Parfois son cri brûle dans la nuit
pareil au papillon bleu qui traverse la flamme
et change soudain la couleur du rêve
le feu n’étant que le début du cycle de l’éclair
Il lui fallut apprendre à vivre
avec le poids de la légèreté
plein de présence et d’espace
l’infinie respiration du vent
Très tôt elle s’initie au langage
des arbres aux secrets des racines
au vertige de la sève et du ciel
à la terre et à son amour de l’eau
Elle plonge dans la mer hors du temps
traverse l’or l’orange et l’émeraude
l’eau c’est sa mémoire sa merveille
l’infini sous sa peau la première image
Il y a des jours qui brûlent
avant même de luire palpiter
pleins de poussière de mots
d’images repliées sur leur coeur
Chaque matin la peur de découvrir
le nom d’une autre épitaphe
un arbre invincible foudroyé
la perte d’une part précieuse de soi
Parfois la lune devient trop pleine
plus d’angle mort le blanc
un vent coupant aspire le présent
plus de bouée l’effacement
Tu marches seule plus loin que ton regard
dans le sable bleu brûlant
plage insulaire ou désert
chacun de tes pas lui ouvre la voie du retour
Le jour où son cœur se brise
en mille petits éclats de fiel
dans la chair crédule du passé
l’âme de la beauté l’enlève
Elle tombe elle n’en finit pas de tomber
des ailes lui poussent dans le cerveau
un papillon bleu nidifie dans son cou
et tout recommence en pleine lumière
En équilibre sur le vide entre sa peine
et l’émerveillement joyeux de ta présence
des jeux de l’ombre à la pointe de l’âme
de cette coulée de lumière qui l’embrase
La chute est lente et abrupte à la fois
elle n’a et toujours eu que l’amour
elle le serre fort contre sa poitrine
à jamais son unique étoile de survie
Les mots s’étranglent dans son crâne
tel un champ de mines au crépuscule
la nuit épelle son silence de naufrage
et la beauté indifférente suit son cours
Comment savoir si tu la sens trembler
quand passe le vent dans tes cheveux
que l’absence de mots devient sanglot
vois-tu déjà le rivage où la beauté revit
Elle voudrait être un arbre
poussé au son parfait du violoncelle
le chant des âmes en feuilles
dans l’antre doux de l’esprit sauvage