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vendredi 4 novembre 2016 La réussite scolaire des garçons vue de plus près
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Le 29 octobre dernier, Madame Denise Bombardier s’inquiétait du recul scolaire de nos adolescents (1). Elle qualifiait de « réalité dramatique » ce qu’elle appelait « le recul des résultats scolaires des garçons dans les écoles secondaires au Québec. » Elle précise qu’il y aurait « un écart de 3,5 % en faveur des filles aux examens en mathématiques, là où historiquement les garçons dominaient » et elle juge « irresponsable » d’ignorer ce mouvement « où les femmes seront plus instruites que les hommes. » Pour Madame Bombardier, « le combat pour l’égalité des sexes serait un échec s’il mène au déclassement des garçons. » Elle attribue ce déclassement à une « pédagogie inégale et négative transmise depuis des décennies à travers l’école et les médias ». Elle déplore que les garçons « soient mis en garde contre leur masculinité bruyante, violente et dominatrice. » Voilà un diagnostic pour le moins bizarre trois jours après la tenue de manifestations contre la culture du viol (2) tenues dans différentes villes québécoises. En attribuant « l’assurance des jeunes filles et la fragilité des hommes » à une pédagogie dite inégale et négative, Madame Bombardier fait fausse route. En novembre 2002, sur les ondes de TVA, on avait questionné le Dr Mailloux. Que pensez-vous des troubles du comportement des garçons dans nos écoles ? Le psychiatre avait refusé de corroborer le diagnostic et il avait condamné l’intolérance du personnel enseignant, majoritairement des femmes dans nos écoles primaires, qui avaient l’esprit intoxiqué par l’idéologie féministe, ce qui les rendait intolérantes à la bougeotte tout à fait naturelle des garçons. Bien sûr, il faut déplorer l’abandon scolaire chez les garçons, leurs difficultés scolaires et leur faible capacité d’attention, leurs problèmes de comportement et leur insécurité, mais avant de lapider les porteurs de cette pédagogie inégale et négative, réfléchissons un moment aux activités auxquelles nos garçons consacrent leur temps de loisir, avant d’arriver à l’école le matin et sitôt qu’ils la quittent en fin d’après-midi. Plus de 6 heures par jour devant des écrans (3) de plus en plus variés, séduisants et addictifs, avec des répercussions graves sur leurs capacités cognitives, leur excès de poids, leur santé émotionnelle et leurs habiletés sociales. Comment la sédentarité causée par autant d’heures accroché aux écrans pourrait-elle ne pas affecter les résultats scolaires ? (4) Quand, en 2001, le Conseil supérieur de l’Éducation déplorait que les difficultés de comportement de nos élèves du primaire avaient triplé (5) entre 1985 et 2000, les chercheurs n’ont pas noté de pédagogie inégale ou négative, ni d’abus de pouvoir des enseignantes intoxiquées. On n’a pas vu d’éditorialistes déplorer les causes de ce phénomène dramatique pourtant répandu dans toute l’Amérique du Nord. Quand, en 2004, le Dr Dimitri Kristakis dévoilait l’impact de l’exposition précoce aux écrans (6) sur le risque d’éclosion du déficit de l’attention quelques années plus tard, on a bien vu les médias alimenter la controverse sur les prescriptions de Ritalin, mais bien peu renseigner le public sur cette découverte qui concernait pourtant tous les parents. Quand en 2004, les psychologues sonnaient l’alarme (7) au sujet de l’impact négatif des jeux vidéo violents, peut-être aurait-on pu renseigner les parents ? Quand en juin 2006, Option-consommateurs publiait un dossier (8) sur la protection (insuffisante ou inexistante) des enfants contre les jeux vidéo violents, on n’a pas vu de décideurs intervenir et très peu de médias relayer l’affaire au grand public. Quand en 2007, on a mis les décideurs en garde contre les conséquences prévisibles qu’entraînerait le refus de réglementer (9) la vente des jeux vidéo, aucun quotidien ne s’est intéressé à cet enjeu. Quand en mai 2012, l’Institut de Santé publique du Québec s’est finalement penché sur les jeux vidéo et la santé sexuelle (10) de nos ados, combien de médias ont rapporté les débats ? Quand en mars 2013, des universitaires de l’Abitibi-Témiscamingue (11) se sont questionnés sur le pouvoir inquiétant des jeux vidéo, peut-être aurait-on pu s’intéresser aux dommages causés aux neurones des garçons qui se désintéressent des études ? Quand en 2015, le magazine Protégez-vous (12) a timidement abordé la question des jeux vidéo, il aurait fallu que nos médias questionnent nos législateurs, nos autorités de Santé publique, nos associations de parents et notre ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Oui, l’école québécoise aurait pu alerter les élèves et les parents ! Le ministère aurait pu fournir au personnel scolaire des dossiers pour renseigner les parents et éduquer les élèves du secondaire. Reprocher le recul des garçons aux enseignantes est tout à fait injuste, surtout quand on associe le phénomène à une pédagogie inégale et négative. Si les femmes sont plus instruites, plus diplômées que leurs parents, c’est tant mieux et c’est normal. Cela fera d’elles des personnes mieux équipées émotionnellement et intellectuellement pour affronter le monde du travail. Le recul des garçons nous oblige à remonter à la source et à outiller nos intervenants pour intervenir en amont. Les garçons d’aujourd’hui qu’on renseignerait sur les conséquences de la surexposition aux écrans, sur les dommages (documentés) des jeux vidéos à leurs capacités cognitives, sur la facture qui accompagne la dépendance numérique, sur les indices de cette dépendance et les façons de se protéger, ces garçons verraient immédiatement augmenter leurs résultats scolaires, comme cela s’est produit dans des écoles du Michigan où on l’a fait. Et leurs chances de réussite éducative progresseraient d’autant. Condamner une pédagogie dite inégale et négative ne fera le bonheur ni des hommes, ni des femmes. Il faut plutôt éduquer les jeunes aux médias et les outiller pour échapper à la nomophobie (13). Notes 1. http://www.journaldemontreal.com/2016/10/29/le-recul-des-garcons Mis en ligne sur Sisyphe, le 31 octobre 2016 |
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