Tout passe sans fin entre nous
pourtant rien ne sépare
ni l’océan ni la magie des mots
ni même une lame de fond
Là où les voix ont pris racines
seules poussent l’immortelle
et l’impatience vive le soleil
à l’écoute jamais ne s’y couche
Chaque jour mettre la vie au monde
à la force du poème
et du rêve à la pointe bleue du silence
la folle convergence
Il n’est de vertige plus ardent
que de savoir ta bouche sur sa vie
ta pensée frémir en son printemps
sans césure aucune pur désir
Nos poèmes comme le monde
n’ont plus ni temps ni espace
pour se dire et toucher l’indicible
la couche indéfectible du feu
Un jour ne plus pouvoir que s’écouler
devenir rêve rivière ou mal d’infini
une chevelure à remonter le temps
un miroitement où le soleil s’abreuve
Le vent d’avril soulève les rideaux
les branches encore nues
se balancent entre silence et chant
la forêt marche en elle
Sous ses paupières le soleil magnifie le bleu
incendie la forêt soudain au fond d’elle
l’univers n’a de poids que le vol de l’instant
le battement de la beauté dans son sang
Depuis que plus personne n’a d’abri
toutes les portes s’ouvrent
le passage est absolu le risque aussi
surtout si l’on ne va nulle part
Pas à pas elle apprend de la forêt
des secrets de chant et de silence
à sentir jusqu’au bout des feuilles
l’émotion du bleu sous l’écorce
En deux notes seulement
le chant intemporel de l’oiseau
quels deux mots embraser
que brille l’infini dans tes yeux
À contre-mort elle habite la forêt
le silence ses rêves l’opéra des oiseaux
les métamorphoses du ciel et du coeur
les voix du vent la marée les mots
Sentir encore le sang des arbres
au fond reverdi des mots
où l’essence à fleur de vue
s’écrit sans fin de la sève au poème