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jeudi 22 janvier 2004

Le réseau international des Femmes en Noir

par Edith Rubinstein






Écrits d'Élaine Audet



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Les Femmes en Noir constituent un réseau international informel où des
femmes s’engagent à titre personnel, unies par des idéaux de pacifisme, de féminisme et de multiculturalisme.

Création des Femmes en Noir

Les Femmes en Noir sont nées en Israël en 1988, en pleine première intifada. Leur existence est donc fortement liée au conflit israélo-palestinien.

Quelques dizaines de femmes décidèrent de venir chaque vendredi dans la rue, en silence, vêtues de noir et armées de calicots pour réclamer la paix et cette paix passait nécessairement par la fin de l’occupation des
territoires palestiniens occupés. Elles manifestaient en temps de guerre
contre la politique de leur propre gouvernement, ce qui est une des
caractéristiques des Femmes en Noir. Elles ont trouvé leur inspiration dans l’action des « Folles de la Place de Mai » à Buenos Aires.

Leur deuxième caractéristique importante est qu’elles essaient d’établir un dialogue entre femmes de parties antagonistes. Ce dialogue implique le respect et l’écoute de l’autre pour essayer de comprendre les points de vue réciproques, identifier des souffrances partagées, pour finalement dégager une proposition commune de solution pacifique.

Bien que, depuis 1988, elles aient manifesté chaque semaine dans plusieurs villes d’Israël, pratiquement aucun média ne jugea utile de répercuter l’action remarquable de ces femmes qui ont encaissé pas mal d’insultes de la part des passants. Mais, on le sait, les médias, en général, sont plus sensibles aux actes de violence qu’aux manifestations pacifistes, et c’est vrai surtout quand il s’agit d’initiatives de femmes. Elles sont invisibles, comme actrices, pour les médias.

Les Femmes en Noir, mouvement international

Les femmes italiennes, traditionnellement en relation étroite avec les
femmes de la Yougoslavie, toute proche, introduisirent le mouvement à
Belgrade quand la guerre éclata en Yougoslavie en 1990-1991.

A partir du mercredi 9 octobre 1991, les Femmes en Noir de Belgrade ont été chaque semaine sur la Place Republica, en silence, vêtues de noir et armées de calicots pour réclamer la paix et cela jusqu’au dernier mercredi du 24 mars 1999 : le jour où l’OTAN a commencé à jeter ses bombes sur Belgrade, le Kosovo et le reste de ce qui subsistait encore de l’ancienne Yougoslavie.

Dans le monde se sont constitués des groupes de Femmes en Noir par
solidarité avec les femmes d’Israël et des Balkans.

Les Femmes en Noir de Belgrade, ont organisé des colloques internationaux jusqu’à la guerre du Kosovo et encore un après la fin de la guerre. Y venaient, des femmes de toutes les républiques yougoslaves, de Croatie, de Slovénie, de Bosnie Herzégovine, de Macédoine, du Kosovo mais aussi des femmes du monde entier, évidemment des Israéliennes mais aussi d’Europe et des Etats-Unis. Et ces femmes se parlaient et se parlaient ouvertement, elles exposaient leurs griefs réciproques et s’apercevaient de ce qu’elles avaient toutes en commun et à partir de là, se mettaient à chercher des solutions qui pouvaient satisfaire tout le monde. Et elles en trouvaient !

Trois événements vont donner un nouvel élan aux Femmes en Noir : la
généralisation de l’internet qui permet des contacts rapides et supplée dans une certaine mesure à la carence des médias, la deuxième intifada et la montée du mouvement anti-globalisation.

Le réseau international des Femmes en Noir comprend des militantes de tous les continents. A cause du caractère spontané et anarchiste, c’est-à-dire refusant toute structuration et toute hiérarchisation du réseau, il est impossible de savoir combien elles sont. Mais plus de 250 groupes de Femmes en Noir dans le monde sont visiblement actives dans la résistance des femmes contre la guerre, le militarisme, le fondamentalisme, toutes les formes de discrimination, bâtissant des liens de solidarité indépendamment des catégories et des frontières sociales, ethniques, religieuses. Le réseau international des Femmes en Noir crée des politiques internationales alternatives basées sur des principes de non-violence, de féminisme et d’antimilitarisme. Un des slogans du réseau est "Pas en notre nom", qui signifie non seulement le rejet de toutes formes de guerres et de militarisme mais aussi une position critique envers tous les gouvernements, et spécialement dans les sociétés et communautés dans lesquelles nous vivons.

Les Femmes en Noir construisent une politique de désobéissance
civile totale à toutes les formes d’homogénéisation ethnique ainsi qu’au
contrôle des femmes car si dans tous ces groupes la composante pacifiste est évidente, on s’aperçoit que dans les colloques, les documents, les tracts qu’elles publient, la composante féministe est très présente. La violence de la guerre est de plus en plus associée au caractère patriarcal de nos sociétés et les groupes constatent en outre qu‚il existe un rapport étroit entre la violence de la guerre et la violence contre les femmes.

Le réseau international des Femmes en Noir s’oppose aussi à l’injuste
globalisation néolibérale de l’économie et soutient le travail de paix
globale du mouvement alterglobaliste à la recherche d’une globalisation
différente équitable.

En 2001, on peut parler d’un début de reconnaissance puisque qu’elles ont été proposées pour le prix Nobel de la Paix et qu’elles ont reçu le Prix
Sacharov au Parlement européen. La dernière rencontre internationale a eu lieu à Belgrade les 26-28 décembre 2003 sous le thème : "Nous globalisons féminisme et antimilitarisme".

 Lire un compte-rendu de la 11e rencontre internationale des Femmes en Noir.

 Le site du mouvement international : http://www.womeninblack.org Une version française existe pour les rubriques explicatives.

Mise en ligne sur Sisyphe, janvier 2004.

Lire un compte-rendu de la même auteure sur la 11e rencontre internationale de Femmes en Noir : « Osons la paix, désarmons le monde ».



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Edith Rubinstein

Militante féministe de longue date, Édith Rubinstein se définit aujourd’hui comme écoféministe et membre de Femmes en Noir. Elle a traduit de l’anglais, par militance, Ecoféminisme, de Maria Mies et Vandana Shiva, Editions L’Harmattan, Collection "Femmes et Changements", 1998.



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