Alors que le recueillement devrait être de mise, alors que les familles des victimes sont en période de deuil et n’ont pas encore enterré leurs morts, la récupération politique est lancée. Et on se lâche pour accuser la laïcité et le nationalisme Québécois de racisme.
Des analyses ont l’allure de procès d’intention contre tout ce qui fait du Québec une société distincte en Amérique du Nord. À les entendre, on devrait tous et toutes avoir honte de défendre la laïcité, l’égalité entre les hommes et les femmes et notre conception républicaine de l’État.
L’heure est à la flagellation publique et à la repentance face à un islam qui, lui par contre, est dispensé de toute remise en question.
L’heure est grave pour le Québec, et annonce le retour de lois anti-blasphème, l’instauration de commissions appelant à la dénonciation publique, à l’accusation des citoyennes et citoyens du Québec.
Tout cela ne fera qu’exacerber les tensions et fragiliser encore plus la paix sociale qui s’effrite avec, d’un côté la montée des communautarismes religieux et leurs demandes incessantes, et de l’autre la montée de groupes clandestins s’érigeant en justiciers.
Pour lutter contre les uns, la solution n’est pas de se mettre à genoux devant les autres.
Cette montée de la violence était prévisible. À force de fermer les yeux sur les dérives communautaristes, à force de refuser toute balise permettant de nous protéger contre la montée des intégrismes, à force de diaboliser les Québécois et les Québécoises qui manifestent une crainte légitime face à la flambée meurtrière commise au nom de l’islam partout sur la planète, à force de les traiter de racistes et d’ignorants, évidemment que le terreau est fertile à la montée d’une extrême droite prête à tuer.
C’est bien ce discours irresponsable d’une certaine gauche et de nos dirigeants qui, pour des raisons électoralistes, ont choisi la complaisance envers l’intégrisme islamiste au détriment de nos valeurs les plus fondamentales, qui est en cause.
Je voudrais porter un message différent. Celui d’une immigrante reconnaissante au Québec de l’avoir accueillie à bras ouverts. Je fais partie de celles et ceux qui, comme Boucar Diouf, sommes devenus des Québécois et Québécoises de cœur.
J’ai peur de retour en arrière pour le Québec. Renoncer à la laïcité serait renoncer à l’héritage de la révolution tranquille, à l’indépendance de l’État face aux courants religieux, renoncer à se protéger contre la montée des intégrismes religieux que l’on observe à tous les niveaux.
La paix sociale ne passe pas par l’exacerbation des différences religieuses et la fragmentation de la société en communautés distinctes qui s’observent en chiens de faïence. Elle ne passe pas non plus par l’opprobre, la mise en accusation d’un peuple démuni devant l’attaque frontale de sa culture mise à mal par d’innombrables dérives communautaristes banalisées par les autorités.
La paix sociale passe par des mesures politiques courageuses qui placent le bien commun au-devant de visées électoralistes à courte vue.
Publié originalement dans Kabyle Universel.com et sur Sisyphe avec l’autorisation de l’auteure.