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mercredi 18 mars 2015 Lettre de Julie Miville-Dechêne En réponse au texte de Micheline Carrier
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En réponse au texte de Micheline Carrier intitulé « Où va le Conseil du statut de la femme ? », publié le 16 mars 2015 sur le site sisyphe.org.
Je souhaite répondre à certaines affirmations faites par Mme Micheline Carrier dans son texte intitulé « Où va le Conseil du statut de la femme ? », publié le 16 mars 2015. Sur le mandat de la présidente du Conseil du statut de la femme et le rôle de l’assemblée des membres, il me semble important de rectifier certains faits. Il est vrai que la loi sur le Conseil n’accorde pas le pouvoir à la présidente de décider seule des orientations des recherches du Conseil. Je n’ai jamais prétendu le contraire. En effet, le rôle des membres de l’assemblée est précisément d’élaborer les grandes orientations, d’approuver les avis et les mémoires produits par la Direction de la recherche et de l’analyse du Conseil, et d’entériner les recommandations transmises au gouvernement. Toutefois, je trouve important de rappeler que dans le cas du projet de loi 20, la décision de soumettre un mémoire en commission parlementaire sans qu’il ait été entériné par l’assemblée des membres est une décision exceptionnelle, qui s’inscrivait dans un contexte particulier : le Conseil avait une position récente sur les problèmes d’accessibilité à la première ligne médicale. En effet, l’assemblée des membres avait entériné un an et demi plus tôt un avis qui invitait le gouvernement à mettre en place des mesures incitatives et coercitives, afin que les médecins généralistes prennent en charge plus de patients et que l’accès ouvert devienne la norme dans le système de santé québécois. Devant ce constat, la direction du Conseil a jugé que nous avions une position claire à présenter dans le cadre d’une commission parlementaire qui portait justement sur ce type de mesure. Le même processus a été utilisé l’été dernier, lorsque le Conseil du statut de la femme a déposé un mémoire sur le projet de loi fédéral C-36, Loi sur la protection des collectivités et des personnes exploitées. S’appuyant sur notre avis sur la prostitution, qui date de mai 2012, le mémoire accueillait favorablement le projet de loi du gouvernement fédéral, parce qu’il allait dans le sens de ce qui avait été recommandé par le Conseil, deux ans plus tôt. Personne ne s’est formalisé de cette démarche. Cela dit, loin de nous l’intention d’utiliser arbitrairement cette voie rapide d’exception. Au contraire, les mémoires (projet de loi 27, projet de loi 28, projet de loi sur les aides domestiques, etc.) et les avis (conjoints de fait, crimes d’honneur, accès à la première ligne médicale, retraite, procréation assistée, femmes dans la construction, prostitution, etc.) qui ont été publiés sous ma gouverne ont été approuvés par l’assemblée des membres, comme il se doit. Sur le projet de loi 20, vous me reprochez également ma supposée « timidité » à l’égard des pouvoirs en place. Je n’aurais pas résisté, selon vous, à un ministre autoritaire. Pourtant, notre avis sur la santé, duquel est tiré notre mémoire sur le projet de loi 20, a été publié bien avant que M. Barrette ne devienne ministre. La personnalité d’un ministre, quel qu’il soit, n’a aucune influence sur les positions exprimées par le Conseil. De plus, vous oubliez un peu vite nos mémoires récents et les sorties médiatiques qui les accompagnaient. Ainsi, nous avons été critiques de la modulation des tarifs de garderies et des mesures punitives envisagées contre les parents dans le dossier des places fantômes. Je tiens à rappeler que ce n’est pas la première fois que le Conseil est amené à réduire ses effectifs en régions. En 2010, la présidente de l’époque avait dû composer avec des réductions budgétaires qui l’avaient menée à la décision de fermer 7 des 11 bureaux régionaux du Conseil. Elle n’avait accordé aucune entrevue à ce sujet et n’avait pas publiquement dénoncé le gouvernement. Pourtant, elle n’avait pas eu à subir de procès d’intention. Vous me reprochez également de ne pas avoir cherché l’appui de l’ensemble des groupes de femmes du Québec, afin de dénoncer les coupures budgétaires au Conseil. Il me semble que les groupes de femmes ont suffisamment à faire en ce moment, pour défendre leur existence. Certes, le Conseil a subi des compressions supplémentaires de 287 500 $ cette année, ce qui représente 7,5 % de son budget. Je refuse néanmoins de me laisser abattre par cette nouvelle réalité. Nous avons encore 27 employées, parmi lesquelles des chercheures chevronnées et une équipe de communication créative qui est déjà à l’oeuvre pour trouver d’autres façons d’entretenir des liens avec nos partenaires régionaux. Malgré ces fermetures crève-coeur, le noyau de notre mission, la recherche, demeure. Nous travaillons actuellement sur plusieurs recherches, notamment sur le partage du congé parental, le sexisme dans les manuels scolaires, les mères porteuses, la présence des femmes en politique, et la vie sexuelle et amoureuse des adolescentes. Ces recherches font l’objet depuis des mois de débats vigoureux au sein de notre assemblée des membres, comme il se doit. Pour terminer, vos commentaires m’attristent. Ils vont à mon sens au-delà d’une saine critique sur nos prises de position ou de nos manières de fonctionner. En fait, ils font fi de la réalité vécue au Conseil. Ce sont ceux qui réclament l’abolition pure et simple du Conseil qui se délectent de ce genre de chicanes qui nous montrent comme faibles et divisées. Julie Miville-Dechêne Conseil du statut de la femme Mis en ligne sur Sisyphe, le 18 mars 2015 |
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