Alors que je cherchais sur l’Internet un article que j’avais écrit en 2019, quelle ne fut pas ma surprise de trouver un article d’Adèle Clapperton-Richard sur le site Canadian Committee on Women’s History – Comité canadien de l’histoire des femmes (CCWH – CCHF), critiquant un de mes textes d’opinion publié dans Le Devoir en janvier 2019. (1)
Je demandais alors s’il était permis de critiquer le militantisme transgenre. (2) C’était suite à la mauvaise décision de l’assemblée du syndicat de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal qui avait annulé la tenue d’une conférence et d’un atelier de Nadia El-Mabrouk, professeure d’informatique à l’Université de Montréal et membre de PDF Québec.
Selon ce que je constate, Adèle Clapperton-Richard est étudiante à la maîtrise en histoire à l’UQAM. Elle affirme que « ses intérêts de recherche principaux sont l’histoire des femmes et du genre, et l’enseignement de l’histoire au Québec. » (4)
On retrouve dans ce texte, tout l’odieux de plusieurs disciples de l’intersectionnalité : des accusations de xénophobie, de transphobie, de racisme, de colonialisme, des reproches de déformer, sinon « blanchir », l’histoire, particulièrement l’histoire des femmes et du genre. (Aurait-elle oublié l’islamophie ?)
Mme Clapperton-Richard en appelle « aux expériences individuelles » (d’être femme), à l’inclusion, et s’indignent de prétendus privilèges de certaines femmes.
Comme plusieurs « idéologues » du clinquant intersectionnel, elle condamne, d’emblée, les Blanches, ramenant le concept de race au goût du jour. Sous-entendant qu’être Blanche vient automatiquement avec son lot de « privilèges ».
On case les femmes selon l’ampleur de leur portefeuille : tant pis si vous avez étudié 20 ans pour améliorer votre situation financière et mis de l’avant vos talents. Certaines parlent même parfois de « féministes de luxe » !
On jauge leur degré d’incapacité physique : le capacitisme est-il une oppression ou un état d’être qui conduit souvent à des discriminations ?
L’hétérosexualité est devenue hautement suspecte parce que le monde tourne autour de l’hétéronormativité, une division dans laquelle se retrouve une majorité de personnes. Oubliant que, comme mon épiderme, je ne choisis pas mon orientation sexuelle.
Et les « privilégiées » de l’intersectionnalité qui adhèrent à ce culte, celles qui se trouvent dans un de ses nichoirs, s’excusent de l’être, beurrent d’une couche très épaisse leur culpabilité sur une tranche de chronique rougissante et s’aplaventrissent devant un néolibéralisme indécent que, paradoxalement, elles disent dénoncer !
Ce sont les mêmes qui soutiennent la prostitution avec un concept brumeux, l’agentivité, qui soutiennent la maternité pour autrui, l’odieux et suprême contrôle des dominants sur le corps des femmes.
Ah ! Bien sûr, les mystiques de l’intersectionnalité saupoudrent ici et là le mot patriarcat. Faudrait quand même pas trop balayer sous le tapis, il y a des limites au gommage et à l’obscurantisme ! Mais le (gros) mot, fondu dans la bouillie d’une mauvaise lavasse de « touski », perd toute saveur ! Sa nature, son essence, son principe.
Elles prétendent défendre TOUTES les femmes, ce qui est totalement faux, bien sûr, et condamnent les universalistes accusées d’exclure des personnes.
Tout se passe en bas de la ceinture ! On dit défendre des personnes, en oubliant que ce sont leurs croyances et leurs décisions qui sont mises en cause et non leur personne, car toutes ne font pas des choix féministes. Et par projection sans doute, elles disent, sans rire, que les universalistes assaillent personnellement des individu.e.s
Les surfeuses de la troisième vague surexposent les dites « minorités » mettant en vedettes des choix individualistes au détriment d’analyses approfondies et même d’analyses scientifiques : le voile, le féminisme religieux, l’autoidentification « genrée », la défense des transgenres qui outrepassent les droits des femmes, etc.
Les reproches de Mme Clapperton-Richard se multiplient concernant l’histoire, qu’elle tord à bout de doigts comme une guenille virulemment contaminée. Ainsi, cette loi votée aux États-Unis pour que de pendables femmes blanches puissent conserver leur statut et leur notoriété en gardant leurs esclaves en 1849 !
Ainsi ces infâmes « « Famous Five »– ces cinq militantes qui ont obtenu, en 1929, la reconnaissance du statut juridique de « personne » pour les femmes et leur accessibilité à un siège sénatorial – masquait leur activisme eugéniste » ! (5)
Et que dire de ces méprisables féministes qui ont laissé dans le fossé non seulement les femmes autochtones, mais aussi leurs hommes, qui ont eu le droit de vote plus tard que les Blanches !
Le couloir de la mort m’est apparu trop étroit pour ces pécheresses que nous sommes !
Il n’y en aura pas de facile ! Dans les manuels scolaires que feuillettent Mme Clapperton-Richard, les femmes, mais surtout les autochtones, les personnes noires et racisées sont absentes ! Et moi féministe universaliste, je m’apitoie ?
Dois-je m’excuser bien bas pour toutes les féministes universalistes et d’allégeance radicale (pour racine) de ne pas avoir sauvé le monde ? De ne pas avoir eu 10 bras, autant de jambes, pour qu’enfin toutes les inégalités soient effacées de la terre. Terre qu’on a massacré et pollué en plus – pourquoi s’arrêter en si bon chemin des actes punissables ! Honte à moi, honte à toi, ma sœur ! Honte !
Comment des universités et des organismes comme CCWH – CCHF peuvent-ils adhérer à des hypothèses aussi boiteuses ?
Depuis longtemps, les féministes prennent en compte les discriminations croisées dont des femmes sont victimes. Cela se faisait bien avant qu’on parle d’intersectionnalité.
Au cours des ans, elles ont établi des PRIORITÉS parce qu’il est impossible de tout faire en même temps. Et non, toutes les femmes n’ont pas été capables de briser leurs peurs, leurs croyances, leurs prérogatives. Personnellement, je dénonce leur innocence, notre innocence parfois, mais je ne condamne pas leur être, notre être. Nous sommes des êtres imparfaites, mais nos intentions et nos combats sont nobles et légitimes.
Le féminisme universaliste ne vise pas la défense de « clientèles » de prétendues « minorités ». Il se concentre sur les discriminations faites aux femmes parce qu’elles sont femmes et sur leurs causes, en évitant les procès d’intention personnels.
Notes
1. Adèle Clapperton-Richard, Questionner l’histoire des femmes et du genre à l’aune de l’inclusion et de l’exclusion, CCWH – CCHF, 25 février 2019, Lire
2. St-Amour, Johanne, Est-il permis de critiquer le militantisme transgenre ?, Le Devoir, 29 janvier 2019 Lire
3. El-Mabrouk, Nadia, Idéologie queer la nouvelle religion, La Presse, 9 mai 2018. Lire
4. Adèle Clapperton-Richard, Lire
5. Idem