"Du pain et des roses" - Le 26 mai 1995, une grande aventure débutait Retrouvailles pour célébrer le 20e anniversaire de la marche des femmes contre la pauvreté
Montréal, le 26 mai 2015 - Il y a 20 ans aujourd’hui, débutait la marche des femmes contre la pauvreté « Du pain et des roses ». Dès 9h30, trois contingents de marcheuses se mettaient en route : de la Place du 350e anniversaire à Montréal (Place-Émilie-Gamelin), du stationnement du Métro à Longueuil et de celui du Théatre de la Goéllette, à Rivière-du-Loup.
Se concrétisait alors un projet qui avait concentré les énergies et les espoirs d’un nombre incalculable de femmes et d’organisations très diversifiées. Le communiqué de presse, publié par la Fédération des femmes du Québec (FFQ) le 17 mai 1995, illustrait bien l’ampleur de ce qu’elle nommait une « organisation monstre » : « Mettre en branle une pareille organisation demande non seulement une infrastructure réglée au quart de tour, mais également un gigantesque mouvement de solidarité et d’entraide. Des milliers de femmes, partout au Québec, en sont la preuve vivante. »
« L’histoire a surtout retenu que 850 femmes avaient marché 200 km pour « Du pain et des roses », mais la consultation des archives remet en valeur l’ampleur de cette organisation, inégalée encore aujourd’hui » souligne Mercédez Roberge, travailleuse de l’équipe de coordination en 95 et coorganisatrice des retrouvailles.
Par neuf revendications, la marche réclamait des infrastructures sociales, une loi sur l’équité salariale et la perception automatique des pensions alimentaires, d’élargir l’application des normes du travail, d’augmenter le salaire minimum, de créer des logements sociaux, d’améliorer l’accès à la formation générale et professionnelle, de rendre rétroactive la loi sur la réduction du parrainage pour les femmes immigrantes parrainées par leur mari et venir en aide à celles qui sont victimes de violence conjugale et familiale, de geler les frais de scolarité et augmenter les bourses.
« Les gains de la marche de 1995 ont souvent été liés aux réponses du gouvernement à ces revendications, mais avec le recul nous pouvons constater l’importance qu’elle continue d’avoir, tant au niveau individuel que collectif. Personnellement, « Du pain et des roses » m’a fait renaître, et, collectivement, elle a dynamisé le mouvement féministe, et, par conséquent, la société dans son ensemble », rappelle Lise Fournier, marcheuse en 95 et coorganisatrice des retrouvailles.
Des retrouvailles le 6 juin 2015
Vingt ans plus tard, deux militantes, l’une marcheuse et l’autre travailleuse de l’équipe de coordination, invitent les médias et la population à célébrer l’effet qu’a eu la marche sur la société québécoise. Un pique-nique de retrouvailles est organisé le samedi 6 juin 2015, de midi à 15 h, sur les pelouses devant l’Assemblée nationale. « L’événement s’adresse autant aux marcheuses de l’époque, militantes et organisatrices au niveau local, régional ou national, qu’aux personnes qui en reconnaissent l’importance historique » de dire les deux organisatrices.
Plusieurs personnalités du milieu féministe, communautaire, syndical, artistique et politique ont annoncé leur présence aux retrouvailles, dont des marraines de 1995. Leurs noms, de même qu’un état de situation des revendications, 20 ans plus tard, seront dévoilés dans le cadre d’une conférence de presse le 4 juin, à Québec.
La FFQ salue l’initiative des organisatrices « La marche « Du pain et des roses » a non seulement permis au mouvement féministe de porter collectivement des revendications importantes, mais elle a permis la naissance de la « Marche mondiale des femmes » en 2000. L’héritage de « Du pain et des roses » se ressent encore en 2015, pour la 4e édition de ce vaste événement international, alors que des milliers de femmes se mobilisent, non seulement au Québec, mais dans 160 pays à travers le monde » Élisabeth Germain, vice-présidente aux membres individuelles de la FFQ et marcheuse en 1995.
1. Un programme d’infrastructures sociales avec des emplois accessibles dès maintenant aux femmes.
2. Une loi proactive sur l’équité salariale.
3. L’augmentation du salaire minimum au-dessus du seuil de la pauvreté (8.15$ de l’heure).
4. L’application de la loi des normes minimales du travail à toutes les personnes participant à des mesures d’employabilité.
5. Un système de perception automatique des pensions alimentaires avec retenue à la source.
6. La création d’au moins 1 500 nouvelles unités de logement social par année.
7. L’accès aux services et aux programmes existants de formation générale et professionnelle, avec soutien financier adéquat, pour toutes les personnes qui ne sont pas prestataires de l’assurance-chômage ou de la sécurité du revenu, en vue de leur insertion ou de réinsertion au travail.
8. L’application rétroactive de la réduction du parrainage de 10 ans à 3 ans pour les femmes immigrantes parrainées par leur mari ainsi que la mise sur pied d’un mécanisme d’accès aux droits sociaux pour les femmes parrainées victimes de violence conjugale et familiale.
9. Le gel des frais de scolarité et l’augmentation des bourses aux étudiantes/ts.
Faits saillants :
. Sous le leadership de la FFQ, la Coalition des femmes contre la pauvreté a été mise en place à compter du printemps 1994, réunissant des dizaines d’organisations du mouvement féministe, communautaire, syndical et religieux pour établir les neuf revendications et coordonner le tout ;
. Du matériel de sensibilisation et d’animation, un cahier de revendication, des slogans, des chansons ; l’envoi d’informations pour la préparation des marcheuses, des militantes, des responsables des contingents, des groupes d’accueil ; la publication d’avis de circulation, de communiqués et d’informations variées tout au long de l’aventure ; un programme de mise en forme et l’accès à des installations sportives ;
. Une chanson thème, paroles d’Hélène Pedneault, musique et voix de Marie-Claire Séguin ; un macaron, des t-shirts, des affiches, des dépliants, etc.
. La participation de onze marraines provenant de divers horizons, ainsi que celle de nombreuses personnalités publiques, notamment artistiques, aux deux lancements (22-11-1994 à Montréal et 08-03-1995 à Québec), aux trois départs des contingents, au spectacle d’arrivée à Québec, en plus d’événements dans les régions traversées ;
. Une logistique réalisée grâce à près de 1 500 militantes, dont 51 responsables de comités régionaux ou de l’accueil des marcheuses ;
. Dans chaque localité traversée, l’accueil et l’hébergement des marcheuses étaient organisés par des groupes de l’endroit. Les militantes de centaines de groupes ont mis la main à la pâte : 5 000 nuitées dans 27 villes, plus de 1 5000 repas à préparer, une trentaine d’activités publiques pour présenter à la population les objectifs et les revendications de la Marche. Les marcheuses ont été invitées à une vingtaine de réceptions civiques de maires et mairesses ;
. 850 marcheuses, la très grande majorité inscrite pour 2 à 10 jours de marche ; des centaines de femmes et d’hommes joignant pour une journée ou pour quelques kilomètres ;
. 200 km à parcourir en 10 jours, selon trois itinéraires, en empruntant 11 routes pour traverser 57 localités et nécessitant la collaboration de 27 corps policiers :
. De Montréal par la Rive-Nord, en traversant Repentigny, Joliette, Berthierville, Louiseville, Trois-Rivières, Champlain, Grondines, Donnacona, Cap-Rouge, Québec ;
. De Longueuil par la Rive-Sud, en traversant Beloeil, St-Hyacinthe, Granby, Sherbrooke, Drummondville, Victoriaville, Plessisville, Ste-Croix, St-Étienne-de-Lauzon, Québec ;
. De Rivière-du-Loup, en traversant St-André, St-Pascal, La Pocatière, St-Jean-Port-Joli, L’Islet-sur-Mer, Montmagny, Berthier-sur-Mer, St-Michel, Lévis, Québec ;
. Dix équipes des médias ont accompagné les contingents, pour des durées 1 à 10 jours ;
. Un volet international, grâce à la participation de femmes de 14 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, sous la coordination de plusieurs organismes de coopération internationale ;
. Dans chacun des contingents, des responsables de l’animation, du déroulement, de la sécurité, des relations médiatiques, une cinquantaine de massothérapeutes et de 60 personnes pour les premiers soins, majoritairement des infirmières ; plus de vingt autobus et camions d’accompagnements, souvent conduits par des militantes ;
. Le 4 juin 1995, les marcheuses des trois contingents se sont réunies devant le Musée du Québec, avant d’inviter la population à se joindre à elles pour se mettre en route vers l’Assemblée nationale ; 15,000 personnes les y attendaient. Durant ce rassemblement monstre, des discours ont été livrés par des artistes et personnalités publiques. Le premier ministre d’alors, M. Jacques Parizeau, y donna les réponses du gouvernement face aux revendications
Les marraines (titres qu’elles portaient en 1995) :
. Anne-Marie Alonzo, auteure dramatique (décédée en 2005)
. Audrey Benoît, comédienne et vice-présidente de la Commission des jeunes sur l’avenir du Québec.
. Aoura Bizzarri, Collectif des femmes immigrantes du Québec.
. France Castel, comédienne et chanteuse.
. Ariane Émond, écrivaine et journaliste.
. Ranee Lee, chanteuse de jazz.
. Chantal Petitclerc, marathonienne.
. Michèle Rouleau, animatrice de télévision.
. Marie-Claire Séguin, compositrice.
. Marie-Josée Turcotte, journaliste sportive.
. Marjorie Villefranche, de la Maison d’Haïti.
Disponibilité des archives sur des pages Facebook :
– Vous avez des photos ? Des documents ? Des histoires à raconter ? Reprenez contact avec les marcheuses et les militantes de 1995 et partagez vos souvenirs sur https://www.facebook.com/Dupainetdesroses20ans et faites connaître cette page. Tous les détails et des documents d’archives sont également disponibles sur http://bit.ly/1KxMr07
Ce message vise à rejoindre les femmes et les organisations qui ont permis la réalisation de la marche "Du pain et des roses" (1995), dans l’objectif d’en célébrer le 20e anniversaire en juin 2015.