L’écume du rêve m’envahissait
haute marée de voix de souvenirs
soudain je te voyais au loin
soulever la taie sur l’œil du cœur
Je ne suis plus d’ici
mais d’un ailleurs obscur
où ardent l’éclair disperse
je n’entends que toi
L’essentiel serait-il d’effacer
ses pas à mesure
de renaître toujours nouvelle
à soi et au monde
Je n’en finis plus de tomber
comme si la terre me creusait
un lit profond pour la survie
et le retour des mots à la mer
Je n’attendais plus rien
j’espérais tout
dans la fracture du temps
toucher l’infini
Dès le début notre histoire
jeta un défi à la mort
dis-moi qui de la vie
ou du vide nous survivra
Tu brûles la couleur
à chacun de tes passages
pourtant le feu reste intact
la marée sous la peau
La perte d’un être d’un amour
ce hurlement muet bulles crevées
lave lame larmes lentes du temps
silence soudain incommensurable
La route s’enroule sur elle-même
me ramène au point de départ
me déploie sur le fil du monde
dans la broyeuse du temps vacant
Mon cœur est à l’image
de la fracture du temps fluide
il faudrait l’immobiliser
lui réapprendre pas et passage
Je nous vois parfois couler
dans le fleuve infini des pensées
nous rencontrer à nouveau
apprivoiser les mots de l’obscur
Les gestes s’enchaînent mécaniques
renouent nerfs muscles os
roses rêves larmes et eaux
mes mains cris vains sur la vitre close
Ne plus repasser par la place
où ton empreinte dessine la beauté
un parfum de perpétuel printemps
faire un détour au large de moi
Telle une pleureuse une louve énamourée
je pousse mes incantations à ciel ouvert
à l’extrême bord de la nuit
voudrais t’inventer l’univers
Pour en finir avec l’attente
il me fallait brûler le poème
en faire un feu de pensées
cendres sur bleu d’éternité
Mis en ligne sur Sisyphe, le 13 décembre 2016