| Arts & Lettres | Poésie | Démocratie, laïcité, droits | Politique | Féminisme, rapports hommes-femmes | Femmes du monde | Polytechnique 6 décembre 1989 | Prostitution & pornographie | Syndrome d'aliénation parentale (SAP) | Voile islamique | Violences | Sociétés | Santé & Sciences | Textes anglais  

                   Sisyphe.org    Accueil                                   Plan du site                       






jeudi 6 décembre 2012

Hélène Pedneault, une battante devant l’imperfection du monde

par Andrée Ferretti, écrivaine






Écrits d'Élaine Audet



Chercher dans ce site


AUTRES ARTICLES
DANS LA MEME RUBRIQUE


CSF - Pas d’égalité de droit sans égalité de fait : retour sur le sens d’un nom
Facebook s’engage à prendre des mesures pour contrer la haine sexiste dans ses pages
Facebook considère-t-il la violence faite aux femmes comme une plaisanterie ?
Entrevue de Julie Bindel au COUAC : "Les pro-prostitution ne se soucient pas des femmes."
Publicité et contenu éditorial dans la presse féminine
Les voix féministes : une nouvelle vague sur les ondes radiophoniques ?
L’antiféminisme dans les médias - Atteinte aux valeurs d’égalité
Le "cracheux de spitoune" de Québécor !
Campagne de dénigrement contre Françoise David - Des groupes de femmes du Québec réclament une rétractation en ondes et le retrait immédiat du concours odieux lancé auprès des jeunes
L’antiféminisme extrême de Richard Martineau
Il va y avoir du sport, du charriage, de la désinformation et un dialogue de sourds
Andy Srougi de Fathers4Justice poursuit Barbara Legault et la revue À bâbord !
Correspondant à l’étranger : une chasse gardée masculine à Radio-Canada ?
Quand Mafalda démasque les « supers héros » !
Humour, sexisme et partisanerie
Sophie Chiasson gagne sa cause : « Le tort causé est très grave, presque irréparable », dit le juge
Les revendications des femmes feraient de l’ombre aux problèmes des hommes
Dossier "La Gryffe" : de l’antiféminisme en milieu libertaire...
Le sexisme très ordinaire de la gauche médiatique
" La planète des hommes " : du journalisme bien paresseux !
Le Centre des médias alternatifs du Québec et l’antiféminisme
Le prétendu "Vol du féminisme" - un pamphlet antiféministe fondé sur des anecdotes truffées d’erreurs
Le féminisme dans la mire des médias
Élisabeth Badinter dénature le féminisme pour mieux le combattre
Élisabeth Badinter : caricatures et approximations
« L’Express » fait fausse route
Plus que sexisme ordinaire, provocation et " festival d’insultes "
Le CMAQ se donne les moyens de contrer les abus sur son site
Pourquoi le Centre des médias alternatifs du Québec publie-t-il de la propagande haineuse et antiféministe ?
What is there to debate ?
Le Centre des médias alternatifs du Québec (CMAQ), véhicule du discours masculiniste
Gros débat en cours sur le cmaq.net : le CMAQ fait ses devoirs







Texte d’Andrée Ferretti, écrit à la mort de l’écrivaine féministe Hélène Pedneault, le 1 décembre 2008.

Le premier décembre nous a quittés, ajoutant à notre désarroi, une combattante droite et lumineuse, aussi aimante qu’intrépide, aussi sensible qu’intelligente, ardemment investie dans toutes les luttes menées par les femmes et les hommes du Québec qui aspirent à vivre dans un État souverain, cadre nécessaire à la construction libre, à jamais incertaine mais possible, d’une société équitable.

Car cette femme était toute entière dans son amour. Comment dire autrement qu’elle guerroyait uniquement pour, jamais contre, même quand elle fustigeait les malveillants, leur bassesse et leur violence.

Aussi puissante et fougueuse que celle de Bourgault, aussi profonde et vraie que celle de Miron, sa parole, comme la leur et celle de nombreuses autres aussi engagées, aura nourri notre désir de maitrise de notre destin national. Nous mettrons longtemps à estimer à sa juste mesure la contribution d’Hélène Pedneault à l’évolution de notre société, parce qu’elle a mené ses combats sur tous les fronts à la fois, vivement et constamment consciente que la liberté est une et indivise. Ainsi, sa parole atteignait personnellement dans leur être unique, celles et ceux qui ont eu la chance de l’entendre parce qu’elle était simple et directe, née de la compréhension intuitive et entière de toutes choses, saisies et expliquées immédiatement dans ce qu’elles ont d’essentiel. D’où les formes qu’elles privilégiaient pour l’exprimer : l’art et la littérature.

Je n’ai pas à rendre compte de cela, les journaux, la radio, la télévision et, magistralement Ariane Émond dans Le Devoir (1) de ce matin, ayant déjà transmis et loué les faits saillants de son activité publique, ayant souligné l’aspect tragique de son départ à un âge qui la prive et nous prive des nombreux ouvrages de l’œuvre restés en chantier.

Sa mort me cause une peine qui me dépasse, si vive que je ne saurais l’expliquer par mon seul sentiment d’une perte personnelle, ma relation avec Hélène Pedneault n’ayant pas été dans l’ordre de l’intimité, pas plus celle des confidences que celle de l’action menée ensemble, œuvrant certes pour les mêmes causes, mais sur des scènes différentes, séparée en plus par une différence de près de 20 ans d’âge. C’est l’amie absolue que je perds, l’amitié en elle-même.

C’est de ce sens de l’amitié dont j’aimerais témoigner ici, trouver les mots justes qui illustreraient la puissance d’aimer d’Hélène Pedneault, fondée sur son incommensurable faculté d’admiration, sur l’inépuisable générosité du regard qu’elle portait sur les autres, sur sa soif et sa capacité d’écoute. Et par-dessus tout, sur son aptitude à donner discrètement, sans rien attendre en retour que la joie qu’elle en éprouvait. Et pour cela, précisément, nous avions le désir irrépressible de tout lui rendre au centuple. Elle a ainsi suscité le plus beau geste de solidarité et le plus authentique qu’il m’a été donné de connaître dans ma longue vie qui en est pourtant remplie.

Cela se passait en juin dernier, à Montréal, dans les grands salons de l’édifice de la SSJBM. Nous étions plus de deux cents proches, dans le vrai sens du terme, c’est-à-dire unis par un même sentiment d’appartenance à son monde, celui de ses combats et indissociablement de ses espoirs et de sa confiance, à nous être rendus à l’invitation de quelques-unes d’entre nous tous, à participer à la fête qu’elles avaient organisée pour lui remettre la « Bourse de l’amitié. » amassée dans les semaines précédentes pour aider Hélène à passer sans souci financier le temps long de sa maladie. Plus de deux cents proches qui, un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre avaient bénéficié de ses largesses, étaient venus fêter avec Hélène la beauté du don.

Manifestation parfaite de solidarité dans l’harmonie instantanée des multiples voix témoignant chacune à sa façon la reconnaissance personnelle de toutes et de tous. Chef-d’œuvre d’expression de l’amitié. Unique comme tout chef-d’œuvre. Hélène Pedneault en était la créatrice.

Ce matin, je pleure et je souris dans un même mouvement du coeur, à la pensée qu’elle m’a accueillie dans l’espace grandiose de son être, que j’ai envie d’appeler l’âme, cette instance où brillait la flamme de son intelligence, d’où se déployait sa pensée, où elle vivait en silence ses joies et ses peines, où elle puisait le désir et la force de lutter, c’est-à-dire de vivre dignement la condition humaine.

Elle m’a reconnue et exprimé cette reconnaissance en parlant de mes écrits littéraires et de mon action politique avec la rigueur et l’enthousiasme qui la caractérisaient, sans oublier qu’elle me gratifiait de ses conseils et encouragements dans mes moments de doute.

Car son amitié pour moi comme celle qui la liait profondément à tous ses autres amies et amis lui était inspirée par les manifestations uniques de notre propre âme. Elle nous aimait pour notre contribution à la recréation permanente de la culture québécoise, fer de lance de nos entreprises spécifiques pour l’enrichissement de la culture humaine universelle.

Je lui en suis infiniment reconnaissante et le lui témoignerai en chassant ma tristesse. Je rassemblerai mon énergie et tenterai, à son exemple, d’être jusqu’à la mienne fin « une battante devant l’imperfection du monde ».

1. Ariane Émond, "Il n’y a plus de volcan dans la salle", Le Devoir, 4 décembre 2008.

Nous remercions Andrée Ferretti de nous avoir autorisées à publier ce texte.

Cet article est paru dans Vigile, le 4 décembre 2008.

Oeuvres d’Hélène Pedneault

La Déposition (théâtre), 1988
Chroniques délinquantes de la vie en rose, 1988
Notre Clémence, 1989
Pour en finir avec l’excellence, 1989
La douleur des volcans, 1992
Tout Clémence, 1993
Evidence to the contrary, 1993
La déposition, 1997
Les carnets du lac (1993-1999), 2000
Les chroniques délinquantes de La vie en rose, 2002
Mon enfance et autres tragédies politiques, 2004

Mis en ligne sur Sisyphe, le 28 novembre 2012



Format Noir & Blanc pour mieux imprimer ce texteImprimer ce texte   Nous suivre sur Twitter   Nous suivre sur Facebook
   Commenter cet article plus bas.

Andrée Ferretti, écrivaine

Andrée Ferretti est bien connue dans les milieux politiques et littéraires. Militante indépendantiste depuis le début des années 60, elle a été vice-présidente du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN). Elle a collaboré à divers journaux et ouvrages collectifs, et a aussi publié des essais et cinq ouvrages de fiction : Renaissance en Paganie et La Vie partisane (Typo, 2005), L’été de la compassion (VLB, 2003), Bénédicte sous enquête (VLB 2008), Roman non autorisé (l’Hexagone, 2011). Elle a aussi fait paraître Écrire pour qu’arrive le grand soir (Éditions Trois-Pistoles, 2005), qui relate son parcours d’écriture.



    Pour afficher en permanence les plus récents titres et le logo de Sisyphe.org sur votre site, visitez la brève À propos de Sisyphe.

© SISYPHE 2002-2012
http://sisyphe.org | Archives | Plan du site | Copyright Sisyphe 2002-2016 | |Retour à la page d'accueil |Admin