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mardi 31 mars 2015

Le Canada doit cesser de flirter avec l’islam politique et renoncer au relativisme culturel

par Homa Arjomand, présidente fondatrice de NoSharia.com






Écrits d'Élaine Audet



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Homa Arjomand, fondatrice de Nosharia

Homa Arjomand est une militante canadienne d’origine iranienne exilée parce qu’elle était menacée en Iran. En 2005, elle a joué un rôle important dans la campagne contre l’adoption par l’Ontario d’une législation permettant la mise en place de tribunaux jugeant des affaires civiles selon le droit islamique (charia). Elle a lancé et préside Nosharia, International Campaign Against Sharia’a Court in Canada. Elle travaille aussi avec des organismes de défense des femmes victimes de violence et de défense des droits des enfants. En 2006, elle était en page ouverture de la Gazette des femmes (CSF) qui l’avait déclarée "sa" femme de l’année. Voici le texte de son intervention, à titre personnel, devant un comité sénatorial canadien sur la prévention de la radicalisation, le 2 février 2015. Crédit photo : site Athéisme.

Je tiens à remercier le comité sénatorial de me donner la possibilité d’aborder certains des problèmes dont j’ai été moi-même témoin à titre de conseillère de soutien pendant la transition et de survivante d’un tribunal de la charia en Iran.

La réunion d’aujourd’hui porte sur la prévention de la radicalisation au Canada. Afin de traiter cette question, j’ai décidé de diviser mon intervention en parties : je vais d’abord parler brièvement de problèmes dans les soi-disant communautés islamiques ; je vais ensuite aborder les questions auxquelles les membres de cette communauté font face dans la société en général ; et, pour terminer, je vais suggérer des mesures qui, j’en suis persuadée, préviendront la radicalisation au Canada.

Parlons d’abord des problèmes.

L’apartheid sexospécifique, la ségrégation des hommes et des femmes, et l’oppression des femmes prennent les formes les plus répugnantes et les plus scandaleuses dans ces soi-disant communautés islamiques — la polygamie, les mariages arrangés, les fillettes données en mariage, la traite des enfants aux fins de mariage et la location d’épouses qu’on appelle seeghehs. Les crimes d’honneur sont devenus pratique courante dans ces communautés. L’homme est considéré comme le chef du foyer, parfois comme un deuxième Dieu. Il contrôle et gère les finances familiales, le choix de résidence, l’héritage, l’emploi, le divorce, la garde des enfants et la division des biens selon ses propres traditions, culture et religion ; il impose les tâches ménagères aux jeunes filles et aux jeunes femmes, parfois dès l’âge de six ou huit ans, ainsi que des sanctions sévères.

Il intimide, restreint la liberté des femmes et des filles dans la famille et les dégrade, et il oblige des enfants d’à peine quatre ou cinq ans à porter le voile. Croyez-le ou non, j’ai vu à la mosquée des bébés de huit mois qui étaient voilés. Il empêche les enfants de pratiquer des activités récréatives comme le sport, la danse, la natation et la musique. Il les force à fréquenter l’école islamique et les encourage à suivre les dogmes religieux et les traditions arriérées qui promeuvent la haine à l’égard des personnes qui pratiquent d’autres religions, des non-pratiquant-e-s, des gays et lesbiennes, et de toutes les Occidentales et tous les Occidentaux. Il les oblige à participer à des cérémonies religieuses contraires aux lois et à la réglementation en matière de santé, d’hygiène et d’environnement, et aux valeurs occidentales ; et il commet des actes de cruauté envers les animaux.

Les membres de ces soi-disant communautés islamiques vivent au Canada, mais suivent strictement les lois et règles de la charia. Comme il a été mentionné, il existe différents types de charia et ils sont presque identiques pour quiconque se trouve à l’extérieur de ces communautés.

Les problèmes sociaux liés à la politique multiculturaliste

Mais penchons-nous plutôt sur les problèmes sociaux auxquels les membres de ces communautés, surtout les jeunes, doivent faire face : l’isolement, la ségrégation, la discrimination, l’insécurité, la confusion, la dépréciation, le manque de reconnaissance de la part de la société en général, l’absence d’espoir d’un avenir meilleur, l’impuissance, la passivité, le manque de soutien social, le manque de soutien de l’État, le chômage et la pauvreté.

Malheureusement, c’est la politique de multiculturalisme qui est responsable de cette situation. Elle a divisé la société canadienne en diverses communautés religieuses et ethniques. Elle a promu la tolérance et le respect des soi-disant opinions et croyances des minorités au détriment du respect des droits de ces personnes et de ces communautés. Ces personnes, surtout les femmes et les enfants, se retrouvent privées de droits à l’intégrité physique et morale, de garantie des premières nécessités pour vivre une vie normale dans la société contemporaine, de l’assurance de pouvoir être autonomes, de la capacité de chercher la vérité dans toutes les sphères de la vie sociale et d’un statut égal au sein de la famille.

La politique de multiculturalisme et de relativisme culturel a donné aux religions bien des occasions d’imposer leurs propres règles à une communauté en particulier dans la société en général. Elle a permis aux islamistes, à l’islam politique, de croître et de pénétrer dans le système canadien. Il n’y a pas si longtemps, l’islam politique essayait d’établir un tribunal de la charia au Canada. Sans l’intervention de la Campagne Internationale contre la Cour de la Charia au Canada et de millions de militant-es d’ici et du monde entier qui demandaient une loi pour tous et toutes, une loi obligatoirement séculière, l’islam politique ferait maintenant partie du système pénal. C’est la force de la laïcité qui a repoussé l’établissement d’un tribunal de la charia au Canada.

En plus du multiculturalisme, le relativisme culturel s’est avéré une énorme entrave à l’intégration des femmes, des enfants et des jeunes. Cette politique a laissé les membres de ces communautés à la merci de la religion et d’une culture rétrograde. On a commencé à se servir principalement de la culture et de la religion pour dicter la conduite des gens. La culture a primé sur l’égalité hommes-femmes ainsi que sur les droits des particuliers et des enfants.

Dans ces communautés, à cause de croyances familiales, Aqsa Parvez et des membres de la famille Shafia peuvent être condamnés à mort par leurs proches pour n’avoir pas honoré la culture et les traditions rétrogrades que le mouvement religieux promeut et maintient, notamment le mouvement islamique mondial.

Le relativisme culturel est un autre concept dont on s’est servi pour accroître le nombre d’écoles et de centres religieux. Au nom de la liberté de religion, l’État a financé légalement ces institutions et permis que l’on soumette les enfants aux traditions et au dogme religieux. Avec du financement provenant d’Arabie saoudite, d’Iran et d’autres pays, et l’importation au Canada des enseignements de moolahs et d’imams, le résultat est très évident. L’État a pavé la voie à une ségrégation, un isolement et une discrimination accrus en privant les enfants de la possibilité de se mêler aux autres et en les empêchant, ainsi que leur famille, de progresser dans une société moderne comme le Canada.

Gardez à l’esprit que le Canada n’est pas à l’abri de toutes les perturbations qui surviennent à l’échelle mondiale. Il est directement et indirectement touché par elles. Je ne parle pas de l’action militaire contre l’EIIL ou des sanctions économiques ou politiques contre l’État islamique d’Iran, mais plutôt du fait de permettre à des acteurs clés de l’islam politique, c’est-à-dire du régime islamique iranien — ceux qui sont directement impliqués dans l’exécution d’opposants politiques et de personnes qui pratiquent d’autres religions —, de devenir citoyens canadiens. Tôt ou tard, grâce au soutien financier qu’ils reçoivent des islamistes, ces acteurs clés exerceront des pressions pour participer activement au système canadien. Nous ne devrions pas nous surprendre de les voir jouer des rôles au sein de divers partis ou même comme députés. En ce moment, ils construisent, organisent et orientent leur programme au Canada et élargissent leur mouvement politique non seulement ici, mais également dans le monde entier.

Mesdames et messieurs les sénateurs, la radicalisation au Canada ou ailleurs serait impossible si les islamistes ne pouvaient pas compter sur leurs partisan-e-s. Malheureusement, avec sa politique de relativisme culturel, le Canada a causé suffisamment de division, d’isolement et de ségrégation, et fait en sorte que les jeunes soient confus, endoctrinés, perdus et sans espoir. Ces jeunes vulnérables sont devenus des cibles parfaites pour les islamistes. Il suffit que ceux-ci s’adressent à eux comme à des frères et des sœurs ou qu’ils leur offrent une aide financière, à eux ou à leur famille. Ils paient leurs factures ou leur dispensent des enseignements dans leurs centres ou à l’étranger, comme en Angleterre ou en Allemagne.

Qu’est-ce que ces jeunes ont à perdre ? S’ils ne sont pas récompensés maintenant, ils le seront après leur mort. C’est comme cela qu’ils ont été élevés et instruits, sans influence sociale externe.

À qui la faute ?

Je m’accuse parmi toutes les autres femmes, tous les autres enfants et défenseurs des droits de la personne de ne pas avoir exercé suffisamment de pressions pour qu’on instaure un système scolaire laïque universel, pour qu’on favorise l’intégration, la séparation totale de la religion et de l’État, pour qu’on fasse en sorte que la religion devienne une question personnelle pour adultes.

Ensuite, je blâme le système de n’avoir pas protégé ces précieux enfants et jeunes si vulnérables, de n’avoir pas défendu les droits des femmes, d’avoir compromis les droits des enfants et de n’avoir pas appliqué une loi unique pour tous les citoyennes et citoyens canadiens.

Comment pouvons-nous prévenir la radicalisation ?

Malheureusement, il n’existe pas de solution miracle, mais je crois fermement qu’il est possible de juguler la radicalisation en combinant l’adoption de mesures législatives et la sensibilisation du public. Notre société doit accepter une série de lois et de règlements progressifs pour tous, sans égard au sexe, à la race, à l’ethnicité et au pays d’origine. Il faut appliquer une loi progressive pour tous et toutes. Le gouvernement a le devoir de protéger les personnes. Il ne doit pas y avoir d’État dans l’État ; seul un État laïque, une société laïque, qui respecte les droits de la personne peut assurer la libération des femmes et la sécurité des enfants.

Le Canada a besoin de se concentrer sur l’intégration plutôt que le relativisme culturel et de consacrer plus d’énergie aux droits individuels qu’aux droits des minorités dans l’ensemble car, comme nous le savons, les communautés ne sont pas homogènes. Le Canada doit immédiatement mettre fin au relativisme culturel, veiller à ce que la religion et l’État soient totalement distincts des systèmes de justice et d’éducation, arrêter de financer les écoles et les centres religieux, et s’attacher plutôt à accorder une plus grande attention aux besoins des écoles et à créer plus de centres de sports, de musique et d’arts qui seront accessibles gratuitement à tous les jeunes de moins de 18 ans.

Vous m’excuserez, mais le Canada doit arrêter de flirter avec l’islam politique. Il ne s’agit ni de simples gangsters ou djihadistes, ni de sectes. L’islam politique est un mouvement politique dont les membres cherchent à obtenir plus de pouvoir et de reconnaissance de la part de l’Occident ; pour ce faire, ils sont prêts à commettre des actes inhumains comme celui de kidnapper des filles dans les écoles et de les marier de force ou de recruter des jeunes dans ces soi-disant communautés islamiques. Ils ont soif de reconnaissance et d’actes héroïques.

Il faut sensibiliser le public aux questions de l’égalité entre les sexes et de la violence conjugale. On peut le faire par le truchement de bandes dessinées, de jeux informatisés, d’émissions de télévision, de spectacles de comédiens et de toutes les autres émissions pour enfants. Il faut encourager la création littéraire qui célèbre l’héroïsme humain plutôt que religieux.

Nous avons besoin de plus d’écrivain-e-s et de poètes qui peuvent remplacer les héros islamiques par des héros qui placent l’humanité au centre de l’univers avec passion et amour.

Lorsque l’on défend la liberté d’expression inconditionnelle, on ne devrait jamais faire d’exception pour la religion.

Au plan international, il ne faut pas entretenir de relations diplomatiques avec l’islam politique. Cela veut dire qu’il faut fermer leurs ambassades et ne s’associer avec aucun de leurs dirigeants politiques.

Merci.

 Source : Parlement du Canada, Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense. On peut écouter cette intervention en anglais sur youtube.

 Lire ici le récit d’exil de l’auteure et de sa désillusion du multiculturalisme.

 On peut lire un texte d’Homa Arjomand dans le livre Des tribunaux islamiques au Canada ?, publié aux éditions Sisyphe en 2005. Dans le même livre, on trouve le texte de la motion présentée par Fatima Houda-Pepin et adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale du Québec en 2005. On peut se procurer ce livre dans les librairies du Québec ou aux éditions Sisyphe, 4005, rue des Érables, Montréal, QC, H2K 3V7, au coût de 11$+2,50$ pour frais d’expédition au Québec. En France, demandez à votre libraire de s’adresser à la Librairie du Québec/DNM à Paris, qui est le distributeur des livres de Sisyphe.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 4 mars 2015



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Homa Arjomand, présidente fondatrice de NoSharia.com
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