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samedi 19 avril 2014

La charte des valeurs n’a été ni cachée ni utilisée à des fins électoralistes

par Bernard Drainville, député de Marie-Victorin






Écrits d'Élaine Audet



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Depuis la présentation des orientations de la charte des valeurs en septembre 2013, beaucoup, beaucoup d’encre a coulé. Il s’est dit sur les propositions de notre gouvernement tellement de choses ! Trop peut-être. L’arrivée d’un gouvernement libéral majoritaire à l’Assemblée nationale clôt ce chapitre. Je me permets donc, moi qui ai eu droit aux premiers mots sur cet enjeu, d’en faire un premier bilan.

Nous avons proposé aux Québécois une charte des valeurs plutôt qu’une charte de la laïcité parce que l’égalité entre les femmes et les hommes et le respect d’un patrimoine commun étaient des éléments fondamentaux, des valeurs aussi importantes dans notre réflexion, que la neutralité religieuse de l’État et la laïcité de nos institutions. Nous dépassions le concept de laïcité pour affirmer, dans une vision plus large, des valeurs communes qui définissent le Québec d’aujourd’hui. Qu’une nation affirme haut et fort ses valeurs n’a rien de nouveau, pensons seulement à la France et à son célèbre « liberté, égalité, fraternité ».

La volonté d’inscrire la laïcité au coeur de nos institutions n’est pas nouvelle au Parti québécois. Dès 2011, nous avions ajouté à notre programme politique, à la vue de tous, les éléments qui allaient constituer notre projet de charte, y compris l’interdiction du port de signes religieux pour le personnel de l’État.

Mme Marois, une grande défenderesse de la laïcité, m’avait mandaté, dès septembre 2012, pour proposer aux Québécois une charte correspondant à ce à quoi nous nous étions engagés au congrès de 2011. La charte des valeurs visait deux objectifs fondamentaux : affirmer la neutralité religieuse de l’État et l’égalité entre les femmes et les hommes, et mettre un terme aux accommodements religieux déraisonnables, sources de tension sociale au Québec. Nous avons donc, avec ces objectifs en tête, proposé cinq orientations aux Québécois afin de connaître leur point de vue sur cette question. Certains trouvaient que nous allions trop loin, d’autres pas assez. Nous en étions conscients, mais nous souhaitions proposer un modèle québécois de laïcité respectant l’équilibre entre les libertés individuelles et nos valeurs communes.

Le modèle de multiculturalisme canadien préconise une forme de cohabitation côte à côte dans laquelle les différentes communautés vivent séparément. Il n’y a pas dans le multiculturalisme de volonté de construire une fondation commune. Nous croyons le fait que de définir clairement un espace où les différentes religions ne s’immiscent pas dans le rapport entre les citoyens et leur État est un gage d’égalité et de respect pour tout un chacun. L’État, comme une grande table où tous les citoyens sont invités à venir s’asseoir. Peu importe leurs différences de sexe, d’orientation sexuelle, d’origine, de croyance ou de non-croyance. L’interdiction du port de signes religieux pour les employés de l’État visait cet objectif. Tout le contraire d’exclure.

Évidemment, nous étions conscients que nous en demandions à certaines communautés plus qu’à d’autres. Nous en étions conscients et préoccupés ; d’où la création d’une période de transition d’un an pour tous les employés de l’État et jusqu’à cinq ans pour les employés du réseau de la santé, des municipalités, des cégeps et des universités.

Si nous croyions que la neutralité religieuse de l’État doit s’incarner aussi dans l’apparence de ses employés, nous avons pu constater que cet enjeu divisait davantage les Québécois. Et malgré le fait que nous n’étions pas prêts à faire de compromis sur le principe, nous étions ouverts au compromis sur les moyens, y compris à limiter à certaines classes d’employés l’interdiction du port des signes dans un premier temps. J’ai la profonde conviction que, si les partis d’opposition n’avaient pas annoncé leur intention de voter contre le budget Marceau, nous aurions pu, avec la CAQ, en arriver à un compromis qui aurait permis l’adoption de la charte.

L’élection du 7 avril ne portait pas sur la charte. Elle portait sur une vision du gouvernement en matière économique, sociale et identitaire et, il faut le reconnaître, s’est transformée en élection référendaire dont la question était : « Voulez-vous d’un référendum ? ». C’est pourquoi notre projet de charte n’a pas joué un rôle fondamental dans les résultats. La charte n’a été ni cachée ni utilisée à des fins électoralistes. Elle n’aura été qu’un élément de notre bilan et qu’un élément de nos engagements. Un élément important, certes, mais loin, très loin, de la « question de l’urne ».

Je suis fier que nous ayons fait avancer la laïcité au cours de la dernière année, fier des Québécois, fier de notre façon démocratique de faire connaître nos désaccords. Malgré le jugement sévère de la population le 7 avril, je maintiens plus que jamais que nous sommes un grand peuple et qu’il est normal d’affirmer haut et fort ce que nous sommes. D’affirmer nos valeurs et de les défendre, pour assurer l’avenir du Québec et de tous les Québécois, sans exception.

Publié aussi dans Le Devoir, le 14 avril 2014

Mis en ligne sur Sisyphe, le 14 avril 2014



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Bernard Drainville, député de Marie-Victorin



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