| Arts & Lettres | Poésie | Démocratie, laïcité, droits | Politique | Féminisme, rapports hommes-femmes | Femmes du monde | Polytechnique 6 décembre 1989 | Prostitution & pornographie | Syndrome d'aliénation parentale (SAP) | Voile islamique | Violences | Sociétés | Santé & Sciences | Textes anglais  

                   Sisyphe.org    Accueil                                   Plan du site                       






vendredi 21 septembre 2018

La prostitution, une question sociale

par Geneviève Duché, Marie-Hélène Franjou, Hélène de Rugy






Écrits d'Élaine Audet



Chercher dans ce site


AUTRES ARTICLES
DANS LA MEME RUBRIQUE


La semaine de sensibilisation à la lutte contre l’exploitation sexuelle des mineures est primordiale
Le Regroupement des événements majeurs internationaux et le Conseil des Montréalaises : même déni !
Les "Dalila" de la prostitution
Gisèle Halimi et les "harkis "du féminisme
De la pertinence d’images suggestives et sexistes pour dénoncer la marginalité des prostituées au temps du Covid
Prostitution : quand la pandémie est un prétexte à protéger un système et ses exploiteurs
Tweets controversés de la présidente de de la FFQ
Prostitution : il faut qu’on parle des acheteurs
Une politique publique pour combattre le système prostitutionnel
Prostitution - La CLES s’inquiète des intentions du Parti libéral du Canada
"L’intime et le marché", un livre essentiel de Rhéa Jean
Le réseau international contre la prostitution Zéromacho - La faute de Canal+
La prostitution, une violence patriarcale
La tyrannie du nouvel ordre sexuel
Des militantes et militants pro-prostitution menacent des survivantes pour les faire taire
Prostitution - La Loi sur la protection des collectivités et des victimes d’exploitation, deux ans plus tard, qu’en-est-il ?
Le prostitueur moderne et sa nounou queer
Aidez-nous à éradiquer la prostitution au Canada
Euro 2016 - Le prix d’une passe n’est pas celui que tu crois
Abolition de la GPA et de la prostitution, même combat contre le patriarcat
Les droits des femmes bafoués, les corps marchandisés
Non au système prostitutionnel ! Une analyse féministe et abolitionniste du système prostitutionnel
Prostitution : L’Assemblée nationale française fidèle à ses convictions
Claudine Legardinier - Prostitution : une guerre contre les femmes
France - Les inégalités femmes-hommes au Sénat font obstruction à la sanction des clients de la prostitution !
Offrir aux hommes handicapés de recourir à la prostitution, une idée ancrée dans la misogynie et le validisme
Lettre ouverte à rabble.ca - La journaliste Meghan Murphy visée par une campagne misogyne du lobby de l’industrie du sexe
Grand Prix de Montréal - La CSN demande l’application de la nouvelle loi fédérale pour contrer la prostitution
Comment la pornographie influence les jeunes consommateurs
"Le commerce du sexe", un film d’Ève Lamont
Réglementer la pornographie ou criminaliser les pornocrates ?
Corps disloqués, âmes brisées : conséquences psychiques et physiques de la prostitution sur les personnes qui la vivent
Prostitution - L’approche de “réduction des méfaits” ne suffit pas pour une analyse pertinente de la prostitution
« Ni client, ni complice ! » - La CLES lance un appel à lutter contre la banalisation de l’exploitation sexuelle
Pénalisation du client de la prostitution ? Les belles histoires de Tonton Robert
Non, Messieurs, la plupart des personnes prostituées ne le sont pas par choix
Le manifeste des 343 bites tellement légères qu’elles se dressent à l’insu de leur cerveau
La cruelle chosification des femmes prostituées et des mères porteuses
Catharine A. MacKinnon - Traite, prostitution, inégalité
Prostitution - Sanctionner les clients et non les prostituées
Prostitution des jeunes - La trahison des adultes
Décriminaliser la prostitution ne peut pas être la solution
Prostitution : une affaire d’hommes ou la fraternité "des salauds"
Loi sur la prostitution en France - « Je ne veux pas d’une société où les femmes ont un prix »
Janice G. Raymond – Prostitution : "Pas un choix, pas un travail"
Elisabeth Badinter et Irène Théry ou la caution intellectuelle du système patriarcal
Les femmes étrangères rêveraient-elles de devenir "putes" ?
Prostitution - La stigmatisation et le mythe entourant le statut de victime
Abolition de la prostitution en France - Le principe est acquis, place à la loi !
Comprendre la prostitution dans l’ensemble des structures de pouvoir fondées sur le genre
L’Irlande pourrait interdire l’achat de sexe
Le prostitueur, "chaînon manquant" de la question prostitutionnelle, selon Victor Malarek
La prostitution, sexualisation du pouvoir
La France envisagerait des sanctions "pédagogiques" pour les prostitueurs
Le Canada ne peut traiter la prostitution comme un filet de sécurité sociale
Les "femmes de réconfort" étaient nécessaires pour maintenir la discipline dans l’armée, selon le maire d’Osaka
Prostitueurs et non-prostitueurs, une étude de Mélissa Farley
Bienvenue dans le monde des prostitueurs
Prostitution - Rendre tabou la notion de victime pour masquer l’existence d’agresseurs
Prostitution en Grande-Bretagne - Un bien étrange syndicat au service des proxénètes
Prostitution et mariage : une assimilation douteuse
La prostitution, le STRASS et la sénatrice - La pertinence de la transparence
Au delà des mythes, légaliser la prostitution est une très mauvaise idée
La Suède malmène l’industrie du sexe et aide les femmes prostituées
Les prostitueurs. Sexe à vendre… Les hommes qui achètent du sexe, un livre de Victor Malarek
"Angel" : Piégée dans un monde de prostitution et de violence
L’être et la marchandise. Prostitution, maternité de substitution et dissociation de soi
"Les criminelles" : individualisation et romantisation de la prostitution
Des spécialistes en santé veulent aider les femmes à sortir de l’industrie du sexe… en faisant échec aux prostitueurs
L’Islande songe à interdire la porno diffusée sur Internet
En studio avec Ruth ! "Je crois sincèrement que la traite humaine et la prostitution fonctionnent de pair"
Catalogne - La loi et l’ordre des proxénètes
Qui estime vraiment les personnes prostituées ?
En studio avec Ruth ! "La prostitution est un grand enjeu politique"
L’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC) et l’Alliance canadienne féministe pour l’action internationale (FAFIA) répondent au rapport Oppal sur les femmes disparues
Colombie-Britannique - L’égalité des femmes et le contexte socio-économique absents du rapport Oppal sur les femmes disparues
Prostitution - Les “progressistes” australiens oscillent entre l’industrie du sexe et les droits des femmes
Prostitution - Le refus d’abolir le système prostitueur est une atteinte aux droits humains
Fantine ou la liberté de se prostituer ?
Première rencontre de l’Association internationale des survivantes unies de la traite à des fins sexuelles (prostitution)
Prostitution - Pourquoi il faut mettre fin à une des plus anciennes violations des droits humains
Carton rouge pour les bordels à vitrine
Prostitution - La réduction des méfaits est-elle ce que nous pouvons faire de mieux pour les personnes prostituées ?
Un traité féministe international pour abolir la prostitution
Prostitution - Coup de tampon réglementariste !
Prostitution et séropositivité - Le Gouvernement grec arrête et emprisonne des femmes pour protéger les hommes
Manifeste contre le système prostitueur
Prostitution en France - Lettre ouverte à M. Jean-Marc Ayrault, Premier ministre
1946-2012 : De la fermeture des maisons closes à la lutte contre le système prostitueur, les abolitionnistes portent progrès et liberté !
Prostitution - Gloria Steinem appuie le modèle nordique
Solidarité avec les prostituées, mais lutte contre la prostitution
Comparaison entre acheteurs et non-acheteurs de sexe dans la région de Boston
8 mars 2012 : Pas d’égalité sans abolition de la prostitution !
La danse contact ou "lap-dance", prologue de la prostitution
Fiers d’aller aux danseuses ! Vraiment ?
Abolitionnistes du système prostitueur : ce que nous sommes, ce que nous voulons !
Les Néerlandais commencent à regretter la légalisation de la prostitution
Prostitution et faux-semblants : une affaire de société, de femmes et d’hommes
Pourquoi la gauche veut-elle faire de la prostitution "un métier comme un autre" ?
Prostitution et "slutwalk" - Bâtir un mouvement féministe progressiste à l’époque individualiste
Prostitution - Il faut rendre illégal l’achat de "services" sexuels en Australie
Le mouvement des femmes n’est pas monochromatique
ZéroMacho - Des hommes contre la prostitution
Prostitution et domination masculine
La vérité sur l’esclavage sexuel planétaire, un livre de Lydia Cacho
Votre voisin est un prostitueur - Une nouvelle recherche
J’ai rien vu
Abolition n’est pas prohibition - Pourquoi la défense de l’avortement diffère de la défense de la prostitution
Prostitution et traite des femmes - Le projet abolitionniste au congrès Mondes des femmes 2011
Congrès international Mondes des femmes 2011 - Compte-rendu des échanges sur l’abolition de la prostitution à l’exposition "Les draps parlent"
Banalisation de l’industrie du sexe et éducation des jeunes
Nous devons sanctionner les acheteurs de la prostitution
Des députés proposent une résolution sur la prostitution réaffirmant la position abolitionniste de la France
Dix raisons de ne pas légaliser la prostitution
Demi Moore s’associe au CNN Freedom Project pour un documentaire saisissant sur le commerce sexuel au Népal
Client de la prostitution : vers une prise de conscience européenne
Lutter pour faire de la prostitution un travail, c’est se tromper de combat
Prostitution et traite des êtres humains, controverses et enjeux
Le système de la prostitution militaire en Corée du Sud, en Thaïlande et aux Philippines
Les pratiques des hommes "clients" de la prostitution : influences et orientations pour le travail social
La prostitution comme violence contre les femmes
Le système prostitutionnel, un pilier de l’inégalité sexuelle et des violences envers les femmes
Clients de la prostitution : un "droit de l’homme" heureusement en péril
Prostitution as violence against women
Prostitution - Vive le sexe libre et gratuit !
France - La prostitution n’est pas une fatalité
"Il faut punir les clients des prostituées", selon Roselyne Bachelot. Oui... et dépénaliser les personnes prostituées !
Belgique - Analyse « Prostitution : arguments et opinions »
Prostitution - Le débat entre féministes se poursuit
Tribunal populaire sur l’exploitation sexuelle commerciale - Inscription
La tolérance sociale, complice de la violence et de l’exploitation sexuelle
Traite des femmes à des fins sexuelles - Au cœur des réseaux criminels : l’exemple de l’Albanie
S’unir contre la banalisation de la prostitution - Un défi pour la décennie
Moi, si j’étais un homme
Prostitution et traite des êtres humains - Les mensonges du réglementarisme
La députée bloquiste Maria Mourani présente un projet de loi pour accélérer la lutte à la traite des personnes et au proxénétisme
La prostitution menace le patrimoine humain
La série "Maison close" : de la fiction à la réalité
C’est un métier, tout comme le vôtre…
Décriminaliser totalement la prostitution sape le travail pour l’égalité des sexes - Exigeons le changement
"Abolir la prostitution" – Une question en suspens pour le féminisme et pour la gauche
Pays-bas : infirmières ou prostituées ?
Madame Parité commence fort en renvoyant les femmes… au bordel !
Le sexe s’invite à la Coupe du Monde
Feu « Verts » au proxénétisme !
Plus de pornographie à l’Assemblée nationale, mais des assises de la prostitution au Sénat
"Travailleurs du sexe", un documentaire sexiste, réactionnaire et dangereux
Le Mouvement du Nid-France louera un mini-car pour faire visiter les maisons closes
Pour un quartier assiégé, la prostitution est loin d’être un "crime sans victime"
De client prostitueur à homme responsable : une démarche nécessaire
Le "client", premier agent de la prostitution
Proxénétisme et prostitution - Lettre ouverte aux candidat-e-s aux élections européennes de juin 2009
Poser les bases d’une Europe sans prostitution, c’est oser
Le tourisme de prostitution, une industrie mondialisée florissante
Prostitution : la grande promo
Première Journée mondiale contre l’exploitation sexuelle : les raisons d’un engagement
Prostitution et traite des êtres humains, enjeux nationaux et internationaux
Le vagin industriel. Vers une économie politique du sexe commercial mondialisée
S’attaquer au trafic mondial du sexe
Intégrisme islamique et esclavage sexuel en Iran
Le corps des femmes est attaqué. Que fait-on ? On se tient debout et on riposte !
Libre disposition de son corps et liberté de se prostituer
Le refus de la prostitution gagne du terrain
La mode hypersexualisée s’inspire de la pornographie
Le "droit de prostituer" n’est pas un droit de l’homme
"Abolition de la prostitution" - Édito Revue Labrys
Affaire Sneep aux Pays-Bas - Condamnation de deux proxénètes qui ont exploité et maltraité 120 filles de l’Europe du Sud et de l’Est
Le commerce du sexe est florissant en Afghanistan
Sexe et Formule 1
Dossier prostitution - Importants développements à l’échelle internationale
Prostitution - Touche pas à mon client ?
Le Conseil National des Femmes du Luxembourg (CNFL) se prononce en faveur d’une législation agissant directement sur la demande de "services sexuels"
Affaire Spitzer - Le mythe du crime sans victimes
Le Mouvement du Nid inquiet de plusieurs mesures de la politique française sur la prostitution
Le Forum de Vienne sur la traite des êtres humains reste sourd aux voix des victimes
Une politique cohérente contre la violence à l’égard des femmes doit commencer par s’attaquer à la prostitution
Prostitution - À Alger comme en Europe, on esclavagise les femmes
Manifeste des hommes pour l’abolition de la prostitution (Espagne)
Pornographie et fin de la masculinité
Pornographie : "Ça fait mal, tellement mal" ou pourquoi certaines femmes ne veulent pas savoir
Prostitution : les limites du consentement
Prostitution et traite des femmes au Nevada
« Être abolitionniste, c’est défendre la liberté sexuelle ! »
"Rent-A-Wife", c’est discriminatoire !
Après des décennies, les secrets des bordels des camps nazis émergent
Une association féministe espagnole conteste l’expression "travailleuse du sexe"
Le Mouvement du Nid face aux clients prostitueurs
Première Journée mondiale pour un tourisme responsable et respectueux, le 2 juin 2007
Richard Poulin parle de son dernier livre "Abolir la prostitution" - Interview par Sporenda
Police, Justice et acteurs sociaux, quelle coopération ?
Réflexions sur les meurtres de femmes prostituées au Royaume-Uni
Prostitution - Trois femmes et un débat
Déchirées par la guerre, les femmes d’Irak sont la cible des trafiquants du sexe
La prostitution n’est pas un service comme un autre
Entretien avec Coline Serreau sur le film Chaos
Qu’est-ce que la libération ? Le féminisme hier, aujourd’hui et demain
Quand le porno impose sa vision de la sexualité
La prostitution, une arme politique
Prostitution : tout ce que vous n’avez jamais voulu savoir et qui existe quand même !
La liberté dévoyée
Mondialisation, militarisme et trafic sexuel
Pour que la porno recule
Marchandisation et déshumanisation : l’exemple de la prostitution
Richard Poulin lance un manifeste abolitionniste
Prostitution en Allemagne : Déclaration post-Coupe Mondiale de Football
Prostitution Reform - Stamp out sexual slavery (Angleterre)
La prostitution au XVIIIe siècle, pierre d’achoppement entre politiques locales et pouvoir royal
Campagne contre la traite des blanches de l’Europe de l’Est
Prostitution : les pièges du pragmatisme
L’âge du consentement sexuel à 16 ans : un pis-aller ?
Prostitution : cherchez le client
Enjeux de la prostitution considérée comme "travail du sexe"
L’envergure de la traite à des fins de prostitution
Les filles de l’Est
Violence pro-prostitution à la Maison des femmes de Paris
Le discours pro-prostitution : une rhétorique de dominant
"Survivantes" et féministes contre la prostitution
Clients de la prostitution : motivations et déterminants
La législation à l’encontre des prostituées au XVIIIe siècle
Une politique cohérente contre la violence faite aux femmes doit d’abord s’attaquer à la prostitution
La nouvelle industrie du sexe
"Terre promise", un film d’Amos Gitaï sur la traite des femmes
Prostitution : une arme de destruction massive
"Les clients de la prostitution : l’enquête", de Claudine Legardinier et Saïd Bouamama
Les Philippines contre le trafic sexuel
"Inside deep throat", contribution à la liberté sexuelle ?
La prostitution au XVIIIe siècle : introduction à une liberté superficielle
Femmes à vendre dans les pays baltes
Prostitution et Société No 150
Acheter du sexe n’est pas un sport
Une loi qui jetterait les femmes dans l’industrie du sexe
Casino de Hull - Des "playmates" de Playboy pour faire la promotion des nouvelles machines à sous
Ni coupables, ni victimes : libres ? Oui, libres de toute prostitution
Le système de la prostitution : une violence à l’encontre des femmes
La marchandisation du corps humain est une violation des droits fondamentaux de la personne
Le système de la prostitution au Cambodge : le témoignage de Somaly Mam
Le Mouvement du Nid
Le Mouvement du Nid - Documents sur la prostitution
La banalisation de la prostitution : des choses à savoir
L’Association canadienne des centres contre les agressions sexuelles réclame des politiques contre le commerce du sexe
16 journées d’actions citoyennes pour dire "Non aux violences à l’égard des femmes et à la prostitution ! Oui à la promotion de la dignité humaine !"
Prostitution et travail « invisible » : une assimilation dangereuse
Le risque global d’être convertie en marchandise
Gunilla Ekberg : « Le mieux que nous puissions faire pour nos soeurs prostituées, c’est de les aider à en sortir. »
Prostitution, pornographie et trafic des femmes
Sexe, argent et intégrisme postmoderne
Les politiques européennes et internationales sur la traite des êtres humains encouragent le proxénétisme
Quinze thèses sur le capitalisme et le système prostitutionnel mondial
Le chemin de Buenos Aires : la prostitution, hier et aujourd’hui
Prostitution,
la mondialisation incarnée

Mondialisation des industries du sexe : oppression maximale des femmes et des enfants du Sud, de l’Est, du Sud-Est, etc...
L’hypocrisie a-t-elle un sexe ? Ou comment masquer l’insoutenable réalité de la prostitution
L’importance de ne pas censurer le débat sur la prostitution
Viol et prostitution
Esclavage et prostitution
Journée de formation sur la mondialisation de la prostitution et du trafic sexuel - Documents
Les jeunes et l’industrie du sexe
La marchandisation du sexe : nouvel esclavagisme ?
Le "libre choix" en Allemagne : accepter de se prostituer ou perdre son allocation de chômage ?
La croissance effrénée des industries du sexe : entrevue avec Richard Poulin
Aux pays des tsunamis, le trafic sexuel sévit
Le modèle suédois : une source d’inspiration, non une panacée
Une étude dresse le portrait des prostitueurs ou clients de la prostitution
Prostitution : La nouvelle traite des Noirs
« La mondialisation des industries du sexe » : des faits aux valeurs
Décriminaliser la prostitution a profité aux proxénètes, pas aux personnes prostituées
Occupations militaires - La prostitution érigée en système
Le scandale de l’esclavage sexuel au Kosovo
« Les Yeux secs » et la caméra citoyenne de Narjiss Nejjar
Rapport sur les conséquences de l’industrie du sexe dans l’Union européenne
L’érotisation de la violence et de la subordination
Prostitution : réflexions d’un militant en colère
Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui, esclavage, travail forcé, trafic de personnes
Pacte du silence sur les clients de la prostitution
Le débat sur la prostitution : quelle libération sexuelle ?
Des questions à se poser sur la prostitution
Fabrication d’un nouveau mythe sur la prostitution
L’urgence est-elle de faire de la prostitution un métier ?
Je voudrais parler porno
La légalisation de la prostitution, une expérience qui a échoué en Australie
Prostitution, pornographie et capital
L’Organisation Internationale du Travail (OIT) appelle à la reconnaissance de l’industrie du sexe
Prostitution, trafic sexuel et mondialisation
On s’arrache les actions du premier bordel inscrit en bourse
Il faut stigmatiser le client... il est criminel
Adulte ou infantile, la prostitution est le contraire de l’autonomie sexuelle
Les enjeux occultés de la prostitution et les conséquences sur les rapports hommes-femmes
Le trafic mondial des femmes et des enfants
Des proxénètes à l’Université ?
La mondialisation des marchés du sexe - I
La mondialisation des marchés du sexe - II
Combattre le système prostitutionnel
Sexe : de l’intimité au « travail sexuel » ou prostituer est-il un droit humain ?
L’Organisation Internationale du Travail (OIT) appelle à la reconnaissance de l’industrie du sexe. Commentaire.
Pour une critique de la politique pro-prostitution de Cabiria
Prostitution : droits des femmes ou droit aux femmes ?
Faut-il une autorisation pour parler de la prostitution ?
« Le corps est un nouvel instrument d’esclavage » Florence Montreynaud
« La prostitution, ce n’est pas le plus vieux métier du monde, c’est le plus vieux mensonge » (Gunilla Ekberg)
L’idéologie sexiste et la pornographie
Femmes esclaves des bordels du Bangladesh







Les auteures : Geneviève Duché, Marie-Hélène Franjou, Hélène de Rugy (1)

« Chaque fois que vous croyez les mots d’une femme prostituée, chaque fois que vous signez une pétition pour un vrai changement dans le commerce du sexe, chaque fois que vous refusez le mot « travail du sexe », chaque fois que vous parlez en faveur des personnes prostituées, chaque fois que vous faites changer les lois, chaque fois que vous travaillez avec les femmes prostituées qui vivent avec le traumatisme, vous prenez une immense part pour redonner espoir aux femmes et aux filles qui avaient oublié que l’espoir existe. » Rebecca Mott, survivante de la prostitution, écrivaine.

*

Nos deux pays - le Canada et la France - sont engagés dans une réforme de leur position et de leurs textes législatifs sur la question de la prostitution. Il est donc intéressant et soutenant dans le combat abolitionniste de pouvoir comparer nos expériences, nos actions et nos difficultés notamment du côté des politiques publiques. C’est pourquoi, au regard du texte de la CLES (2) dans les Nouveaux Cahiers du Socialisme, diffusé par le site Sisyphe, nous publions cette analyse de la problématique française et des conditions d’application d’une politique publique récente.

La Loi n° 2016-444 du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées relance la politique abolitionniste de la France existant depuis 1960 (3) en matière de prostitution, la complète et lui donne de nouveaux moyens. Elle a été votée après des années de débats difficiles qui ont permis de mieux comprendre ce que sont la prostitution et la situation des personnes prostituées et comment le système prostitutionnel est un système de violence produit par les rapports sociaux de sexe de domination masculine. C’est ainsi que deux ans avant la promulgation de cette loi, la Loi n° 2014-873 du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes précisait : « La politique pour l’égalité entre les femmes et les hommes comporte notamment :

1° Des actions de prévention et de protection permettant de lutter contre les violences faites aux femmes et les atteintes à leur dignité ;
2° Des actions visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel … »

Les combats féministes ont abouti non sans mal et non sans régressions possibles, à la prise de conscience des violences spécifiques subies par les femmes et en particulier dans le domaine privé, dans le couple. La prostitution est longtemps restée en marge de ce combat. Mais à partir des années 2000 le mouvement abolitionniste français se réveille et s’appuie clairement sur des associations féministes. Il prend comme exemple la Suède dont le Parlement vote une loi en 1999 qui pénalise l’achat d’acte sexuel. La raison est qu’on ne peut réduire la prostitution si on ne s’attaque pas à son origine, à ceux qui la rendent possible, à savoir les clients-prostitueurs. La Suède est un des pays du monde les plus avancés dans la volonté de réalisation de l’égalité entre les femmes et les hommes. Le réveil des abolitionnistes en France est aussi fortement lié à l’arrivée massive d’abord de femmes soumises à la traite venues des pays d’Europe de l’Est (effondrement des régimes communistes à la fin du 20ème siècle) suivie par le trafic de femmes d’Afrique subsaharienne qui ne cesse de s’intensifier. A ce phénomène s’ajoute la marchandisation généralisée du corps des femmes et la découverte d’une prostitution croissante parmi les jeunes (4).

En 2013 est annoncée une proposition de loi (venant de député.e.s, en particulier Catherine Coutelle et Maud Olivier) pour renforcer la lutte contre le système prostitutionnel. Utiliser le terme de système prostitutionnel permet d’appréhender la prostitution et la traite qui y est liée comme un fait social global, incluant une diversité d’acteurs et de systèmes (proxénètes et trafiquants, clients, prostitué-e-s, société, media, institutions politiques, système économique etc.) et non comme le produit de simples contrats interindividuels, comportements et consentements individuels.

Trois ans de débats, d’opposition du Sénat, de bataille médiatique, de manifestations des pro-prostitution d’un côté à visée réglementariste ou professionnaliste et des abolitionnistes et féministes de l’autre, se terminent par le vote de la loi le 13 avril 2016 suivi de la publication des décrets dans les 6 mois qui suivent.

La loi est bâtie sur quatre piliers : (5)

 La lutte contre le proxénétisme et la traite des êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle,
 La dépénalisation des personnes prostituées (la pénalisation du racolage passif avait été introduite en 2003 )et l’accompagnement de celles qui souhaitent sortir de la prostitution,
 La prévention des pratiques prostitutionnelles et du recours à la prostitution,
 L’interdiction de l’achat d’actes sexuels et la responsabilisation des clients de la prostitution.

I- Fondements sociaux de la politique publique de lutte contre le système prostitutionnel

    I-1- Définir la prostitution et évaluer son importance

Il n’y a pas de définition légale de la prostitution en France, la seule définition juridique est jurisprudentielle (1996) : « la prostitution consiste à se prêter moyennant rémunération (on entend, argent, services, promesses etc.), à des contacts physiques de quelque nature qu’ils soient afin de satisfaire les besoins sexuels d’autrui ». Cette approche ne définit pas la prostitution mais l’action de la personne qui se livre à la prostitution. Ainsi disparaissent les protagonistes essentiels pour qu’il y ait prostitution, proxénètes et leur emprise et clients et leur argent. Les approches de la prostitution se font toujours du côté de la personne prostituée comme si elle créait le phénomène en tant que tentatrice à la recherche de l’argent des pauvres hommes submergés par leur pulsion ! Il serait plus adapté de définir la prostitution comme la possibilité d’acheter des actes sexuels, c’est-à-dire l’usage du corps d’une personne. C’est cette possibilité, ce droit qu’il faut abolir.

Il est très difficile en l’absence d’observatoire dédié de comptabiliser les personnes prostituées, mineures, femmes, hommes et trans’. Si la prostitution de rue et de route est très visible, les autres pratiques le sont beaucoup moins. Les seules données officielles proviennent de l’Office Central de Répression de la Traite des Etres Humains (OCRTEH) qui ne couvrent que la traite. Leur estimation est de 30000 victimes (6). Mais une enquête sur la prostitution en milieu étudiant à Montpellier a montré que 3% des étudiant-e-s enquêté-es par internet avaient au moins une fois subi un acte sexuel payé. Par ailleurs l’Amicale du Nid rencontre et accompagne chaque année 5 à 6000 personnes prostituées dans les 10 départements où elle est implantée et surtout les villes où elle a ses établissements. Et elle est loin d’avoir les moyens de rencontrer toutes les personnes en situation de prostitution et en particulier de développer ses contacts par internet.

    I-2- De la difficulté pour faire reconnaître la prostitution comme question sociale à part entière

Manque d’observation rigoureuse, dilution du phénomène par mise en avant « des prostitutions », diversification des termes (michetonnage, escorting), représentations glamour et pensée stéréotypée masquent la gravité de la situation et de l’exposition de la jeunesse à une banalisation d’une sexualité tarifée qui en fait est imposée par des hommes aux plus vulnérables. La résistance à la reconnaissance de la prostitution comme question sociale à part entière et le déni de sa violence intrinsèque proviennent des facteurs suivants :

    a) Absence de remise en question de la domination masculine et de l’appropriation par le groupe des hommes du groupe des femmes (7)

Cela se traduit notamment par l’appropriation de leur corps et la maîtrise de leur sexualité au profit de celle des hommes. Cette réalité se traduit partout dans le monde par des pratiques violentes (viols, agressions sexuelles, excision et infibulation, prostitution, traite des êtres humains à des fins de prostitution, coups, harcèlement sexuel, violences psychologiques…), des institutions (patriarcat avec mariage comme contrat sexuel, prostitution comme mode d’accès au corps des femmes, mariages temporaires dans les pays musulmans où la prostitution est prohibée mais massive, entreprises de prostitution comme nouvelles appellation des bordels dans les pays réglementaristes, Pays-Bas par exemple…) et des interdits (enfermement, voile, interdiction de la contraception et de l’IVG, répression violente de l’adultère féminin…).

En fait la pensée dominante justifierait la prostitution comme permettant aux hommes de satisfaire leur pulsion sexuelle vue comme différente de celle des femmes (8) d’une part et tellement forte que les hommes ne peuvent la juguler d’autre part. Il faudrait leur permettre d’évacuer le « trop plein » sinon ils pourraient être trop malheureux, en danger et se rueraient sur n’importe quelle femme. Cette tâche est dévolue aux prostituées. Ainsi une construction sociale de la virilité, une croyance, arrivent à justifier, voire à promouvoir pour les militant.e.s pro-prostitution, la prostitution comme aide aux hommes, comme moyen de lutte contre « la misère sexuelle », comme travail…social qui protègerait les autres femmes d’où la revendication pour que la prostitution soit considérée et nommée « travail du sexe » (9).

Les yeux se ferment face à une des pires violences produites par le système patriarcal. Cette terrible irresponsabilité collective est facilitée par trois autres facteurs.

    b) Méconnaissance des conséquences de la prostitution sur les victimes :

Précarisation et solitude sont le lot de beaucoup de personnes prostituées et les conséquences de leur situation sur leur santé (10) sont profondes et destructrices.

Différentes études témoignent d’une espérance de vie très écourtée par rapport à la population générale, d’un taux de mortalité lui aussi très supérieur à la population générale. L’âge d’entrée dans la prostitution est souvent très jeune, 14 ans voire moins, l’espérance de vie moyenne de 40 ans. Les risques sanitaires inhérents à l’activité prostitutionnelle ont souvent été appréhendés à partir du risque de transmission des infections sexuelles. C’est le fait de l’histoire, et l’épidémie de VIH/Sida a, par la suite, du fait de sa gravité, largement renforcé cette orientation. Aujourd’hui encore on s’intéresse surtout à cet aspect. Mais si la prévention doit être soutenue sur les IST, il est grand temps d’élargir l’intervention et de considérer les effets des violences et en particulier ici l’impact des violences sexuelles. Ils sont dénoncés par l’OMS car ils sont à l’origine de conséquences multiples et graves sur la santé des femmes qui les subissent. Notamment conséquences sur la santé sexuelle et reproductive, sur la santé mentale, sur le comportement. Conséquences mortelles aussi (péritonite, mort du fœtus, suicide, over dose etc.).

Aux viols tarifés que sont les passes, s’ajoutent les viols subis souvent dans le passé et pendant la situation de prostitution, au moins six fois plus fréquents que dans la population générale (11). Ils sont à l’origine de stress post-traumatique, comme peuvent l’être des traumatismes de guerre. Pour la Docteure Muriel Salmona, 68 à 80% des femmes en situation de prostitution en seraient atteintes (12). La réalité insoutenable de l’évènement entraine une dissociation du corps et de l’esprit de la victime, la mémorisation de l’évènement se fait par des circuits cérébraux anormaux, les informations de temps et d’espace ne sont pas enregistrées et plus tard la personne revivra sans cesse la même panique, la même angoisse à l’occasion de la moindre sensation évocatrice. Les conduites dangereuses ou addictives, drogues, alcool, psychotropes seront recherchées pour y échapper.

Le stress post-traumatique a un impact sur la mémorisation du quotidien et, on le sait aujourd’hui sur l’organisme dans son ensemble, notamment sur le système cardio-vasculaire (risques d’infarctus, d’hypertension…), sur le système endocrinien avec possibilité de développer un diabète, sur le système immunitaire et des pathologies hématologiques peuvent être observées sur le long terme (13). Toutes ces violences vécues multiplient par 5 ou 6 les risques d’être victimisée, c’est-à-dire d’être à nouveau la cible de nouvelles violences, par 5 ou 6 les risques de dépressions, par 19 les tentatives de suicide (14). La liste est longue encore des répercussions sur la santé de la précarité vécue, du manque d’hygiène, de l’alimentation déséquilibrée et/ou insuffisante, de l’isolement dans un contexte hostile et inconnu.

Lorsque la culture de la prévention aura suffisamment imprégné le milieu médical, le personnel soignant se lèvera pour exiger de lutter contre ce qui crée ces désordres de santé et ces souffrances, le système prostitutionnel. Au lieu de cela, certains d’entre eux réclament l’abandon de la loi de 2016 qui aggraverait la situation des personnes prostituées. Il aurait fallu se rendre compte des ravages sanitaires et sociaux de la prostitution bien avant cette loi qui ne peut en être la cause. Pourquoi lorsqu’une violence touche particulièrement des femmes, on ne la voit pas ?

    c) Rôle de l’argent dans la prostitution

Dans le déni de la violence de leur situation, les personnes prostituées sont vues comme des personnes pouvant gagner de l’argent, parfois beaucoup et ce facilement. Cet accès à des moyens de vie déculpabilise la société. Puisque les prostitué-e-s peuvent gagner leur vie, pour les un.e.s il y a plus malheureux.ses, il n’y a pas urgence ou nul n’est besoin de les aider, pour les autres c’est la preuve que les femmes sont fortes et peuvent sortir seules de la misère. Mais cet argent dont il ne reste pas grand-chose dans les mains des prostitué-e-s est surtout l’argent qui nourrit le proxénétisme et le trafic des êtres humains, celui qui sert à payer la dette pour les victimes de traite. « Le sujet avec la prostitution, ce n’est pas la sexualité, le sujet… c’est l’argent. Dans la prostitution le consentement à l’acte sexuel est un consentement dans lequel ceux qui ont de quoi payer ont droit à la soumission de celles et ceux qui n’ont pas d’autres choix », disait Najat Vallaud-Belkacem (15).

    d) La proportion de femmes étrangères serait de plus de 90% parmi les victimes de prostitution et de traite.

Facile alors de voir là une conséquence d’une politique laxiste en matière d’immigration ou, pour les pro-prostitution, le seul moyen pour les femmes immigrées de gagner de l’argent et donc la nécessaire reconnaissance de ce « travail ». Le rapport sur la situation des femmes demandeuses d’asile en France fait par le HCEfh (16) pour évaluer les effets de la loi portant réforme du droit d’asile (2015) insiste sur la situation de risques majorés pour les femmes et leur exposition aux prédateurs sexuels et aux proxénètes. Ce qui s’ajoute à leur exposition au risque de la traite sous des formes plus ou moins violentes dans leur pays d’origine. La politique publique de lutte contre la prostitution que nous analysons est particulièrement marquée par le problème de l’immigration et la crainte en accueillant les victimes du système prostitutionnel et en leur donnant le droit de séjour de faire appel d’air pour les trafiquants et de nouveaux arrivants.

    I-3-La prostitution liberté ou violence ?

Peu diffusée est la connaissance des processus conduisant à la prostitution.

    a) Avant la prostitution, la violence qui fragilise la personne

La situation de prostitution est très souvent déclenchée par la pauvreté, la précarité, la difficulté à subvenir aux besoins de sa famille, celle de financer des études. Elle peut être aussi imposée directement par un compagnon ou un « lover boy » qui séduit une adolescente vulnérable, elle peut être entraînée par des promesses de mieux vivre au loin et la fuite de situations de violences intenables. Déjà nous avons là un ensemble de facteurs qui remettent en question la force du choix et du consentement. Mais derrière cette situation, les récits de vie des personnes prostituées auprès des travailleurs sociaux et des médecins et psychologues qui les accompagnent, écrits autobiographiques, témoignages des survivantes de la prostitution (17) révèlent qu’elles ont subi des violences de toutes sortes dans leur enfance et leur adolescence : abandons, mauvais traitement psychologiques et physiques, homophobie, agressions sexuelles de tous les types et inceste. On trouve aussi cette violence familiale dans les parcours des femmes et hommes (homosexuels souvent) victimes de la traite des êtres humains. Des conséquences en découlent : des traumatismes, le stress post traumatique et les désordres qui y sont liés (18) ainsi que des mécanismes de défense neuropsychologiques qui n’ont rien à voir avec le consentement. Chosification de la personne, corps utilisé en objet de transaction, solitude, perte d’estime de soi, perte de capacité d’exprimer son désir, de préserver son intimité, échec scolaire, perte de confiance et du lien social, vulnérabilisent et exposent aux prédateurs et manipulateurs, entrainent dans la précarité voire l’errance et dans des addictions.

La rencontre du milieu prostitutionnel qui semble apporter une solution est un facteur déclencheur important. À ces conséquences des violences subies s’ajoutent le contexte d’apprentissage des comportements dits féminins de séduction et de soumission et l’hyper sexualisation, dès le plus jeune âge, des petites filles. Il faut y ajouter les incitations pour le moins sidérantes tels que les panneaux publicitaires de 3 mètres sur 5 « Améliorez votre style de vie, sortez avec un « sugardaddy » (message renforcé par une photo qui ne laissait aucun doute sur les destinataires de cet appel ni sur le contenu de l’activité proposée) ou l’atmosphère prostitutionnelle d’émissions télévisuelles publiques.

Il n’y a pas de déterminisme de l’entrée en situation de prostitution. Si nous observons que l’ensemble des personnes rencontrées à l’Amicale du Nid, par exemple, ont eu une enfance et une adolescence particulièrement perturbées et violentées, cela ne signifie pas que tous les jeunes ayant subi des violences vont se trouver en situation de prostitution. Mais cela dit d’abord que l’enfance est insuffisamment protégée et qu’il y a à mettre en place en toute urgence une politique de prévention qui passe par la déconstruction de la domination masculine, l’aide aux familles et une éducation au respect de la personne humaine. Cela dit aussi la nécessité d’avoir une politique publique de la jeunesse qui réduise les risques et augmente les possibilités d’insertion sociale.

    b) Présente avant la situation de prostitution, la violence est là dès la première passe parce qu’acheter un acte sexuel à une personne, c’est considérer qu’elle n’en est plus une et qu’elle n’est plus qu’un objet destiné à la jouissance de l’acheteur.

Un homme récemment arrêté dans la forêt de Fontainebleau disait "allez voir une prostituée, c’est un acte d’achat impulsif. Tu veux juste consommer. Tu ne réfléchis pas aux conséquences qu’implique ta partie de jambes en l’air".

La violence accompagne quotidiennement la prostitution. Laurence Noëlle (19) l’exprime clairement : « Moi qui ai vécu la prostitution, je l’ai ressentie comme un viol, ou plutôt comme des viols incessants ; comme la destruction et l’anéantissement d’une partie vivante de moi-même. Mon vécu n’a fait que renforcer ma honte d’exister ». Mylène, prostituée de « luxe » (20) : « Pour supporter, on ferme les yeux. Je mettais mon bras devant mon visage, avec mon parfum dessus, ça permet de protéger une part de soi, un part qu’ils n’auront pas. Il y avait aussi le valium. Sans le valium, je n’aurais pas pu… on prenait toutes quelque chose… A l’époque, je ne me lavais qu’avec du mercryl, pour décaper. Le plus lourd, c’est d’avoir été achetée. Tu n’es plus rien du tout. Je paye. Je me sers de toi comme d’une bassine. Pour me vider ».

Situation dite choisie ou pas, le traumatisme est le même. La passe est ce moment de confrontation avec le client, ce moment de domination pure. Les personnes prostituées subissent plusieurs actes sexuels par jour avec des clients dont le comportement est imprévisible et qui imposent souvent leur crasse et leurs perversions. Ce ne peut être au nom de la liberté sexuelle et de l’émancipation des femmes, comme tentent de le démontrer quelques féministes libérales, que l’on refuse l’abolition de la prostitution. Jouir des vulnérabilités et de la souffrance de l’autre n’est pas une liberté généralisable puisqu’elle est celle des plus fort-e-s. Comment par ailleurs dans le même temps se battre en tant que femme pour la maîtrise de son corps et justifier que ce corps puisse être acheté et les femmes poussées à cette extrémité et chosifiées par un système de domination ?

La violence et les risques de la situation de prostitution sont très grands, insultes, vols, violences dans la rue, viols au sens juridique actuel, meurtres. Tous ceux, toutes celles qui approchent les personnes prostituées, qui les accompagnent ou qui font de la prévention sur le plan social et sanitaire l’observent et souhaitent que cela cesse. Mais un certain nombre d’acteur.trice.s et de chercheur.e.s dans ce domaine semblent insister sur ces violences comme pour cacher ou dénier la violence intrinsèque de la prostitution, la passe, et semblent ne pas vouloir comprendre que ces violences sont inhérentes à la situation de prostitution et à la stigmatisation qu’elle induit.

 La suite de cet article ici -> "Une politique publique pour combattre le système prostitutionnel".

 Le document intégral dans ce fichier PDF :

Notes

1. Dans l’ordre, présidente de l’Amicale du Nid de 2011 à 2017, médecin et présidente actuelle, déléguée générale de l’Amicale du Nid depuis 2010.
2. Concertation des Luttes contre l’Exploitation Sexuelle (CLES), organisme féministe de Montréal qui accueille des femmes prostituées et fait partie d’un ensemble d’associations qui luttent au Canada contre le système prostitutionnel. Nous avons été invitées par la CLES à Montréal en 2015 pour un colloque et à cette occasion nous avons rencontré des femmes de tout le pays en lutte contre la prostitution et nous avons constaté le travail important et incontournable de la CLES auprès des femmes prostituées. Un rapport de notre séjour en octobre 2015 a été mis sur le site de l’Amicale du Nid.
3. Il existe trois grands régimes juridico-politiques concernant la prostitution : l’abolitionniste, le réglementarisme et la prohibition. Seul l’abolitionnisme est fondé par un texte international, la convention internationale pour la lutte contre la traite des êtres humains de 1949 qui affirme en préambule que « la prostitution et le mal qui l’accompagne, à savoir la traite des êtres humains en vue de la prostitution, sont incompatibles avec la dignité et la valeur de la personne humaine ». Mise en application en 1951, elle sera ratifiée par 81 pays, la France le fera en 1960 et cette même année le gouvernement publiera les ordonnances 60-1245 et 60-1246 mettant en place une politique publique de lutte contre la prostitution du ressort de l’Etat avec pour mesures essentielles, une législation très sévère contre le proxénétisme sous toutes ses formes et la mise en place de Services de Prévention et de Réadaptation Sociale (SPRS) dans chaque département. Le vocabulaire est celui de l’époque.
4. En 2011, deux député-e-s, Danielle Bousquet et Guy Geoffroy, de partis politiques opposés mais réunis dans un combat commun contre les violences faites aux femmes sont chargé-e-s d’une mission d’information sur la prostitution en France par la Commission des lois constitutionnelles. Celle-ci publie leur rapport intitulé : « Prostitution, exigence de responsabilité. En finir avec le mythe du plus vieux métier du monde ». Les auteurs préconisent, entre autres, de créer un délit sanctionnant le recours à la prostitution.
5. Les décrets d’application l’accompagnant : 2016-1467 (parcours de sortie et agrément des associations) ; 2017-542 (AFIS) et 2017-1635 (AFIS) ; 2016-1456 (dispositions relatives à l’entrée, au séjour et au travail es personnes étrangères en France ; 2017-281 (référentiel national de réduction des risques) ; 2016-1709 (stages de responsabilisation pour la prévention et la lutte contre les violences au sein du couple ou sexistes et stages de sensibilisation à la lutte contre l’achat d’actes sexuels).
6. L’étude Prostcost du Mouvement du Nid part d’une évaluation à 37000.
7. Colette Guillaumin, Sexe, race et pratique du pouvoir, l’idée de nature 1992, Ed Xe, 2016.
8. Analyse confirmée par les paroles d’acheteurs de prostitution verbalisés par la police, au cours des stages de responsabilisation : sexualité masculine irrépressible (« comme un coq dans une basse-cour »), sexualité féminine uniquement dédiée « à la procréation »…
9. Heureusement, certains hommes s’interrogent sur la fabrique de la masculinité et condamnent les violences à l’encontre des femmes dont la prostitution, voir Zéromacho, France, pétition à partir de Richard Poulin, Québec.
10. Pour une analyse complète des conséquences sanitaires de la prostitution, voir l’article de M-H Franjou médecin, présidente de l’Amicale du Nid : "La prostitution en France, violence majeure envers les femmes", aux Cinquièmes assises nationales de l’association "Stop aux violences sexuelles", 9 Janvier 2018.
11. cf. La lettre de l’observatoire national des violences faites aux femmes, n°1 octobre 2015.
12. cf. intervention le 06 décembre 2014 à Munich sur les conséquences psychotraumatiques de la prostitution.
13. Carole AZUAR, neurologue et chercheure en neurosciences à l’Institut de la mémoire, CHU Pitié-Salpêtrière, J.-L. THOMAS, "Les conséquences des violences sexuelles sur la santé physique : revue de la littérature", in Revue Française du Dommage Corporel 2015-3, 253-69.
14. Patricia Romito, professeur de psychologie sociale à l’Université de Trieste, lors du colloque du 02 10 2017 à Paris : "L’impact des violences sexistes et sexuelles sur la santé psychologique".
15. Ministre des Droits des femmes puis Ministre de l’Éducation nationale de 2012 à 2017.
16. Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes, auprès du Premier ministre.
17. Rachel Moran a fondé avec d’autres personnes sorties de la prostitution un mouvement international des survivantes de la prostitution et a écrit en 2013 le livre Paid for.
18. Voir les travaux de Ferenczi sur le traumatisme mais aussi aujourd’hui et en particulier ceux de Muriel Salmona et Judith Trinquart sur les effets des violences sexuelles, et de Carole AZUAR, neurologue et chercheure en neurosciences à l’Institut de la mémoire, CHU Pitié-Salpêtrière.
19. Son témoignage dans son livre : Renaître de ses hontes, Editions le Passeur, 2013.
20. Son témoignage dans Prostitution et société, n°138, 2002.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 7 mai 2018



Format Noir & Blanc pour mieux imprimer ce texteImprimer ce texte   Nous suivre sur Twitter   Nous suivre sur Facebook
   Commenter cet article plus bas.

Geneviève Duché, Marie-Hélène Franjou, Hélène de Rugy

Dans l’ordre, présidente de l’Amicale du Nid de 2011 à 2017, médecin et présidente actuelle, déléguée générale de l’Amicale du Nid depuis 2010.


modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.


    Pour afficher en permanence les plus récents titres et le logo de Sisyphe.org sur votre site, visitez la brève À propos de Sisyphe.

© SISYPHE 2002-2018
http://sisyphe.org | Archives | Plan du site | Copyright Sisyphe 2002-2016 | |Retour à la page d'accueil |Admin