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jeudi 21 février 2013

Sommet sur l’enseignement supérieur au Québec - Y aller ou ne pas y aller ?

par Pierre Mouterde, sociologue






Écrits d'Élaine Audet



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Ce fameux sommet sur l’enseignement supérieur, qui se tiendra les 25 et 26 février à Montréal 2013, faut-il le prendre au sérieux et y aller en grand nombre ? Telle est la question que beaucoup au sein des mouvements sociaux, des syndicats et des organisations étudiantes, se posent dans l’urgence ? S’agit-il d’un espace qui permettra de faire avancer la cause des étudiant-es telle qu’elle s’est exprimée lors du Printemps érable et même de régler certains problèmes clef de l’enseignement supérieur ? Ou au contraire s’agit-il d’une opération politique de récupération soigneusement planifiée dont on a tout à perdre en s’y investissant ? Devant les innombrables ambiguïtés ou signaux contradictoires envoyés par le gouvernement du Parti québécois, les points de vue sont loin d’être univoques. Pourrait-on y voir plus clair ?

C’est, parmi les personnage publics, Jacques Parizeau qui nous a offert – dans ses déclarations du 12 février — sans doute le meilleur point de départ : tout commence en effet dans cette histoire par la question “obsessionnelle (dixit Parizeau) du déficit zéro. C’était déjà une des marottes des péquistes en 1995/96 : rappelez-vous comment cette idée d’un déficit zéro a permis, à la manière d’un véritable cheval de Troie, l’entrée définitive des politiques néolibérales au Québec, avec en particulier des coupures récurrentes de 20% dans la santé et l’éducation. Et voilà qu’elle refait surface quelques années plus tard ! Mais cette fois-ci, elle a été soigneusement préparée et planifiée par l’ex-ministre des finances libéral, Raymond Bachand, après que soient passées les frayeurs de la crise financière de 2008.

À travers un budget serré prévoyant l’équilibre budgétaire en 3 ans, ce dernier a repris, loin de toute perspective keynésienne, les mêmes logiques néolibérales de l’utilisateur/payeur, en instituant une taxe santé, en haussant les frais de scolarité, en laissant monter les prix de l’électricité ainsi qu’en promouvant la réduction systématique des dépenses publiques dans tous les ministères, etc. Et que ce soit en 1995/1996 ou en 2012/2013, jamais on a pris en compte l’idée – pourtant assez évidente — qu’il serait possible pour équilibrer ce budget de non seulement prendre plus de temps pour y arriver (de manière à en adoucir les effets les plus durs), mais encore d’augmenter les rentrées d’argent, en taxant plus par exemple les gains de capitaux des grandes entreprises financières ou en promouvant une fiscalité plus progressive.

Le Budget Bachand repris presqu’in extenso

Or c’est le cadre budgétaire du ministre Bachand ainsi que sa logique comptable néolibérale que les péquistes ont repris presqu’in extenso. Les obligeant d’entrée de jeu à revenir sur certaines de leurs promesses de campagne (par exemple la suppression de la taxe santé), et en contre-partie à se lancer dans une série de restrictions appréhendées, toutes plus ou moins arbitraires les unes que les autres. Qu’on pense, à titre d’exemples, à ces coupures récentes dans les budgets de recherche de la santé, ou alors au refus de payer les profs de Cegep pour leur sur-travail dû à la grève, etc. En fait, il n’existait qu’une différence, apparemment de taille, entre les deux budgets, celle concernant les droits de scolarité : les libéraux voulaient les hausser progressivement, mais substantiellement, les péquistes eux semblent pour l’instant – suite au formidable tonnerre provoqué par le Printemps érable — s’être ralliés autour d’une solution mitoyenne : l’indexation.

Mais on le voit bien, cette position n’est qu’apparemment mitoyenne. Elle reste inscrite dans le cadre comptable néolibéral et ne correspond qu’à la seule logique d’un calcul politique pensé sur le court terme pour désamorcer le combat étudiant. Car l’indexation, contrairement à ce qu’affirme Pauline Marois, n’est nullement une autre manière de parler du gel des droits. C’est une augmentation des droits, certes moins grande que celle prévue par les libéraux, puisqu’elle se contente de suivre le coût de la vie, mais une augmentation tout de même et qui ne remet en cause rien de la logique néolibérale de la marchandisation de l’éducation, et encore moins pourrait représenter un pas quelconque vers la gratuité scolaire ou une plus grande accessibilité.

Que faire alors ?

Il y a parfois des nuances qui, d’un point de vue stratégique – c’est-à-dire d’un point de vue qui fait avancer la lutte sociale dans son ensemble — font toute la différence. En ce sens se battre pour que le gel soit effectif (et non pas accepter de guerre lasse l’indexation) ouvre aujourd’hui encore la possibilité de rassembler des forces et surtout d’instaurer une dynamique concrète de changement qui ne nous ferme pas à la gratuité, mais au contraire nous y ouvre. Car à y regarder de près, cela a été la grande force du mot d’ordre de gel des droits promu par les associations étudiantes lors du Printemps érable : cette revendication a permis d’unir le gros des forces étudiantes (qu’elles soient radicales ou au contraire modérées) autour d’une même démarche d’affirmation collective, faisant vite ressortir qu’il y avait deux façons opposées de voir l’éducation (l’éducation comme marchandise, l’éducation comme service public), et qu’il y en avait une (la seconde) , même si elle n’était pas soutenue par les grands lobbies économiques et financiers, était légitime rationnellement parlant et conduisait à faire de la gratuité scolaire une réalité possible pour le Québec, à condition d’oser entériner les choix économiques et politiques nécessaires.

C’est cette victoire appréhendée — pas complète, mais en chantier — qu’il serait souhaitable de parachever aujourd’hui. Pour justement pouvoir, dans les faits, arriver un jour à la gratuité scolaire, et y arriver en dépit de tous les diktats néolibéraux, par ailleurs si hégémoniques. Et Michel Seymour, ce philosophe militant (adepte de Rawls) a raison de le rappeler : gagner le gel, en en scellant la portée dans la durée, serait déjà un pas non négligeable, et, pourrait-on rajouter, serait une indéniable victoire ouvrant la porte à d’autres mobilisations possibles (et partant à d’autres victoires) pour les mouvements sociaux du Québec.

L’unité autour du gel

D’où la conclusion qui s’impose vaille que vaille : le seul moyen de faire que le sommet scelle la victoire étudiante, c’est d’y aller, mais d’y aller ensemble, avec à ses côtés tous les alliés possibles et avec un objectif commun, une sorte de préalable à toute autre discussion : l’engagement solennel du gouvernement péquiste à reconduire le gel. En faisant suffisamment de pressions pour qu’il revienne sur sa décision d’indexation et qu’il n’utilise pas ce sommet comme une simple opération de marketing politique, lui permettant d’entériner par la bande ses politiques néolibérales, et au passage de négocier de manière séparée avec chacun de ses interlocuteurs, des bribes de compromis en semant de loin en loin la division.

Après tout, la lutte étudiante du Printemps érable était une lutte politique. C’est ce qui a forgé sa vigueur, lui a donné sa dimension créatrice : elle a su constituer une force collective unie et alternative –composée des différents syndicats étudiants, mais aussi d’un large réseau de soutien populaire — capable de se faire entendre et de rendre légitime, par-delà le brouhaba des pseudo-évidences néolibérales, l’idée d’une éducation publique au service de tous et toutes. C’est maintenant ce qu’il faut arriver à faire entendre à ce sommet ? Haut et fort ! À la manière d’un même et convaincant message politique !

 "Somme sur l’enseignement supérieur : faut-il y aller ? ne pas y aller ?", sur le site de Presse-toi à gauche. Merci à l’auteur de nous avoir proposé cet article.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 14 février 2013



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Pierre Mouterde, sociologue



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