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mardi 11 mai 2010
Le voile et sa signification politique, par Louise Hubert

Lettre à la direction de L’école Les Pionniers sur le port du foulard islamique par certaines élèves

Madame Chantale Morin,
Directrice de L’école Les Pionniers (Pavillon Ste-Ursule)
Trois-Rivières

Madame Morin,

Quelle ne fut pas ma surprise de constater les accommodements religieux (port du voile) que vous avez accordés de facto à neuf élèves immigrantes musulmanes tout en sachant fort bien que vos règlements interdisent le port de casquettes et obligent à avoir la tête découverte dans votre école.

Votre école, en dérogeant à vos règlements afin d’autoriser un privilège soi-disant « religieux », met en application le multiculturalisme canadien qui encourage la création d’un ghetto culturel. Ce multiculturalisme favorise le droit individuel, au cas par cas, et non pas le mieux-être collectif. Notre Charte québécoise des droits et liberté, pour sa part, enchâsse le principe de l’égalité Homme-Femme. Pour ce qui est de notre valeur commune ayant trait à la séparation de l’Église et de l’État, nous pouvons en voir l’application dans le domaine scolaire en ayant des écoles non confessionnelles, neutres et laïques.

Selon ce qui est écrit dans le quotidien Le Nouvelliste en date du 7 mai 2010, aucune des jeunes filles musulmanes ne vous a mentionné vouloir porter le voile. Cependant, votre institution, voyant leur inscription à ses cours, se hâte de déroger à ses règlements et déroule le tapis rouge, en bafouant au passage toutes les luttes que nos mères et grand-mères ont faites. Ce qui me donne à penser que vos règlements font l’effet d’un paravent car tout étudiant peut y déroger en invoquant un motif religieux qui lui est propre.

Le port du voile ne relève pas du domaine religieux, mais il est bien un instrument politique à la solde des extrémistes religieux et ce, quelle qu’en soit la grandeur (du voile à la burqa). Ce petit morceau de tissu se veut un drapeau niant, entre autres, notre principe d’égalité Homme-Femme et tous les pouvoirs acquis pour les femmes : droit de vote, d’avoir son propre commerce, de conduire une auto, etc. Par ce geste qui vous semble anodin, celles qui le portent nous manifestent haut et fort leur non-volonté d’intégration à la société québécoise qui se veut occidentale et moderne.

Votre décision non seulement remet ces jeunes filles musulmanes dans le contexte politico-religieux qu’elles ont quitté parce que leur vie aurait été en danger, mais vous les isolez dans leur ghetto culturel tout en leur envoyant involontairement le message qu’elles ont des privilèges, qu’elles sont le symbole de la pureté, qu’elles ont une valeur bien au-dessus de nous, société d’accueil.

Afin de vous faire une idée de l’idéologie véhiculée par le port de ces voiles, voici un extrait d’un texte de Madame Élisabeth Badinter, écrivaine française, dont la citation sur la burqa peut très bien s’appliquer à tous les voiles islamiques : « Subversion, provocation, ignorance, le scandale est moins l’offense de votre rejet que la gifle que vous adressez à toutes vos sœurs opprimées qui, elles, risquent la mort pour jouir enfin des libertés que vous méprisez. »

Le Québec vit présentement à l’heure des choix, et l’école est la première responsable de la transmission d’une pensée et de l’idéologie de notre société. Est-ce que nous voulons vivre dans une société multiculturelle, c’est-à-dire théocratique, telle qu’imposée par la Constitution Canadienne ? Voulons-nous d’un communautariste créant un ghetto comme celui de « Peace Village » à quelques kilomètres de Toronto, où toutes les femmes sont obligées de vivre en burqa ?

L’école et le Québec se doivent d’affirmer ces trois valeurs fondamentales qui sont : a) L’usage et la protection de la langue française ; b) Le principe de l’égalité des genres (égalité Homme-Femmes) et c) La séparation du religieux et du politique.

Le Québec doit élaborer une Charte de la laïcité « pure »* visant à préserver la neutralité de l’espace public dans quatre domaines : a) l’école ; b) le marché du travail ; c) les tribunaux ; d) les domaines administratifs et législatifs.

Le rôle des institutions scolaires, et de votre école en particulier, devrait être de faire respecter et d’affirmer nos trois valeurs fondamentales et non pas d’accepter la négation de ces principes sous prétexte religieux.

Au nom de nos valeurs sociétales, je vous demande de revenir sur votre décision. Je vous invite à faire œuvre d’éducation et à expliquer à ces dames les luttes de nos mères et grand-mères qui ont contribué à donner à ces femmes ces valeurs nobles et belles qui ont fait en sorte qu’une femme est l’égale de l’homme et qu’elle ne peut, sous aucun prétexte, vivre l’oppression des religions.

Vous remerciant de votre attention,

Louise Hubert

c.c. : Monsieur Michel Morin,
Directeur de la Commission scolaire du Chemin-du-Roy
Opinions Le Nouvelliste

* Note de l’éditrice : l’auteure veut dire la laïcité « tout court », en comparaison à la laïcité dite « ouverte » ou qui accorde des accommodements pour des motifs religieux.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 11 mai 2010



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