La prostitution est une violence sexiste et raciste faite aux femmes. Le Conseil des femmes francophones de Belgique (CFFB) veut un projet de société à long terme, égalitaire, visionnaire et réaliste.
Le Conseil des Femmes Francophones de Belgique condamne le proxénétisme, la traite des êtres humains et donc le système prostitueur. Nous rappelons avant tout notre engagement à la promotion des valeurs telles que le respect des personnes humaines et l’égalité entre les femmes et les hommes ou encore la libération sexuelle.
C’est pour cela que nous réprouvons entre autres :
– Toutes les formes de proxénétisme, qu’il soit le fait d’individus, de sociétés commerciales qui gèrent des lieux de prostitution (eros-centers ou bordels), de réseaux organisés, mais aussi de personnes ou d’institutions dont les revenus proviennent indirectement de la prostitution.
– La traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle, qui désigne l’ensemble des opérations de recrutement ou de transport en vue de l’exploitation d’êtres humains. Sans système prostitueur, cette traite n’existerait pas. La Belgique a ratifié la Convention des Nations
Unies de 1949 et doit l’appliquer.
– La légalisation de la prostitution et la dépénalisation du proxénétisme, qui augmenterait la traite internationale .
Alors que nous savons que :
– 73% des femmes prostituées disent avoir été sujettes à des agressions physiques dans la
prostitution.
– 62% des femmes prostituées rapportent avoir été violées.
– Neuf femmes prostituées sur dix voudraient quitter le système prostitutionnel mais ne
s’en sentent pas capables.
– Pour 25% des hommes, le concept de « viol » pour les femmes prostituées est "ridicule".
– Au moins 1,39 millions de personnes sont victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle
dans le monde.
– 79% des cas de traite le sont à des fins d’exploitation sexuelle.
Nous considérons :
– Que la prostitution n’est ni un métier ni un secteur d’activité : le corps humain et le sexe
ne sont pas des marchandises destinées à être utilisées contre paiement.
– Que le système prostitueur est un « marché » qui applique des paramètres sexistes, de classe et racistes.
– Que le système prostitueur est le fait unique des sociétés patriarcales.
– Que le concept du consentement des personnes prostituées n’est pas pertinent quand on considère que la société se doit de garantir les droits universels fondamentaux tels que la dignité humaine dont le droit à ne pas être prostitué-e.
Pour cela il est indispensable :
– De condamner toutes les formes de proxénétisme et refuser leur dépénalisation ;
– De responsabiliser les clients-prostitueurs au travers de la pénalisation de l’achat de services sexuels ;
– D’assurer un accompagnement et une protection efficaces des personnes qui veulent sortir de la prostitution , de garantir leur accès aux juridictions lorsqu’elles souhaitent porter plainte (pour violence, proxénétisme ou traite), et de prévoir pour elles un encadrement médical, psychologique et économique, ainsi que des alternatives concrètes ;
En conclusion :
– Nous refusons le système prostitueur et nous revendiquons son abolition (pas sa prohibition, ni sa réglementation). En effet, il représente une des expressions les plus violentes de la domination masculine et l’aboutissement de l’organisation de la marchandisation des êtres
humains.
– Nous voulons une vraie politique publique ambitieuse qui développe un projet de
société à long terme, égalitaire, visionnaire et réaliste.
– Nous demandons à ce que la prostitution soit intégrée dans la législation sur les violences faites aux femmes car elle représente un continuum de celles-ci.
– Nous réclamons la mise en place d’un plan d’accompagnement de sortie des
personnes qui souhaitent quitter le système prostitutionnel notamment en promouvant un plan économique de lutte contre la pauvreté.
– Pour télécharger le manifeste contre le système prostitueur en format PDF.
Mis en ligne sur Sisyphe, le 23 mai 2012