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jeudi 29 mars 2012

Quand les stéréotypes contrôlent nos sens

par Julie Blanchette, chargée de cours, Université de Montréal






Écrits d'Élaine Audet



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Lorsqu’il y a dégustation de vin, y a-t-il réellement des différences entre les sens des hommes et des femmes ?

Pourquoi y a-t-il tant de discours mettant en avant les différences sexuelles ? Pourquoi faut-il toujours que les hommes soient différents des femmes sur tous les plans, même en ce qui a trait au vin ? Pour répondre à ces questions, il me faut informer le lectorat du contexte dans lequel nous vivons.

Depuis plusieurs années, les médias accordent beaucoup de crédibilité à des discours non scientifiques. Voyons-en un.

Selon certains journalistes, les écoles secondaires et primaires sont féminisées, et c’est pour cela que les garçons réussiraient moins bien que les filles. Selon eux, les garçons n’apprennent pas de la même manière que les filles et n’ont pas de modèles masculins.

Or, les recherches scientifiques en éducation ne partagent pas le même avis puisque les statistiques nous montrent que ce sont les écoles mixtes qui atteignent davantage leur but : la réussite scolaire.

Dans Les garçons et l’école (2007), Jean-Claude St-Amant, chercheur à l’Université Laval, explique de prime abord que « [s]auf en langue d’enseignement (lecture et écriture), les garçons n’affichent aucun retard particulier par rapport aux filles, peu importe la matière, que ce soit au primaire ou au secondaire » (St-Amant, 2007). Quant au décrochage scolaire, St-Amant nous apprend que la réalité est beaucoup moins catastrophique que ne le prétendent certains journalistes : « Ce taux est passé chez les garçons de 43.8 % en 1979 à 24.3% en 2004. Une amélioration très nette dans l’obtention d’un diplôme, soit 19.5%. » (St-Amant, 2007)

Ajoutons qu’au musée Dufresne, où il y a actuellement une exposition sur l’école d’antan (1860-1960), il est démontré efficacement que, lorsque les écoles (dans lesquelles le sport était valorisé) étaient réservées aux garçons et lorsque les professeurs étaient des hommes, le taux de décrochage était beaucoup plus élevé chez les garçons que chez les filles.

Ainsi, les thèses des journalistes sont fausses. Mais alors, quelles sont les causes du décrochage scolaire des garçons ? Nous constatons alors que les caractéristiques liées à la masculinité amènent les garçons à se distancier de l’école : « Certains garçons cultivent une vision négative de l’école et tendent à se désinvestir. » (St-Amant, 2007) Nous remarquons que ces jeunes hommes ont une perception très stéréotypée de la masculinité : pour être un « vrai gars », il faut bouger, il faut jouer (jeux vidéo), mais il ne faut pas trop travailler, l’effort étant une caractéristique féminine. C’est d’ailleurs ce qui est maintes fois répété par les parents ou par les médias.

De plus, lorsque nous observons les caractéristiques des garçons qui réussissent bien, ce sont des jeunes qui se sont affranchis des modèles masculins stéréotypés. Par conséquent, les jeux et le sport sont, pour eux, beaucoup moins importants que l’école. Tout comme les filles les plus fortes, ces jeunes hommes font alors beaucoup d’effort pour réussir et désirent davantage se rendre à l’université.

Toutefois, quel est le lien entre la réussite scolaire des garçons et le vin ? Pour le comprendre, il faut impérativement connaître avant tout d’où viennent les mythes entourant les garçons. Il faut savoir que, depuis la révolution féministe, certains hommes n’ont jamais accepté de perdre leurs privilèges ou plutôt de les partager avec les femmes.

Ainsi, certains hommes (il s’agit d’une minorité, rappelons-le) ont décidé d’attaquer les féministes en montrant (à l’aide de fausses statistiques ou d’explications simplistes et erronées) que leurs avancées sociales ne causent que des problèmes chez les hommes (décrochage scolaire, suicide des hommes, etc.). C’est ainsi qu’ils proposent de revenir à la case départ. Selon eux, le modèle traditionnel de la famille (femme-ménagère/homme-pourvoyeur) est ce qu’il y a de mieux pour notre société. Leur but est donc de contrer l’émancipation des femmes.

La façon dont ces hommes procèdent est simple : ils ramènent l’idée de complémentarité des sexes. L’homme et la femme seraient, toujours selon eux, deux espèces différentes. Leur cerveau serait différent et, en conséquence, on ne peut changer l’ordre des choses. Les femmes ne pourraient donc pas échapper à leur triste sort… L’argumentaire de ces individus est totalement absurde.

***

Et pourquoi cette idée n’aurait-elle pas des répercussions sur le monde de l’œnologie (science du vin) ?

Les ouvrages portant sur la dégustation du vin sont nombreux. Évidemment, comme toutes les autres sciences, l’œnologie a sa propre terminologie. Un vin peut donc être : nerveux, léger, moelleux, sec, gras, rond, tannique, gouleyant… masculin et féminin.

Sur le site oenovino.fr, on explique ceci : « En règle générale, un vin masculin est caractérisé par une bonne présence d’acidité, d’alcool et de tanins. Il donne une impression de puissance, de solidité. […] La notion de féminité, historiquement, est associée à la délicatesse des sensations en bouche. Les vins délicats et élégants étaient qualifiés de soyeux, de taffetas, de dentelles… »

La science du vin n’est donc pas à l’abri des stéréotypes sexuels. D’ailleurs, il n’est pas rare d’entendre les hommes affirmer qu’ils préfèrent les vins plus corsés afin d’être conformes au modèle masculin dominant.

Quant aux filles, elles prétendent souvent préférer les vins plus doux. De ce fait, la terminologie œnologique a également influencé les choix des consommateurs. Étant une femme, je vous avoue préférer les vins plus corsés, les vins doux me charment moins. Il ne s’agit, cependant, que d’une question de goût. Ainsi, j’invite les amateurs de vin à gouter à tous les types de vin. Souvent, nous avons des idées préconçues sur certains vins, ce qui nous amène à mettre à l’écart des vins merveilleux. Parfois, les goûts changent, s’acquièrent. Ainsi, avant de dire « je n’aime pas le Cabernet-Sauvignon », il faut avoir dégusté plusieurs Cabernet-Sauvignon.

De plus, il faut ajouter que certains hommes s’imaginent que les femmes ne peuvent pas être de bonnes sommelières ou de bonnes œnologues, étant donné que leur cerveau les conduirait à préférer des vins mineurs, soit des vins féminins. Les vins complexes seraient donc mieux identifier par les hommes. Ces idées sont complètement farfelues !

Il y aurait aussi un autre préjugé selon lequel, au contraire, les femmes goutent mieux que les hommes ; la sommelière Véronique Rivest n’y croit pas du tout : « J’entends souvent que les femmes goûteraient mieux que les hommes, mais pour moi ce n’est pas quelque chose qui est lié au sexe, je connais des femmes qui ne savent pas du tout goûter ! Je considère que c’est un mythe. » (canoe.ca) En fait, toute cette information erronée ne fait qu’alimenter les discours prônant la différence biologique entre les sexes, et aide ces hommes (dont nous avons parlé au tout début de cet article) à prouver qu’il y a bel et bien des différences indéniables entre les sexes…

En conclusion, en affirmant que les femmes n’apprennent pas de la même manière, qu’elles lisent davantage des romans d’amour, qu’elles aiment bien faire la vaisselle, qu’elles ont un instinct maternel et… qu’elles préfèrent les vins plus doux, nous participons à la construction de divers mythes qui nuisent à l’émancipation des femmes.

C’est grâce à cette vision sclérosée des femmes (cet ensemble de mythes sur les sexes) que certains hommes sont capables de convaincre les gens que la différence sexuelle existe et, de ce fait, de culpabiliser injustement les femmes d’avoir créé des problèmes chez les hommes (ex. le décrochage scolaire). Étant « différentes » biologiquement des hommes, les femmes seraient programmées à rester à la maison, et leur entrée sur le marché du travail ne ferait que déstabiliser l’ordre social, l’ordre familial, etc.

Il faut donc s’intéresser davantage à la socialisation des garçons et des filles, comme nous l’avons fait tout au long de cet article. La façon dont nous agissons avec les garçons et avec les filles est si différente qu’elle amène souvent les sexes à agir différemment. Les discours discriminatoires des parents, des journalistes, des auteurs de littérature populaire ne sont pas sans laisser de stigmates sur la conscience des jeunes et moins jeunes. Bref, ils contrôlent nos comportements. Ils contrôlent nos sens.

Bibliographie

. St-Amant, Jean-Claude, Les garçons et l’école, Les éditions Sisyphe, Montréal, 2007, 120 pages.
. Lamon, Jules, « Mots de la dégustation du vin : masculin ou féminin, la question du genre du vin », 14 novembre 2011.
. Nathan, David, « Sommelière : un métier de femme ? », Canoe : portail de l’actualité au Canada, consulté en mars 2011.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 29 mars 2012. Mis à jour le 18 décembre 2013



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Julie Blanchette, chargée de cours, Université de Montréal



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