|
dimanche 10 janvier 2016 Après Charlie : l’indispensable combat pour la liberté de conscience et d’expression
|
DANS LA MEME RUBRIQUE "Laïques de tous les pays, mobilisez-vous" - Djemila Benhabib Je suis féministe, je suis Charlie Islamophobie : mot employé par les mollahs contre des femmes iraniennes qui refusaient de porter le voile Je suis Clarissa, je suis Elsa, je suis Hayat Le blasphème, c’est sacré ! Où est-il, l’esprit de Charlie ? Oui, je suis Charlie ! Charlie Hebdo - 4e anniversaire de la Révolution tunisienne sur fond d’attentats terroristes en France « Nous sommes Charlie » Caricatures de Mahomet : ça suffit, la complaisance et l’hypocrisie ! Caricatures de Mahomet - Le monstre est sorti de la bouteille Caricatures du prophète Mohamed : la goutte qui fait déborder le vase Je suis une dissidente de l’islam Ensemble contre le nouveau totalitarisme Combattre l’islamophobie et défendre la liberté d’expression Vers la fin annoncée de l’héritage des Lumières ? "Vous n’êtes pas européens, vous n’avez pas le droit de penser comme des Européens" Une tempête pour des caricatures : les libertés ont connu des jours meilleurs |
Communiqué Le 7 janvier 2016, H&O a publié le nouvel essai de Djemila Benhabib Après Charlie préfacé par Boualem Sansal. L’auteure rend tout d’abord un émouvant hommage à Charb, des mains de qui elle avait reçu le Prix international de la laïcité en 2012. Dénonçant l’autocensure de nombreux médias sur le « naufrage obscurantiste de l’islam », elle rappelle que la chute des grandes idéologies du XXe siècle a entraîné un retour du religieux dans nos sociétés qui compromet la liberté de conscience et d’expression, la condition des femmes, l’éducation et la liberté du désir. Djemila Benhabib appelle à un sursaut laïque pour la victoire des valeurs citoyennes et universelles. « Écoutons Djemila, elle nous dira où en est la guerre et ce qu’elle pense des bien-pensants qui savent si bien pleurer sur les victimes et en rire avec les criminels. » Ce conseil de Boualem Sansal, en préface de Après Charlie, sonne encore plus clair et sans appel quelques semaines seulement après les dernières atrocités commises par Daesh à Paris, horreurs qui nous somment de considérer enfin toutes celles commises au quotidien loin de nous, principalement en Afrique et au Proche-Orient. Début 2015, secouée par la mort de Charb et de ses compagnons de Charlie Hebdo, Djemila se met à l’ouvrage : « Un impératif me fouette : écris ! » Elle dit ce 7 janvier 2015, vécu à Paris en famille, et rappelle « l’esprit d’engagement d’un journal si peu ordinaire ». Elle explique que « rire de l’islam n’est pas raciste », recadre les notions d’islam, d’islamisme et d’islamophobie et dénonce autant l’autocensure des médias que l’immobilisme des gouvernements occidentaux, compromis avec l’Arabie saoudite ou le Qatar, et la « police de la pensée des élites démissionnaires. » Au nom de Dieu, pour le pouvoir De Paris à son Algérie natale, de l’Égypte au Québec son pays d’adoption, Djemila Benhabib rend hommage à toutes celles et ceux qui résistent face aux idéologies totalitaires et aux accusations de blasphème : le journaliste Tahar Djaout ou le grand homme de lettres Naguib Mahfouz hier, l’écrivain Salman Rushdie ou le blogueur Raïf Badawi aujourd’hui. Car « Dieu sert toujours de paravent à la même cause politique : le pouvoir absolu, l’arbitraire, la soif de sang » de ceux qui détestent la pensée libre, la connaissance, la culture et les arts et abhorrent tout autant l’amour et le rire. Pour mettre fin à cette guerre enfin, et couper l’herbe sous le pied de l’extrême-droite, Djemila Benhabib en appelle à tous les laïques pour rappeler à l’État qu’il « ne peut être neutre par rapport aux valeurs » et que « l’intégrisme n’est pas un choix personnel dès lors qu’il nous engage tous ». Enseignement des valeurs citoyennes et universelles à tous les enfants, combat sans relâche pour la liberté de conscience et d’expression : il faut engager une « bataille idéologique, sans plus tergiverser ! » Après Charlie, éditions H&O, janvier 2016, 256 pages, format 13,5 x 21 cm. Prix TTC : 17 euros. – Source du communiqué : Site H&O éditions. La maquette et la photo de l’auteure proviennent aussi du site de l’éditeur. Extraits p. 58-59 de Après Charlie, de Djemila Benhabib « Charb a traversé son époque en brandissant l’étendard de la vérité. Il a semé la pagaille dans le consensus des médias dominants. Oui, les journalistes comme lui sont une espèce menacée, en voie de disparition. Si le journalisme cesse d’être un combat, il perd sa pertinence. Le journalisme n’à rien à voir avec les états d’âme, les pleurnicheries, les bouderies, les calculs, le spectacle, les commandes. Camus considérait que le seul rôle véritable de l’Homme, né dans un monde absurde, était de vivre, d’avoir conscience de sa vie, de sa révolte, de sa liberté. En résumé, il ne peut y avoir d’avancée que là où il y a conscience. Celle de Charb était aiguë. Qui, désormais, aura sa bravoure, celle de Cabu, de Wolinski, de Tignous, pour exprimer une pensée non asservie, rebelle et sans concession ? Un journal libre, c’est comme une femme libre. Et « une femme libre, les scandalise », s’écriait Kateb Yacine. Que d’entraves sur notre chemin ! Aux journalistes, l’injonction : « Soyez responsables, ne touchez pas à Allah ni à son prophète. On ne vous demande pas de dire la vérité, juste d’être convenables. » À la femme, on serine : « Ne connais-tu donc pas les vertus de la pudeur ? As-tu oublié les convenances ? » Serait-il possible de rappeler à tous ces pères-la-vertu que personne ne les contraint à lire Charlie Hebdo ? Leur dire que Charlie ne s’adresse qu’à des gens capables de réfléchir sans risquer de s’étouffer à la vue d’un petit mickey au teint blafard, fût-il censé être un personnage du nom de Mohamed. « Je n’appelle pas les musulmans rigoristes à lire Charlie Hebdo, comme je n’irais pas dans une mosquée pour écouter des discours qui contreviennent à ce que je crois. […] Il faut continuer jusqu’à ce que l’islam soit aussi banalisé que le catholicisme », expliquait Charb. Entièrement d’accord avec toi ! Tu pensais sincèrement que l’islam n’est pas moins apte que le christianisme ou le judaïsme à évoluer. Tu prétendais qu’à force de se frotter à la démocratie, l’islam allait finir par acquérir « les bons réflexes », si l’on peut dire. Tu savais bien que demain se construit aujourd’hui. Tu avais entrepris d’y apporter ta pierre, à ton niveau. Si l’on admet que cette liberté-là — celle de rire de l’islam —, n’est qu’un des visages de la Liberté tout court, celle qu’on peut écrire avec un grand L, on comprend mieux l’obstination de Charlie à la défendre et son refus de céder ne serait-ce qu’un pouce de terrain aux intégristes. [...] » Mis en ligne sur Sisyphe, le 9 janvier 2016 |
http://sisyphe.org | Archives | Plan du site | Copyright Sisyphe 2002-2016 | |Retour à la page d'accueil |Admin |