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samedi 31 août 2013 Pour le lobby de Dieu, la femme est un ventre, rien qu’un ventre !
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Le lobby de Dieu, ce sont ces clercs, laïcs ou religieux, qui se sont emparés de la parole de Dieu, qui en ont fait leur fonds de commerce et qui s’en réclament chaque fois que l’occasion se présente de fustiger la liberté des autres, et surtout de réduire la femme à être et à faire ce que la Genèse l’a condamnée à être et à faire : « Je multiplierai les peines de tes grossesses [...] et ton mari dominera sur toi ». Car la femme est la cible principale de ces clercs, l’objet de leur compulsive obsession et l’exutoire de leur obscurantisme. De même qu’au Moyen Âge, le manant était taillable et corvéable à merci, de même, pour eux, la femme est un ventre qu’on engrosse à volonté, jusqu’à épuisement. L’équation est simple : plus la femme enfante plus elle souffre, plus elle souffre plus elle s’affaiblit, plus elle s’affaiblit et mieux elle se soumettra à l’homme. Ne protestez pas : c’est la volonté de Dieu. Dieu dit, l’homme jouit, la femme subit Pour les ultrareligieux, le grand malheur de notre temps est la promotion de la contraception et la légalisation de l’avortement qu’ils assimilent à un génocide. Et c’est, bien entendu, la femme qui en porte l’odieux ! Ah, ces femmes qui veulent avoir des relations sexuelles sans tomber enceintes ou, si elles tombent enceintes, voudraient se faire avorter ! Quelle abomination ! Le télé-évangéliste Pat Robertson croit que les femmes modernes n’ont d’autre dessein que d’abandonner leur mari et de tuer leurs enfants. Pour Jerry Falwell, les attentats du 11 septembre 2011 sont imputables « aux païens, aux partisans de l’avortement, aux féministes et aux homosexuels [...] » puisqu’ils ont jeté Dieu hors du champ public. Mais la palme de la fécondation industrielle revient au “Christian Patriarchy Movement” dont les membres sont convaincus qu’ils devraient avoir autant d’enfants que Dieu pourvoit tel qu’indiqué dans le Psaume 127 : C’est largesse de Yahvé que des fils, Heureux l’homme qui, de ses traits, Autrement dit, le mouvement Quiverfull prêche le patriarcat et la fertilité des femmes comme armes pour répondre à la volonté de Dieu et se défendre contre les ennemis : bref, les enfants sont des flèches destinées à défendre Dieu contre des ennemis qui ne sont pas précisés, ce qui ouvre le champ de bataille à toutes sortes d’ennemis. L’accent guerrier magnifié par la poésie divine est censé exalter le croyant et le transporter dans un monde meilleur. Aux dépens de la femme, bien entendu, à qui on n’a pas demandé son avis ! D’ailleurs, on fait la guerre à toute femme qui, selon le mot de Rebecca West, « exprime tout sentiment qui la différencie d’un paillasson ou d’une prostituée ». La polygamie est la matrice d’une fertilité tous azimuts Mais Quiverfull, pour fantasmagorique qu’il soit, demeure dans le mode monogame. Les fondamentalistes islamiques, eux, privilégient la polygamie qui démultiplie la fécondité et la rend mécanique, productiviste... Ce n’est plus de l’enfantement, c’est de l’abattage, du travail aux pièces, du taylorisme à l’échelle planétaire... Ali Benhadj, leader du Front islamique de salut, le dit avec une si belle sincérité : « La femme est une productrice d’hommes. Elle ne produit pas de biens matériels, mais cette chose essentielle qui est les musulmans ». Quant à Saïd Qutb, devenu théoricien de l’islamisme à la suite d’un voyage d’études aux États-Unis dans les années 1940, dont les moeurs décadentes le choquèrent au point de rejeter toute la culture occidentale, prévaricatrice et satanique, il prône la polygamie avec force arguments physiologiques à faire pâlir tous les Nobel de biologie : « Ce qui la (polygamie) justifie [...], c’est que la période de fertilité chez l’homme se prolonge jusqu’à l’âge de soixante-dix ans et plus alors que, chez la femme, elle s’arrête autour de la cinquantaine. Il y a donc vingt ans de décalage, vingt ans qu’il n’est pas permis de perdre alors que la loi divine et la loi naturelle s’accordent à fixer à l’humanité le rôle de peupler la planète ». On le voit bien : la femme et sa capacité reproductive sont au coeur du dispositif des fondamentalistes. Et Saïd Hawa, dans Al-Islam, en rajoute : « L’islam a permis à l’homme de multiplier ses épouses, mais pas à la femme parce que cette dernière n’a pas plusieurs utérus dans lesquels elle pourrait mettre séparément les enfants de son mari [...] Quant à l’homme, il peut déposer sa semence dans plus d’un utérus, nourrir plus d’une femme, et c’est donc normal que la polygamie lui soit permise. Si son appétit sexuel est grand et que sa femme soit froide, il peut lui joindre une deuxième, puis une troisième, puis une quatrième, et qui ne peut se satisfaire de quatre femmes ? ». Ouf ! Que la femme ne s’avise pas de refuser les exigences de son mari : elle serait rebelle à la loi de Dieu. Dans ce cas, l’homme aurait tous les droits sur elle. « Lorsqu’il s’avère que toutes les autres méthodes de correction sont restées inefficaces, c’est que le mari se trouve devant un cas de rébellion violente qui nécessite l’utilisation d’un procédé violent : les coups, non pas dans l’intention de nuire, mais de corriger [...] Et ce droit (de corriger sa femme insoumise) dont l’homme a le privilège, c’est Dieu qui le lui a accordée ». Et ce ne sont pas des paroles en l’air. Au Liban, à la fin de l’années 2011, la plus haute autorité religieuse sunnite du pays, Dar el Fatwa, se dit opposée à tout projet de loi visant à protéger les femmes contre la violence conjugale et familiale, estimant qu’il provoquerait la dislocation de la famille comme en Occident (sic). Ce projet de loi stipule des mesures permettant une protection de la femme victime de viol ou de violence de la part de son mari, clauses qualifiées d’hérésie par Dar el-Fatwa qui a accusé les instigateurs du projet d’inventer de nouveaux crimes. Car le projet de loi aura un impact psychologique sur les enfants musulmans [...] qui verront leur mère défier l’autorité patriarcale et le menacer de prison, ce qui affaiblira l’autorité morale du père. Nous arrêtons ici les citations et les références que nous assènent les fondés de pouvoir de Dieu sur terre de peur d’incommoder outre mesure les lecteurs et les lectrices. Ces gens-là appartiennent à toutes les religions car chaque religion sécrète son fondamentalisme, et chaque secte, son fanatisme. Et nul pays n’est à l’abri de ce type de violence : au Canada, 13 femmes ont été assassinées entre 2000 et 2012 pour cause de désobéissance à la tradition religieuse. D’autant plus choquant qu’on apprend que, pour certains individus et certains clans familiaux, ces actes ne sont pas si aberrants que cela. Dans une librairie islamique de Toronto, on a découvert un livre en langue anglaise de 160 pages, publié à Delhi en Inde, qui explique aux jeunes mariés comment contrôler, menacer et même parfois battre leurs femmes. Au Canada comme ailleurs, la vigilance est de rigueur. Le lobby de Dieu ne désarme pas, il ne cède rien, il n’épargne personne. La loi et sa stricte application sont les garantes de nos libertés. L’homme est engagé tout autant que la femme dans l’épanouissement des principes de liberté et d’égalité, car l’homme qui domine n’est pas libre, il est esclave de ses instincts comme la bête. Mis en ligne sur Sisyphe, le 21 août 2013 |