"Le sous-financement des maisons d’hébergement pour femmes : facteur aggravant de la marginalisation des femmes immigrantes au Québec", une étude de l’IRIS
La Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF) et ses maisons membres se reconnaissent en grande partie dans l’étude de l’IRIS parue le 8 juin 2017.
Réalisée avec le concours des maisons membres de la FMHF, cette recherche expose clairement les conséquences importantes du manque de financement des ressources, notamment d’hébergement, pour les femmes en général, immigrantes en particulier.
Allophone, immigrante, parrainée, réfugiée ou à statut précaire ; violence conjugale ou familiale, traite, exploitation sexuelle, violences basées sur l’honneur, itinérance, problématique de santé mentale et, souvent, toutes ces réponses : les violences se multiplient dans la vie des femmes.
Les femmes autochtones vivent évidemment des problématiques spécifiques, dont il faut aussi tenir compte.
« L’austérité engendre des impacts, notamment dans les services publics et communautaires, qui se font sentir au quotidien tant dans la vie des femmes que dans les maisons » d’ajouter Manon Monastesse, directrice et porte-parole de la FMHF. L’allongement des délais des procédures (aide sociale, aide juridique, IVAC, etc.) et les restrictions aux droits (IVAC, soutien psychologique, soins de santé, etc.) compliquent l’ensemble des démarches d’émancipation pour ces femmes.
Insistons sur le fait que, dans l’état actuel des choses, une femme allophone ne peut bénéficier que d’une heure d’interprétariat par semaine, aux frais de la maison. « Et ce court laps de temps doit permettre de résoudre la situation de violence et de régler la situation administrative pour elle et ses enfants. C’est évidemment dérisoire en comparaison des besoins ! C’est discriminatoire, car cela brime ces femmes dans leur capacité à se défendre adéquatement dans un système de justice qui leur est, de surcroit, étranger », d’ajouter madame Monastesse.
Mentionnons que les maisons d’hébergement ont perdu près de 20% de leur budget en 12 ans, faute d’indexation suffisante. 14.1 millions de plus chaque année dans les maisons du Québec, tel que suggéré par l’IRIS, et la reconnaissance de leur expertise unique, permettraient d’offrir un service équitable à l’ensemble des femmes.
Les 36 maisons de la FMHF accueillent chaque année près de 3000 femmes et leurs 1500 enfants, provenant de 70 pays différents en 2016-2017. Insistons sur le fait que les seules maisons membres de la FMHF doivent refuser entre 6 et 10 000 demandes annuellement faute de place au moment de l’appel.
« Pour toutes ces raisons, nous appelons à un financement des maisons d’hébergement qui tienne compte des réalités et des besoins des femmes, notamment des femmes immigrantes », d’ajouter madame Monastesse.
Pourtant, les chartes canadienne et québécoise des droits et libertés, la politique québécoise en matière de violence conjugale et nombre de conventions internationales signées et ratifiées par nos autorités devraient protéger et assurer l’accès aux services et ressources pour l’ensemble des femmes violentées. La campagne Je soutiens le communautaire, dans laquelle s’inscrit la FMHF, a pourtant le mérite d’être claire.
Quand donc nos gouvernants s’engageront-ils résolument afin de se doter, enfin, des moyens permettant une société où l’ensemble des femmes et enfants pourront vivre une vie exempte de toute violence ?