   Nous suivre sur Facebook
   Commenter cet article plus bas.

Sérénade Chafik, militante franco-égyptienne féministe



    Pour afficher en permanence les plus récents titres et le logo de Sisyphe.org sur votre site, visitez la brève À propos de Sisyphe.

© SISYPHE 2002-2012
http://sisyphe.org | Archives | Plan du site | Copyright Sisyphe 2002-2016 | |Retour à la page d'accueil |Admin