Je t’écris à toi Naïma
qui viens à peine d’avoir huit ans
toi qui gagnes déjà
des combats de mots à ton école
Je voudrais en ce 8 mars
de l’an deux mille douze
pour la journée internationale des femmes
te convier à livrer un autre combat
Le plus important de tous
celui de toujours t’appartenir
d’être toi-même comme aujourd’hui
unique intègre courageuse
De croire en toi en tes mots
en ton goût du risque et de la couleur
aux avenues non convenues
jaillies incertaines sous tes pas
De rejeter les appâts les mirages
les pièges pour te mettre en cage
surtout quand on cherchera
à te réduire à l’image désirable
À faire de ta beauté un corps étranger
que chacun pourra s’approprier
surtout quand on te fera luire
les avantages d’être la reine d’un roi
Louky une amie poète
parlait dans tous ses livres
de l’urgence pour chacune de nous
grandes ou petites d’imaginer
De créer des femmes nouvelles
libérées du moule masculin
imposé aux filles et aux femmes
depuis plus de trois mille ans
De remplacer la mémoire
prisonnière du passé
par le miroir du futur
d’inventer la stature rêvée
Pour les enfants de demain
concevoir des femmes
avec la trempe des héros
libres sans l’aval d’un maître
Je te vois désarmer les vents rivaux
réinventer des mots d’amour lents
sous le froid redécouvrir l’avenir
la lignée des femmes blottie en toi
Sappho Virginia Simone Neda
femmes de pensée et d’action
ou femmes jaillies de l’imaginaire
elles t’entraîneront dans l’inédit
Ces magiciennes veilleront à ce que jamais
tu ne doutes de pouvoir changer la vie
de réaliser tes rêves les plus extrêmes
d’envol de bonté de bonheur de beauté
Mis en ligne sur Sisyphe, le 1 mars 2012