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vendredi 13 mars 2015


Récit d’une exilée iranienne au Canada
Le multiculturalisme au Canada, une grande muraille face à l’intégration

par Homa Arjomand, présidente fondatrice de NoSharia.com






Écrits d'Élaine Audet



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Le président du comité du Sénat étudiant la prévention de la radicalisation (1) a demandé à Homa Arjomand, qui y présentait un point de vue personnel, de faire le récit de l’immigration de sa famille au Canada, « ce récit que, selon moi, tout le monde devrait entendre », a-t-il dit. Mme Arjomand a rappelé ce qui a amené sa famille à quitter l’Iran et à choisir le Canada après de courts séjours dans d’autres pays. Voici le texte de ce récit qui éclaire le parcours de la fondatrice de Nosharia et sa critique lucide du multiculturalisme et du relativisme culturel présentée lors de son témoignage devant le Sénat (2).

***
Homa Arjomand, fondatrice de Nosharia

Merci de me permettre d’être ici en tant que femme qui se bat pour l’égalité entre les sexes.

J’étais une combattante — quand je dis "combattante", je veux parler d’une personne qui défend les droits des femmes et des enfants. Aujourd’hui, on ne peut plus parler de "combattant" comme si on portait une arme et qu’on allait partout ; on parle plutôt de défenseur de l’égalité hommes-femmes.

Ma vie était en danger. Une étudiante à qui j’enseignais au collège et à l’université à Téhéran et qui travaillait pour le gouvernement iranien — ce que j’ignorais — m’a informée que ma vie et ma sécurité étaient menacées. À ce moment-là, les gardes révolutionnaires occupaient ma maison, alors elle m’a simplement écrit une note qu’elle a glissée dans ma poche.

Nous devions porter de longues robes et une veste et nous couvrir la tête. C’était l’hiver. Alors j’ai lu la note dans la salle de bains. Je n’ai eu d’autre choix que de m’enfuir. Bien entendu, les activistes ont toujours un plan au cas où pareille situation surviendrait, un endroit où aller et des mesures à prendre. À ce moment-là, j’ai envoyé une autre de mes étudiantes chercher mes enfants à la garderie.

J’avais aussi un code. Cela ne date pas d’hier, c’était en 1987-1988. Mon mari et moi avions un code entre nous. Si je lui disais que j’avais besoin de lait pour ma fille Rona, cela signifiait que ma vie était en danger. Alors je lui ai téléphoné et lui ai dit : « Rona n’a pas de lait. Tu dois lui en acheter. » Il savait qu’il ne pouvait pas rentrer à la maison. Il devait se rendre en lieu sûr, un endroit que nous avions déjà prévu. Nous nous y sommes tous allés. J’y ai retrouvé mes enfants et, deux jours plus tard, nous avons fait appel à un passeur avec qui nous avions déjà été en contact. Nous l’avons payé pour pouvoir traverser la frontière.

En Iran, chaque ville est surveillée par des gardes. De plus, selon tous et toutes les autres activistes qui envoient des messages par l’entremise des membres de leur famille, mon portrait a été dessiné en prison et montré à tout le monde pour tenter de connaître mon nom et l’endroit où j’étais. Personne ne peut se permettre d’utiliser sa véritable identité.

Nous avons ensuite dû traverser la frontière. Il faisait très chaud. Nous avons traversé le Kurdistan à cheval ; c’était horrible. Vous ne pouvez pas trouver cela dans un livre. Je n’ai jamais rien vu de tel.

Nous avons dû voyager de nuit ; nous ne pouvions faire que trois heures par nuit à cheval, et ce, sans toilettes et sans nourriture. Les femmes nous appuyaient, parce que le passeur avait confié aux villageois que je militais pour les droits des femmes. Leur mari ne savait pas qu’on nous cachait à différents endroits. Mes enfants et moi avons dormi avec les vaches, les moutons et les chèvres dans trois ou quatre villages différents.

Nous avons ensuite réussi à nous échapper et à atteindre la Turquie. Avant notre arrivée, quelques activistes avaient déjà mentionné mon nom comme quelqu’un qui militait pour les droits des femmes. Lorsque je suis arrivée aux Nations Unies, les gens avaient déjà entendu parler de moi et ont immédiatement accepté mon cas. J’ai immédiatement commencé à travailler pour les Nations Unies. Par l’entremise de l’ONU, j’ai commencé à travailler comme interprète pour les ambassades canadienne, australienne, suédoise et britannique.

Heureusement, tous les agents des diverses ambassades ont laissé entendre que je pourrais m’installer dans leur pays à titre d’immigrante admise ou de résidente permanente. J’ai choisi le Canada, et vous pouvez me croire lorsque je dis que j’ai choisi le Canada en raison du multiculturalisme. J’ai très souvent entendu dire qu’en Suède les gens d’une autre couleur étaient discriminés.

Le multiculturalisme, une grande muraille de Chine

Je suis arrivée au Canada. Ça ne m’a pas pris de temps. Après quatre ou cinq mois, j’ai compris que le multiculturalisme et le relativisme culturel sont durs et des obstacles invisibles pour les droits des femmes et des enfants. Selon moi, cela ressemble à la grande muraille de Chine. Il est très difficile de percer cette muraille. Le relativisme culturel et le multiculturalisme ont divisé la société. Vous pouvez le demander à tout nouvel immigrant ou à quiconque qui est ici depuis 100 ans, notamment les Amish. Demandez-leur depuis combien d’années ils sont ici. Ils ne se sont jamais intégrés. Ils n’ont pas besoin de le faire. Ils ont leurs propres mécaniciens, leurs propres médecins et leurs propres centres. Pourquoi devraient-ils s’intégrer ? Qui plus est, la société le permet.

À mon avis, c’est plus économique pour le gouvernement canadien d’agir ainsi, parce que les disputes familiales sont résolues à l’intérieur de leur propre communauté par leurs propres dirigeants. C’est donc dur pour les prétendues communautés islamiques ou les autres cultures.

Si quelqu’un me dit que les immigrant-es russes ne se plaignent pas, je dirais qu’ils ne se plaignent pas parce qu’ils n’ont pas besoin de mettre l’accent sur l’intégration. Ils vivent à proximité les uns des autres, mais ils utilisent les lois canadiennes.

Pour ce qui est des immigrant-es qui viennent de prétendus pays islamiques, comme l’Iran, le Bangladesh et le Pakistan, la réalité est qu’ils ont déjà une muraille invisible autour d’eux. Ils ont leurs propres lois et règles qui étaient en vigueur il y a 1 400 ans. Ces femmes et ces enfants sont incapables de percer cette muraille. Savez-vous quoi ? On permet à des écoles islamiques de pousser comme des champignons, et les enfants les fréquentent déjà. Ils subissent des lavages de cerveau.

J’ai discuté avec l’une de mes clientes. Je travaille avec des femmes battues dont s’occupent déjà des services de police et des services d’aide aux victimes. Ces organismes les orientent vers nous. Ces femmes ont notamment des fractures au bras et à la hanche. Il y a bel et bien eu agression, et elles doivent se présenter devant les tribunaux. Après deux ou trois jours, ces femmes — et je travaille avec elles — arrivent en pleurs pour demander d’abandonner les accusations contre leur mari, en raison de la pression qu’exercent sur eux les membres de leur famille et de leur communauté, même si les policiers ont déjà déposé des accusations contre leur mari.

Je travaille également avec des enfants. Dans le cadre du programme « Let’s Talk », nous travaillons avec des enfants. Les enfants me confient qu’à l’âge de 10 ou de 11 ans ils implorent Dieu dans leurs prières. Ils veulent que Dieu emmène leurs parents au paradis parce qu’ils ne sont pas de bons pratiquants. C’est l’imam, le dirigeant ou une autre personne qui leur a dit que son enseignement est la vraie voie de l’islam et que leurs parents ne sont pas de vrais musulmans. Chaque fois que ces enfants prient, ils implorent Dieu d’emmener leurs parents au paradis, parce qu’ils ne pratiquent pas l’islam. Il est question ici de lavage de cerveau. Cela ne fait aucun doute.

De plus, compte tenu de ce qui leur arrive, ils sont isolés. Prenez par exemple les jeunes de 14 et 15 ans. Le taux de décrochage dans ces communautés est très élevé. Qu’advient-il de ces jeunes ? Il n’y a pas d’emplois. Les parents les mettent à la porte. Où vont-ils ? Ils se réfugient malheureusement dans les mosquées ou les centres, et je vous laisse deviner qui finance malheureusement ces centres. Le gouvernement canadien est bien au courant de l’endroit d’où proviennent ces fonds, mais cela ne change rien. Ces centres sont actifs et lavent le cerveau de nos enfants.

Les précédents témoins parlaient d’imams importés de divers pays, et je crois fermement que c’est vrai. Cependant, lorsqu’ils arrivent au pays, ils n’ont pas besoin de parler ; leur présence est suffisante pour que le public sache de quel côté ils penchent. Je n’ai pas besoin de le leur demander. Leur arrivée au Canada démontre que le gouvernement canadien plie devant l’islamisme politique. Je ne m’inquiète pas des musulmans...

(Le président a interrompu ici Homa Arjomand pour faire place aux questions des sénateurs. Ce sera le sujet d’une prochaine publication).

Crédit photo : site Athéisme.

Notes

1. Parlement du Canada, Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale et de la défense. On peut écouter cette intervention en anglais sur youtube.
2. Lire : « Le Canada doit cesser de flirter avec l’islam politique et renoncer au relativisme culturel », par Homa Arjomand, présidente-fondatricce de Nosharia,com, International Campaign Against Sharia’a Court in Canada.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 7 mars 2015



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Homa Arjomand, présidente fondatrice de NoSharia.com
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