L’amour serait un aller simple
toujours en cours à jamais en jeu
vers la soif d’inconnu en soi
vers l’infini aux bras de long feu
Comme une pluie de flèches fines
le silence l’impatience
ne jamais se reprendre
un à un sortir les mots du puits
Tels des diamants noirs
ces yeux-là illuminent sa nuit
de la lueur fauve aquiline
incandescente de l’impossible
La nuit elle ne faisait plus qu’un
avec le silence ocre de l’été
elle en avait enfoui le feu
dans une forêt d’impatiences
Parfois elle se sent si totalement arbre
si parfaitement attentive
prête à perdre ses feuilles
pour réentendre son nom dans le vent
Parce que le silence porte plus loin
que le cri la peine ou le plaisir
elle se prend à chercher un passage
l’empreinte neuve sur la page
Certains jours il suffisait de peu
suivre les mésanges de l’oeil
se laisser couler dans le murmure
des feuilles la lumière le bleu
Amante amarante du feu
elle danse sur la braise
amoureuse de l’éphémère
éternité de la flamme
Elle a vu le visage du vertige
reflet d’une rivière
traversée de vagues blondes
l’eau dévastée de voix
Elle cherche les mots
pour retrouver l’espace perdu
les variations du temps
le chant de l’eau sous le sable
Elle aimait certaines voix
le sourire doré de leur texture
des voix porteuses d’aube
pareilles au lever de la beauté
De ses racines l’arbre sait retenir
la sève de l’impossible oubli
l’insomnie les rapides de la nuit
ses seules éternités possibles
Dans son coeur suspendu
il lui reste la plage la beauté
la courtepointe rose de l’été
la pleine mesure de sa peine
Mis en ligne sur Sisyphe, le 26 août 2016