Semblable à la neige fine
chacun de tes pas fait une empreinte
si légère et si profonde à toute chose
un espace intérieur au feu
À l’aube toujours le même sentier
et la même lettre ininterrompue
le secret des feuilles sous la neige
les lits de mousse de l’imaginaire
Dans un temps et un espace impensés
elle te rencontrera encre infiniment
tu la reconnaîtras dans l’iris d’une étoile
la voix unique d’un rêve très ancien
Puis la nuit prend la forme une danse
avec ses audaces à la pointe des sens
et ses glissements d’ombre vertigineux
en frôlant le solstice de la déraison
Il y a une île en toi
qu’elle gagne mot à mot
de la vague de fond
jusqu’au rivage des cils
À l’aube sous le soleil ou la pluie
sa première pensée est pour toi
lorsque soudain sa vie s’envole
vers ce feu qui bat au fond de l’air
Dans les crevasses du malheur
son corps pense des sons des lumières
des sables lents le long de tes hanches
jusqu’à l’embouchure de l’âme
Ouvre ta fenêtre laisse entrer la nuit
la forêt et sa ferveur inassouvie
le vieil arbre noué contre l’oubli
ses branches nues sur le dos de l’infini
Elle se rappelle cet hiver-là
il y a plus de mille nuits
où un papillon bleu-or
déposa le feu dans ses yeux
Bleu contre bleu deux infinis
leurs bras de nuit
pareils aux ailes d’un fleuve
l’extase et l’envol
Là où se pose la lumière
elle borde l’immensité
surprend la beauté en vol
la goutte en son devenir
Seule la poésie peut survivre au silence
tu en es l’O de surprise la soif
le grand saut dans l’indicible
la fleur sauvage dans le sable du cerveau
Elle regarde ses mots partir en toi
leurs grands espaces de papier
parfois papillons parfois cormorans
repousser les limites du cœur